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Chapitre 2 : La stimulation magnétique transcrânienne

7) Les marqueurs prédictifs de réponse

i- Sévérité de l’épisode dépressif et symptômes associés

En 2004, Holzeihmer, retrouve que plus l’épisode dépressif est court, meilleur l’effet antidépresseur sera : un seuil de 5 mois a été retenu par la suite en 2007 par Brakemeir et collaborateurs.

Critère également retrouvé par Lisanby et collaborateurs en 2009, en revanche la présence d’un trouble anxieux associé atténue la réponse (Lisanby et al., 2009).

De plus, les patients avec des troubles du sommeil ou une insomnie, ainsi qu’un ralentissement psychomoteur ou des troubles de la concentration, répondent mieux à la SMTr. (Brakemeier et al., 2007)

Brakemeier et collaborateurs préciseront en 2008, qu’un faible niveau de résistance thérapeutique est un facteur prédictif positif de réponse (Brakemeier et al., 2008) ainsi que la réponse d’un épisode dépressif antérieur traité par SMTr (Dannon et al., 2000).

Différents auteurs montreront également que le niveau de gravité de l’épisode dépressif influence la réponse à la STMr, ainsi, un faible score à la HDRS facilite la rémission (Cohen et al., 2010; Pallanti et al., 2014).

De plus, selon le type de dépression, la réponse au traitement peut être influencée. Ainsi l’absence de caractéristiques psychotiques est corrélée à un meilleur taux de réponse (Brunelin et al., 2007; Grunhaus et al., 2000), alors qu’un épisode dépressif avec la présence d’une anhédonie intense atténue la réponse à la SMTr (Young et al., 2016).

70 L’association de la SMTr avec un traitement médicamenteux par des benzodiazépines et/ou des anticonvulsivants est un facteur prédictif négatif (Herrmann and Ebmeier, 2006).

ii- Age

Les sujets âgés de plus de 65 ans (Fregni et al., 2006) répondent moins bien à la SMTr en corrélation également avec le degré d’atrophie corticale et le nombre de séances.

Aguirre et collaborateurs retrouvent même une atténuation de l’effet antidépresseur à partir de 45 ans (Aguirre et al., 2011).

iii- Neuropsychologiques

Dans une étude naturaliste de 14 sujets dépressifs , où une évaluation des traits de personnalité a été effectuée avant une SMTr à HF sur le CPFdl droit, et à 4 semaines après SMTr ; Berlim et collaborateurs retrouvent que le niveau d’extraversion avant stimulation et la réponse au traitement, répond à une analyse en régression linéaire où un niveau élevé d’extraversion prédit une réponse positive (Berlim et al., 2013a).

En 2014, lors d’une étude sur des sujets dépressifs résistants du sous-type mélancolique et droitiers ; à la suite d’une cure aigue de SMTr à HF sur le CPFdl gauche, Baeken et collaborateurs ont observé que la personnalité de type « self-directedness » (détermination) semble prédire une réponse positive au traitement (Baeken et al., 2014).

Une étude de 2016, analysant les traits de personnalité à partir de la TCI (Temperament and Character Inventory) chez 19 patients déprimés dans le cadre d’une cure de SMTr à HF sur le CPFdl gauche, a montré une différence significative entre les répondeurs et les non- répondeurs concernant le taux de persévération plus élevé chez les répondeurs (Siddiqi et al., 2016).

McGirr et collaborateurs en utilisant la stimulation magnétique transcrânienne profonde chez 15 patients avec un trouble dépressif résistant, ont évalué 5 traits de personnalité comme de potentiels facteurs prédictifs de réponse.

71 Ainsi les auteurs ont observé que la rémission clinique était associée à des taux avant stimulation élevés d’agréabilité et de conscienciosité.

De plus le niveau d’agréabilité et d’extraversion était linéairement associés à la réponse antidépressive, alors que le névrotisme n’y était pas associé (McGirr et al., 2014).

Cependant les modalités de ces études naturalistes ou en ouvert, sans groupe contrôle, entrainent des biais, et ces résultats nécessitent des études complémentaires.

iv- Neurophysiologiques

a. EEG

Dans une étude de 2012, les auteurs mettent en évidence des facteurs d’intérêt potentiel caractérisant les sujets non-répondeurs à un traitement anti-dépresseur par SMTr associé à une psychothérapie (Arns et al., 2012). Ils retrouvent :

- une amplitude augmentée de P300,

- une diminution de la concordance entre les ondes beta et delta préfrontales, - un pic de fréquence des ondes alpha individuel antérieur plus lent,

- une augmentation de la puissance de l’onde theta fronto-centrale (bien qu’une étude retrouve un résultat contraire (Narushima et al., 2010) dans le cadre de dépression vasculaire)

comme facteur de non réponse dans la SMTr HF et BF.

