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Cette étude qualitative s’appuie sur la méthode phénoménologique critique – MPC (Moreira, 2004) de base Merleau-Pontyenne pour comprendre la signification de l’expérience vécue des DSom dans la vie quotidienne des couples des villes de Québec (Canada) et de Fortaleza (Brésil). Elle permet d’avoir une vision du monde qui prend en compte la culture comme constitutive des comportements des gens, en tant que composés par les « multiples contours ».

Par ailleurs, cette méthodologie s’inscrit dans le paradigme interculturel-comparatif, tel que défini par Dasen (2002), dans lequel « le comportement de l’individu est situé par rapport aux contextes macro-sociaux et leur évolution historique » (p. 9). Ce paradigme (a) permet une certaine décentration du phénomène à l’étude, (b) implique l’étude (comparative) des interactions de ce phénomène et la culture et (c) « prend la culture au sérieux » (Dasen & Jahoda, 1986, p. 413), c’est- à-dire fait l’observation du phénomène à l’étude à l’intérieur de son cadre socioculturel partagé quotidiennement par les personnes d’une société donnée.

Le paradigme interculturel-comparatif permet de dégager les processus communs, partagés du phénomène – ici : les DSom dans la relation de couples aux villes de Québec (Canada) et de Fortaleza (Brésil) –, mais se focalise aussi sur ses variations possibles (à l’intérieur et entre les cultures, tout comme à l’intérieur et entre les couples). Il apparaît ainsi particulièrement pertinent pour la problématique de cette recherche, étant donné que, malgré ce qui peut être commun aux relations de couple dans les diverses cultures (p. ex., le désir d’être ensemble et avoir une vie à deux), chaque relation de couple est unique comme le souligne Hislop (2007) :

« …each couple relationship is [likewise] unique not only in terms of the specific characteristics and behaviours which individuals bring to a partnership, but also in terms of the social context in which the relationship is forged and endures [or not] over time… » (p. 2).

3. 1. La méthode phénoménologique critique – MPC

Cette méthode a été utilisée pour mener les entrevues de couple et leur analyse. Son but est de décrire et de comprendre l’expérience vécue des répondants qui sont compris comme les protagonistes de leur monde vécu (Lebenswelt), c’est-à-dire leur monde d’expériences contextualisé dans un espace-temps donné. La MPC est soutenue par la phénoménologie anthropologique de Merleau-Ponty (1908-1961) qui conçoit la personne comme profondément entremêlée avec le « monde » au jour le jour et imprégné par la culture, en tant que protagoniste de sa propre expérience du monde vécu (Lebenswelt).

La philosophie de Merleau-Ponty est une pensée éminemment critique par son caractère ambigu qui transcende la perspective occidentale dualiste d’étude (« corps-esprit », « intérieur- extérieur », « individuel-social », « monde naturel-monde culturel »…) et de compréhension d’un phénomène. Lefeuvre (1976, p. 306), cité par Moreira et Cavalcante Junior (2008, p. 253), affirme qu’« il ne s’agit pas d’une ambigüité qui pourrait être dissipée par le progrès de la connaissance ; il s’agit, au contraire, d’une ambigüité invincible, fondée dans la structure de l’être ». À cet égard, la pensée merleau-pontyenne est une philosophie qui priorise la signification de l’expérience vécue dans le champ de la perception (Merleau-Ponty, 1945).

Dans ce contexte, une vérité exacte ou absolue est inexistante, dans le sens qu’elle ne peut pas être totalement connue/explorée par notre perception. La réalité est toujours en mouvement et toujours déformée, et ce que l’on en connaît occasionnellement c’est le phénomène ou ce qui émerge (le visible) des expériences (sans, toutefois, nier l’invisible de l’être au monde).

