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L’échantillon de participants recrutés pour ce mémoire provient d’une étude en cours dans la programmation de recherche du MANDALAB. Cette étude plus large portant sur la PC parentale vise à comparer deux groupes de parents : (1) des parents d’enfants ayant un TDAH et (2) un groupe contrôle de parents d’enfants n’ayant pas de TDAH. Pour être éligibles à l’étude, les participants doivent avoir au moins un enfant âgé entre 6 et 11 ans et vivre sous le même toit que l’enfant au minimum une semaine sur deux. Les critères d’exclusion sont que l’enfant soit en cours d’évaluation pour le TDAH ou qu’il ait une condition médicale majeure (ex. VIH, cancer) ou un trouble neurologique sévère (épilepsie, paralysie cérébrale, etc.) qui pourraient perturber significativement son fonctionnement (ou être en cours d’évaluation pour une telle problématique). En effet, l’incertitude quant au diagnostic de TDAH de l’enfant ainsi que l’impact de ces conditions physiques ou neurologiques sur son fonctionnement rend difficile l’attribution à l’un ou l’autre des deux groupes. L’étude s’est déroulée en ligne de mars 2019 à juin 2019 et la participation fut sur une base volontaire. Pour ce mémoire, uniquement les 579 participants rapportant avoir un enfant ayant un TDAH ont été sélectionnés pour les analyses.

L’échantillon est composé de 555 mères (95,9%) et de 24 pères (4,1%). Les mères de l’échantillon ont un âge moyen de 39,10 ans (ET = 5,22) et les pères ont un âge moyen de 41,26 ans (ET = 5,25). En moyenne, les répondants rapportent avoir entre 2 et 3 enfants. Les données sociodémographiques des participants de l’échantillon sont présentées dans le tableau 1 et une description de leur diagnostics psychologiques ainsi que de ceux de leur enfant est présentée dans le tableau 2.

29 Tableau 1.

Données sociodémographiques des répondants

Structure familiale Fréquence (%)

Séparé de l'autre parent 190 (32,8)

Vit avec l'autre parent 389 (67,2)

Éducation

Diplôme d'études primaires 7 (1,2)

Diplôme d'études secondaires 71 (12,3)

Diplôme d'études collégiales 103 (17,8)

Baccalauréat 169 (29,2) Études supérieures Non réponse 207 (35,8) 22 (3,8) Statut d'emploi

Travail à temps plein 315 (54,4)

Travail à temps partiel 132 (22,8)

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Étudiant(e) sans emploi 4 (0,7)

Assurance emploi 12 (2,1) Assistance sociale 9 (1,6) Retraité(e) 2 (0,3) Sans emploi Non réponse 63 (10,9) 35 (6,0) Revenu du répondant Entre 0 $ et 29 999 $ 257 (47,3) Entre 30 000 $ et 79 999 $ 201(37) 80 000 $ et plus Non réponse 85(15,7) 7 (1,2)

31 Tableau 2.

Profil psychologique des répondants et de leur enfant

Diagnostic de l'enfant Fréquence (%)

TDAH seul 190 (32,8)

TDAH avec comorbidité(s) 389 (67,2)

Présence de TDAH chez le répondant ou chez l’autre parent de

l’enfanta

Diagnostic de TDAH chez au moins un des parents 152 (26,2) Aucun diagnostic de TDAH chez l’un ou l’autre des parents 427 (73,8)

Autre diagnostic psychologique du parent

Aucun diagnostic psychologique 312 (53,9)

Présence d’un ou de plusieurs diagnostics psychologiques Non réponse

248 (42,8) 19 (3,3)

a Les répondants étaient questionnés sur la présence de TDAH pour eux-mêmes et pour l’autre parent de l’enfant

Mesures

Chaque outil présenté ci-dessous a été transféré sur Limesurvey, un logiciel permettant de programmer des questionnaires en ligne. Les consignes ainsi que les items ont également été transférés.