L’asymétrie au niveau de l’EEG observé par Price et collaborateurs en 2008 (Price et al., 2008) n’est pas retrouvée comme un facteur prédictif de réponse en HF dans cette dernière étude.

b. Excitabilité corticale

En 2004, Fitzgerald et ses collaborateurs ont mis en évidence que :

o plus la période de silence corticale (CSP) de l’hémisphère gauche est longue, et

72 o plus l’inhibition intracorticale de courte latence (SICI) est large

moins bonne est la réponse clinique au cours d’une cure de SMTr à HF à gauche (Fitzgerald et al., 2004).

Dans une étude observationnelle de 51 patients avec un trouble dépressif résistant, les auteurs ont évalué la modulation du potentiel moteur évoqué (PME) du cortex moteur après stimulation à 10Hz et avant un traitement par SMTr du CPFdl gauche. Ils retrouvent ainsi qu’une modulation plus élevée du PME est associée à une meilleure réponse antidépressive par une augmentation de l’excitabilité cortico-spinale (Oliveira-Maia et al., 2017).

v- Moléculaires

Du côté des facteurs moléculaires, les résultats sont peu nombreux, on peut évoquer deux études princeps qui ont montré une corrélation positive entre :

- le taux initial de cortisol (Zwanzger et al., 2003), - le ratio œstrogène/progestérone (Huang et al., 2008)

et une efficacité du traitement par SMTr à HF.

Ainsi une cortisolémie élevée avant stimulation semble liée à une meilleure efficacité antidépressive de la SMTr au cours d’un épisode dépressif.

vi- Polymorphisme génétique

Les polymorphismes rs6295 et C/C du gène de la 5-hydroxytryptamine (5-HT) sont des facteurs de réponse à la SMTr à HF de l’hémisphère gauche (Malaguti et al., 2011; Zanardi et al., 2007).

De même, les patients avec le génotype LL du transporteur de la sérotonine et ceux avec les allèles Val/Val du gène de la BDNF montrent une augmentation de l’amélioration des symptômes après une SMTr à HF (Bocchio-Chiavetto et al., 2008; Brunoni et al., 2008; Cheeran et al., 2008).

73 vii- Imagerie

En 2015, Silverstein et collaborateurs, dans une revue de la littérature, ont mis en évidence de potentiels marqueurs prédictifs dans la dépression résistante à partir d’études sélectionnées.

Cependant, devant l’hétérogénéité des paramètres des études, une méta-analyse n’a pu être réalisée. Les auteurs ont donc classé les études selon le nombre de sujets (plus ou moins de 20 sujets) et selon la présence ou non, d’un groupe contrôle dans l’étude (contrôlée ou ouverte) (Silverstein et al., 2015). Le débit sanguin cérébral étant évalué par la réalisation d’une IRM ou d’une SPECT cérébrale et le métabolisme du glucose cérébrale par une TEP-TDM cérébrale au FDG.

A partir des études contrôlées et en ouvert avec plus de 20 sujets, les auteurs retrouvent les marqueurs suivant :

 Corrélation positive entre la réponse au traitement par SMTr à HF et le débit sanguin cérébral des régions suivantes :

 Uncus.

Une hypo-perfusion cérébrale a été retrouvée chez les non-répondeurs (Richieri et al., 2011),  Cortex cingulaire pré-génual, le Gyrus fronto-médian droit et le

COF médian gauche durant une tache cognitive (génération de mots) et une IRMf (Hernández-Ribas et al., 2013).

Une activité élevée de ces régions avant traitement était liée à un effet antidépresseur plus important (réduction du score à HDRS).

 Cortex cingulaire antérieur (Langguth et al., 2007).

Les patients avec un DSC plus élevé avant traitement, avaient un bénéfice plus important de la SMTr

 Corrélation positive entre la réponse au traitement par SMTr à HF et le métabolisme du glucose des régions suivantes :

74  CCA rostral (Li et al., 2010)

 CPFdl (Baeken et al., 2009)

 Uncus (Baeken et al., 2009; Martinot et al., 2011)

 Amygdale gauche (Baeken et al., 2009; Martinot et al., 2011)

Un métabolisme glucidique élevée du CPFm droit et gauche, du CCA rostral, du CPFdl de l’uncus et de l’amygdale gauche avant traitement est lié une efficacité antidépressive plus importante de la SMTr à HF.