En ce sens, aucune démarcation définie n’est possible entre le réel et l’imaginaire, d’où la reconnaissance des ambigüités inhérentes à l’être humain, dont fait mention Merleau-Ponty (1960), et son idée des « multiples contours » de l’expérience vécue. Ces contours sont les différentes dimensions (p. ex., socioculturelle, économique, politique, historique, biologique, spirituelle, psychologique, anthropologique…) de cette expérience (Moreira & Sloan, 2002) qui, à la fois, entourent, s’entrelacent et se constituent mutuellement avec elle et font sens pour la personne dans un espace-temps donné. La MPC permet ainsi, tout comme le paradigme interculturel-comparatif, de

se décentrer du phénomène à l’étude et d’envisager la culture comme inhérente à toute forme d’expérience humaine.

Cette méthode, priorisant la signification de l’expérience vécue à partir de la description de ce vécu, tel qu’il est expérimenté par la personne dans l’« ici-et-maintenant », est de ce fait prise comme un outil critique (Moreira, 2004) de révélation des différents phénomènes étudiés en psychologie. Le caractère critique se fonde sur le fait que la MPC a d’abord été employée dans la recherche en psychopathologie pour contrer la compréhension essentiellement biomédicale des phénomènes de la santé mentale (p. ex., la psychose, la névrose), sans leur supposer d’autres sources possibles. Ouverte à de nouvelles idées et à de nouvelles possibilités (créatives) de compréhension du monde vécu (Lebenswelt) des gens, la MPC envisage tout phénomène comme résultant d’interactions et d’actions diverses avec un environnement constitué de « multiples contours ». Cette méthode vise ainsi à surmonter les pensées totalitaires qui présupposent des vérités absolues (Moreira & Cavalcante Junior, 2008). Autrement dit, le caractère critique de la MPC permet de différencier ce qui est phénoménologiquement perceptible d’une vérité absolue. En ce sens, on ne peut pas généraliser les phénomènes, même si ceux-ci donnent des pistes pour atteindre une telle vérité qui, en réalité, ne sera jamais totalement connue ou décrite. Ce travail de différenciation est pratiqué par la posture phénoménologique critique du chercheur qui est elle aussi constituée par de « multiples contours ».

En d’autres termes, dans le cadre de cette recherche, le discours de la personne qui expérimente des DSom dans sa vie à deux sera abordé et compris en supposant que les expériences relatées sont fonction des interactions mutuelles qui ont lieu entre elle et les « multiples contours » de son monde vécu (Lebenswelt), dans lequel l’ambigüité (individuel-social) du phénomène « sommeil » (p. ex., les niveaux biologique et dyadique du sommeil) et de la vie quotidienne (p. ex., avoir des routines individuelles et partagées dans la journée) est présente.

3. 2. La sélection des participants 3. 2. 1. Les critères de sélection

Afin de bien mener cette recherche, en respectant les critères d’inclusion, il a été décidé de recruter des participants (a) d’origine québécoise et brésilienne, (b) âgés de 24 à 50 ans et (c) vivant en couple (hétérosexuel) depuis au moins deux ans de façon stable, dont (d) l’un ou l’autre des partenaires ou même les deux rapportent avoir des DSom (diagnostiquées cliniquement ou non) ; (e) les deux partenaires doivent également accepter de participer ensemble à l’étude. Les couples recrutés, selon les critères d’exclusion établis, doivent être (a) sans enfant au foyer, (b) exempts de maladies chroniques, (c) ne pas être travailleur de nuit, (d) enceinte ou (e) en période de ménopause. En effet, les recherches confirment que ces conditions perturbent énormément le ménage du couple et le sommeil des partenaires (Arber, et al. 2012 ; Davidson, MacLean, Brundage, & Schulze, 2002 ; Sahota, Jain, & Dhand, 2003 ; Vallières & Bastille-Denis, 2012 ; Venn, et al. 2008). La présence des enfants à la maison, par exemple, entraîne des changements dans le sommeil des parents et dans la routine du couple pour répondre aux besoins de soins spéciaux auprès de leurs enfants jeunes ou plus âgés (p. ex., réveils nocturnes pour l’allaitement des bébés ou attentes du retour des adolescents sortis en soirée). De même, les maladies chroniques, comme le cancer ou le Parkinson, causent généralement des douleurs et de l’inconfort durant la nuit, ce qui résulte dans des plaintes fréquentes, voire des DSom.

