Mauvoisin, M alpasset, M aupas. Les nom s de lieux gardent la m ém oire des catastrophes... ou les a n n o n cent. Le b a rra g e de béton du M auvoisin, p uissant fo u r nisseur d ’énergie a u jo u rd ’hui, réservoir d ’eau douce demain, qui sait ? n ’est pas le prem ier à av o ir accumulé les eaux de la h au te vallée de Bagnes; Les vieilles ch ro niques p a rle n t de la plus m eu rtrière de ses débâcles, celle de m ai 1525, qui détruisit le bourg de M a rtig n y et coûta la vie à cent q u a ra n te personnes.
Plus près de nous, pas très loin de la mémoire d’homme, en 1818, le glacier du G iétro z et la D ranse firent couler la te rre u r et la m ort. Depuis: 1812, les années froides et hum ides s’étaient succédé, 1816 fu t appelée l’année de la misère : ni vendanges, ni récoltes. En 1817, l’am as de glace au pied de la cascade du Giétroz b a rra déjà la vallée, mais la D ra n se réussit à se fray er un passage sous la masse d o n t le volum e ne cessa de croître.
Au p rin te m p s de 1818, d ’énormes avalanches obs truèrent l’em bouchure du chenal. E tonnés de voir la rivière presque à sec, des paysans de L o u rtie r m o n tèrent au M auvoisin. U n énorm e cône de glace, h a u t de septante-cinq mètres, s’a p p u y a it aux parois et, d e r rière lui, le lac s’étendait sur q u a tre kilomètres, large de plus de deux cents mètres, p ro fo n d de soixante. Vingt millions de mètres cubes d ’eau étaient suspendus à 1800 mètres d ’altitude.
Alerté, le gouvernem ent v alaisan chargea le fam eux ingénieur V enetz d ’intervenir. Il im agina de faire creuser une galerie à trav ers le m u r de glace p o u r
v id e r le lac. Le 13 juin, la galerie f u t percée et l’eau com m ença à s’écouler. E n trois jours, le niveau baissa de dix mètres et V enetz p u t croire la p a rtie gagnée. M ais la glace n ’était pas homogène, il s’y tro u v a it des veines de neige et des fissures. L ’eau, de plus en plus violente, affou illa la brèche, disloqua le m ur, creusa sa gorge. Le barrag e f u t b ie n tô t scié ju sq u ’aux deux tiers de son épaisseur. A l’aube du 18, des coups de béliers, des craquem ents annon cèren t l’im m inente ru p tu re. D e proche en proche, l’alarm e fu t donnée jus q u ’à la plaine.
D an s l’après-m idi, à 16 h. 30, la digue céda d ’un coup et la vague déferla, colonne noire, h a u te de trente mètres, e m p o rta n t des rocs, des arbres et des toits. E n trente minutes, elle atteig n ait Le C hâble, une heure plus ta r d M artig n y . L ’un de ses bras suivit la rue du Bourg, em plissant les maisons de boue jusqu’au p rem ier étage. U n A nglais v oyageur a décrit le décor a b an d o n n é p a r l’im p ito y ab le acteur : « T o u t le bourg et les environs ne présentent que des scènes de déso lation. L a plaine n ’est plus q u ’un désert, les prés sont recouverts de sable et de gravier, les moissons presque mûres couchées en masses pourrissantes. Ç à et là, des entassements de troncs, de poutres, des débris de chars et de maisons échoués sur des quartiers de rocs, servent de tom beau aux corps des victimes qui pourrissent des sous ». U n e p u a n te u r de charogne, cadavres d ’hommes et d ’anim au x enfouis dans la vase, p la n a to u t l’été sur la plaine. M algré l’alarm e, q u a ra n te personnes s’étaient laissé surprendre. Q u a tre cent septante-cinq bâtim ents,
d ix-neuf ponts, toutes les digues et aqueducs de la D ranse fu re n t détruits.
L a vallée de Bagnes et M a rtig n y revécurent ce jour-là les angoisses de leur ancêtre qui, après la catastro p h e du 4 juin 1595, g ra v a it ces m ots sur la p o rte d ’une maison de M artig n y -B o u rg : « G ran d e in o n d a tio n de la vallée de Bagnes p a r suite de la chute h o rrible d ’un gran d glacier qui s’entasse comme une m ontagne h aute de six lances... lequel glacier fondu, l’eau du d it gouffre s’est échappée, est descen due en une heure, détru isan t le b o urg de M a rtig n y ». In scription com plétée p a r ces m ots d ’un tém oin : « Soi x an te dix personnes o n t péri ; les autres, qui o n t cherché leur salut dans les m ontagnes, o n t p e rd u toute leur fortune. Les plus riches sont devenus les plus p auvres ».