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Questionnaire développemental. Les données sociodémographiques des participants ont été recueillies à partir d’un questionnaire développemental (Mandalab, 2019) élaboré par notre laboratoire de recherche. Les questions étaient sous forme de choix de réponse ou encore les parents devaient écrire leur réponse aux endroits appropriés. Il comprend des questions sur l’enfant du répondant telles que la présence de diagnostics psychologiques (TDAH, trouble oppositionnel, trouble anxieux, dépression, douance, TSA) de l’enfant, la prise de médication pour le TDAH ou pour les autres troubles ainsi que la pratique contemplative passée ou actuelle de l’enfant (méditation, yoga, QI gong, tai chi). Le questionnaire recueille également des informations sur le parent répondant : sa situation familiale (en couple avec l’autre parent, séparé de l’autre parent, en couple avec un autre conjoint), la langue parlée à la maison, le nombre d’enfants du répondant et le nombre d’enfants de son conjoint (s’il est en famille recomposée). Le parent est également questionné sur les diagnostics psychologiques qu’il a reçus (TDAH, dépression, trouble anxieux, trouble bipolaire, etc.) ainsi que la prise de médication s’il y a lieu. De plus, des informations permettant de calculer le statut socioéconomique (SSE) y sont demandées telles que le type d’emploi du répondant, son revenu annuel et la scolarité complétée.

Stress parental. L’ISP-SF (voir Annexe A) est une version brève de l’ISP original et contient 36 items qui permettent d’identifier le stress dans la dyade parent-enfant. Cet outil contient trois sous-échelles: (1) le stress associé au domaine du parent et (2) le stress associé au domaine de l’enfant et (3) le stress associé au domaine de la relation parent-enfant. Le répondant inscrit à quel point il est en accord avec chacun des items en utilisant une échelle de Likert allant de 1 (totalement en désaccord) à 5 (totalement en accord). L’Indice de Stress Parental Version brève - 3e édition (ISP-SF; Abidin, 1995) un outil fréquemment utilisé dans la littérature scientifique pour mesurer le stress parental (Anderson & Guthery, 2015; Bögels et al., 2010; Dykens et al., 2014; Singh et al., 2007; van de Weijer-Bergsma, et al., 2012) et il a été traduit et validé auprès d’une population canadienne-française (Bigras, LaFrenière, & Dumas, 1996). Ce questionnaire auto-rapporté mesure la perception que les parents ont du stress associé à leur rôle de parent et il a été développé pour évaluer des parents d’enfants âgés entre 0 et 12 ans. La sous-échelle de stress associé au domaine

du parent contient des items qui se rapportent aux sentiments d’incompétence, d’être limité ou

isolé que l’individu peut vivre dans son rôle de parent. Un exemple d’item de cette catégorie est “Je me sens très coincé par mes responsabilités de parent”. La sous-échelle de stress associé au

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résistance de son enfant, le non-respect des règles, etc.) ainsi que les exigences qui sont imposées par l’enfant. Un exemple d’item de cette catégorie est “Mon enfant s’emporte facilement pour des petites choses”. La sous-échelle de stress associée à la relation parent-enfant contient des items qui se rapportent au stress qui peut être vécu dans la relation du répondant avec son enfant. Un exemple d’item de cette catégorie est “Lorsque je fais quelque chose pour mon enfant, il me semble que mes efforts ne sont pas très appréciés”. Le score total de l’ISP-SF (variant de 36 à 180) peut être utilisé pour catégoriser le stress parental des répondants. Pour les mères, un résultat total de stress parental se situant entre 95 et 104 représente un niveau élevé de stress parental alors qu’un résultat au-delà de 105 représente un niveau de stress parental cliniquement significatif. Pour les pères, un résultat total de stress parental se situant entre 91 et 97 représente un niveau élevé de stress parental alors qu’un résultat au-delà de 98 représente un niveau de stress parental cliniquement significatif. La version brève de l’ISP a fait preuve d’une bonne cohérence interne (alpha de Cronbach = 0,91) et d’une bonne fidélité test–retest (r = 0,84) pour le score de stress parental total (Ortega, Beauchemin, & Kaniskan, 2008).

