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Dans cette partie sont développés les choix ayant permis de construire le dispositif de recherche.

2.1 Objectif de la recherche

A partir de l’objet de recherche, nous allons essayer de comprendre ce que réalisent les ergothérapeutes lorsqu’ils sont confrontés à la coopération avec l’aidant dans l’objectif de favoriser le processus d’autonomisation de la personne vieillissante dépendante accompagnée à son domicile. Nous allons interroger les modalités d’intervention selon les ergothérapeutes dans le cadre d’une coopération avec l’aidant afin de mieux comprendre comment est obtenu le processus d’autonomisation de la personne vieillissante dépendante en fonction de leurs connaissances, valeurs et ressentis.

2.2 Choix de la méthode

La question de recherche issue de la problématisation théorique amène à s’orienter vers la pratique des professionnels ergothérapeutes. L’intention du chercheur oriente le choix de la méthode (40). Afin de répondre à cet objet d’étude, la méthode clinique semble être appropriée, avec un cadre d’écoute non orienté (40).

D’après l’ouvrage « Le travail de fin d’étude : s’initier à la recherche en soins et santé ? » sous la direction de Chantal Eymard, Michel Vial et Odile Thuilier (40), « la méthode clinique produit des savoirs sur un phénomène à partir du récit des sujet ». Le chercheur s’intéresse à « la parole du sujet social qu’il rencontre et écoute dans son expérience de la santé » (40).

La méthode clinique permet d’obtenir des savoirs dans une relation avec une personne dans un aspect singulier. Ce sont des données qualitatives qui sont recherchées, en lien avec des représentations, ressentis et valeurs propres. Cette méthode a une visée exploratoire, permettant de découvrir des savoirs à travers une analyse de contenu. Les résultats ne sont pas généralisables mais nous permettront d’alimenter la recherche (40).

L’utilisation de cette méthode nous permet une actualisation des différents concepts étudiés afin de mieux comprendre le fonctionnement humain dans cette thématique actuelle, dans le but de déceler des éléments particuliers permettant de nourrir le phénomène étudié.

2.3 Choix de l’outil de la méthode de recherche

Afin de mettre en place la méthode clinique, nous organisons une rencontre avec des professionnels à l’aide de l’outil de recueil de données entretien (40). L’avantage de l’entretien est qu’il permet d’utiliser des moyens de communication non verbaux afin d’ajouter une meilleure compréhension de ce que ressent la personne interrogée. Celui-ci devrait se dérouler en présence de l’enquêté, afin d’être au plus proche des ressentis de la personne par sa posture corporelle et ses expression faciales, mais se déroulera au téléphone du fait de la distance géographique des enquêtés, situés dans le Nord de la France et sur les DOM.

L’entretien se déroule ici selon un mode semi-directif, à l’aide de questions préparées en amont ayant pour but d’orienter la personne vers des sous-thématiques. Ainsi, l’entretien peut s’élargir tout en étant recentré afin de continuer un suivi logique avec un ordre à aborder. L’ensemble des questions sont les mêmes pour les personnes interrogées. Des questions de relance ont été créées afin de ramener l’enquêté vers les sous-thématiques si celui-ci s’en éloigne, tout en

suivant un ordre de déroulement. Elles sont posées afin de recueillir le mode de pratique de l’ergothérapeute axé autour de la coopération avec l’aidant.

2.4 Choix de la population interrogée

L’entretien est réalisé auprès de trois ergothérapeutes diplômés d’état, selon différents critères :

→ Critères d’inclusion :

-Ergothérapeute travaillant à domicile auprès d’une personne de plus de 60 ans dépendante à son domicile

-Ergothérapeute travaillant en coopération avec l’aidant de cette personne dépendante

-Ergothérapeute contribuant à un processus d’autonomisation de la personne dépendante grâce à sa coopération avec l’aidant dans le système familial

→ Critères d’exclusion :

-Ergothérapeute ne travaillant pas auprès de ce public

-Ergothérapeute ne coopérant pas avec les aidants

2.5 Présentation du déroulé de l’entretien

Pour cela, un guide d’entretien a été créé en Annexe 7, reprenant les éléments de la matrice conceptuelle concernant la coopération, l’approche systémique et le processus d’autonomisation.

Dans un premier temps, le chercheur contacte la personne interrogée par mail, à travers une présentation des critères de recherche. Le temps maximal de cet entretien est défini à 50 min. Ainsi, l’interrogé est prévenu du temps de créneau à prévoir afin de le prendre en compte dans sa réponse. Ensuite, si la réponse est favorable pour un entretien, les modalités sont présentées ainsi que les objectifs de l’entretien. Est de plus, demandé si la conversation téléphonique pourra être enregistrée sur un dictaphone afin de la retranscrire à l’écrit, de façon anonyme par le chercheur pour l’analyse des résultats. Il est important que l’enquêté se sente en confiance dans un cadre agréable propice à la discussion. Les conditions doivent être favorables afin que son vécu subjectif puisse nous être livré. De plus, le non-jugement des réponses et la non-attente

de réponses particulières est précisé par l’enquêteur afin d’optimiser la libre expression et de permettre un cadre d’écoute.

