3.3 Quelques compos´es `a r´eseau kagome
4.1.1 Magn´etom´etrie
Diff´erents magn´etom`etres ont ´et´e utilis´es pour caract´eriser les propri´et´es
magn´e-tiques macroscopiques des ´echantillons, offrant diverses conditions de temp´erature et
de champ magn´etique appliqu´e. Ces magn´etom`etres, utilisant des techniques de
me-sure diff´erentes (magn´etom`etres `a extraction, magn´etom`etres `a SQUID), sont d´ecrits
dans cette partie.
Magn´etom`etres `a extraction BS1 et BS2
Les magn´etom`etres `a extraction axiale, con¸cus et d´evelopp´es `a l’Institut N´eel par
Philippe Lethuilier, utilisent des bobines supraconductrices (BS) pour g´en´erer des
champs magn´etiques pouvant atteindre 11 Tesla. Leur gamme de temp´erature est
comprise entre 1.6 K `a 850 K. Ces magn´etom`etres BS1 et BS2 utilisent un insert `a
variation thermique (ou anticryostat) pour r´eguler la temp´erature de l’´echantillon.
L’insert est plong´e dans l’h´elium liquide contenu dans le cryostat (T∼4.2 K). Une
pompe permet de faire le vide dans le volume int´erieur. L’h´elium liquide du bain
passe dans un capillaire en inox o`u il subit une d´etente de Joule-Thomson. Le d´ebit
est limit´e par une imp´edance fixe. A la sortie du capillaire, l’h´elium devenu gazeux
se thermalise dans l’´echangeur thermique, dont la temp´erature est r´egul´ee grˆace `a un
enroulement chauffant et un thermom`etre carbone. L’´echantillon est alors thermalis´e
dans le flux d’h´elium gazeux. Ce type d’insert permet d’atteindre la gamme de
temp´erature 1.6−300 K (BS1 et BS2). Pour les plus hautes temp´eratures (300−850 K
pour le BS1), un autre type d’insert est utilis´e, fonctionnant grˆace `a une circulation
d’alcool liquide dans une chemise interm´ediaire.
La figure 4.1 montre une coupe du magn´etom`etre BS1. La circulation d’un
courant dans les bobines supraconductrices ext´erieures cr´ee un champ magn´etique
(H < 7 T pour BS1 et H < 11 T pour BS2) qui va entraˆıner l’apparition d’une
aimantation σ dans l’´echantillon. Cette aimantation est alors mesur´ee par
extrac-tion de la canne dans des bobines de d´etecextrac-tion. Ces derni`eres sont form´ees de deux
jeux (A et B) de deux bobines r´esistives (fil de cuivre) concentriques mont´ees en
Fig.4.1 –(gauche)Repr´esentation sch´ematique du magn´etom`etre `a extraction BS1.
(droite) Insert `a variation thermique pour le magn´etom`etre BS1.
s´erie-opposition. Cette g´eom´etrie permet une compensation radiale et axiale des
flux parasites induits par la bobine ext´erieure ou par des vibrations m´ecaniques.
La variation de flux induite par un ´echantillon passant de A `a B,
d’aimanta-tion σ = MV
0/µ
0(M ´etant l’aimantation par unit´e de volume et V
0le volume de
l’´echantillon) est donn´ee par le th´eor`eme de r´eciprocit´e [Brown, 1970] :
δφ=
Z Z Z
V0
(B/I)Mdv/µ
0, (4.1)
o`uB est le champ magn´etique cr´e´e par un courantI parcourant la bobine de
d´etec-tion. On mesure en pratique une tension reli´ee `a la variation de flux δφ, permettant
ainsi de remonter `a l’aimantation M de l’´echantillon.
Les magn´etom`etres BS1 et BS2 ont une sensibilit´e de 10
−7Am
2(10
−4uem). Ils
permettent de mesurer l’aimantation M(H) de l’´echantillon en fonction du champ
Fig. 4.2 – Syst`eme de rotation de l’´echantillon. Le champ magn´etique est appliqu´e
selon l’axe z et la rotation de l’´echantillon s’effectue dans le plan (x,z) autour dey.
magn´etique appliqu´e `a une temp´erature donn´ee (isothermes magn´etiques). De plus,
il est possible d’obtenir la susceptibilit´e magn´etique uniforme et statiqueχ(T) dans
la direction du champ appliqu´e, χ(T) s’exprimant dans la th´eorie de la r´eponse
lin´eaire (faibles champs magn´etiques) comme :
χ = lim
H→0
∂
HM ≃ MH, (4.2)
la susceptibilit´e magn´etique repr´esentant la facult´e d’un mat´eriau `a s’aimanter sous
l’action d’un champ magn´etique.
Le magn´etom`etre BS1 offre en outre la possibilit´e d’effectuer des mesures
d’ai-mantation vectorielle `a basse temp´erature (1.5−300 K) [Dufeuet al., 2000]. Le
prin-cipe de mesure est similaire `a celui explicit´e pr´ec´edemment, `a ceci pr`es que
l’´echan-tillon est fix´e sur un syst`eme rotatif (cf. Fig. 4.2), ce qui autorise des rotations de
l’´echantillon dans le plan (x,z). Le syst`eme de d´etection est alors form´e de trois jeux
de bobines orthogonaux entre eux, le premier ´etant suivant l’axe du champ
magn´e-tique (axe z), et les deux autres dans le plan (x, y). Ce dispositif donne acc`es aux
trois composantes de l’aimantation : M
zparall`ele au champ magn´etique, ainsi que
M
xet M
yperpendiculaire au champ. Il permet par exemple l’´etude de l’anisotropie
dans un ´echantillon monocristallin orient´e. Notons toutefois que la sensibilit´e dans
le plan (x,y) est r´eduite (5.10
−7Am
2).