Trait de pleine conscience. Le Five Facet Mindfulness Questionnaire (FFMQ; Baer et al., 2006; version française Heeren, Douilliez, Peschard, Debrauwere, & Philippot, 2011; voir Annexe B) est un questionnaire auto-rapporté qui mesure le trait de PC des individus et qui contient 39 items regroupés sous cinq facettes : (1) observation de l’expérience, (2) description de l’expérience, (3) agir consciemment, (4) non-jugement et (5) non-réactivité. Le participant répond aux items sur une échelle de type Likert allant de 1 (totalement en désaccord) à 5 (totalement en accord). Le questionnaire offre un score pour chacune des cinq sous-échelles et un score total. Un résultat plus élevé indique un plus haut trait de PC. La traduction française de la version originale de l’outil a été validée auprès d’un échantillon francophone et présente des qualités psychométriques comparables à celles de la version originale anglaise (Heeren, Douilliez, Peschard, Debrauwere, & Philippot, 2011). Il s’agit d’un outil très utilisé dans la littérature sur la PC (Gallegos et al., 2015; Hanley et al., 2015; Johnston et al., 2015; Campbell et al., 2017; Lappalainen, Langrial, Oinas- Kukkonen, Tolvanen, & Lappalainen, 2015) Les coefficients de cohérence interne (alpha de Cronbach) varient entre 0,76 et 0,89 alors que la fidélité test-retest comporte des coefficients de corrélation variant entre 0,41 et 0,73 (Heeren et al., 2011). Cela suggère que les mesures sont stables dans le temps et que cet outil mesure le trait et non l’état de pleine conscience. Le score total du questionnaire est calculé en additionnant les scores des cinq facettes.

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Pleine conscience parentale. Le Interpersonal Mindfulness in Parenting Scale (IMP; Duncan, 2007) est un questionnaire auto-rapporté originalement composé de 10 items en trois sous- échelles qui a par la suite été repris et modifié par de Bruin et ses collaborateurs (2014) qui en ont fait un outil de 31 items recouvrant les cinq dimensions du modèle de PC parentale: (1) écouter l’enfant avec toute son attention qui comporte cinq items (p. ex., "Je me retrouve à écouter mon enfant d’une seule oreille parce que je suis occupé à faire ou à penser à quelque chose d’autre en même temps); (2) l’acceptation sans jugement de soi-même et de l’enfant qui comporte sept items (p. ex. “Quand certaines choses que j’essaie de faire en tant que parent ne fonctionnent pas, je peux les accepter et passer à autre chose”); (3) l’attention émotionnelle portée envers soi-même et envers l’enfant qui comporte six items (p. ex.. “Il est facile pour moi de dire quand mon enfant est inquiet”); (4) l’auto-régulation dans la relation parent-enfant qui comporte six items (p. ex. “Quand je suis fâché envers mon enfant, je porte attention à comment je me sens avant d’agir”); (5) la compassion envers soi-même et envers l’enfant qui comporte sept items (p. ex. “Quand je fais quelque chose que je regrette dans mon rôle de parent, j’essaie de prendre du recul pour me reposer”). Le parent répond aux items sur une échelle de Likert allant de 1 (jamais vrai) à 5 (toujours vrai). L’outil offre un score pour chacune des cinq sous-échelles et un score total, dont un score plus élevé reflète un niveau plus haut de PC parentale. L’IM-P (version 31 items) est un outil qui possède une bonne cohérence interne (α = 0,72–0,89) et une bonne validité de construit (convergente et discriminante) à la fois dans un échantillon américain et hollandais (de Bruin et al., 2014).

Le questionnaire a été traduit pour le présent projet avec une méthode de rétrotraduction. Une première traduction a été effectuée avec l’aide d’une personne évaluée comme étant bilingue et ensuite révisée par une traductrice professionnelle anglophone. La version anglaise a par la suite été éditée par l’auteure originale (L. Duncan). Finalement, la même traductrice a révisé la version finale française en fonction des divergences identifiées entre les deux versions. La version utilisée dans l’étude est actuellement en cours de validation par notre équipe et est élaborée en collaboration avec l’auteure de la version originale de l’IMP.

Compassion pour soi. L’échelle de compassion pour soi (SCS; Neff, 2003a) est un questionnaire auto-rapporté originalement construit et validé en anglais. Le SCS est constitué de 26 items qui sont répartis en six sous-échelles: (1) la bienveillance envers soi; (2) l’auto-jugement,

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(3) l’humanité commune; (4) l’isolement; (5) la pleine conscience et (6) la sur-identification. Le participant répond aux items sur une échelle de Likert allant de 1 (presque jamais) à 5 (presque toujours). Les réponses aux items négatifs sont inversées, puis les scores de chaque sous-échelle sont calculés et sont ensuite additionnés afin de calculer un score total de compassion pour soi. Un résultat total plus élevé sur cette mesure indique plus de compassion pour soi. La version originale du test (Neff, 2003a) fait preuve d’une bonne cohérene interne (alpha de Cronbach = 0,92), d’une bonne fidélité test-retest (r = 0,93) et d’une bonne validité de construit (convergente et discriminante).

