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Dans cette expérience, la tâche des participants était de comparer la sonie de sons purs

diotiques et dichotiques (auquel cas ils comportaient une ITD non nulle) à la sonie de sons de

référence diotiques de même fréquence. Les sons purs étaient diffusés à différents niveaux de

référence dans le but d’étudier l’évolution de l’effet de l’ITD sur la sonie avec le niveau.

2.2.1 Stimuli

D’après les résultats de Koehl et Paquier (2015), l’effet de la sonie sur l’ITD semble plus

prononcé à 200 Hz qu’à 400 Hz. Les stimuli de la présente étude étaient des sons purs de

fré-quence 100 Hzet200 Hz. La valeur de l’ITD appliquée aux stimuli dichotiques a été choisie pour

correspondre à l’ITD d’un stimulus localisé à un azimut ✓= 90 . Cette valeur a été déterminée

d’après le modèle d’ITD pour basses fréquences établi par Kuhn (1977), valide pour les fréquences

inférieures à 500 Hz:

100 Hz 200 Hz

30 phones 56.76 44.78

40 phones 64.37 53.41

50 phones 71.61 61.72

60 phones 78.65 69.86

70 phones 85.60 77.92

80 phones 92.48 85.92

90 phones 99.33 93.89

Table 2.1 – Équivalence entre niveau de pression sonore (endB SPL) et niveau

d’isosonie (enphone) à100 Hzet200 Hzd’après la norme ISO 226 (2003).

ITD

BF

= 3r

c

0

sin () (2.1)

où a = 8.75 cm est le rayon moyen d’une tête humaine, c

0

= 340 m·s

1

est la vitesse du son

dans l’air et ✓ est l’azimut de la source, avec ✓ = 90 pour une source localisée sur le côté

de l’auditeur. Ce modèle donne une ITD de 772µs (i.e. le son était présenté sur une oreille

772µs plus tôt que sur l’autre oreille). Les sons dichotiques à égaliser étaient systématiquement

présentés en avance sur la même oreille (l’oreille gauche) puisque l’effet de l’ITD sur la sonie est

symétrique d’après Koehl et Paquier (2015). Ces stimuli devaient être égalisés en sonie sur des

stimuli de référence diotiques dont les niveaux étaient fixés à 30,40,50,60,70,80 et90 phones.

Les niveaux de pression sonore à délivrer pour atteindre ces niveaux d’isosonie à100 Hzet200 Hz

ont été calculés d’après la norme ISO 226 (2003) et sont donnés dans le tableau 2.1. Les sons

étaient générés par une carte son RME Babyface Pro et le système a été étalonné en plaçant le

casque audio utilisé lors du test (Sennheiser HD 650, casque circumaural ouvert) sur une tête

artificielle (Neumann KU100), laquelle était étalonnée à l’aide d’un pistonphone (Brüel & Kjær

Type 4231) à 1 kHz. Chaque stimulus durait 1.6 s et comportait des rampes d’attaque et de

relâchement de100 ms (comme les stimuli utilisés par Koehl et Paquier (2015)).

2.2.2 Procédure

Vingt-deux participants (huit femmes et quatorze hommes âgés de vingt à vingt-cinq ans)

ont pris part à cette étude et étaient rémunérés pour leur participation. Chacun d’eux avait des

seuils d’audition normaux (10 dB HL) d’après un audiogramme passé dans le mois précédant

l’expérience. Aucun d’entre eux n’avait d’expérience en test d’écoute en laboratoire.

