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Le chapitre 3 porte sur les questions méthodologiques. La stratégie pour répondre aux questions de recherche sera identifiée en premier lieu. Ensuite, les raisons du choix du CSLP-II nicaraguayen comme cas seront exposées et les 2 unités d'analyse, introduites. Les sources de données et leur mode d'analyse sont précisés. Une partie importante du chapitre est consacrée à l'opérationnalisation des variables du modèle conceptuel de cette recherche. Il se termine par une discussion des limites méthodologiques de la recherche.

UNE ÉTUDE DE CAS COMME STRATÉGIE DE RECHERCHE

L'étude de cas est retenue comme stratégie pour répondre aux questions de cette recherche. Selon Yin (2003 : 5-9) 3 critères permettent de juger de la pertinence de cette stratégie : la forme de la question « comment ou pourquoi », l'absence de contrôle du chercheur sur les événements et troisièmement, l'étude d'un phénomène contemporain. La présente recherche répond à ces 3 exigences. Même si la question de recherche et les 3 questions spécifiques emploient une forme s'éloignant de cette prescription du « comment ou pourquoi », elles sont destinées à répondre à une interrogation générale portant sur le « pourquoi » du peu de succès accompagnant la participation d'organisation de la société civile sur les orientations des CSLP-II. Deuxièmement, les événements entourant cette étude sont complètement indépendants de l'intervention du chercheur et les entrevues avec les intervenants ont eu lieu en 2007, plus de 8 mois après que cette politique fut déposée par le président nicaraguayen à la BM en 2006. Le sujet de l'étude est aussi contemporain se situant de 2002 à 2006.

Pour Yin (2003 : 10), l'utilisation de l'étude de cas est appropriée lorsque le chercheur s'intéresse au contexte du phénomène à l'étude, le contexte devenant hautement pertinent pour expliquer le phénomène. Cette séparation du contexte et du phénomène est un défi. Aussi, la stratégie retenue doit inclure certaines caractéristiques techniques comme la collecte et l'analyse des données qui permettent de composer « avec une situation technique particulière dans laquelle il y beaucoup plus de variables d’intérêt que de points de données » (Yin, 2003 : 13, traduction de l’auteur), ce qui oblige à multiplier les sources d'évidence, à les faire converger par la triangulation (Denzing, 1989) et à s'appuyer sur des développements théoriques antérieurs qui vont guider cette collecte et cette analyse des données (Yin, 2003 : 14). Cette stratégie est adaptée à l'étude d'une multitude d'éléments des contextes politique et culturel, dans cette étude les opportunités politiques et discursives de 2 organisations identitaires de la société civile d'orienter une politique publique.

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LE CHOIX DU SECOND CADRE STRATÉGIQUE NICARAGUAYEN DE LUTTE CONTRE LA

PAUVRETÉ

Quelques raisons militaient pour le choix du second CSLP nicaraguayen pour faire cette étude de cas? D'abord le Nicaragua se caractérise par une tradition très ancrée de mobilisation populaire (Anderson, 2006 : 144). Elle a été entre autres présente sous la longue dictature somoziste, lors de la révolution sandiniste et elle se prolonge jusqu'aujourd'hui. Par ailleurs, le Nicaragua va être un des premiers pays à adhérer à l'Initiative PPTE et à préparer un CSLP (Coopération technique allemande, 2004a : 12). La préparation des CSLP a entraîné une forte mobilisation d'organisations de la société civile lors des consultations et la participation de la société civile a été jugée importante par les observateurs (Coopération technique allemande, 2004a : 8) et très satisfaisante par la Banque mondiale. Elle se montre même élogieuse faisant état d'une large participation (Banque mondiale, 2003b : 10). Deux importantes organisations de la société civile, l'une de jeunes et l'autre de femmes, vont être invitées à devenir membres du dispositif participatif institutionnalisé, le CONPES (Conseil national de planification économique et sociale) (Consejo Nacional de Planificación Económica Social) lors de la préparation de la seconde version du CSLP nicaraguayen. Il était important de retenir un cas où la participation de la société civile ne faisait pas de doute et où au moins 2 organisations identitaires de la société civile majeures et d'envergure nationale (l'une de femmes et l'autre de jeunes) étaient membres du dispositif participatif institutionnalisé de préparation de cette politique.