Magn´etom`etres `a SQUID DC
Le principe de mesure du magn´etom`etre `a SQUID (Superconducting QUantum
Interference Device) est fond´e sur le d´eplacement de l’´echantillon `a l’int´erieur d’un
Fig.4.3 – Syst`eme de d´etection du magn´etom`etre `a SQUID commercial : (a) bobines
supraconductrices de d´etection et de compensation ; (b) variation de la tension du
SQUID en fonction de la position de l’´echantillon ; (d) r´eponse du SQUID pour une
mesure RSO.
jeu de bobines de mesure. Les mesures peuvent alors ˆetre de type DC (extraction
simple de l’´echantillon), ou bien de type RSO (Reciprocating Sample Option), o`u
l’´echantillon oscille rapidement autour d’une position donn´ee (cf. Fig. 4.3). Le
sys-t`eme de d´etection est assez similaire `a celui des magn´etom`etres BS, mais la sensibilit´e
obtenue est plusieurs ordres de grandeur meilleure. En effet, le flux d´etect´e par les
bobines est mesur´e `a l’aide d’un anneau supraconducteur interrompu par deux
jonc-tions Josephson, appel´e SQUID DC. La sensibilit´e obtenue par ce type de d´etecteur,
utilisant la quantification du flux dans l’anneau supraconducteur, peut atteindre les
limites de la m´ecanique quantique. Le SQUID d´elivre une tension strictement
pro-portionnelle au courant circulant dans sa boucle d’entr´ee. L’instrument utilis´e est
un appareil commercial con¸cu par Quantum Design (mod`ele MPMS-XL). Le champ
maximum appliqu´e peut atteindre 5 T, et la temp´erature peut varier entre 1.9 K et
400 K. Sa sensibilit´e est de 10
−10Am
2.
Magn´etom`etre `a SQUID RF
Le magn´etom`etre `a SQUID RF, d´evelopp´e par C. Paulsen au d´epartement MCBT
de l’institut N´eel, a ´et´e optimis´e pour effectuer des mesures en champ alternatif
[Paulsen, 2001; Omerzu et al., 2001]. L’anneau supraconducteur dans le syst`eme de
d´etection est dans ce cas interrompu par une seule jonction Josephson. Les bobines
utilis´ees peuvent produire des champs magn´etiques alternatifs H
AC<5 Oe et
conti-nus H
DC< 2000 Oe. La gamme de fr´equence balay´ee pour les mesures en champ
alternatif va de 1 mHz `a 3 kHz. L’utilisation d’une dilution, bas´ee sur la circulation
en circuit ferm´e d’
3He et d’
4He, permet d’atteindre des tr`es basses temp´eratures (de
l’ordre de 75 mK).
Les mesures en champ alternatif donnent acc`es, par l’interm´ediaire d’un d´etecteur
synchrone, `a la susceptibilit´e magn´etique alternative :
χ
AC=χ
′−iχ
′′, (4.3)
χ
′´etant la partie en phase avec le champH
AC, etχ
′′la partie en quadrature de phase.
χ
′′traduit ainsi la dissipation au sein de l’´echantillon. De plus, il est possible
d’appli-quer un champ magn´etique continu pendant la mesure, et nous pouvons finalement
d´eterminer la d´ependance de χ
ACen fonction de la temp´erature, de l’amplitude du
champ continu et/ou alternatif, et de la fr´equence du champ alternatif.
Magn´etom`etres `a fort champ magn´etique
Nous avons ´egalement eu acc`es `a un magn´etom`etre du Laboratoire des Champs
Magn´etiques Intenses (LCMI) de Grenoble et `a un magn´etom`etre du Laboratoire
National des Champs magn´etiques Puls´es (LNCMP) de Toulouse. Le
fonctionne-ment du premier est similaire aux magn´etom`etres BS d´ecrits pr´ec´edemfonctionne-ment, `a la
seule diff´erence que le champ magn´etique y est produit par une bobine r´esistive `a
base de cuivre, de type Bitter, refroidie par une circulation d’eau `a haut d´ebit. Sur
l’installation utilis´ee, ce champ peut atteindre 25 T, et la temp´erature peut varier
de 2 `a 300 K.
Le fonctionnement du second magn´etom`etre est diff´erent. Le champ magn´etique
y est produit sous forme d’un pulse unique par d´echarge d’une banque de
conden-sateurs sur une bobine ´elabor´ee `a partir de mat´eriaux macro-composites (ˆame en
cuivre et gaine en acier). Un champ magn´etique de 55 T sur une dur´ee de 100µs est
atteint dans l’installation utilis´ee. Les mesures d’aimantation en fonction du champ
s’effectuent par mesure de la variation de flux dans une bobine de d´etection au cours
de la variation du champ magn´etique. Une isotherme enti`ere est ainsi obtenue au
cours d’un seul pulse. En pratique, les mesures en champ montant et champ
descen-dant permettent de tester si elles sont bien adiabatiques. Enfin, un insert cryog´enique
permet de r´eguler la temp´erature de 1.5 `a 300 K.
Dans le document
Systèmes magnétiques à frustration géométrique: approches expérimentale et théorique
(Page 46-50)