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Chapitre III. Evaluation de l’impact du G-CSF sur les populations myéloïdes, chez des

III.2. Matériel et méthodes

III.3.4. Expression de PD-L1 dans les divers échantillons

2. MDSC dans le sepsis

Dans notre étude, nous avons suivi la fréquence de MDSC dans le sang au cours de l’hospitalisation de patients ayant une infection, à des gravités différentes. Grâce à l’étude du phénotype des cellules myéloïdes en périphérie, nous avons montré ex vivo, qu’au cours d’une infection, la quantité de MDSC est augmentée dès le jour d’hospitalisation, comparé à une population contrôle.

Nous avons pu observer que les M-MDSC et les PMN-MDSC ont une cinétique différente au cours du temps, mais également différente selon la sévérité de l’infection. Il apparaît ici très clairement, que la quantité de M-MDSC augmente dès le jour 0 et indifféremment de la gravité du patient. En revanche, au même moment, les PMN-MDSC ne sont augmentés que chez les patients les plus sévères (choc septique). Nous avons également noté que le pourcentage de M-MDSC dans le sang a une cinétique différente de celui des PMN-MDSC. Ces dernières augmentent en taille aux jours 3 et 7, alors que les M-MDSC ont une quantité constante au cours de l’hospitalisation. Ces observations soulèvent une question concernant le rôle de ces cellules. Si les M-MDSC sont présentes dans le sang dès le jour 0 et ce, quelle que soit la gravité, nous pouvons penser que leurs fonctions interviennent tôt au cours d’une infection : elles pourraient en effet être présentes dans le but de limiter l’inflammation. En revanche, les PMN-MDSC voient leur pourcentage augmenter au cours de l’hospitalisation ; nous laissant imaginer que leurs fonctions ne sont pas nécéssaires dés le début de l’infection. Nous pouvons aussi nous interroger sur le relargage de ces cellules par la moelle. Comme nous l’avons montré les M-MDSC et PMN-MDSC sont présentent dans la moelle osseuse dès le jour d’hospitalisation. Les M-PMN-MDSC sont donc libérées dans le sang très rapidement après leur production. En revanche, il semblerait

que les PMN-MDSC soient séquestrés plusieurs heures au sein de la moelle osseuse, avant d’être relargués dans le sang. Il est alors probable que les PMN-MDSC nécessitent d’autres signaux pour qu’elles soient mobilisées en périphérie. Ces signaux pourraient être présents de façon croissante, à l’image de la cinétique des PMN-MDSC dans le sang, tels que les DAMPs (Damage-Associated Molecular Patterns) libérés par les tissus lésés, ou encore des chimiokines.

Lors de nos expérimentations, nous avons déterminé l’expression de PD-L1 à la surface des MDSC dans le sang. Nous avons observé que l’expression de PD-L1 par les M-MDSC n’était pas augmentée chez les patients comparés aux volontaires sains. L’expression de PD-L1 par les PMN-MDSC n’est augmentée qu’au jour 0 et chez les patients les plus graves. Au cours de l’hospitalisation, l’expression de PD-L1 à la surface des M-MDSC et des PMN-MDSC des patients septiques, ne varie pas et est similaire à celle des contrôles. Du fait de l’augmentation en taille des populations de MDSC lors d’une infection, nous nous attendions à observer une augmentation de l’expression de PD-L1 par ces cellules. De façon surprenante, seule la quantité de MDSC augmente, signifiant que les MDSC produites au cours du sepsis n’expriment pas PD-L1. Nous pouvons alors nous interroger sur leurs activités inhibitrices. Nous avons montré lors d’expérimentations de co-culture, que ces

cellules sont capables d’inhiber les LT in vitro. Ces MDSC possèdent donc des capacités

immunosuppressives, mais ne semblent pas recourir à l’axe PD-1 / PD-L1. Il est probable qu’elles utilisent d’autres mécanismes d’inhibitions, et notamment celui de l’ARG1. En effet,

nous avons montré in vitro, que les LT mis en culture en présence de MDSC, ont une

diminution de l’expression du CD247 (CD3ζ). Hors, il est connu que la L-arginine est un élément essentiel au maintien de la durée de la demi-vie de l’ARNm du CD247 (Rodriguez et al., 2002). Pour confirmer cette hypothèse, il serait intéressant de réaliser des

expérimentations de co-culture de MDSC et de LT, en présence d’anticorps anti-PD-L1, et /

ou en présence d’agents bloquant l’ARG1.

Au cours de cette étude, nous avons approfondi le rôle des MDSC dans le sepsis, et notamment dans la réactivation virale induite par l’immunosuppression se produisant au

virale est sensible au statut immunitaire des patients, et a été proposé comme biomarqueur de leur immunocompétence. Dans nos analyses, nous n’avons pas montré de corrélation entre la charge virale du TTV et la quantité de MDSC dans le sang. Les difficultés rencontrées quant à la positivité des patients pour le TTV, ainsi que le manque de donnée concernant ce virus, ne nous permettent pas de démontrer clairement le rôle des MDSC vis-à-vis du TTV. Il serait toutefois intéressant de voir à plus long terme la charge virale de ce virus, à 30 jours voire 80 jours. En effet, il a été montré lors d’une étude réalisée au laboratoire, que la charge virale du TTV chez des patients après une transplantation rénale, atteint son pic en moyenne 80 jours après transplantation (Kulifaj et al., 2018). L’immunosuppression induite post-transplantation est différente de l’immunosuppression causée par les bouleversements immunitaires du sepsis. Cependant, la réactivation du TTV semble nécessiter du temps, et il est probable que 14 jours ne soient pas suffisants pour se rendre compte d’une éventuelle variation de la charge virale. Ainsi, nous pourrions corréler la quantité de MDSC au jour 0 et la charge virale du TTV à 80 jours.

La charge virale du TTV est donc un outil informatif que nous pourrions utiliser dans le sepsis, cependant le manque d’informations sur ce virus, nous empêche d’interpréter correctement ces résultats. L’étude de l’ARNm du TTV nous informerait sur sa réplication, et notamment à quel moment au cours du sepsis elle se produit principalement. Ceci nous permettrait de connaître le moment le plus informatif pour utiliser le TTV en tant que biomarqueur. Enfin, une analyse approfondie des génotypes du TTV pourrait mettre en évidence une différence de sensibilité de certains génotypes face aux changements immunitaires dans le sepsis, qui pourrait ensuite être extrapolée à d’autres conditions pathologiques telles que la transplantation d’organe.

Enfin, pour compléter cette étude, nous avons corrélé la fréquence de MDSC avec la durée d’hospitalisation des patients. Plusieurs variables ont été testées, et nous avons montré que seule la fréquence de PMN-MDSC dans le sang au jour 0 est corrélée à une hospitalisation plus longue. La mise en évidence d’une valeur seuil, à partir de laquelle la fréquence de MDSC est prédictive d’une durée d’hospitalisation plus longue, serait intéressante, dans le but d’estimer à plus long terme l’impact des MDSC dans le sepsis. Par ailleurs, comprendre si la présence des MDSC est la cause ou la conséquence d’une

hospitalisation plus longue, aiderait à éclaircir la physiopathologie du sepsis, et donc améliorer la prise en charge des patients.