3. 2. 2. La taille de l’échantillonnage

Dans le cadre de ce projet, les couples ont été pris, à la fois, comme unités (1 couple = 1 « participant ») et dyades (1 couple = 2 participants) de recherche. Dans les deux cas, le nombre total de répondants à l’étude (N = 11 participants en unité de recherche et N = 22, en dyade) correspond à ce qui est habituellement prescrit en recherche qualitative et, plus spécifiquement, en recherche/méthode phénoménologique. Creswell et Plano-Clark (2007), par exemple, affirment à propos de la sélection et du recrutement des participants dans la recherche qualitative :

« […] the qualitative researcher identifies a small number [of people] that will provide in- depth information about each person […] and detailed views of the specific contexts in which they hold these views. […] Typically, when cases are reported [i.e. case study, phenomenology, narrative], a small number is used, such as 4 to 10 » (p.112).

D’ailleurs, en ce qui a trait à la recherche/méthode phénoménologique, Creswell (1998) identifie une population allant « jusqu’à un maximum d’entrevues avec 10 personnes » (p. 65), tandis que Gray (2004) situe la quantité entre « 5 et 15 ‘participants’ » (p. 22). Toutefois, comme le souligne Savoie-Zajc (2007), la question de la taille de l’échantillon dans une recherche qualitative/interprétative reste encore vague et difficile à répondre rigoureusement. Aucune règle précise n’encadre cette question qui est normalement basée par des formes de « règle heuristique (p. ex., critères de saturation théorique ou empirique) ou de traditions de recherche pour un objet donné » (p. 104).

Notre échantillonnage a respecté les critères suivants : (a) d’avoir au moins la quantité minimale de participants en unité de recherche dans chaque ville/pays (N = 4 couples), en respectant ce qui est prescrit par les méthodes de recherche qualitative et (b) de « saturation empirique » (Bertaux, 1981 ; Pirès, 1997 ; Kvale, 1996), pendant le processus de recrutement. Cette « jurisprudence » permet d’arrêter le processus de recrutement quand « les derniers documents, entrevues ou observations n’apportent plus d’informations suffisamment nouvelles ou différentes pour justifier une augmentation du matériel empirique » (Pirès, 1997, p. 157). À Québec, la saturation a été atteinte au sixième couple interviewé et à Fortaleza, au cinquième. Ceci implique un nombre total de répondants à l’étude acceptable, mais quand même limité qui représente les plus privilégiés (diplômés, étudiants universitaires, employés) de chacune des deux villes à l’étude. Ceci indique que, de façon approximative, la variabilité socioéconomique des répondants semble être petite et, par extension, les différences existant dans leurs quotidiens moins nuancées.

3. 2. 3. Le recrutement

Avant d’être définitivement recrutés, les couples intéressés à la recherche, dans les deux villes à l’étude (Québec au Canada et Fortaleza au Brésil), ont rempli un questionnaire de vérification des critères d’admissibilité avec huit questions fermées (voir Annexe 2 aux pages 183/184). Dans ce questionnaire, l’identification de la chercheuse responsable de l’étude, y compris le titre de la recherche et ses objectifs ont aussi été présentés.

À Québec, le recrutement des couples participants a eu lieu pendant les mois d’octobre et novembre 2010 (automne) et de février et mars 2011 (hiver). Des annonces ont été envoyées, à trois reprises, à la liste des employés et des étudiants de l’Université Laval (54 254 personnes – mais pas tous sont informés) et affichées sur le campus universitaire et les places publiques de la ville de Québec (p. ex., dépanneurs, arrêts d’autobus).

Vingt-cinq couples ont répondu à l’annonce. Onze d’entre eux étaient éligibles, dont cinq ont quitté volontairement la recherche avant la fin du processus d’évaluation. Les motifs du désistement exprimés par certains des couples ont été : (a) manque d’intérêt d’un des partenaires à poursuivre sa participation et (b) horaire trop chargé rendant difficiles la prise de rendez-vous pour les rencontres ou la rédaction des « rapports libres » sur le sommeil (RLSom) (un des outils de recherche) pendant sept jours consécutifs.