Le gouvernem ent valaisan songea à élever une digue à l’entrée de la gorge afin de créer un lac artificiel où les glaces du G iétroz v ie n d ra ie n t se noyer et se dis soudre. Il fa llu t plus d ’un siècle p o u r que le h a u t m u r en voûte du M auvoisin, h a u t de deux cent q u a ra n te mètres, long de cinq cent vin g t m ètres à son couronne m ent, dom ine la vallée et la protège contre les coups de tête du glacier du G iétroz.
M ais M a ttm a rk , qui a v a it si du rem en t fra p p é la vallée de Saas au X V I I e siècle que les habitan ts, si l’on en croit la C h ro n iq u e de Saas, décidèrent de rester célibataires et de ne plus av o ir d ’enfants, M a t t m a rk a cruellem ent rappelé aux hommes q u ’ils ne sont pas grand-chose confrontés au p a tie n t tra v a il sans remède de l’érosion, de la pluie, de la glace et du vent.
A n d ré Guex.
MAUVOISIN
pa r M. le conseiller fédéral R o g er B o n v in
P a g e p r é c é d e n t e : Le g l a c i e r d e G i é t r o z e t le l ac d e M a u v o i s i n e n m a i 1818 C i - d e s s o u s : L a d i g u e a p r è s la r u p t u r e
1939/46. N o tr e p etit pays, p a u v re mais heu reux, m enacé d ’écrasement p a r l ’orgueil insensé d ’un seul homme, s’était ramassé dans le réduit alpin, p rê t à b o n d ir p o u r lu tte r et survivre. La vallée du R h ô n e était hors du ré d u it national p a r décision du com m an d em en t de l’armée. N o tr e c o m m a n d a n t de régim ent, le colonel E d m ond G iroud, s’éleva contre cette décision et o b tin t du général G uisan q u ’elle fû t trans formée. O n d éfe n d ra les hautes crêtes des 4000 m. p o u r p rotéger la vallée du R hône. « Ils ne v e rro n t pas no tre R h ô n e ».
D u r a n t les veillées dans les cabanes alpines, entre deux patrouilles alpines, ou dans les der niers villages, Z inal, A ro lla, H érém ence, Fion- nay, B o u rg-S aint-P ierre et autres, on discutait, gens des m ontagnes et quelques citadins m on ta g n a rd s de toujours. R och, Tissières, Theytaz, Gabus, M auris, Reitzel, R u m p f, Busiens, Bour- nissen, S tettler, R a m b e rt, C rettex , C o q u o z, Fel- lay, W uilloud, A v a n th e y et autres. Aussi les F u rre r, A n d e n m a tte n , P e rre n et Zurbriggen q u a n d on ren c o n tra it à S ch ö n b ü h l ceux de la Brigade 11. Q ue ferons-nous après la guerre? C o m m e n t vivrons-nous ?
De ces discussions ressortaient trois efforts à penser et à organiser.
Le tourism e sera nécessaire p o u r ré ta b lir l ’équilibre personnel des guerriers p e rd a n ts ou gagnants, et plus tard celui des gens des grandes villes industrielles.
L ’énergie h y d ro électrique d ev ien d ra une nécessité pour l’e ffo rt industriel qui d o m inera l’e ffo rt agricole. Les redevances couleront dans les caisses communales et cantonales. Il f a u d ra construire tous les barrages disponibles.
L’agriculture mécanisée des grandes plaines in o n dera le m arché de p ro d u its à p rix bas. Les alpiculteurs ne p o u rro n t pas suivre, même mécanisés, remaniés, sans ressources com plém entaires : celles p r o v e n a n t des t r a vaux et redevances hydroélectriques et celles du to u risme d ’hiver !
1949. Tissières et ses amis de Bagnes fo n d e n t Télé- verbier et réussissent à financer la prem ière remontée mécanique que co n struit G io v an o la de M onthey. Le plan touristique dém arre, financé p a r les m o n tag n ard s eux-mêmes.