Certaines différences qui ont été enregistrées lors de la préparation du premier et du second CSLP au Nicaragua présentent un grand intérêt pour cette recherche. Elles sont mentionnées rapidement et sont documentées plus longuement dans le chapitre 5, dans la partie portant sur la stratégie des acteurs politiques lors de la préparation des 2 cadres. Le premier CSLP se fait sous le gouvernement Alemán, alors que le second s'élabore sous le gouvernement Bolaños. Le gouvernement Alemán va considérer le CSLP comme une obligation, un passage obligé, pour bénéficier de l'Initiative PPTE et restera à distance de ce cadre politique, alors que pour le président Bolaños, le CSLP devient un cadre politique capital de son gouvernement visant d'abord le développement économique. Ce dernier se souciera de la participation de la société civile et invitera nommément des organisations représentant les jeunes et les femmes à devenir membres du dispositif participatif institutionnalisé du CSLP, le CONPES. En somme, pour le président Alemán, le premier CSLP est un exercice obligé par la BM et le FMI pour que le Nicaragua bénéficie de l'Initiative PPTE. Il se contentera de remettre sa copie et ne se souciera guère de la participation publique. Pour le second CSLP, le président nicaraguayen voit dans ce cadre politique une occasion inespérée d'orienter l'économie de son pays et désire pour ce faire, bénéficier de l'appui de la société civile. Les 2 organisations identitaires de la société civile retenues dans cette

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recherche ne sont pas membres du CONPES sous le gouvernement Alemán. Par contre, elles vont être membres du CONPES de 2002 à 2007. La participation des 2 organisations au CONPES débute dès les premiers travaux de préparation du CSLP-II et elle sera continue jusqu'à la fin. Méthodologiquement, cette préparation en 2 temps des 2 CSLP présente des avantages pour mieux analyser en les comparant les opportunités des organisations de la société civile d'orienter l'un ou l'autre cadre. Il est de plus possible en comparant le contenu des politiques en prévention de la violence du second cadre à celui du premier de repérer les différences, le premier est élaboré sans la présence au CONPES des 2 organisations identitaires de la société civile à l'étude et le second, avec leur présence.

La Coordination civile pour l'urgence et la reconstruction (CCER) va conduire une importante consultation de la société civile sur le CSLP-I (Coordination civile pour l'urgence et la reconstruction, 2001). Les résultats de la consultation seront totalement ignorés par les rédacteurs gouvernementaux de cette politique et par l'Exécutif. La CCER, une organisation majeure de la société civile nicaraguayenne est constituée de 21 réseaux comptant plus de 350 organisations de la société civile dont plusieurs ONG nationales. Elle est appuyée en ressources humaines et financières par différentes agences de développement et de grandes ONG internationales. Cet échec de la CCER d'influencer cette politique publique incite à porter le regard, dans cette recherche, sur d'autres facteurs que les ressources accessibles ou contrôlées par une organisation pour éclairer les résultats de sa participation, sur une politique publique. Malgré l'ampleur des moyens déployés, la consultation faite par la CCER n'est pas parvenue à orienter les politiques du CSLP-I. Cette organisation a pourtant été appuyée en ressources humaines et financières par différentes agences de développement et de grandes ONG internationales (Bradshaw et Linneker, 2003; Coopération technique allemande, 2004b). Si les ressources sont un facteur important pour expliquer le succès de l'action collective, dans le cas du CSLP-I, force est de constater que ce n'est pas un facteur suffisant. Il est justifié de se tourner vers les opportunités politiques et les opportunités discursives des organisations de la société civile pour rechercher un éclairage sur le peu d'effets ou d'impacts de leur participation. Des raisons pratiques militent aussi pour ne pas s'investir dans l'analyse des ressources. Ce choix augmente la faisabilité de la recherche, car documenter les opportunités politiques et les opportunités discursives des 2 organisations à l'étude est déjà tout un programme. En plus, s'il fallait recenser leurs ressources et celles qui pourraient leur être accessibles dans leurs réseaux tant nationaux qu'internationaux, la tâche deviendrait herculéenne.

