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Martin Dammann, une narration silencieuse

Ce qui se raconte, ce qui ne se dit pas

IV. Martin Dammann, une narration silencieuse

L’été 2018 un ami peintre me parle de Martin Dammann et en janvier de l’année suivante j’ai l’opportunité de voir son travail à la Galerie In Situ qui le représente à Paris. Son travail m’avait interpellée alors que je n’en avais vu que des reproductions sur internet. Voir ses œuvres de visu a confirmé mon intérêt. Martin Dammann peint à l’aquarelle sur de très grands formats, ce qui est une approche totalement inédite de cette technique. Le mystère qui émane de ses œuvres me semble autant lié à ce qui est représenté, à la facture de la peinture qu’à l’étrangeté de se retrouver devant d’aussi grands formats peints à l’aquarelle. Certaines formes se distinguent clairement tandis que d’autres sont plus confuses rendant ainsi ce qui est représenté équivoque et laissant le regardeur dans le flottement nécessaire pour s’approprier ce qu’il est en train de regarder. De nombreux aspects du travail de Martin Dammann m’évoquent la mémoire, tant l’archive que l’on souhaite se remémorer que les souvenirs enfouis qui remontent à la surface. Je ressens parfois une incertitude quant à la nature des images qu’il crée. Peut-être sont-elles personnelles, peut-être issues d’archives historiques ; dans les deux cas la petite histoire rejoint la grande.

Martin Damman appartient plutôt à la catégorie des artistes discrets qui n’a pas de site internet et n’officie pas sur les réseaux sociaux. Il me paraissait d’autant plus intéressant d’avoir un entretien avec l’artiste que les informations sur son travail et les entretiens disponibles étaient limités.

Vue de l’exposition Monographique de Martin Dammann Absieg, Galerie Insitu, Paris du 8 déc. 2018 au 2 fev. 2019

L’entretien qui suit a été réalisé en anglais et par e-mail entre avril et juin 2019 ; la traduction française a été réalisée par mes soins.

Processus de travail

Clémence Arnold : J’essaie de comprendre à propos de votre processus de travail : Vos panneaux de bois sont-ils des travaux préliminaires aux œuvres sur papier ou sont-ils des œuvres à part entière ? J’ai l’impression que peut-être vous transférez la peinture d’un support à l’autre ?

Martin Dammann : Les aquarelles sur panneaux sont des œuvres entièrement indépendantes. Leur surface blanche est une matière plastique qui n’absorbe pas l’eau et les pigments d’aquarelle se tiennent uniquement par cohésion une fois secs. Le processus de travail est totalement différent de l’aquarelle sur papier parce que je peux tout défaire à n’importe quel moment. D’autre part les images sont d’une certaine manière plus brutes et je peux pallier un motif qui autrement sur papier pourrait devenir trop délicat et séduisant.

Je doute que quiconque ait déjà utilisé l’aquarelle sur des panneaux avec un revêtement plastique. En ce qui me concerne ce n’est même pas une aquarelle du fait que je peux tout défaire. A cet égard cette technique est plus proche de la peinture à l’huile ou à l’acrylique. Mais différente tout de même étant donné que la surface plastique a tendance à rejeter l’aquarelle et donc l’image.

Martin Dammann Absieg, Galerie Insitu, Paris Traces sur panneaux de bois

CA : Qu’est-ce qui vous a amené à utiliser cette technique sur panneaux ?

MD: J’ai utilisé ces panneaux pour fixer le papier aquarelle et un jour alors que je coupais une peinture qui était terminée, j’ai vu que l’aquarelle avait traversé le papier, et c’est resté. Après quelques temps j’ai commencé des expériences. J’ai aimé le résultat de ces expériences mais c’est seulement plus tard encore que j’ai réalisé que des travaux à grande échelle étaient possible avec cette technique.

CA : Réfléchissez-vous aux images que vous utilisez ou à l’effet que vous souhaitez rendre avant de démarrer de nouvelles œuvres ou une nouvelle série ? Ou bien vous assemblez parfois des œuvres qui n’étaient pas pensées pour être montrées ensemble à l’origine ?

MD : Lorsque je prépare une exposition je porte autant d’attention à ce que l’ensemble des œuvres va créer qu’à chaque œuvre individuellement. J’ai toujours une série de thèmes en attente mais chaque œuvre terminée peut modifier mes prévisions car je me sens différent à la fin d’un travail d’avant de le démarrer.

CA : Vous voyez-vous comme un artiste du processus qui a tendance à réfléchir et à articuler son travail à postériori ?

MD : Souvent je suis sûr de vouloir un motif spécifique mais je ne sais pas exactement pourquoi. Ce qui était si spécial au sujet de ce motif devient souvent plus clair en cours de travail ou après l’avoir peint.