 Corrélation positive entre la réponse au traitement par SMTr à BF et le débit sanguin cérébral des régions suivantes :

 CCA sous-génual (Kito et al., 2012a)

 Cortex orbito-frontal gauche (Kito et al., 2012a)  CPFvm (Kito et al., 2012a)

Une perfusion élevée avant traitement au sein du CCAsg, du COF gauche et du CPFvm (ventro-médian) est en faveur d’une meilleure réponse à la SMTr à BF.

 Corrélation négative entre la réponse au traitement par SMTr à HF et le débit sanguin cérébral des régions suivantes :

 Ration CPFdl/CPFvm (Kito et al., 2012b).

Un ratio faible, pouvant signifier une perfusion augmentée dans le CPFvm et une perfusion diminuée dans le CPFdl, semble lié avec une meilleure réponse à la SMTr à HF.

 Corrélation négative entre la réponse au traitement par SMTr à HF et le métabolisme du glucose des régions suivantes :

 Parahippocampe gauche (Li et al., 2010)

 Insula antérieur bilatérale (Martinot et al., 2011)  COF gauche (Martinot et al., 2011)

Un métabolisme bas au niveau de ces régions semble lié à un effet antidépresseur plus important avec une SMTr à HF.

75 Notons également une corrélation négative entre le volume de l’amygdale, le volume de l’hippocampe et la réponse au traitement par SMTr à HF ou bilatérale (Furtado et al., 2013). Ainsi un volume avant traitement plus petit de ces structures est en lien avec une meilleure réponse à la SMTr.

Toutefois des études complémentaires semblent nécessaires afin de consolider les résultats retrouvés devant des observations qui différent au sein d’une même équipe ou entre les auteurs.

Bien que les études ne soient pas toutes comparables, nous notons que le CCA est une région d’intérêt, au vu de la variation des résultats selon l’analyse du métabolisme/de la perfusion globale ou de certaines parties (sous-génuale, pré-génuale).

viii- Connectivité fonctionnelle

Salomons et collaborateurs, dans une étude de 35 patients dépressifs résistants traités par SMTr à HF sur les CPFdm (dorso-médian), constatent une évolution clinique favorable quand il existe initialement au cours d’une IRM en mode par défaut, les observations suivantes (Salomons et al., 2014) :

 Hyper-connectivité fonctionnelle cortico-souscorticale (CPFdm/CCAsg et CCAsg/CPFdl).

 Hypo-connectivité fonctionnelle cortico-limbic (CCAsg/amygdale et CCAsg/hippocampe), cortico-striale (CPFdm/putamen), cortico-thalamique (CPFdm/thalamus dorsomédian)

De plus, les patients répondeurs étaient associés à une augmentation de la connectivité cortico- thalamique et une diminution de la connectivité cortico-sous-corticale après SMTr.

Dans une étude ouverte en 2017, Dunlop et collaborateurs retrouvent une connectivité fonctionnelle plus faible avant traitement entre le striatum ventral et le cortex frontal bilatéral ;

76 ainsi qu’entre le CPFdl gauche et le CCA gauche, associée à une évolution clinique favorable après stimulation (Sham vs 10Hz vs iTBS à gauche) (Dunlop et al., 2017).

Figure 24 : Synthèse des principaux marqueurs de réponse de la SMTr

Marqueurs de

réponse de la

SMTr

Caractéristiques cliniques :

épisode court, peu sévère, peu résistant, âge jeune

Neuropsychologiques : détermination, extraversion, persévération Biologiques : Cortisolémie, rs6295 et C/C de 5-HT, LL transporteur de 5-HT, val/val du BDNF Caractéristiques EEG Excitabilité corticale Trouble anxieux Atrophie corticale Hyperperfusion cérébrale en HF : uncus,

CCApg, COF médian gauche, gyrus fronto-médian droit, en

BH : CCAsg, COF gauche,

CPFvm

Hypermétabolisme cérébral en HF : CPFm bilatéral,

CPFdl, CCA rostral, uncus, amygdale gauche

Hypométabolisme cérébral en HF : parahippocampique

gauche, insula antérieure bilatérale, COF gauche

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DEUXIEME PARTIE : travail de recherche

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