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Partie I : METHODOLOGIE

II. Madame BC

Présentation de la patiente

1.

Anamnèse 1.1.

Madame BC est née le 07/03/1964.

Elle est victime d’un A.V.C. en septembre 2009. Du mois d’octobre 2009 au mois de novembre 2011, elle est hospitalisée au sein d’un service de médecine physique et de réadaptation.

Son A.V.C. entraîne une aphasie totale, prédominant sur le versant expressif, et une hémiplégie droite. A l’époque, les troubles verbaux de la patiente se caractérisent par :

- Un manque du mot important ; - Un temps de latence très important ;

- Une difficulté d’intégration des consignes complexes ; - Un discret trouble de la réception des phonèmes ;

- Une anosognosie quant à des éléments de dyslexie, de dysgraphie et des paragraphies.

Elle est reçue en septembre 2011 en consultation orthophonique libérale afin de réaliser un bilan des troubles d’origine neurologique. Depuis, elle est prise en charge, à raison de deux séances par semaine.

Bilans initiaux 1.2.

Janvier 2012 : Le premier bilan orthophonique, réalisé en cabinet libéral et faisant

l’état des compétences cognitives et linguistiques de Madame BC, objective des séquelles d’aphasie de type motrice et les troubles suivants : des éléments d’apraxie bucco-linguo-

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faciale, des éléments de paralysie faciale, un manque du mot entraînant une baisse de la fluence verbale et des achoppements. A cette époque, il y avait encore de discrets éléments d’agrammatisme, essentiellement sur le versant réceptif, caractérisés par des difficultés de compréhension en langage élaboré (phrases complexes avec relatives enchâssées ou complétives). Les efforts fournis pour s’exprimer monopolisent une importante énergie attentionnelle qu’elle ne peut pas toujours gérer (dans le cadre de tâches d’attention divisée notamment). La rééducation a alors pour objectifs de travailler la paralysie faciale, les praxies bucco-linguo-faciales, l’évocation sur du langage élaboré, l’attention divisée à travers le langage.

Septembre 2014 : Le bilan orthophonique du 29/09/2014 atteste des progrès

importants de Madame BC mais souligne des troubles persistants et spécifiques du langage élaboré. Il lui est alors proposé le TLE290, afin d’évaluer correctement les troubles fins du langage. Des difficultés articulatoires et un manque du mot persistent, générateurs de difficultés dans la structuration du discours. Il n’y a plus de séquelles d’agrammatisme. L’évocation reste perturbée, ce qui altère l’épreuve de polysémie des mots : seuls les sens les plus fréquents et les plus concrets sont évoqués. Les épreuves de définitions de mots, d’explication de proverbes, de recherches de différences lexicales ou d’intrus avec argumentation restent complexes puisque ce sont des situations de tâches multiples (grande fatigabilité et manque du mot). De cette manière, la rééducation orthophonique est poursuivie est vise à travailler l’attention et la concentration à travers le langage, l’évocation en langage élaboré et l’argumentation.

Conclusion 1.3.

Compte tenu des données théoriques déjà présentées concernant le maintien de la neuroplasticité cérébrale à un stade chronique, Madame BC correspond pleinement à la population aphasique visée par notre protocole de rééducation autour de la métaphore. L’étiologie de l’aphasie, les facteurs personnels (niveau socio-culturel principalement) et le niveau de récupération font de cette patiente un cas d’étude idéal et pouvant s’inscrire à très juste titre dans notre étude. Madame BC possède les prérequis nécessaires à la manipulation de la métaphore, que nous avons présentés dans partie théorique.

Lors de notre protocole nous nous appuierons fortement sur le phénomène de vicariance. Travailler et manipuler la métaphore en rééducation favoriseraient une récupération, impliquant des zones cérébrales épargnées au préalable, dans le domaine du langage élaboré et de l’argumentation. Aborder les ambiguïtés langagières, la construction d’images mentales, les sens implicites et figurés apporterait un bon support au travail de l’évocation et de la recherche lexico-sémantique, domaines justement perturbés chez cette patiente aphasique.

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Déroulement de la rééducation

2.

Modalités de la prise en charge 2.1.

Nous avons proposé notre protocole à Madame BC sur une période de six mois, à raison de une à deux séances par semaine, portant spécifiquement sur la rééducation autour de la métaphore. Les bilans initiaux lui ont été soumis les 3 et 10 octobre 2014, les bilans finaux les 25 et 27 mars 2015. Nous avons fixé à deux le nombre de séances passées sur chaque activité de notre protocole. La rééducation, dans son ensemble, s’est donc étalée précisément sur 20 séances, constituant un apprentissage et un entraînement progressif au processus métaphorique.

Etat général 2.2.

La patiente est investie dans le travail proposé. Les séances sont suivies de manière régulière et assidue. Au fil des semaines s’est installée une réelle ambiance de travail, de recherches et de réflexions linguistiques.

Nous notons que, de par sa pathologie, de par son caractère et du fait des événements personnels qu’elle a vécus durant la passation du protocole, les différentes séances de rééducation n’ont pas toutes été ressenties de la même manière (fatigabilité, état émotionnel de la patiente …) et ont dû être adaptées selon les situations.

Nous avons également perçu les richesses psycholinguistiques et lexico-sémantiques apportées par ce protocole de rééducation ; nous pensons avoir éveillé la curiosité et l’intérêt de notre patiente au cours de cette investigation métaphorique, du fait de l’entraînement intensif et régulier, une importante énergie attentionnelle était demandée.

PARTIE III : PRESENTATION ET

ANALYSE DES RESULTATS

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