Le SCS a été traduit en français par des auteurs belges (Kotsou et al., 2016). Toutefois, puisque cette version ne nous semblait pas offrir une traduction fidèle aux items originaux, une nouvelle version française a été conçue par les membres de notre laboratoire. Pour ce faire, la version anglaise du questionnaire a été traduite en français. Par la suite, une traductrice a collaboré avec des membres de l’équipe de recherche afin de comparer la version française à la version originale du test (Neff, 2003a). Ses commentaires ont été pris en compte afin de finaliser la version française de l’outil utilisé dans ce mémoire.

Procédure

L’étude s’est déroulée entièrement en ligne. Un message de recrutement a été publié sur la page Facebook du laboratoire de recherche, le MANDALAB. Le message de recrutement a également été transféré massivement à la liste de courriel de l’Université Laval. De plus, une entrevue journalistique avec la responsable de l’étude a été publiée dans divers journaux électroniques (L’Actualité, Le Devoir, La Presse +, etc.) où les parents étaient invités à ouvrir le lien vers l’étude afin de remplir les questionnaires. Une entrevue radio avec la directrice du MANDALAB a également été réalisée afin de promouvoir l’étude.

Dans le but d’assurer la confidentialité des participants, ces derniers ont été identifiés par des codes générés automatiquement par LimeSurvey. Un formulaire de consentement (voir Annexe C) leur a été proposé afin de leur expliquer le but de l’étude et les modalités de participation. À la fin de la période d'expérimentation, les données ont été exportées vers un fichier SPSS sans connaître l’identité des répondants. Environ un mois après le début de l’étude en ligne, l’ordre des questionnaires a été quelque peu révisé afin de rendre l’étude plus agréable à compléter. Plus précisément, le questionnaire sociodémographique a été déplacé à la fin et les questionnaires de

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stress parental, de compassion pour soi, de trait de PC et de PC parentale ont été mis au début. De plus, certaines questions ont été mises « facultatives » afin d’améliorer la participation. Au moment des modifications, 50 parents avaient participé à l’étude et ces modifications ont permis d’améliorer significativement le recrutement.

Analyses statistiques

Les analyses statistiques ont été réalisées avec la version 24 du logiciel Statistical Package for the Social Sciences (SPSS). Il est à noter que les résultats de tous les répondants ont été utilisés, y compris ceux des 50 premiers répondants qui ont complété les questionnaires avant leur modification. Afin de vérifier la normalité de la distribution des scores totaux du stress parental, de la compassion pour soi, de la PC parentale et du trait de PC, des analyses descriptives ont d’abord été réalisées. La distribution des scores totaux de stress parental s’est révélée asymétrique. Une transformation par racine carrée a donc été utilisée afin de corriger cette asymétrie (Tabachnick & Fidell, 2013). Les distributions des scores totaux de compassion pour soi, de PC parentale et de trait de PC étant symétriques, aucune autre correction n’a été nécessaire.

Préalablement aux analyses statistiques, les scores des trois variables prédictrices à l’étude ont été standardisés avec des scores Z. L’analyse des distributions des variables d’intérêt n’a pas révélé la présence de cas extrêmes univariés. Aussi, une analyse Mahalanobis révèle que l’échantillon ne comporte aucun cas extrême multivarié sur l’ensemble des variables d’intérêt.

Des analyses de corrélations permettent de confirmer que les liens entre les variables sont cohérents avec les hypothèses de l’étude.

Une analyse de régression linéaire multiple en deux étapes a été effectuée afin de tester les hypothèses de l’étude. Pour la première étape, une procédure de type pas-à-pas fût utilisée afin de sélectionner les prédicteurs retenus dans le modèle 1 parmi l’ensemble des variables contrôles potentielles prises en compte dans l’étude. Ainsi, lors de cette première étape, seules les variables contrôles pertinentes, c.-à-d., qui contribuent significativement (p < ,05) à expliquer le stress parental, sont retenues dans le modèle. Dans une deuxième étape, les niveaux de trait de PC, de compassion pour soi et de PC parentale sont tous trois ajoutés comme variables prédictrices du

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stress parental. Ceci permet de déterminer en quoi ces variables contribuent à expliquer le stress parental, au-delà de ce qui est déjà expliqué par les variables contrôle.

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Chapitre 3 - Résultats

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