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2. Méthode

2.4. Mesures et instruments

2.4.1. Index de Sévérité de l’Insomnie.

Cet index est un bref questionnaire autorapporté qui fournit un indice quantitatif de la sévérité perçue de l’insomnie (Morin, 1993; Morin, Belleville, Bélanger & Ivers, 2011). Cet index reflète en partie les critères diagnostiques du DSM-IV (APA, 1994). Des

corrélations modérées à très fortes ont été observées entre l’index de sévérité de l’insomnie et l’agenda du sommeil. (Bastien Vallières & Morin, 2001; Blais, Gendron, Mimeault & Morin, 1997 pour la validation francophone; Annexe D). Dans la présente étude, seule l’échelle de sévérité est utilisée (première question), donc le score peut totaliser 15.

2.4.2. Entrevue Diagnostique de l’Insomnie.

L’Entrevue diagnostique de l’insomnie est une entrevue semi-structurée qui sert à la détection de la présence de l’insomnie et de facteurs potentiels contribuant au désordre. Cette entrevue permet d’identifier la nature de la plainte, la sévérité de l’insomnie, les conséquences diurnes et plusieurs autres aspects concernant l’insomnie (Morin, 1993; Annexe E).

2.4.3. Agenda du sommeil.

Il s’agit d’un agenda pour évaluer la qualité et la quantité subjective du sommeil. Les participants devaient le compléter chaque matin pendant 2 semaines avant de dormir en laboratoire, et chaque matin en laboratoire. Les paramètres dérivés de l’agenda qui nous intéressent sont : la LS, le TEAE, le TTS et l’ES. L’agenda permet de récolter les données subjectives afin d’effectuer un parallèle avec les données objectives obtenues par la PSG. Il est à noter que l’ES est un score composite, créé à partir de la perception subjective du participant de son temps total de sommeil et du temps passé au lit. Comme ce score est composé de mesures subjectives, il sera considéré comme un score subjectif pour comparer avec le score objectif créé à partir des mesures de la PSG (adapté de Carney et al., 2012; Annexes F et G).

2.4.4. Enregistrement polysomnographique.

Les participants ne devaient pas avoir consommé d’alcool les journées d’enregistrement et devaient réduire leur consommation de médication, de caféine et de nicotine avant l’arrivée au laboratoire. L’horaire de sommeil des participants était adapté selon les agendas du sommeil complétés auparavant. Cependant, tous les enregistrements PSG devaient durer au minimum 8 heures. Un montage PSG standard (système 10-20) était utilisé pour toutes les nuits et incluait l’enregistrement EEG (C3, C4, O1, O2, Fz, Cz, Pz), l’électromyographie (menton) et l’électrooculographie (EOG; électrodes de chaque côté, au- dessus et au-dessous des yeux et électrodes de référence; Gasser, 1977; Keenan, 2011).

La première nuit faisait office de nuit d’adaptation (Curcio, Ferrara, Piergianni, Fratello & De Gennaro, 2004) et de nuit d’évaluation pour des troubles du sommeil nécessitant des données PSG pour le diagnostic (c.-à-d. apnée du sommeil, mouvement périodique des membres). Le montage de la première nuit avait donc moins d’électrodes corticales à cause des électrodes additionnelles pour le tibia et la respiration. Un système amplificateur Grass de modèle 15A54 a été utilisé (gain = 10 000; bande passante = 0,3-100 Hz; Astro-Med, Inc, West Warwick, USA), et les signaux ont été digitalisés à un taux d’échantillonnage de 512 Hz, en utilisant un logiciel commercial (Harmonie, Stellate System, Montréal, Canada). L’environnement ERP a été contrôlé avec InstEP SystemsTM (V4.2) avec le même taux d’échantillonnage que la PSG. Les enregistrements de sommeil ont été évalués visuellement par des techniciens qualifiés en accord avec les critères standards utilisant des époques de 20 secondes (Rechtschaffen & Kales, 1968). Un évaluateur indépendant a conduit une évaluation de la fidélité afin d’assurer un minimum de 85% d’accord interjuges pour la codification des stades de sommeil (Luna, Stellate System, Montréal, Canada).

Les mesures objectives incluaient la LS (du moment où les lumières sont éteintes avec intention de dormir jusqu’à la première minute consécutive de stade 2), le TEAE, le TTS, le temps total d’éveil, l’ES (le pourcentage de TTS/temps total d’enregistrement), les pourcentages des stades 2, 3, 4 et SP, et la latence au sommeil SP. Les données cliniques objectives et subjectives des paramètres de sommeil (LS, TEAE, TTS, ES, stades de sommeil) des nuits 2 et 3 étaient utilisées pour la classification des BD/INS, et l’ES de la 4e

nuit était utilisée pour déterminer la qualité du sommeil des participants dans le présent projet.