CA : Certains de vos plus grands formats sont en deux parties scotchées l’une à l’autre. Cela me plait parce que d’une certaine manière cela va dans le sens que le rôle de la mémoire est d’assembler des bouts les uns aux autres. Etait-ce un choix délibéré ou est-ce que ce sont des raisons pratiques qui vous y ont mené sans que vous n’y ayez pensé au préalable ?

MD : Les aquarelles doivent être peintes à l’horizontal et pour cette raison la taille des papiers sont aussi larges qu’un bras et son pinceau peuvent atteindre.

Je voulais que mes peintures soient plus grandes, j’ai donc dû les coller. J’aime ce procédé car assembler deux papiers ensemble est comme une incision, une blessure dans l’image (et, du moins au début, également dans le cœur de certains collectionneurs). Cela révèle également le processus de création de l’œuvre que je ne souhaite pas cacher. Le dessin préliminaire est également visible pour les mêmes raisons.

CA : Qui sont les artistes que vous regardez ? Et les artistes qui ont influencé ou influencent encore votre travail ?

MD : Lorsque je peins j’essaie de me concentrer autant que possible sur le motif et sur ma réaction à ce qui apparaît. Pour cette raison penser à d’autres peintres ou peintures détourne le plus souvent mon attention. L’œuvre Koksijde fait référence à Edward Hopper. Parfois je m’approche d’autres artistes mais lorsque cela se produit c’est que je ne peux pas l’éviter. J’admire quelques artistes mais de manière générale je préfère sentir que je suis à l’écart des sentiers battus.

CA : Avez-vous une discipline ou une routine lorsque vous travaillez? Est-ce une pratique quodienne ou presque ou bien alternez-vous d’intenses périodes de travail avec des périodes où vous faites autre chose?

MD : J’essaie de passer le plus de temps possible à l’atelier.

Image et medium

CA : Vous avez exposé vos peintures aux côtés de photographies. Les peintures et les photographies ont-elles un statut différent dans votre travail ?

MD : Les innombrables photos et images que j’ai collectées sont toujours mon point de départ. Certaines doivent être peintes, d’autres peuvent uniquement être montrées comme telles, en tant que photographies. Par exemple peindre un homme habillé en femme m’obligerait à peindre de façon beaucoup plus appliquée et maniérée que je n’aime le faire. Montrer la peinture d’une photo est aussi plus personnel que juste montrer la photographie. Elles sont factuelles mais de manière différente.

CA : Que désirez-vous souligner lorsque vous montrez une photo qui soit pas visible avec une peinture et inversement ?

MD : Montrer le motif d’une peinture ne rend généralement pas service car les regardeurs cherchent inévitablement à comparer la peinture avec le motif photographié plutôt que de percevoir ce que la peinture évoque par elle-même. Cela devient alors illustratif. Une seule fois (à la kunstverein arnsberg) j’ai montré des croquis de peintures grands formats et les

impressions photo A3 que j’avais utilisé pour ces peintures. Mais elles étaient sur des murs opposés qui étaient dans deux pièces si distants l’un de l’autre que personne ne pouvait en faire une comparaison directe.

CA : Est-ce tout est lié à ce que Hans-Jörg Clement dit vous concernant et au sujet de la photographie dans l’introduction de votre catalogue Fremde Freunde « il peut sentir si elle a le pouvoir de parler d’elle-même, ou d’abord doit devenir l’objet d’une peinture avant que son essence matérielle et émotionnelle puisse être capturée, ou du moins imaginée » ?

MD : C’est une des façons de décrire quels motifs photographiques restent des travaux photographiques et lesquels deviennent des peintures.

CA : Utilisez-vous des photographies personnelles comme matériau pour vos peintures ?

MD : Oui.

CA : Je trouve vos peintures très narratives. Elles ont un très fort pouvoir évocateur et l’on peut créer son propre récit, son propre film intérieur en les regardant. Même s’il ne s’agit que d’une seule image. En êtes-vous conscient et est-ce quelque chose que vous recherchez lorsque vous réalisez une œuvre ?

MD : C’est la magie de la peinture. Une seule scène, mais elle peut contenir tellement de strates différentes, de significations, permettre des approches et des points de vue différents ainsi que des grilles de lecture. Je n’utiliserais pas le terme « narrative » car il n’y a pas qu’un récit. Cela s’apparente plus à un champ d’émotions.

Je suis un collectionneur. Une expérience élémentaire des collectionneurs est de ne pouvoir partager leurs expériences et leur plaisir que de façon très limitée, en général à un nombre de personne restreint.

Donc le désir premier est d’ouvrir les expériences personnelles jusqu’au point où elles deviennent universelles tout en étant particulières. Cela semble être paradoxal et ça l’est, pourtant c’est ainsi que cela marche.

