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mai, le journal de Jean-Pierre Pernaut débute par un reportage sur les saints de

LA POLITIQUE À L’EPREUVE DES JOURNAUX TELEVISES

Le 12 mai, le journal de Jean-Pierre Pernaut débute par un reportage sur les saints de

glace.

Puis « le procès des comptes de l’OM ». « Bernard Tapie risque 5 ans de prison mais à Marseille, on n’oublie pas les bonnes années » (un direct).

Un « autre procès qui reprend », celui de J.-M. Depeyrou et de la Josacine.

178 J’ai choisi ce jour car il marque le démarrage sur France 2, du « journal de campagne ». Cette rubrique étant appelée à perdurer pendant la campagne, cette édition du « 13h » de France 2, me semble représentative de la « stratégie de cadrage » adoptée par le journal à l’occasion de cette campagne.

« Plus d’école suite à une visite de la commission administrative à Seppois-le-bas, où le maire est sur la sellette ».

« On en arrive aux élections françaises, un sondage Figaro Sofres donne un avantage à la majorité, très peu de passion même si l’on suit les déclarations des uns et des autres ». Reportage sur un village 100% à gauche, puis sur un autre 100% à droite.

Dans ce village de l’Aude « peuplé de 31 habitants », « du député, on attend du concret », « un député doit toujours tenir compte de la réalité ». « Vos vaches sont de gauche ou de droite ? » demande le reporter. Réponse de l’intéressé : « elles sont de la garrigue et elles y sont très bien ».

Le présentateur poursuit : « dans notre série pour être le plus proche du terrain comme on dit, aujourd’hui, des Français qui encore, ne voteront pas. » « Quel regard portent-ils sur la campagne et la politique ? » Le reportage est consacré à un cours d’éducation civique dans un collège. Le commentaire nous apprend que ce regard est goguenard, que les hommes politiques « promettent mais rien ne tiennent ».

Et le présentateur de proposer en retour plateau : « demain on parlera de consommation avec des mères de famille qui nous dirons ce qui se prépare ».

« A l’étranger » : l’Iran, l’Algérie et la Chine (« Jacques Chirac quitte la France pour la Chine mercredi » ; reportage sur les enfants uniques).

« En France, retour au pays d’un lorrain après 50 ans en Ukraine », puis un reportage dans lequel on apprend que « la France n’acceptera pas l’importation de viande américaine traitée aux hormones » ; un label AOC pour du foin ; les 75 châteaux de la Loire ; le festival des fanfares en Vendée, un « artiste unique pour terminer » : un luthier en Bretagne.

France 2

Le même jour sur France 2, le journal est présenté par Patrick Chène.

Puis le « journal de campagne » (générique « carnet de campagne ») qui occupe l’intégralité du journal, sauf à la fin de l’édition, un sujet sur un spationaute, le festival de Cannes, « les Molières », une brève sur le prix Albert Londres décerné à un journaliste de la chaîne pour un reportage sur la Corse, puis la bourse. Echappent donc à la « politique », la

nature (Iran, l’espace) et la culture (le cinéma, le théâtre, la télévision).

Le journal de campagne a « aujourd’hui pour thème : plus ou moins d’Etat ? », et compte deux invités, des représentants politiques, Frédérique Bredin et M. Stefanini (directeur de la campagne du RPR). Le dispositif intègre « 4 personnes qui vont intervenir » et « interpeller (les politiques) comme ils n’en n’ont pas l’habitude ».

Ces échanges sont précédés de trois reportages.

Le premier se situe en Corse, lors d’une procession d’hommage à Saint Michel, en présence d’élus RPR et radical de gauche qui chantent avec la foule quelque polyphonie corse. « Les 60 habitants de ce hameau attendent peu de choses des législatives » ; « depuis 77, ils votent pour le même maire ». Et le commentaire de préciser : « ce ne sont pas des législatives qui feront revivre ce village mais ces polyphonies qui lui redonnent une âme ».

S’agissant des sondages, le présentateur affirme : « c’est ouvert », « 35% d’indécis » Une interview de Jean-Louis Missika de BVA précise qu’il n’y a pas de « cristallisation du vote », et qu’avec un mauvais report à gauche, « la droite gagnerait environ 50 sièges ».

« Direction Joué les Tours » pour suivre la campagne d’un « madeliniste », Hervé Novelli qui est « partisan de l’ultralibéralisme mais doit adapter son discours ». « Son libéralisme s’arrête à la porte de la circonscription » ; « il est député avant tout » précise le commentaire. Il a « reçu le soutien de la CGT » lors de la fermeture d’une usine.

Arrive maintenant, l’heure du débat avec les intervenants suivants : un restaurateur,

un commerçant, un agriculteur, un responsable d’association culturelle. « La théorie ici

est de donner la parole aux téléspectateurs », précise le présentateur.

Les échanges se font autour d’arguments tels que « les élections peuvent changer la vie quotidienne » ou encore « c’est un choix de société » (F. Bredin), « l‘Etat doit cesser de

traiter de ce qui ne le regarde pas » ou « une mesure très concrète qui vous concerne directement ».

Le débat prend un tour « politicien » qui toutefois, sollicite les mécanismes d’imputation : critique du « bilan socialiste » versus « la dissolution comme aveu d’échec et d’incompétence ».

On peut dire qu’ils « se battent comme des chiffonniers » sur des sujets comme celui des services publics de proximité, la taxe professionnelle… le présentateur demande finalement « 10 secondes de conclusion sur moins d’Etat ? ». Mais la confrontation a bien lieu qui inscrit ce dispositif dans celui qui relève de « l’information politique ».

Après l’étude du traitement télévisuel des « JT » relatif à la couverture d’une « situation électorale », revenons au traitement quotidien de l’information dans ces mêmes journaux. Là encore, les formes usuelles de (re)présentation de la politique commandent à la nature de l’interprétation, qui est sollicitée afin de prendre connaissance des informations à caractère sociopolitique, c’est-à-dire à son « cadrage politique ».

§2/ LES FORMES USUELLES DE (RE)PRESENTATION DE LA POLITIQUE DANS