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Fronte dell’Uomo Qualunque (UQ):

106'780 (20,7%)

-

Democrazia Cristiana (DC):

104'627 (20,3%)

-

Partito Repubblicano Italiano

(PRI):

40'436 (7,8%)

-

Partito Nazionale Monarchico

(PNM):

36'137 (7%)

-

Partito Liberale Italiano (PLI):

25'904 (5%)

-

Autres: 11'755 (2,28%)

30

17

17

6

5

4

1

Commissaire préfectoral

(aucune coalition

majoritaire n’arrive à se

former)

121 L’indisponibilité de la DC à gouverner avec le « Blocco del Popolo » et la nature autoréférentielle

du « Fronte dell’Uomo Qualunque », qui est à la fois viscéralement anticommuniste et contraire au moindre jeu politicien, rendent impraticables toutes les possibles configurations. Voir : Vittorio Vidotto,

Pendant « l’année sabbatique » imposée par la désignation d’un commissaire préfectoral qui administre la mairie dans l’attente d’organiser un nouveau tour d’élections (octobre 1947)122, tous les acteurs ont le temps de tirer les enseignements des votes, à la lumière aussi de l’institutionnalisation irréversible de la fracture bipolaire en Italie, matérialisée par l’abandon socialo-communiste de la coalition gouvernementale (13 mai 1947)123. Effrayés par leur baisse de popularité et préoccupés par la concurrence des poujadistes et des néofascistes (le MSI nait en décembre 1946) sur le terrain de la bataille antisoviétique, les démocrates-chrétiens décident d’achever leur déplacement vers la droite afin d’attirer des votes en dehors de la sphère catholique grâce à la carte de l’atlantisme intégriste124. Au sein du « Blocco del Popolo », en revanche, la prédominance nette des communistes sur les autres composantes125 pousse ce cartel à devenir encore plus intransigeant, radical et stalinien, en provoquant l’éloignement progressif des franges sociales-démocrates126 : l’impossibilité de parvenir au contrôle de Rome, nonobstant le grand succès électoral, alimente en outre la tentation de radicaliser l’attitude antisystème pour briser le pouvoir résiduel du clérico-fascisme (atlantiste) en ville127.

De ce fait, la déchirure du tissu urbain - entamée avec le referendum et les premières élections municipales – s’achève : l’espace d’une « troisième voie » permettant de poursuivre la bataille antimarxiste en dehors du sillage atlantiste, disparaît définitivement, en obligeant tous les milieux sociopolitiques non alignés à se disposer

122 Voir : Perché Roma è senza sindaco, “L’Unità”, 14 décembre 1946.

123 À la suite de l’élection de Harry Truman comme Président des États-Unis, la DC et les

socialo-communistes italiens entrent en conflit : le résultat sera la rupture de l’esprit de solidarité nationale et la sortie des partis de gauche des coalitions qui gouvernent le pays depuis la libération. Voir : Giuseppe

Carlo Marino, Guerra fredda e conflitto sociale in Italia, 1947-1953, Caltanissetta, Sciascia, 1991.

124 Voir : Giovanni Sale, De Gasperi, Gli Usa e il Vaticano : all’inizio della guerra fredda, Milano,

Jaca Book, 2005. Les élections de 1946 montrent que la quasi-totalité de la base électorale démocrate-chrétienne appartient à l’AC : pour tenter de rattraper le gap à l’égard des socialo-communistes, la DC romaine comprend qu’il faut étendre la sphère d’influence en direction des classes moyennes externes

au réseau catholique. Voir : Francesco Piva, “La gioventù cattolica in cammino…”, cit., pp. 86-107.

125 Sur les 30 conseillers élus, 16 sont communistes, 5 sont socialistes, 3 sont du PdAz (le reste est

composé par 2 militants du petit « Parti démo-laboriste » et par 4 « indépendants » progressistes).