Les couples volontaires non recrutés ne correspondaient pas aux critères d’âge ou d’origine : ils avaient entre 21 et 23 ans (au lieu des 24 à 50 ans requis) ou un des partenaires venait d’une autre province (p. ex., Ontario, Alberta), ou d’ailleurs (p. ex., France, Pologne). À Québec, un certificat-cadeau de 40 $ CAD pour un souper en tête-à-tête dans un restaurant de la ville a été remis aux couples qui ont complété leur participation au projet.

À Fortaleza, le recrutement des couples participants a eu lieu pendant les mois de janvier et février 2011 (été brésilien). Des annonces de la recherche ont été diffusées verbalement lors de rencontres quotidiennes et envoyées à des listes de contacts personnels et professionnels de la chercheuse responsable (environ 200 personnes), qui demandait en même temps de diffuser le message à d’autres personnes.

La démarche faite à Québec auprès des employés et des étudiants de l’Université Laval n’a pas pu être répliquée à l’Université de Fortaleza, puisque le recrutement s’est fait durant les vacances universitaires. Une personne du réseau professionnel de la chercheuse à Fortaleza, intéressée par l’étude, a grandement favorisé le processus de recrutement dans cette ville en référant plusieurs couples susceptibles de remplir les critères de sélection de la recherche.

Vingt-cinq couples ont répondu à l’annonce ou ont été contactés directement par téléphone ou courriel. Aucun de ces couples ne faisait partie du réseau personnel de la chercheuse. Six d’entre eux étaient éligibles à la recherche, dont cinq ont été retenus.

Les couples non recrutés ne correspondaient pas à certains des critères de sélection : ou bien un des partenaires travaillait de nuit (p. ex., professionnel de la santé ou infirmière) ou était porteur d’une maladie chronique (p. ex., prise de médicament pour contrôler l’hypertension). Aucun montant n’a été versé aux participants de la ville de Fortaleza pour leur collaboration au projet. La sollicitation des participants à partir d’un réseau personnel/professionnel a fait prévaloir la motivation des participants à contribuer bénévolement à une recherche qui vise le bien-être collectif.

Pour des raisons pratiques, les façons dont les couples ont été recrutés (p. ex., démarche de recrutement, présence/absence de certificat-cadeau), de même que les périodes au cours desquelles les processus se sont déroulés (automne et hiver à Québec et été à Fortaleza) ont été visiblement différentes dans les deux villes/pays. Consciente que ces différences contextuelles peuvent représenter une richesse à exploiter dans les données de cette thèse, c’est à travers elles, entre autres, que nous chercherons à décrire et à comprendre plus en profondeur le phénomène à l’étude. C’est d’ailleurs ce que préconisent la recherche qualitative et la méthode phénoménologique qui ne cherchent pas à manipuler ou à contrôler l’environnement où l’expérience vécue se déroule, mais comme l’affirment Bachelor et Joshi (1986) : « le(s) contexte(s) ainsi que les significations individuelles que la personne attache à son expérience sont essentiels à la compréhension du phénomène » (p. 25).

3. 3. Les instruments de recherche

Trois outils de recherche liés au sommeil, soit (a) les « rapports libres » sur le sommeil (RLSom), (b) l’Index de qualité de sommeil de Pittsburgh (IQSP) et (c) l’entrevue phénoménologique de couple (EPC), ainsi qu’un instrument qui mesure certains aspects de la relation de couple, à savoir l’Échelle d’ajustement dyadique (EAD-16), ont été utilisés dans cette étude afin de saisir l’expérience vécue des DSom dans la relation de couples québécois et fortalésiens.

L’administration de questionnaires dans le cadre d’une recherche qui se veut qualitative a pour but de recueillir, de la même façon qu’en clinique, des informations riches et variées nécessaires à une meilleure compréhension du phénomène à l’étude. L’interprétation de leurs résultats de façon complémentaire aux données des RLSom et des EPC aidera à élucider, entre autres, les facettes possibles que la perception de la qualité subjective du sommeil (QSS) et de la relation de couple des partenaires peut avoir dans la vie de tous les jours, selon des mesures objectives (voir Résultats à la page 65).

