• Aucun résultat trouvé

Il était question d’encadrer la diffusion des noms des praticiens conventionnés.

a. Garder l’anonymat

En parallèle de l’énergie déployée que pouvait représenter cette activité au cabinet (notion vue en première partie), les médecins généralistes souhaitaient garder l’anonymat. Ainsi, ils pouvaient plus facilement inclure l’IVG dans la gestion de leur quotidien.

P6 « Donc voilà c'est difficile d'apparaître sur une liste, où la liste se résume à quelques

noms. Avec l'énergie que je décris là »

Cet acte restait plutôt occasionnel pour l’ensemble des médecins interrogés.

P1 « la dernière... d'abord elle date maintenant d'il y a peut-être ...parce qu'on n'en fait pas

beaucoup, je n'en fais pas beaucoup »

L’IVG restait une activité à caractère confidentiel.

P2 « Parce que c'est vraiment très fermé, c'est vraiment en catimini, même les médicaments

tout ça on va les chercher à la pharmacie, tout est anonymisé, il y a une chape de béton la dessus, c'est vraiment caché de c'est caché ! »

De plus, certains médecins généralistes avaient peur d’être stigmatisés par leurs patients. P3 « peut-être que ça pourrait choquer certains de mes patients qui sont anti-IVG »

b. Se faire connaître

Les praticiens travaillaient beaucoup en « réseau identifié ».

P6 « Et voilà moi j'ai refusé la dessus en leur disant, je ne travaille qu'en réseau

identifié...c'est à dire avec des gens qui savent qui je suis quand il m'envoie quelqu'un et avec qui j'en ai déjà parlé. Donc avec des collègues, où des sages-femmes, ou des AS...mais des gens identifiés. Parce qu'à chaque fois que ce n'est pas avec des gens identifiés ça tourne au carnage... »

Ils mentionnaient également le listing des médecins conventionnés consultable de façon

encadrée au niveau du centre de planification du CHU d’Amiens.

qu'ils aient la liste quoi. Là oui. Mais que ça soit pas mis dans le journal local, enfin j'exagère mais voilà... »

Il s’agissait de patientes adressées par des confrères ou par des centres de planification. P2 « bon...quelques amis forcément, quelques collègues généralistes qui savent que je fais ce

genre de choses et qui de temps en temps m'adressent une de leurs patientes »

P5 « tout ce qui est pour le moment centre de planif et tout on ne peut pas pratiquer l'IVG

médicamenteuse. Donc moi aussi je récupère des nanas comme ça, qui appellent au centre de planif »

D’autres venaient via le bouche à oreille.

P7 « c'est le bouche à oreille on va dire. Sur le quartier c'est le bouche à oreille »

La publicité étant interdite, certains médecins laissaient dans leur salle d’attente des

informations apparentes relatives à la gynécologie en générale (tarification, campagne de

publicité…)

P2 « Surtout qu'à terme sur le plan publicitaire, puisqu’on en parlait tout à l'heure, il est

interdit au médecin, comme moi, d'écrire sur ses entêtes d'ordonnance qu'il a une formation en gynécologie-obstétrique ou qu'il est reconnu apte à faire de l'IVG »

P6 « mais dans la salle d'attente il y a la nomenclature des actes avec le coût des actes et

dedans on a bien spécifié qu'il y a des actes de gynéco avec notamment la pose de stérilet et cetera... Il n'y a rien concernant l'IVG médicamenteuse...mais le fait de mettre ça c'est une indication comme quoi on fait de la gynéco. Il y a tout un truc sur la pilule...sur les...si vous avez des questions sur la contraception on est là pour vous répondre... enfin voilà... on fait de la pub dans la salle d'attente »

IV DISCUSSION

1 Choix du sujet

Le thème général est né au cours de mon stage en gynécologie-obstétrique du CHU d’Amiens. Nous, les internes de médecine générale, passions beaucoup de temps au sein du centre de planification et du service d’orthogénie.

J’y avais d’ailleurs appris que quelques médecins généralistes dans la Somme étaient conventionnés à la pratique de l’IVG médicamenteuse.

J’avais du mal à entrevoir l’organisation de cette pratique au cabinet médical peut-être parce que je la côtoyais toutes les semaines au sein du cadre hospitalier et entourée de plusieurs corps de métier (médecins, infirmières, conseillère conjugale et secrétaire).

De plus, plusieurs aspects m’interpellaient notamment celui de la consultation post-IVG. En ville, le contrôle de l’efficacité nécessitait un second dosage des bêta-HCG. A l’hôpital il était systématiquement contrôlé par échographie. Pour ce dernier, il n’y avait pas véritablement de protocole établi pour gérer bon nombre de rétentions retrouvées.

Aussi, j’apprenais que seul le centre de planification détenait la liste des médecins généralistes conventionnés mais que ce listing ne devait pas être divulgué.

Qui sont ces médecins généralistes ? Comment se font-ils connaître ? Quelles sont leurs motivations ? Comment s'organisent-ils au sein du cabinet ?

La coordinatrice du département de médecine générale m’avait également motivée sur le sujet en m’indiquant qu’il pouvait être judicieux de faire un état des lieux de cette pratique dans la Somme depuis son instauration.

A l’image de l’état des lieux de l’IVG médicamenteuse au CHU d’Amiens présenté en 2015 par le Docteur A. Fagart [14] j’ai donc voulu explorer cet univers au cœur de la population des médecins généralistes. De plus, ces dernières années ont vu une augmentation notable du nombre des IVG médicamenteuses sur l’ensemble du territoire français. [5] [15]

Avec l’aide de ma directrice de thèse, j’ai donc élaboré ce sujet permettant de mettre en lumière les enjeux de l’IVG médicamenteuse au cabinet du médecin généraliste.

Pourquoi le terme d’enjeu? Un enjeu c’est quelque chose que l'on peut gagner ou perdre. Les premières recherches sur le sujet retrouvaient beaucoup de travaux sur les « freins » à la pratique de l’IVG au cabinet des médecins généralistes. Nous voulions au contraire explorer également une partie plus positiviste de la pratique. Ainsi le terme « d’enjeux » permettait d’en faire ressortir ce choix.

2 Choix de la méthode

Documents relatifs