CA : Qu’est-ce qui est à l’origine d’un dessin et qu’est-ce qui est à l’origine d’une peinture? Les dessins sont-ils des études ou trouvez-vous que certaines photographies sont plus adaptées à un médium en particulier ?

MD : J’essaie de rester fidèle au motif. Cela ouvre les voies et je ne fais que suivre. Parfois le motif demande à être peint, d’autres sont plus adaptés au dessin. Bien sûr il y a des dessins qui sont des études. Mais les dessins peuvent aussi être des œuvres d’art à part entière.

CA : Vous avez déjà travaillé des vidéos, est-ce que ce médium a toujours une place dans votre travail actuellement ?

MD : C’est quelque chose que j’aime toujours et tente souvent d’utiliser, mais dans mes dernières expositions toute celles que j’avais prévues ont été exclues au final. Ce n’est pas

facile de combiner une vidéo avec une peinture car les images en mouvement prennent le dessus et accaparent l’attention par rapport aux images fixes.

CA : Vous êtes très fidèle à l’usage de l’aquarelle et à votre technique, ce qui est génial car il y a une tendance aujourd’hui à se disperser avec des médiums différents, et cela peut être assez superficiel comparé à en travailler un seul mais plus en profondeur. Avez-vous jamais pensé peindre à l’huile ou à l’acrylique par exemple ?

MD : J’ai débuté comme illustrateur; le dessin et l’aquarelle se rejoignent dans ce qu’il est important de faire comme de ne pas faire. D’autre part on ne peut pas revenir en arrière, ce qui implique d’être concentré à 200%. J’aime cette tension et je pense qu’elle laisse une trace dans la peinture.

Enfin les dynamiques entre le contrôle et la perte de contrôle. Toutes ces choses sont caractéristiques de cette technique fabuleuse.

Martin Dammann Aus dem über heraus 13, 2014, Crayon et aquarelle sur isorel - 143 x 192 cm - Galerie Insitu, Paris

Les expositions et leur texte

CA : Amélie Lavin, dans son texte pour votre dernière exposition, dit que pour la première fois vous peignez de mémoire et plus depuis photo. Si cela est exact, qu’est-ce qui vous a amené à ce changement ?

Comment cela fonctionne-t-il de peindre de mémoire ? Elaborez-vous mentalement avant de peindre ou l’image apparaît-elle pendant l’acte de peindre ?

MD : C’était une vision déclenchée par la photographie d’un ballet nautique. Pourtant l’image qui m’est venue à l’esprit était différente : des corps d’hommes nageant, encore dans leurs vêtements, vus d’une sorte de perspective de poisson. C’etait clair qu’une telle photo n’existe pas, j’ai donc démarré sans, en essayant de voir si je serais capable d’amener cette peinture au point où elle peut concurrencer celles réalisées d’après photo. Elles allaient aussi très bien dans l’espace de la galerie car il y a un grand sous-sol et je pouvais faire du rez-de-chaussée un espace relatif au « monde réel » et le sous-sol un espace qui renverrait à un « monde souterrain » imaginaire, dystopique. J’ai fait un certain nombre de croquis préliminaires mais quand j’ai commencé la peinture je n’ai utilisé aucun d’entre eux totalement. Les croquis étaient plus un entrainement pour m’approcher d’un peu plus près et comprendre comment ça pourrait marcher. Plus tard je l’ai élargie à trois peintures, évoquant toutes la même situation mais regardant dans trois directions différentes, chacune avec une lumière différente également.

CA : En peignant d’après photo j’ai tendance à penser que c’est un peu comme collecter un souvenir ou en créer un car l’esprit est en train de traiter la photo. Mais en peignant d’après imagination, cela me rappelle un procédé archéologique, creusant dans la mémoire ou l’inconscient. Avez-vous l’impression de convoquer vos propres souvenirs ou de créer une sorte de fiction ?

MD : Pour moi reproduire une photo en peignant c’est de l’archéologie ; j’essaie de reconstruire la série d’émotions que le photographe a ressenties à l’égard de ce qu’il ou elle photographiait. Les hommes dans l’eau sont quant à eux nouveaux. Ils sont un amalgame de récits, d’histoires et d’imagination libre et flottante mais ils ne font pas référence à mes propres souvenirs.

Peut-être à une mémoire collective, comme la tempête de feu de Hambourg, mais cela pourrait également être une remarque pour aujourd’hui.

CA : Amélie Lavin mentionne également au début de son texte «  La ‘‘descente’’ est la dimension imaginaire des profondeurs » ; quelle place la psychanalyse ou ses concepts ont dans votre travail ? S’ils en ont une.

MD : C’était son interpretation. Je n’aime personnellement pas beaucoup les concepts psychanalytiques. Mais je ne suis pas un porte-parole de mes travaux. Si d’autres trouvent de nouvelles approches je suis très curieux.