3. 3. 1. Les questionnaires

L’IQSP (Buysse, et al. 1989) testé et validé en français-canadien (Blais, Gendron, Mimeault, & Morin, 1997 ; LeBlanc, Mérette, Savard, Baillargeon, & Morin, 2009) et en portugais-brésilien (Bertolazi, Fagondes, Hoff, Dartora, Miozzo, de Barba, & Barreto, 2011) et l’EAD-16 testé et validé en français (Antoine, Christophe, & Nandrino, 2008), mais pas encore en portugais-brésilien, malgré le fait que la version originale de 32 items (EAD-32 – Spanier, 1976) est amplement utilisée dans les recherches scientifiques au Brésil (Hernandez, 2008 ; Scorsolini-Comin & Santos, 2009), sont les deux questionnaires autoadministrés choisis pour cette étude (voir Annexes 7 et 8 aux pages 197/199 et 201/202, respectivement).

Ils ont été remplis individuellement par les deux partenaires du couple (sauf pour les cinq dernières questions de l’IQSP qui sont répondues par le/la partenaire de lit ou de chambre) ; leur durée de passation était d’environ trente minutes. Les participants n’ont eu aucun échange d’information entre eux concernant le contenu des questionnaires.

3. 3. 1. 1. L’Index de qualité du sommeil de Pittsburgh (IQSP)

Ce questionnaire offre un bref « portrait » de la qualité subjective du sommeil du dernier mois des participants, y compris les estimations de la durée et de la latence du sommeil, de la fréquence et de la gravité des problèmes spécifiques liés au sommeil. Selon Spanier (1976), ce questionnaire permet la différenciation entre les « bons » et les « mauvais » dormeurs.

L’IQSP consiste en dix-neuf questions d’autoévaluation et cinq questions répondues par le partenaire de lit ou de chambre. Ces cinq dernières questions ne sont pas exploitées dans le calcul de l’IQSP ; elles sont généralement utilisées pour obtenir des renseignements cliniques. Les dix-neuf questions d’autoévaluation sont regroupées en sept composantes, soit : (a) la qualité subjective du sommeil (1 item), (b) la latence du sommeil (2 items), (c) la durée du sommeil (1 item), (d) l’efficacité habituelle du sommeil (2 items), (e) les troubles du sommeil (9 items), (f) la prise de médicaments pour dormir (1 item) et (g) la dysfonction matinale (2 items), qui sont pondérées également sur une échelle de 0 à 3.

La somme des sept composantes donne le résultat global IQSP, mesuré sur une échelle de 0 à 21. Par convention, un résultat total égal ou plus petit que cinq (≤ 5) correspond à une « bonne » qualité du sommeil, tandis qu’un résultat total plus grand que cinq (> 5) correspond à une « mauvaise » qualité du sommeil (Buysse, Reynolds, Monk, Berman, & Kupfer, 1989).

Selon Carmichael et Reis (2005), « plusieurs études ont indiqué que l’IQSP a une grande fiabilité ainsi qu’une validité écologique et de contenu (p. ex., Backhaus, Junghanns, Broocks, Riemann & Hohagen, 2002 ; Carpenter & Andrykowski, 1998 ; Doi, et al. 2000) » (p. 527 – traduction libre).

3. 3. 1. 2. L’Échelle d’ajustement dyadique-16 (EAD-16)

Ce deuxième questionnaire évalue objectivement la qualité de l’ajustement dyadique9. Il

s’agit de voir l’adaptation entre les partenaires à un moment précis dans le processus de leur relation de couple, qui peut varier de « bien » à « mal » adaptée l’un à l’autre. Selon divers auteurs (Antoine, et al. 2008 ; Baillargeon, Dubois, & Marineau, 1986 ; Gleen, 1990 ; Hunsley, Best, Lefebvre, & Vito, 2001 ; Perlin, 2006 ; Sabourin, Lussier, Laplante, & Wright, 1990 ; Scorsolini-Comin, & Santos, 2009), l’EAD est un des outils d’évaluation de la satisfaction maritale les plus utilisés dans la recherche scientifique et celui qui présente les meilleures caractéristiques psychométriques.