Les stimuli était égalisés en utilisant une procédure adaptative à choix forcé à deux intervalles

et deux alternatives (2I2AFC) suivant une règle « 1-up 1-down » (Levitt, 1971). Cette procédure

était la même que celle utilisée dans les études précédentes s’étant intéressées à la sonie

direc-tionnelle (Sivonen et Ellermeier, 2006) et aux effets de l’ITD sur la sonie (Koehl et Paquier,

2015; Koehl et al., 2015). Dans chaque essai, un son test (diotique ou dichotique) et un son de

référence diotique étaient présentés aux participants dans un ordre aléatoire, séparés par une

pause de 500 ms. La tâche des participants était d’indiquer lequel du premier ou du second son

était le plus fort, indépendamment de toute autre différence perçue et sans autre possibilité de

réponse. Les comparaisons entresons test diotiques etsons de référencediotiques (qui étaient les

mêmes stimuli) ont été mises en place pour obtenir des données de contrôle permettant d’évaluer

l’erreur liée à la procédure seule.

Les sons purs étaient délivrés aux oreilles des auditeurs par un casque sans autre apport

d’information extérieure. Selon toute vraisemblance, les auditeurs effectuaient ainsi des

compa-raisons basées uniquement sur la sonie aux oreilles des stimuli. Les participants répondaient en

cliquant à l’aide de la souris ou du clavier de l’ordinateur de test sur un bouton d’une

inter-face graphique programmée sur Max/MSP. Ces instructions étaient indiquées oralement et sous

forme écrite. Les participants réalisaient quelques essais avant de commencer l’expérience afin de

se familiariser avec l’interface et la procédure. Lessons test étaient présentés à un niveau initial

réglé à±10 dBdu niveau de référence des sons diotiques (excepté pour les niveaux de références

extrêmes, 30 et 90 phones, pour lesquels les niveaux initiaux des sons test étaient fixés à +10

et 10 dB, respectivement, afin de ne pas atteindre de niveaux trop faibles ou trop forts). À la

suite de la réponse du participant pour un essai donné, le niveau du son test était diminué si

le participant l’avait jugé plus fort que le son de référence et augmenté si le participant avait

jugé la référence plus forte que le son test. Le pas d’ajustement était de±4 dBpour les premiers

essais et diminuait à±1 dBaprès la deuxième inversion dans la courbe d’égalisation. La figure 2.1

représente un exemple de courbe d’égalisation, résultant de la séquence adaptative d’unson test

donné. Après la huitième inversion dans la courbe d’égalisation, les valeurs du niveau duson test

aux six dernières inversions étaient moyennées pour donner le point d’égalité subjective (PSE,

pour Point of Subjective Equality) représentant le niveau auquel le son test paraissait aussi fort

que le son de référence.

L’expérience était partagée en deux sessions séparées par une pause de cinq minutes. Afin de

ne pas présenter consécutivement des sons de niveaux trop éloignés, l’une de ces sessions était

consacrée aux sons à égaliser sur les sons de référence de niveaux30,40et50 phonestandis que

l’autre comportait les sons de référence de niveaux60,70,80 et 90 phones. Chaque participant

a pris part aux deux sessions dans un ordre aléatoire. Les séquences adaptatives, correspondant

à chaque suite d’essais menant à la courbe d’égalisation d’un son test, étaient entrelacées de

sorte que deux essais consécutifs n’appartenaient pas à une même séquence. Par exemple, l’essai

suivant le premier essai de la séquence duson test 200 Hz/90 phones/772µsn’était pas le second

essai de cette même séquence, mais pouvait par exemple être le premier essai de la séquence du

son test 100 Hz/70 phones/0µs. De cette manière, les participants ne pouvaient pas identifier les

sons de référence (qui restaient inchangés tout au long des séquences adaptatives). La session

apparaissait donc aux participants comme une suite de comparaisons par paire sans relation les

unes avec les autres.

Les participants étaient assis dans une cabine audiométrique et avaient pour consigne de

prendre leur temps pour placer confortablement le casque sur leur tête afin de ne pas avoir à

y toucher pendant toute la durée de la session, puisque les changements de position de casque

audio sont susceptibles d’affecter les stimuli perçus de façon audible (Paquier et Koehl, 2015).

Lstimulus - Lref (dB)

Essai

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