126 L’aile droite du parti socialiste se détache en janvier 1947 pour former le « Partito Socialista dei

Lavoratori Italiani », PSLI (ensuite PSDI) qui exprime une idéologie centriste et une rapide conversion à l’atlantisme. Le PdAz, déchiré entre velléité de progrès social et peur d’une dérive staliniste, finit par imploser pendant le printemps 1947. Le « parti démo-laboristes » cesse d’exister à la fin de 1947 et la plupart de ses militants rejoignent le PSDI.

127 Un exemple particulièrement évident de ce lien entre l’attitude antisystème et l’invective

anticléricale est la manifestation du 20 septembre 1947 organisée pour protester contre la « vie chère », qui aboutit dans un cortège de célébrations de la « brèche de Porta Pia » et de la fin du pouvoir temporel

dans le champ du « tuteur » américain128. C’est justement durant cet intervalle d’administration extraordinaire que le système politique romain se restructure autour de l’anticommunisme, à travers la constitution d’un véritable front qui récupère les survivances du « mussolinisme » et de la monarchie. Cette même période d’impasse institutionnelle et de grandes manœuvres de diabolisation commence à faire du PCI local le héraut d’une contre-société séparée, mais interne à la ville, qui base sa cohésion sur un sentiment de fierté solipsiste et sur une autoreprésentation de soi comme le seul et véritable « peuple »129. Les nouvelles élections municipales réaffirment ce clivage urbain : le « Blocco del Popolo » se confirme comme première liste de la capitale, même en perdant trois points (33,3%) à cause de la scission sociale-démocrate130 ; la « Démocratie chrétienne » fait un incroyable bond en avant atteignant le 32,7% des votes131, aux dépens notamment de l’UQ qui voit sa taille se réduire de moitié (10,5%) ; les partis centristes continuent leur processus de pulvérisation, en voyant les républicains descendre à 5,8%, et les libéraux à 1,8% ; au contraire des forces réactionnaires, qui profitant de la reconfiguration « atlantiste » du contexte sociopolitique tiennent le coup grâce au 5,2% des monarchistes et au 3,9% des néofascistes débutants. À la différence de 1946, la pression exercée par la « guerre froide » contribue, cette fois, à renforcer la position de la DC – aussi bien en termes absolus que par rapport aux poujadistes et aux libéraux – au point de permettre finalement la constitution d’une coalition majoritaire : en fait, le 5 novembre 1947, le démocrate-chrétien Salvatore Rebecchini est élu maire de Rome avec le soutien direct des libéraux et des poujadistes, et celui externe des néofascistes et des monarchistes.

128 Voir : Enzo Collotti, Collocazione internazionale dell’Italia dall’armistizio alle premesse

dell’alleanza atlantica (1943-1947), in L’Italia dalla liberazione alla Repubblica, Milano, Feltrinelli,

1977 ; Roberto Pertici, Il vario anticomunismo italiano, cit., pp. 298-299.

129 Voir : Aria in Campidoglio: il popolo partecipi alla soluzione di tutti i problemi cittadini,

“L’Unità”, 25 septembre 1947; Solo un comune democratico può combattere la disoccupazione: il

Comune al popolo, vota Garibaldi, ivi, 7 octobre 1947.

130 Les sociaux-démocrates (PSLI) touchent en effet le 3,9%.

131 Une certaine influence dans la réalisation de ce succès dérive certainement du choc provoqué par

l’homicide du jeune militant démocrate-chrétien Gervasio Federici, tué par un groupe de communistes

la veille des élections, à l’issue d’une bagarre explosée dans le quartier « Esquilino ». Voir : Commosso

saluto di Roma alla salma di Gervasio Federici, “Il Messaggero”, 15 octobre 1947 : pour ce qui est de

la réaction officielle du parti communiste romain, voir : Ignobile speculazione elettorale sulla salma di

ÉLECTIONS MUNICIPALES