R am bert, B ru ttin , Bonvin, W uilloud, C o u d ra y , engagés à E le k tro w a tt, am énagent les chantiers de Mauvoisin, F ion n ay , Riddes. Le plus h a u t barrage- voûte du m o nde actuel se co n struit : un m u r arqué de
236 m. de h aut. Le deuxième élém ent du p la n alpin se réalise grâce au génie et à l’obstination de M. l ’ingé nieur A lb e rt M a re t et d ’E le k tro w a tt, M M . B arth, W iniger et leurs com pagnons. Le v al de Bagnes et ses com m unautés deviennent la « vallée pilote » de l’éco nom ie alpine... et en dix ans (1950-1960) a p p o rte n t la p reu v e de la justesse des synthèses que les soldats a u raien t tirées des analyses p arfois lentes et c o n tra dictoires des longues veilles, entre deux patrouilles et ascensions. D ’autres am énagem ents s’opèrent dans les autres vallées. L ’économie du V alais se ressaisit et se consolide. Le p ain quotidien d evient stable dans sa générosité.
M ais il était question toujours de rester soi-même, m a ître chez soi, de rechercher l’aide financière d ’au tru i certes, mais de la lim iter à un service et non de l’étendre à une dom ination.
Q uelques souvenirs du ch an tier de M auvoisin ? L a mise au p o in t des lois nouvelles de p rotection ouvrière (1943-1949) est achevée au D é p a rte m e n t de M. M aurice T ro illet que le Conseil d ’E ta t appuie. Les co n trats d ’entreprise sont basés sur ces réalités n o u velles : leur au teu r est à la table des négociations. Les nouv eau x villages se construisent sainement. M algré
certaines résistances, les éléments sociaux sont exclus de la concurrence interentreprises. C h a c u n e d ’elles doit co m pter avec un e ffo rt social m inim um . Im p o s sible de jouer sur les p rix de l’offre en réd u isan t les investissements d o n t dépen d en t la vie et la santé des trav ailleu rs !
Les gens de Bagnes o n t leurs entreprises : M aret, V au d an , F ellay et autres Gillioz. Ils logent chez eux et sont conduits chaque jo u r sur les chantiers. Le moins de ru p tu re possible ! E q uilibre entre les tr a v a u x ag ri coles et les chantiers:. S’il y a des problèmes, président et secrétaire de com m une, Fellay, négocient avec la direction des tra v a u x . La discussion est parfo is tendue, mais toujours courtoise, basée sur la confiance mutuelle.
Le respect du repos dom inical est enfin réalisé en Valais sur les chantiers d ’altitude. C h a q u e samedi les cars am ènent les h a b ita n ts des hau ts lieux à la gare de M artig n y . Le dim anche, seules les équipes de ré p a ratio n et d ’entretien fon ctio n n en t ; et les prophètes calculateurs qui prédisaient des re ta rd s sont ébahis : l’a rrê t hebdo m ad aire accélère le tra v a il ; les délais sont respectés. Les plus grandes entreprises de Suisse se sont associées p o u r ces t r a v a u x et co llaborent avec la d i rection des trav au x .
L ’h iv er est dur, les avalanches classiques nombreuses, et les fantaisistes encore plus dangereuses. U n service scientifique et technique fonctionne et s’exprim e en police des neiges. D iscipline dure à in troduire. Les B agnards sont m aîtres dans leur vallée et, au début, certains se rebiffent... puis c o m p ren n en t et aident à réaliser cette réussite. Le pilote Geiger signale un jour le réch auffem ent de l’atm osphère en altitude.
U n gros e ffo rt d ’in fo rm atio n est fa it p a r les cadres des entreprises et de la direction des tra v a u x po u r in fo rm er les travailleurs de l’ouvrage q u ’ils édifient et du sens de leur trav ail. Les discussions p ro u v e n t l’intérêt ex tra o rd in a ire qui se m anifeste, même au sujet du financem ent de ce g ra n d ouvrage qui coûte un demi- m illiard de francs. E le k tro w a tt-L a u fe n b u rg , les Forces Motrices bernoises, celles de la Suisse centrale (2 K W ) et de la Suisse orientale ( N O K ) se sont associées p our risquer ensemble cette aven tu re !
L ’esprit d ’équipe et d ’entraid e se m anifeste de façon m agnifique dans cette am biance de m o ntagne et de danger ! C om bien de faits p o u rra it-o n citer ? M algré tous les efforts, des accidents f ra p p e n t la com m unauté des chantiers. L a solidarité se m anifeste et la lutte reprend, ingénieurs en tête.
Le progrès social dans les familles d ’ouvriers devient manifeste. Il s’exprim e p a r des signes repérables et fra p p a n ts. En 1949 p a r exemple, certains m ineurs de galeries m o n taien t chaque jo u r à vélo de M a rtig n y - Bourg au chantier. U n an plus ta r d ils o n t leur V W ! Les visites des p arents et même celle du Conseil fédéral in corpore anim en t la fierté digne et noble de tous nos trav ailleurs et cadres qui savent quel service ils ren d en t à la com m unauté nationale. Merci, mes dam es et messieurs de Bagnes. M erci aussi à tous les trav ailleurs confédérés et étrangers.
