• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3 Analyse de la situation d’enseignement-apprentissage du FOU à

3.6. Spécificités des CM à l’IFCEN et mesures de prise en compte du public

3.6.4. Mesures nécessaires au dispositif d’immersion dans les cours scientifiques

Les analyses des spécificités du terrain d’exercice de l’IFCEN ont permis de démontrer la nécessité du dispositif d’immersion qui présente une multitude d’avantages (voir 3.8.1). Il est vivant, non statique. Son efficacité dépend de la qualité des ressources humaines, notamment de la sensibilité à la langue française des professeurs scientifiques français en charge de ce dispositif. Il nécessite également des mesures permettant de s’assurer du degré d’adéquation des efforts d’adaptation de la part des enseignants disciplinaires. Les données recueillies au cours de sondages auprès d’étudiants montrent la sensibilité variable du corps professoral scientifique à certaines spécificités linguistiques et la difficulté de s’adapter au niveau linguistique et langagier de certains professeurs (débit trop rapide malgré une volonté de prise en compte du besoin de le ralentir). Les données confirment donc la nécessité de l’adoption de certaines mesures. Ce d’autant plus qu’il est reconnu qu’il n’est pas suffisant d’être natif d’une langue pour l’enseigner de manière large ou pour traiter des points linguistiques de cette langue de manière plus étroite. Pour faire face à ces phénomènes, il convient de confier les cours scientifiques du début du cursus, à savoir en années un et deux aux professeurs disciplinaires véritablement en mesure de s’adapter à leur public compte tenu du rôle prépondérant de ces cours dans l’acquisition des compétences pour suivre le cursus, notamment les cours d’immersion au semestre un. Un professeur qui n’est pas en mesure de s’adapter risquerait d’amplifier les difficultés linguistique et langagière de la part des étudiants. Il convient également de mettre davantage en valeur la synergie entre enseignant de langue et professeur de discipline. A titre d’exemple, un professeur de français et un enseignant de mathématiques peuvent feuilleter ensemble un polycopié à traiter linguistiquement en cours de FOU – ce qui a été pratiqué par des professeurs de FOS, dont Sophie Lorrain, au démarrage du

111 Voir 3.3.2.1.3

112 Dans la maquette du cycle préparatoire, au semestre 1, le module d’immersion, à savoir les outils pour les mathématiques et les outils pour la physique, et le module de FOS constituent un corps commun auquel 3 crédits sont accordés. Au semestre 2, 3 crédits sont accordés exclusivement au module de FOS.

93

projet de l’IFCEN (Annexe 25 : 8). Le premier peut faire ressortir des points linguistiques qui risquent de poser des problèmes au public étudiant et le second mettre en évidence des éléments linguistiques existant à la fois dans les contenus disciplinaires et en français général mais présentant des différences sémantiques. Autre exemple, un enseignant de langue assiste à des cours scientifiques et/ou examine d’un point de vue linguistique les consignes des sujets pour un examen donné et évalue le degré de suffisance des efforts d’adaptation au niveau linguistique et langagier des enseignants de disciplines.

3.6.5. Effort d’adaptation du corps professoral en cycle d’ingénieur et mesures nécessaires

Si, comme nous l’avons mentionné plus haut, le corps professoral en CP (en nombre limité, 4 précisément) s’installe tout au long du semestre sur le lieu du cours, acquiert « sur le tas », à travers sa pratique sur le terrain, des connaissances sur son public, et est en contact avec celui-ci pendant une longue durée, il n’en est pas de même pour le corps professoral en CI qui est nombreux (environ une vingtaine déjà intervenue à l’IFCEN), intervient pour une courte durée113. Par rapport au premier, le second n’a pas forcément l’habitude ou le temps de s’adapter au public. Selon les témoignages recueillis auprès du corps professoral scientifique du cycle d’ingénieur, si tous les professeurs intervenus à l’IFCEN sont unanimement conscients des difficultés liées à la langue française de leur public chinois et tentent de s’adapter (ex. ralentir le débit de parole, bien articuler, écrire davantage au tableau, expliquer des points linguistiques complexes, etc.), ils ne trouvent pas tous qu’il s’agit d’un exercice aisé114.

Les données recueillies via des enquêtes avec des échantillons d’étudiants (annexes 4 et 5) montrent le caractère hétérogène du corps professoral scientifique français, ce qui est cohérent avec les données recueillies auprès du corps enseignant. A titre d’exemple, en dehors du problème de débit de parole on peut aussi mentionner les phénomènes suivants : parler bas, ne pas assez articuler, confondre le ralentissement du débit de parole et celui du rythme de cours, ou aussi parler doucement au début du cours mais accélérer le débit graduellement sans s’en rendre compte dans le but de pouvoir finir les contenus d’enseignement prévus dans un volume horaire contraint. On peut aussi mentionner un ou deux cas exceptionnels d’enseignants

113 Tous les cours de spécialités sont condensés en environ deux semaines pour des raisons budgétaires Voir 3.3.1.7 pour plus de précisions.

94

qui ont un niveau limité de français et qui recourent à la langue anglaise115, etc. Un croisement des données d’enquêtes (annexes 4 et 5) permet de constater des liens entre la capacité d’adaptation d’un professeur français et la compréhension de son cours par les étudiants. Le fait qu’un professeur s’adapte mal paralyse l’acquisition des contenus scientifiques. La mesure explicitée dans le passage précédent consistant à mobiliser les synergies entre enseignants de langue et professeurs de discipline est également valable pour faire face à l’hétérogénéité du corps professoral en CI.

En outre, les étudiants ont exprimé lors des enquêtes que la façon de parler français de certains professeurs permettait une meilleure acquisition des contenus scientifiques116. Il serait souhaitable de renforcer les synergies entre les professeurs scientifiques français venant de différents établissements du consortium pour qu’ils harmonisent leur pratique d’enseignement au sein de l’IFCEN (ex. leur façon de parler français, etc.). En la matière, nous avons enquêté auprès de la direction (annexe 15 : 32) qui a mis en avant la difficulté d’imposer certaines pratiques aux intervenants français en CI en raison de leur disponibilité restreinte. Elle a toutefois mentionné la possibilité de faire un briefing aux intervenants117 lors de leur arrivée à l’Institut. Cette mesure permettrait sans doute de réduire le degré d’hétérogénéité mais ne pourraient certainement pas l’éliminer étant donné le grand nombre d’intervenants et leur capacité d’adaptation hétérogène.