L’étude empirique porte sur le second cadre stratégique nicaraguayen de lutte contre la pauvreté (CSLP-II). Elle se cantonne sur un cycle de préparation du CSLP (la seconde version du CSLP) qui

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s’est déroulé sous la présidence d’Enrique Bolaños, de février 2002 à janvier 2007. Elle se limite à un champ précis de cette politique, la prévention de la violence de genre et de la violence juvénile. Cette restriction s'imposait étant donné le caractère multidimensionnel de la pauvreté et le choix de couvrir les opportunités discursives du processus de préparation des CSLP. Il aurait été impossible de mobiliser l'ensemble des savoirs pour analyser les cadres cognitifs proposés par les différents acteurs, dont celui de la BM sur toutes les dimensions de la problématique de la pauvreté. En effet pour connaître les opportunités discursives des 2 organisations identitaires de la société civile dans la préparation du CSLP-II, il faut analyser si les cadres cognitifs proposés sur les différents aspects de la pauvreté sont de nature à favoriser ou à freiner l'atteinte des résultats recherchés par les 2 organisations identitaires de la société civile. Pour ce faire, une avenue qui est empruntée dans cette recherche est de documenter et d'analyser les choix méthodologiques et théoriques exercés, la définition du problème (diagnostic) et la proposition de solutions (pronostic) retenues dans les cadres cognitifs proposés. Seule une équipe multidisciplinaire pourrait aborder les multiples dimensions de ces cadres cognitifs et se prononcer sur leur ouverture ou fermeture. Pour notre part, nous allons nous restreindre au thème de la prévention de la violence sur lequel nous intervenons dans notre pratique professionnelle (Thériault, 2009) et qui est la raison d'être du RFCV au Nicaragua.

LES DEUX UNITÉS D'ANALYSE

La stratégie adoptée qui permet de mieux répondre aux questions de recherche est celle de l’étude de cas avec dans cette étude 2 unités d’analyse (embedded simple-cases design) (Yin, 2003 : 39-45), une organisation de femmes et une organisation de jeunes. Dès la formation du gouvernement Bolaños en 2002, le RFCV et le CJN vont être nommés au CONPES (Conseil national de planification économique et sociale) (Consejo Nacional de Planificación Económica Social) comme organisations représentant la société civile. Le CONPES, l’équivalent des conseils économiques et sociaux des pays industrialisés, est la première instance de consultation du gouvernement du Nicaragua sur les questions économiques et sociales. Il relève directement du président. Il est fortement promu et appuyé par les OIG (ressources financières et expertise) qui font la promotion d'un renouvellement de la gouvernance (Conseil national de planification économique et sociale, 2005). Il est chargé de la consultation publique lors de la préparation des CSLP en plus d'être consulté par le Secrétariat de la présidence qui rédige ces cadres.

Le Réseau des femmes contre la violence (RFCV) (Red de Mujeres contra la Violencia) (RMCV) est une importante organisation nicaraguayenne d'un mouvement social de femmes. Ce réseau existe officiellement depuis 1992. Il est reconnu pour sa capacité de mobilisation et de publicité de ses actions

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collectives (appel au public) (Disney, 2002; Herrera, 2001; Isbester, 2001; Serra Vázquez, 2010). Il se définit comme un lieu national de coordination ouvert, diversifié, participatif et horizontal du mouvement des femmes qui fait la promotion de nouvelles pratiques politiques, cependant sans aucune affiliation politique. Le RFCV est ouvert à toutes les organisations de femmes et aux individus de sexe féminin sans égard à l'âge, aux croyances religieuses et aux orientations politiques. Sa vision est de transformer les relations de pouvoir dans la société nicaraguayenne afin d'éliminer les différentes formes de violence exercées contre les femmes (violence de genre) et en particulier, la violence intrafamiliale et sexuelle. Ses stratégies reposent sur les modifications des politiques publiques, les campagnes de sensibilisation, les études et les analyses ainsi que sur la mobilisation politique pour vaincre la violence de genre (Sequeira et coll., 2002). En tout 122 organisations sont membres de ce réseau (RMCV, 2007). De plus, le RFCV participe au Réseau féministe de l’Amérique centrale de lutte contre la violence faite aux femmes (Red Feminista Centroamericana de Lucha contra la Violencia hacia la Mujer) (Sociedad Civil, 2006 : 36).