9 Antoine et al. (2008, p.2) relèvent que : « Spanier a souhaité créer une échelle applicable dans la plupart des situations

de couple, d'où la neutralité de sa dénomination : dyadique plutôt que maritale. Parmi toutes les caractéristiques d’échantillonnage évaluées, c’est le sexe qui fait l’objet des analyses les plus rigoureuses ».

Validée par Antoine, et al. (2008), l’EAD-16 est une version courte (16 items) de la « Dyadic Ajustment Scale – DAS » de Spanier (1976). Contrairement à l’échelle d’origine de 32 items qui se compose de quatre sous-dimensions (consensus, satisfaction, cohésion et expression affective), la version courte se répartit en deux facteurs : « degré d’accord » et « qualité des interactions maritales ». Ces derniers sont modérément corrélés, et expliquent 52% de la variance totale (Antoine, et al. 2008).

Le premier facteur est relatif aux domaines de divergence (divorce ou agacement) ou de convergence (buts communs, attitudes partagées dans les relations hors couple) retrouvés dans les échelles de consensus, d’expression affective et de satisfaction de l’EAD-32 ; tandis que le deuxième concerne les domaines ou comportements d’échange et de partenariat dans le couple, issus des échelles de satisfaction et de cohésion de la version originale (Antoine, et al. 2008).

Pour l’EAD-16, les items sont mesurés sur une échelle de type Likert en six points (0 – Jamais d’accord/Extrêmement malheureux, à 5 – Toujours d’accord/Extrêmement heureux). La cote globale, qui correspond à la somme de tous les items, varie de 0 à 78,25 pour notre échantillon ; plus cette cote est élevée, meilleure est la qualité de la relation. Par convention, un résultat de 50 et plus (≥ 50) correspond à un individu adapté à la relation de couple et un résultat de 49 et moins (≤49), à un individu présentant des risques potentiels dans la vie à deux (voir Tableau 1) :

Tableau 1. Degrés de satisfaction dyadique, selon l’EAD-16.

Qualité de la relation Cote globale EAD-16

Insatisfaisante 0 – 38,65

Légèrement insatisfaisante 39,2 – 49,65

Satisfaisante 50,2 – 60,65

Très satisfaisante 61,2 – 78,25

3. 3. 1. 3. L’analyse des questionnaires

Les cotes globales de chaque questionnaire ont été analysées et interprétées individuellement, selon la grille de correction fournie avec chaque outil d’évaluation. Les résultats

obtenus sont aussi présentés séparément. Aucune cote globale n’est calculée pour le couple dans les analyses car les instruments de mesure n’offrent pas cette possibilité. Les résultats pour l’IQSP et l’EAD-16 présentent les profils individuels de chaque participant (voir Tableau 3 à la page 67). 3. 3. 2. Les « rapports libres » sur le sommeil (RLSom)

Les RLSom ont été inspirés des « versions de sens » (Amatuzzi, 1996), une technique de cueillette de données utilisée dans la formation professionnelle et la recherche en psychologie et en éducation au Brésil. Cette technique est employée comme une voie d’expression écrite ou enregistrée par audio de ce qui est ressenti par la personne au moment d’une expérience immédiate de son vécu. Selon Vercelli (2006), il s’agit d’un :

« […] free report that does not intend to be an objective registration of a fact, but a living reaction in relation to this. [...] It consists in an expressive speech of the immediate experience of its author in the presence of a recently ended meeting » (p.195).

Dans cette étude, les RLSom ont été élaborés et employés comme outil de recherche qui permet un accès plus « immédiat » à l’expérience vécue des DSom chez les membres du couple dans le partage du lit. Ils ont été écrits individuellement à domicile par chaque partenaire pendant sept jours consécutifs (1 RLSom par jour) juste après le réveil. Le style, le format et l’ampleur descriptive des données des RLSom ont été laissés à la discrétion de chaque participant.

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