CA : Dans votre entretien avec Necmi Sönmez, dans un de vos catalogues d’exposition vous dites : « Je pense que la palette de mes peintures est très influencée par les jeux vidéo. » Vous ne semblez pas faire référence aux jeux vidéo dans aucun autre entretien ou texte. Pouvez-vous expliciter cette influence dont vous parlez ?

MD : J’aime jouer aux jeux vidéo. Ils utilisent souvent des couleurs très agressives et des effets de lumières extrêmes. Je le fais également souvent donc cela doit avoir eu un impact. Pour autant, il n’est pas question de jeux vidéo ou de mondes digitaux dans mes peintures. Les trois peintures Im wasser pourraient encore avoir été influencées par les mondes de mes jeux vidéo.

CA : Dans les textes de votre catalogue Fremde Freunde, les auteurs font souvent allusion à l’impact que l’image ou la peinture a sur le regardeur, la confusion et la connivence de ces différents aspects et comment ils affectent sa perception. Mais comment cela affecte votre perception et vision ? Est-ce que cela a de l’importance ?

MD : Je crois que la principale motivation de l’art, tout comme celle de la science, est de découvrir des images et des idées que personne n’a vues avant. C’est donc ce que je tente de faire avec mon travail. A cet égard je me vois comme l’auteur tout autant que comme le premier regardeur.

CA : Gerhardt Richter dit que peindre est un outil de vision qui l’aide à « voir ». Et à ce sujet il dit que la photographie n’est pas seulement le point de départ mais aussi l’aboutissement. Diriez-vous que la peinture est une façon d’accéder à votre propre vision ?

MD : Je ne suis pas sûre que la photographie soit l’aboutissement d’une vision. Mais en art il y a toujours deux visions : une immatérielle qui fait démarrer un travail et l’œuvre qui est tangible et peut être vue et partagée. Elles peuvent être toutes deux assez différentes. Parfois la vision immatérielle est assez claire, d’autres fois elle n’est qu’une vague suspicion qu’il pourrait y avoir quelque chose. Malheureusement seulement la seconde vision peut être montrée.

Mémoire

CA : Dans Martin Dammann zum Resultat beruhigter Tumult Kunsthalle Nürnberg, vous avez exposé des images qui concernent des étapes différentes. Il y a les photos dont vous vous inspirez, ensuite les panneaux de bois avec les empreintes du dessin et ceux avec les empreintes d’aquarelle. A chaque fois que nous nous remémorons un souvenir, le point de départ n’est pas le souvenir d’origine mais la dernière remémoration que nous en avons. Donc un souvenir n’est jamais vraiment le même et change selon nos émotions et avec le temps. Je vois ces différents états de votre travail comme emblématiques de notre mémoire si changeante et peu fiable. Est-ce une remarque pertinente concernant votre travail?

MD : (Dans cette exposition il n’y avait que des impressions photographiques ; tous les dessins et les peintures étaient des originaux)

Encore une fois je veux croire qu’il y a plus : Il n’y a pas que la mémoire qui est fluide, mais également la relation de l’image ou œuvre à laquelle elle se rapporte comme autre chose qu’elle-même. Avant toute chose il y a une photo pas directement un souvenir, c’est seulement une manifestation d’une action d’appuyer sur un bouton à un moment précis. La mémoire utilise alors la photo comme une aide, un outil.

Lorsque je vois des photos qui ne sont pas les miennes, je peux essayer de ressentir ce qui a traversé leur tête et quelles ont été les émotions de ceux qui ont appuyé sur le bouton de leur appareil photo. C’est mon but, l’ensemble des émotions qui tourbillonnent à ce moment-là. Mais voir les émotions d’autres personnes va provoquer de nouvelles émotions chez le regardeur, et moi-même. Par exemple les portraits de groupe du 3e Reich ont un impact complètement différent sur nous qu’ils ont pu avoir sur les personnes qui ont fait ces photos. Pour cette raison, j’irais dans le sens de votre hypothèse.

CA : Hans Belting dit dans son ouvrage Pour une anthropologie des images que les images sont nomades, elles se déplacent dans le temps, d’un médium à un autre. Vous transformez l’image lorsque vous peignez une photographie. Réfléchissez-vous à ce déplacement de l’image et comment un souvenir va d’un endroit à l’autre, de l’expérience personnelle d’une personne vers votre propre expérience et souvenirs ?

MD : Comme une sorte de « souvenirs déplacés » ? ;-) Je ne cherche pas à prendre les images d’autres personnes pour me créer des souvenirs. Je suis sincèrement fasciné par toute les traces que les êtres vivants laissent. Je me vois comme un être laissant des traces, parmi lesquelles mon travail artistique. Mon souhait est de sentir autant que possible ce que les autres vivent, ressentent et pensent. Je serais heureux si d’autres pouvaient ressentir plus de choses sur les autres dans mon travail que sur moi.