Le Conseil de la jeunesse du Nicaragua (Consejo de la Juventud de Nicaragua) (CJN) a été fondé en 1992 (Conseil de la jeunesse du Nicaragua, 2007). Il est le fruit de l'initiative d'associations de jeunes et d'ONG actives auprès de ce groupe d'âge. Il ambitionne de regrouper les organisations de la société civile qui interviennent sur le thème de la jeunesse au Nicaragua. Il se définit comme une instance de coordination de la société civile avec les institutions publiques. Sa mission est de favoriser l'empowerment des adolescents et des jeunes comme de véritables citoyens dans les différents espaces publics et privés dans lesquels se passe leur vie. Cet empowerment se traduit par la reconnaissance de leurs droits, par leur application et par la volonté d'influencer les décisions des acteurs du développement et du changement (Conseil de la jeunesse du Nicaragua, 2007 : 3).

Par la Loi 392, article 23, le CJN a été reconnu officiellement en 2001 par le gouvernement nicaraguayen comme l'unique organisation de représentation de la jeunesse nicaraguayenne dans ses différentes instances de concertation ainsi que dans les instances municipales. Le CJN présente ainsi un caractère de représentation collégiale qui inclut les ONG qui interviennent auprès de la jeunesse (Nicaragua. La Gaceta, 2002b : article 23). En 20074

4 Nous n'avons pas trouvé de données pour les années antérieures.

, le CJN regroupait 31 organisations de la société civile et réseaux de jeunes, dont des mouvements sociaux (Conseil de la jeunesse du Nicaragua, 2007 : 3). C'est une organisation fort discrète qui a rarement recours à l'espace public pour faire avancer sa cause. Ainsi, pour la période étudiée de 2002 à 2007, selon notre décompte, elle n'est mentionnée que dans 5 articles contre 84 pour le RFCV dans les 2 grands quotidiens nicaraguayens.

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Elle ne disposait pas, non plus, d'un site Web. Le comportement public du CJN correspond à celui attendu d'un groupe d'intérêts qui préfère la discrétion et les « négociations feutrées » à une publicité des débats et des enjeux dans l'espace public (Neveu, 2005 : 19; Rosanvallon, 1992).

LES SOURCES DE DONNÉES

Les sources de données sont multiples. Elles viennent de l'analyse documentaire, de l'utilisation de données secondaires, d'entrevues semi-dirigées et de groupes de discussion. La faisabilité de cette recherche étant donné le nombre et l’étendue des facteurs de son cadre analytique repose sur l'utilisation de données provenant en très grande partie de publications scientifiques, de la littérature grise (études et rapports d'OGI, d'ONG...) et de données statistiques déjà existantes. Le Nicaragua par son endettement et le niveau de pauvreté de sa population a attiré l'attention de plusieurs OIG, de fondations et de chercheurs. Sans être très abondantes, plusieurs analyses, études et recherches récentes permettent d'étayer en grande partie les variables à l'étude. Par contre les publications portant sur les organisations de jeunes et l'analyse de leurs actions collectives sont plus limitées que pour celles portant sur les organisations de femmes. Les recherches bibliographiques dans les bases de données de publications scientifiques et dans les répertoires de publications des organisations et institutions nicaraguayennes de recherche donnent peu de résultats quant aux études sur les jeunes. Nous avons dû composer avec cette contrainte.

La stratégie de l'étude documentaire a été adoptée par Sellers (2002 : chap. 3) dans sa recherche sur la gouvernance urbaine dans 3 pays occidentaux et par DiGaetano et Strom (2003) dans l'analyse comparative de la gouvernance urbaine dans 4 pays : les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne. Elle permet de décrire des expériences de gouvernance avec une économie de moyens. Cette description, pour cette thèse, se fait en comptant sur la production de publications scientifiques : livres, articles scientifiques, actes de colloques et thèses. Elle recourt aussi aux articles des 2 grands quotidiens nicaraguayens, La Prensa et El Nuevo Diario. La documentation gouvernementale, des ministères, de la Ville de Managua, des OIG et des ONG est aussi une source de données. Les sources exploitées comprendront les publications scientifiques sur le contexte structurel nicaraguayen, sur la configuration des acteurs politiques et sur le contexte d'interaction lors de la préparation des CSLP. Les publications des acteurs de la préparation des 2 CSLP seront systématiquement analysées, dont la documentation électronique du CONPES qui se retrouve archivée sur un site Web. La documentation préparée par la BM pour soutenir la préparation des 2 CSLP et sa gestion institutionnelle sera aussi retenue.

