CHAPITRE 2. CARACTERISATION DU BOIS ET DU BAMBOU EN COMPRESSION
1. P ROTOCOLES EXPERIMENTAUX
1.1. Protocole expérimental pour le matériau bois
1.1.2. Matériels et méthode
A la différence de Bocquet [BOC 1997], les éprouvettes testées sont des cylindres de 28 mm de diamètre et 36 mm de hauteur. Ces dimensions sont fixées par les capacités du tour à commande numérique utilisé par la fabrication des éprouvettes. Le fait d’avoir une hauteur légèrement supérieure permet d’être un peu plus précis dans la mesure de la déformation et notamment pour mesurer la limite élastique. Pour confiner les éprouvettes, un cylindre d’acier est utilisé (Figure 82). Ce
dernier accueille un autre cylindre en Ertalon® (polyamide) de diamètre plus petit et
inséré en force. Celui‐ci accueille les éprouvettes de bois et offre une surface plus lisse que celle de l’acier, le but étant de limiter l’influence des frottements. Pour
limiter encore plus l’effet des frottements, l’Ertalon® est lubrifié à l’aide d’un
lubrifiant sec au PTFE (Polytétrafluoroéthylène). L’effort est introduit par une
machine universelle Instron® (munie d’une cellule de charge de 100 kN ayant une
Figure 82 : Dispositif expérimental pour déterminer la loi de comportement du bois en compression transversale (éprouvette cylindrique de 36 mm de hauteur et 28 mm de diamètre)
Comme il a déjà été précisé, la partie cylindrique des éprouvettes est usinée à l’aide d’un tour à commande numérique. La mise à longueur des éprouvettes est réalisée grâce à deux scies montées en parallèle sur un arbre de toupie, ce qui permet d’obtenir deux surfaces parfaitement parallèles pourvues d’un état de surface très satisfaisant. Le bois étant un matériau orthotrope, il est possible de distinguer la compression radiale (Figure 83 (a)) et la compression tangentielle (Figure 83 (b)). Toutes les éprouvettes sont usinées dans des avivés de Picea Abies ; 42 d’entre elles sont densifiées dans la direction radiale (effort de compression perpendiculaire au plan tangentiel LT) et 39 sont densifiées dans la direction tangentielle (effort de compression perpendiculaire au plan radial RL).
Figure 83 : Eprouvettes avant puis après compression (a) direction radiale, (b) direction tangentielle
La prise de mesures des déplacements au cours de l’essai s’effectue à l’aide d’un système de mesure par analyse d’images VDM où quatre objets constitués de deux cibles sont suivis. Dans le mode opératoire présenté sur la figure 84, le déplacement Piston en acier Cylindre en acier Cylindre en Ertalon® Eprouvette en bois Socle en acier Force (a) (b)
relatif de l’objet 3 par rapport à l’objet 4 mesure l’écrasement subi par l’éprouvette. En effet, l’objet 3 est fixé sur le piston dont la raideur est suffisamment importante devant celle du bois pour être négligée. L’objet 4 mesure la déformation du bâti de la machine qui n’est pas négligeable (de l’ordre de 2 mm pour une charge de 100 kN). L’objet 2 permet d’avoir un plan de mesure nécessaire à l’étalonnage du logiciel. L’objet 1, quant à lui, permet de comparer les données trouvées par la machine d’essais universelle et celles données par le logiciel de traitement d’images. Figure 84 : Dispositif expérimental permettant de mesurer avec précision le déplacement de l’éprouvette soumise à de la compression transversale Pour chaque éprouvette, la cellule de charge de la machine d’essais universelle donne l’évolution de la force et le logiciel d’analyse d’images indique le déplacement relatif du piston et du bâti de la machine d’essai ce qui permet de caractériser la loi de comportement de l’éprouvette en compression transversale. La contrainte est calculée par le rapport entre la force mesurée par la machine et la section de l’éprouvette. La déformation est calculée comme le rapport entre le déplacement relatif du piston et du bâti et la hauteur de l’éprouvette. Les dimensions exactes de chaque éprouvette ainsi que leur masse sont mesurées ce qui permet de connaître leur masse volumique. Enfin la largeur de cerne moyen de chaque éprouvette est
mesurée. Les masses volumiques varient entre 335 et 475 kg.m‐3 et les largeurs de
cernes moyennes entre 1,37 et 5,11 mm.
Le cycle de chargement imposé aux éprouvettes de bois est présenté sur la figure 85. Plusieurs charges et décharges successives sont imposées aux éprouvettes pour mesurer l’influence de la densification sur le module d’élasticité du bois densifié et donc l’endommagement que subit le matériau bois au cours de sa compression transversale. Le premier cycle est réalisé dans la zone élastique pour mesurer le module d’élasticité du matériau bois : un déplacement est imposé jusqu’à 40% de la charge à la limite élastique estimée puis l’éprouvette est déchargée à 10% de cette charge. La force estimée en compression radiale est de 2,5 kN et en compression tangentielle de 4,5 kN. Le système est alors rechargé jusqu’à 5% de la
Cellule de charge de 100 kN Piston en acier Cylindre accueillant l’éprouvette Caméra (fréquence de capture d’images: 10.s‐1) Objet 1 Objet 3 Objet 4 Objet 2 Cibles suivies par la caméra au cours de l’essai Bâti de la machine d’essais Instron
hauteur de l’éprouvette (taux de densification de 5% soit un déplacement de 1,8 mm pour des éprouvettes de 36 mm de hauteur) puis déchargé jusqu’à 10% de la charge maximale mesurée (cycle 2). Des cycles similaires au deuxième cycle sont réalisés en augmentant de 5% le taux de densification à chaque cycle jusqu’à atteindre la limite de la cellule de charge utilisée soit 100 kN. Le temps d’attente entre chaque changement de direction de chargement est nul.
Figure 85 : Cycles de chargement imposés aux éprouvettes de bois de hauteur H testées en compression transversale (Fest=2,5 kN pour les éprouvettes testées radialement et Fest=4,5 kN
pour les éprouvettes testées tangentiellement)