L’entretien démarre lorsque l’enquêté le souhaite sur un créneau convenu. Ensuite, les critères d’inclusion sont vérifiés. Puis, une question inaugurale est abordée présentée dans le guide d’entretien.

Pour conclure, l’enquêteur le remercie de lui avoir accordé du temps.

2.6 Biais de l’entretien

Il convient, pour ce type de rencontre, d’anticiper les différents biais pouvant survenir au cours de l’entretien. Après analyse dans « les principaux biais à connaître en matière de recueil d’information » (41), nous pouvons retenir que l’entretien est un outil de recueil de données impliquant deux personnes. Le type de relation entre l’enquêteur et l’enquêté par l’installation de la relation de confiance et la prudence des croyances et jugements peuvent influencer la qualité des réponses fournies en réduisant les biais affectifs, sociaux et culturels (41).

De plus, les résultats donnés sont de l’ordre du déclaratif de l’ergothérapeute interrogé. Son discours n’est pas la preuve des actes réels. Une mauvaise formulation des questions de l’ordre du méthodologique peut également influencer la qualité du discours par une mauvaise compréhension et donc prendre une orientation différente. Il faut donc veiller à la bonne formulation des questions et employer un vocabulaire professionnel compris par tous afin d’éviter les biais méthodologiques (41).

Il convient de faire attention à ne pas orienter ou influencer l’enquêté dans le discours tout en conservant les objectifs mis-en-place, car la méthode clinique ne tend pas vers une hypothèse préconçue. Il convient aussi de veiller à l’état affectif de la personne, pouvant impacter ses réponses en fonction de ses émotions, afin d’anticiper les biais affectifs (41).

De plus, il faut faire attention au biais de fixation sur un objectif, qui peut empêcher de faire ressortir certains éléments. Avoir une autorisation de réaliser un enregistrement permet de conserver l’intégralité du discours et de le réentendre, et ainsi d’éviter la prise de note pouvant parasiter la discussion (41).

La difficulté de l’entretien réside dans la fluidité de la discussion. Les questions de relance sont donc préparées, mais il est nécessaire que l’enquêteur permette un enchaînement logique sans couper ou brusquer la personne.

2.7 Test de faisabilité et validité du dispositif de recherche

Afin de réaliser ces trois entretiens de façon pertinente, la phase de test est nécessaire afin de pouvoir réajuster le fond ou la forme. En effet, cela permet de vérifier la bonne anticipation des biais ou encore de les atténuer. La matrice est également retravaillée en lien avec les questions et les objectifs associés. Enfin, le test permet d’évaluer la fluidité du déroulement de l’entretien et du bon enchaînement des questions en lien avec les thèmes abordés, par un entraînement à cette pratique.

Pour cela, celui-ci est testé par deuxprofessionnels ergothérapeutes correspondant aux critères d’inclusion, afin d’être au plus près du dispositif de recherche. Il permet de vérifier la faisabilité du dispositif et d’améliorer le guide d’entretien. Le premier test permet de tester toutes les questions et la fluidité du déroulé. Nous avons eu à reformuler certaines questions qui n’étaient pas claires sur certains termes. Le deuxième test, réalisé en condition réelle a duré 35.40 minutes et a permis de vérifier la bonne compréhension de l’intégralité des questions associées aux réponses de l’ergothérapeute, ce qui semblait être le cas.

2.8 Choix des outils de traitement et d’analyse des données

-Dans un premier temps, les entretiens sont retranscrits manuellement à partir de leur écoute en intégralité dans le traitement de texte, les lignes sont ensuite numérotées. Les questions présentes dans le guide d’entretien semi-directif sont écrites en italique.

-Puis, s’effectue une pré-analyse qui consiste à laisser venir à soi les impressions et un repérage de grands thèmes.

-Nous effectuons ensuite une analyse de données textuelle manuelle, accompagnée du logiciel « Nvivo » pour une recherche de mots dans le corpus de texte et une requête de leur fréquence afin de trouver les occurrences et les cooccurrences. Pour cela, nous faisons le choix de réaliser d’après « Quatre approches pour l’analyse de données textuelles : lexicale, linguistique, cognitive, thématique » de Bernard Fallery et Florence Rodhain (42) une analyse thématique afin de classer les réponses par thème pour « interpréter un contenu » par décontextualisation et recontextualisation. Ensuite, nous allons analyser la fréquence de répétitions de mots à l’aide

d’une analyse lexicale afin de « décrire de quoi on parle » qui permet de construire un lexique de mots par un acte de lemmatisation et de découpage du texte en unités réunis dans des catégories de champ lexical pour déterminer les occurrences. La présence de plusieurs unités permettra d’obtenir des co-occurrences dans une analyse quantitative. Ensuite seront replacés les éléments fournis par les ergothérapeutes dans leur contexte afin de voir les relations et d’éviter les contresens dus aux ambiguïtés, liés à l’absence des marqueurs d’affirmation et de négation dans l’extraction des données qualitatives.

Ces approches de traitement de données textuelles sont complémentaires afin de permettre une analyse objective des résultats, sans aprioris sur les catégories et les classes à découvrir, compatibles avec une méthode de recherche clinique.

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