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Une ONG nicaraguayenne aidée par la coopération internationale, Puntos de Encuentro publie une revue trimestrielle, La Bolletina. Régulièrement le RFCV y fait paraître des articles de revendications ou d'analyse. Les articles de cette revue et des 2 quotidiens de Managua, El Nuevo Diario et La Prensa, publiés entre 2000 et 2007 portant sur l’action des mouvements sociaux de femmes et de jeunes dans la prévention de la violence ou dans la préparation des CSLP font aussi partie de la documentation. Les articles de La Bolletina ont été systématiquement parcourus. Par contre ceux des 2 quotidiens nicaraguayens ont été repérés dans un premier temps par le moteur de recherche Google et les résultats ont été contrevérifiés par l'outil Bing de Microsoft (voir l'annexe 3 pour les procédures et les mots clés).

Nous avons aussi complété 17 entrevues individuelles et réalisé 3 groupes de discussion à Managua à l'automne 2007. Ceux-ci permettent d'obtenir le point de vue d’acteurs sur leur compréhension des opportunités politiques et discursives dans le contexte nicaraguayen. Les participants aux entrevues proviennent des organisations de jeunes et de femmes qui luttent contre la violence, d'organisations de jeunes et de femmes qui font la promotion des droits de la personne, de dirigeants et fonctionnaires de la Ville de Managua et de fonctionnaires de l'administration gouvernementale. Les groupes de discussion ont été tenus avec 2 organisations de jeunes luttant contre la violence (un groupe mixte et un groupe composé uniquement de jeunes hommes) et avec une organisation de femmes (groupe composé uniquement de femmes adultes) luttant contre la violence faite aux femmes. Un groupe de jeunes se limitait à 4 participants, alors que les 2 autres groupes comptaient un nombre minimal de 6 participants et les discussions s'étalaient sur une heure 30 à 2 heures. Les entrevues individuelles étaient en moyenne d'une heure. Les entrevues se sont déroulées à l’automne 2007 sur des événements pouvant remonter à 2000. Il était fait appel à la mémoire des personnes. Il faut composer, il va de soi, avec les limites de la mémoire humaine. Les propos des interviewés peuvent être marqués par les distorsions inhérentes à la sélection, intéressée ou non, opérées par leur mémoire. Afin de diminuer les risques quant à la validité des résultats de la recherche, la stratégie de la triangulation (Denzing, 1989) est utilisée. Les propos devront être corroborés par d’autres sources. Les entrevues enregistrées ont été retranscrites intégralement.

Il est à noter que le FSLN avait remporté les élections à la présidence du Nicaragua et était au pouvoir depuis février 2007. Il n'avait pas la majorité à l'Assemblée nationale. L'Exécutif pratiquait une stratégie de contrôle très hermétique de l'information gouvernementale : fermetures de sites WEB, retraits de documents, interdiction assez généralisée pour les fonctionnaires de l'État d'accorder des entrevues que ce soit à des journalistes, à des chercheurs, à des représentants d'ONG et d'OIG. Dans ce contexte, il a été très laborieux d'obtenir quelques entrevues avec les fonctionnaires gouvernementaux.

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Une autre contrainte à l'obtention d'entrevues était très concrète. Quotidiennement, l'électricité était coupée à Managua à l'automne 2007, ce qui obligeait les fonctionnaires à concentrer leur travail sur quelques heures. Sans climatisation, les bureaux devenaient rapidement insalubres étant donné la température très élevée prévalant habituellement dans cette ville. Dans ces conditions, les fonctionnaires n'avaient pas le temps de recevoir des visiteurs en plus d'accomplir leur travail habituel. Le certificat d'éthique pour cette recherche contenait des conditions très strictes quant à l'utilisation des données des entrevues et des groupes de discussion. L'anonymat et la confidentialité des données

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