R oger Bonvin.
P y l ô n e s d a n s l e p a y s a g e d e S a r r e y e r
Petite bibliographie bagnarde
L. C o u rth io n : « Bagnes - E n trem o n t - F erret », Genève 1907, 300 p.
I. M ariétan : « Val de Bagnes et d 'E n tre m o n t », Berne, 1957 (Guide suisse de tourisme pédestre).
P. G a rd : « Clergé de la paroisse de Bagnes », Saint-Maurice 1932, 106 p.
K. Suter : « L ’économie alpestre au val de Bagnes, Essai géo graphique », dans Bulletin de la M urithienne, fase. 61. 1943-44, pp. 15-137.
G. R ust : « La vallée de Bagnes et ses vieilles chapelles. H istoire et coutumes », dans Ann. val. 1945, pp. 420-452. G. R ust : « N otes d ’a r t et d ’histoire au val de Bagnes », dans A nn. val. 1949, pp. 41-62.
L. Blondel : « D ans la vallée de Bagnes, le p o n t et le château de Q u a rt, la chapelle de M auvoisin », dans A nn. val. 1950, pp. 189-206 (voir aussi N os 132 et 133).
M. C h a rv o z : « N otes et documents sur l’histoire du college de Bagnes », dans A nn. val. 1947, pp. 169-258.
A. Troillet-Boven : « Propos et souvenirs sur l’Ecole libre de Bagnes », dans Ann. val. et « C onfédéré », juin 1969.
LT!
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l/MJXISIXNS
Lettre à mon ami Fabien, Valaisan émigréMon cher,
A la suite de la décision d ’A m sterd am , on rencontre trois sortes de Valaisans.
C eux qui applaud issen t en calcu lan t les millions économisés.
Les déçus p ro fo n d s qui ne p e u v en t concevoir une défaite p areille alors que le fe n d a n t em porté p a r nos ambassadeurs a u ra it dû être l’arg u m en t final et massue de la c a n d id a tu re valaisanne.
E nfin, troisième catégorie, et vraisem blablem ent assez nombreuse, les soulagés. Ils é p ro u v aien t a v a n t le vote le mêm e sentim ent que celui qui sonne chez le dentiste dans l’espoir de ne pas le trouver.
Ils se d o n n e n t u n délai de q u a tre ans p o u r ressentir la même émotion.
B ref ! D a n s to u t cela il y a la petite histoire. Ainsi ces électeurs d ’o u tre -A tla n tiq u e p o u r qui « Sion-V alais » ne p o u v a it être q u ’un pays Israélite. Ils a v a ie n t lu au moins leur bible. M ais voilà, Israël, ce n ’est p as to u jours bien coté.
E t ce présid en t du C I O p o u r qui Z urich refusant les jeux ne p o u v a it être q u ’une des banlieues de Sion la candidate. D o n c s’ils n ’en veulent pas, dit-il, à quoi bon !
E t cette valise du p résident de la capitale qui fu t préparée à h u it heures du soir et déballée à dix, le voyage en H o lla n d e é ta n t devenu sans objet. Mais ce ne fu t là q u ’une m inim e p a rtie des effo rts inutiles entrepris.
Inutiles ? A h non. O n a p arlé de nous dans le m onde entier et on en rep a rle ra dan s q u a tre ans. O n a le sens de la p ro p a g a n d e ou on ne l ’a pas.
U n jo u rn a l s’en est pris à ce com ité de « vieux radoteurs » q u ’on eût sans d o u te présenté comme un aréopage de sages si cela a v a it réussi.
E t l’on v a recom m encer les cabales, car ce Valais a des réactions v iv a n te s et il aim e ça.
P o u r l ’in stan t il est reto u rn é à ses jeux favoris : les matches de reines et les festivals. A u cours de l ’un de ces derniers, un o ra te u r a voulu d é m o n tre r le renou veau du p a y s p a r un fa it saillant : la décision du peuple brigois de dém olir la M aison du Sel p lu tô t que de la restaurer en faisant du fa u x vieux.
C ’est le Valais, u ne fois de plus, qui se débarrasse de son passé.
Il lui en reste, il est v rai, les discours de cantines, précisément, couverts p a r le b ro u h a h a des conversations et l’entrechoquem ent des verres, mais q u ’on m ain tien t pour le g ra n d plaisir de ceux qui les prononcent, y P o u r faire parfo is ce m étier, je puis te dire toutes les satisfactions q u ’on en retire.