2.4.5. Potentiels évoqués cognitifs.

Des stimulations auditives étaient présentées le soir avant le coucher et le matin, jusqu’à 15 minutes après l’éveil, pendant la 3e et 4e nuit, et pendant l’endormissement et toute la nuit la 4e nuit. Pour la calibration, chaque participant recevait une évaluation audiométrique du niveau d’audition normal (15 dB selon l'Organisation internationale de normalisation; 500, 1,000, 2,000, et 4,000 Hz). Les sons étaient présentés dans des écouteurs internes à l’oreille rattachés à un appareil auditif «EARTONE»® de Auditory Systems (Mississauga, ONT, Canada), et leur génération était contrôlée par le logiciel Presentation (Neurobehavioral Sciences; Albany, CA).

Un EEG continu (aux sites Fz, Cz, et Pz) était enregistré et stocké pour une analyse hors-ligne avec Analyzer 1.05 (Brain Vision; Morrisville, NC). Les PEC recueillis pendant chaque stade de sommeil étaient moyennés séparément. Chaque essai PEC était regroupé selon la catégorie de stimulus (standard ou déviant) pour ensuite être moyenné hors ligne. Des balayages de 700 ms reconstruits avec 100 ms avant la présentation du stimulus (niveau de base) et 600 ms post-stimulus pour les détections de PEC. L’amplitude des PEC était mesurée pour chaque bloc de présentation de sons pour chaque stimulus (standard ou déviant) à chaque période de temps.

Les données pour N1 et P2 étaient codifiées à Fz, Cz et Pz. Seules les données Cz ont été utilisées pour la présente étude. N1 était défini comme le pic le plus négatif entre 70 et 150 ms après le début du stimulus et P2 comme le pic le plus positif entre 150 et 250 ms après le début du stimulus. L’EEG était corrigé pour les artéfacts de l’EOG (Brunner et al, 1996) et ensuite moyenné selon le moment d’apparition suite au stimulus. Les essais avec artefacts (p. ex., mouvements des yeux, de la tête ou du corps, saturation de l’amplificateur) ou complexes K étaient rejetés pendant la procédure de moyennage (>100 V). Un filtre digital était utilisé avec une bande passante de 0,01 à 30 Hz pour 12 dB. Une correction ou un rejet était appliqué pour l’EOG. Pour contrôler pour l’effet du moment de la nuit, le stade 2 de

sommeil était sous-divisé en début et fin de nuit; stade 2 début (2D) était avant la 3e période de REM, et le stade 2 fin (2F) était après la 3e période de REM.

2.4.6. Procédure : le paradigme « oddball ».

Le paradigme « oddball » (« stimulus discordant » en français; Hansenne, 2000), consiste en des stimuli standards (70 dB, 50ms, temps de montée et descente de 2ms, 2000 Hz, probabilité de 0,85) et déviants (90 dB, 50 ms, temps de montée et descente de 2ms, 1500 Hz, probabilité de 0,15), présentés au hasard. L’intervalle interstimulus était de 2 secondes. Les stimuli étaient divisés en groupes de 3 blocs, chacun incluant 180 stimuli et le temps d’intervalle entre les blocs variait d’une à trois minutes. Avant d’aller au lit, les participants étaient informés qu’ils devaient ignorer les sons et ne pas leur porter attention pendant la nuit. Étant donné que les participants ont tendance à se réveiller avec la présentation de stimuli très envahissants (90 dB), les stimuli étaient présentés seulement pendant le sommeil consolidé; les sons commençaient seulement lorsque le participant présentait au moins 10 minutes de sommeil consolidé dans chacun des stades de sommeil. De plus, les 10 dernières minutes de chaque stade de sommeil étaient exclues des analyses. Donc, les pentes ascendantes et descendantes de sommeil ne sont pas incluses dans les analyses.

2.4.7. Mésestimation.

Il existe plusieurs façons de quantifier la mésestimation. Pour cette étude, la différence absolue en minutes sera utilisée pour représenter un portait des données de mésestimation des participants. Ce score est calculé en soustrayant le temps subjectif du temps objectif. Un score positif représente donc la sous-estimation et un score négatif pour la surestimation. Pour l’analyse principale, l’index de mésestimation (IM) de Manconi et al (2010) est utilisé. Ce score est calculé de la manière suivante : (objectif – subjectif) / objectif. Les scores varient théoriquement entre 1 et -∞ puisqu’il n’existe pas de limite théorique à la surestimation. Dans leur article, Manconi et al. (2010), portent la limite inférieure à -1 pour circonscrire les scores entre 1 et -1. Toutefois, il est impossible de faire de même pour les paramètres autres que TTS lorsque les IPA sont inclus dans les échantillons testés. En effet, dans l’échantillon de la présente étude, les scores pour la LS peuvent aller jusqu’à -31 et -28 pour le TEAE. Plus de 50% des scores de la LS et 30% des scores du TEAE étaient plus petits que -1. Dans leur

article, Manconi et al. (2010) avaient identifiés deux distributions distinctes, ayant pour point de séparation une valeur de IM de 0,9. Pour la présente étude, l’IM sera alors catégorisé en deux groupes : mésestimateurs modérés (MM, IM entre 1 et -0,89) et les forts mésestimateurs (MF, IM ≤ -0,9) selon leur catégorisation. Finalement, seul le paramètre TEAE sera utilisé, puisque la mésestimation se manifesterait particulièrement par la perception du temps passé éveillé (Bastien et al., 2013; Feige et al., 2008; Manconi et al., 2010).

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