Mais ces jours, c’est M. S chw arzenbach qui retient notre atten tio n . T u sauras, en recevant cette lettre, si le Valais et la Suisse lui o n t d it oui ou non.
Seul contre tous ce citoyen s’est présenté un peu p a r to u t et même à Sion dans une salle qui connut pour une fois la surp o p u latio n valaisanne.
Il y eut p a ra ît-il un peu de foire d ’empoigne et même cette rem arque d ’un co n trad icteu r, que les Suisses allem ands en goguette sont plus b ru y a n ts que les Italiens.
L ’argum ent était de poids.
D o n c la proch ain e in itiative sera dirigée contre la su rp o p u latio n além anique, si je com prends bien.
Il est v ra i que le 5 m ai on a hissé un peu p a r to u t le d ra p e a u de l’Europe... de demain.
À p a r t cela le G r a n d Conseil a siégé. Il a fêté son président, descendant du G ros Bellet, puis constaté avec stu p éfaction que son G ouvernem ent n ’a v a it pas réussi à dépenser to u t ce q u ’il a v a it gagné.
U n véritab le scandale p o u r un E ta t qui se v eut m o derne et à la po in te du gaspillage. M ais ne t ’en fais pas, « ils » v o n t se r a ttra p e r, car la v raie richesse d ’un peuple c’est d ’av o ir des dettes ta n t il est heureux de se v o te r ensuite des impôts.
Laissons toutefois de côté cet haïssable boni qui p o u r r a it être un prélude à n o tre déconfiture.
E t regardons le p rin tem p s enfin revenu à travers n o tre lucarne. « Il y a u ra ab ondance de to u t » m ’a dit un p a y san et déjà il en fro n ç a it les
sourcils.'-U n m o t enfin sur les Bagnards, puisque ce num éro leur est consacré. Il en est de deux sortes, me d it to u jours m on épouse qui les co n n a ît bien, ceux qui se
taisent et ceux qui p arlen t. Les prem iers sont toujours les plus écoutés.
A ïe ! Bien à toi.
le bridge
De Charybde en Scylla Le dernier to u rn o i international de Malaga, joué ce printem ps par q uatorz e équipes nationales, a été ga gné par les Italiens, champions du m onde, devant les Français. Q u a n t à la donne la plus captivante de ces joutes, elle est apparue sur les tables du m atch o pposant l’Italie au M aroc :
* A 1 0 4 Ç> R 1 0 6 5 * A 8 * R V 10 8 * 9 * V 7 5 V 7 3 ❖ 7 5 4 3 2 * 7 5 4 2 N W E S Ç> A D 9 4 2 ❖ R V 10 6 * 9 ♦ R D 8 6 3 2 V 8 <0- D 9 ❖ A D 6 3 T o u t le m on d e se tro u v e en p re mière m anche. Le d o n n e u r D ’Alelio en Sud et son p artenaire Pabis-Ticci p arv ie n n en t ainsi au p etit slam à pique, sans in terv en tio n adverse :
S u d N o r d
2 * 2s. a
3 * 4 0 4 's? 4 s. a. 5 0 6 *
D ans leur langage, l’o u v ertu re de
2 * signifie u n bicolore n o ir avec cinq piques au moins ; la réponse
2 s. a. est forçante a u ta n t que p r o m e t
teuse ; tandis que les autres enchères appellent ou désignent des contrôles.
Le M arocain A m a r entam e du 3 de cœ ur, p o u r un p etit du m o r t puis la D am e de son partenaire D ana n ; le quel renvoie le 7 d ’atout. C o m m e n t D ’Alelio rem plit-il désormais son c o n tra t ? Vous plaira-t-il de l’im a giner avant de lire la suite ? en cachant ce flanc qui devrait vous rester inconnu, bien sûr !
C ’est simple com m e bonjour. Il coupe u n p e tit cœ ur, re m o n te au m o r t après avoir tiré tous les atouts adverses, p o u r en détacher le R o i de cœ ur, qui fait sauter l’As. Le Valet s’écrase derrière ; ce qui a p o u r effet de rendre m aître le 10 du m ort.
E t nos M arocains de se lam enter. E n effet, to u t cela ne serait pas arrivé si la droite avait fo u rn i le 9
de cœ u r à la prem ière levée, sur l’en tam e du 3 qui désignait un Valet troisième. Q ue nenni : ce serait t o m ber de C h a ry b d e en Scylla, avec une fin de coup plus atroce encore. C o m m e n t ? A vous, tel N e p tu n e , de les p récipiter sur l’écueil.
Pierre Béguin.