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2. ETUDE DE LA REPRESENTATION DES BENZODIAZEPINES SELON DES

2.2. Méthodologie

Lors du stage hospitalier de 5

ème

année de pharmacie, suite à ma demande, j’ai pu rejoindre

le service d’Addictologie du CHU de Rouen et participer à la vie du service qui se

décompose en plusieurs unités. Une unité d’hospitalisation pour réaliser des sevrages de

toutes substances sur une durée d’une à deux semaines. Deux unités de suivi des patients

dans la prise en charge de leur(s) addiction(s). Le suivi peut se faire sous forme de

consultations, d’hospitalisations de jour ou encore d’hospitalisations complètes pour

sevrage selon les besoins. Le service est présent sur différents sites : le CHU de Rouen

(Charles-Nicolle à Rouen et Saint-Julien à Petit-Quevilly) ainsi qu’à Saint-Etienne du

Rouvray. La prise en charge est pluridisciplinaire avec la présence de médecins,

infirmières, aides-soignantes, assistante sociale, secrétaires, ergothérapeute,

art-thérapeute et diététicienne. Les addictions qui peuvent être prise en charge dans ce service

sont : jeux d’argent, drogues de synthèses, jeux-vidéos, médicaments, tabac,

sexe/hypersexualité, cannabis, cocaïne, héroïne et alcool. Il se peut que des consultations

se fassent pour un accompagnement de l’entourage de consommateurs.

Plusieurs activités sont disponibles :

• Sevrage en ambulatoire et en hospitalisation

• Prévention en addictologie

• Equipe de Liaison et de Soins en Addictologie (ELSA) : qui est une équipe qui intervient

auprès des patients ayant des conduites addictives hospitalisés à l'hôpital

Charles-Nicolle, en formant et en accompagnant les équipes des différents services

• La Station : pour la prise en charge de la dépendance aux opiacés où il peut être mis

en place un traitement de substitution aux opiacés (méthadone, buprénorphine) dans le

cadre d’un protocole personnalisé et adapté à chacun

• L’hôpital de jour en Addictologie : où il est possible d’être accueilli à la demi-journée

une ou plusieurs fois par semaine, selon un contrat de soin établi pour une durée

déterminée, ce qui a pour mission un maintien de l’abstinence, une prévention des

rechutes, une préparation à la démarche d’abstinence ou une aide à la mise en place

de consommation raisonnée de la substance qui pose problème. L’objectif est un

soutien de la motivation et de la capacité à modifier un comportement de dépendance

afin d’améliorer la qualité de vie. Les activités prévues sont : un groupe de parole,

l’affirmation de soi, écriture, gestion des émotions, groupe d’information, gymnastique

douce, relaxation, image de soi, atelier mémoire, atelier culinaire, atelier

hygiéno-diététique, repas thérapeutique, ergothérapie et art-thérapie.

• Consultations au Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie

Avec cette multitude de possibilités d’accompagnement et d’intervention, il a été choisi de

mener l’étude suivante : « Etude de l’usage et de la représentation des benzodiazépines et

apparentés chez des patients présentant des troubles de l’usage d’alcool ».

L’étude a été réalisée sur une population de patients ayant un trouble d’usage d’alcool et

ayant une consommation actuelle de BZDs.

Après l’analyse des dossiers des patients se présentant pour des troubles de l’usage

d’alcool afin de savoir s’il y avait ou non une consommation de BZD actuelle et antérieure,

une proposition de participation à l’étude a été faite. Ceci pouvait se faire lors d’une

hospitalisation pour un sevrage d’alcool, ou encore en consultation de suivi. Il était plus

simple d’intervenir lors d’une hospitalisation car le patient était sur place, avait le temps et

était dans une optique de prise en charge maximale. Les patients n’étaient jamais interrogés

au début de leur sevrage, pour ne pas que leur état physique impacte les résultats. Alors

qu’en consultation, le patient n’avait pas toujours l’envie et le temps de participer à cette

étude. Pour faciliter l’inclusion des patients, en plus de l’analyse des dossiers faite avant la

venue du patient dans le service, les infirmières et les médecins se munissaient des

informations nécessaires durant leurs consultations : usage actuel de BZDs et trouble de

l’usage d’alcool. Dès que ces deux critères étaient remplis, la demande de participation à

cette étude était faite et l’entretien se déroulait à la suite de la consultation. Le recrutement

était parfois difficile, car les patients pris en charge étaient souvent des

polyconsommateurs, avec une utilisation de cannabis, d’héroïne ou de cocaïne, ce qui ne

rentrait pas dans les critères de l’étude.

Pour engager cette étude transversale, rétrospective et mono-centrique faite sur un

échantillon de 104 patients, il a été mis en place un hétéro-questionnaire, pour interroger

les patients adultes pris en charge dans le service d’Addictologie du CHU de Rouen, en

France, dans son unité de sevrage ainsi qu’au sein du Centre de Soins, d’Accompagnement

et de Prévention en Addictologie (CSAPA) de ce même service, dans le cadre du soin

courant, chez des patients adultes, pris en charge pour des troubles de l’usage d’alcool

selon le DSM-V.

En effet, il a été possible de remplir ce questionnaire à l’Unité Poussin à Saint-Etienne du

Rouvray lorsque les patients étaient hospitalisés pour un sevrage alcoolique et au CSAPA

de Petit-Quevilly lorsque les patients venaient en consultation de suivi dans le but de

prendre en charge leur addiction.

Les données ont été collectées entre avril et septembre 2019, lors de consultations

habituelles de suivi pour TUA au CSAPA et lors d’une hospitalisation programmée pour

Critères d’inclusion et d’exclusion

Les critères d’inclusion sont :

• Accord du patient

• Capable majeur, âge supérieur à 18 ans

• Trouble de l’usage d’alcool (TUA) actuel = motif de la prise en charge

• Usage actuel de benzodiazépines

• Pas de consommation actuelle de substance illicite ou d’opiacé

Les critères d’exclusion sont :

• Refus du patient

• Mineur, incapable majeur (ex : tutelle, curatelle)

• Absence de TUA

• Absence d’usage de benzodiazépines

• Usage actuel de substance illicite ou d’opiacé (héroïne, cocaïne, Traitements

Substitutifs Oraux (TSO), LSD…)

• Trouble psychotique ou bipolaire vie entière

• Trouble de l’humeur non équilibré

• Trouble majeur de la compréhension

Les éléments importants de ce questionnaire sont :

• Les données socio-économiques : âge, sexe, situation familiale, mode de domicile,

niveau d’études, profession, ressources, statut tabagique

• Les antécédents et usage actuel de BZDs : grâce à la consommation déclarée, avec le

nom de la molécule, la posologie et la durée de traitement

• La représentation des BZDs par le patient : la représentation en général, quels sont les

risques ? quelle est la raison de la prise ? que se passe-t-il quand il y a moins de prise ?

et quels seraient les bénéfices à l’arrêt de ce traitement ?

• Les antécédents de consommation et consommation actuelle d’alcool : avec l’âge de la

première consommation d’alcool, l’âge de début de consommation régulière, ainsi que

la quantité d’alcool bu (en verre standard) par jour, en semaine et par week-end.

• La représentation de l’alcool par le patient

• La représentation de l’association OH/BZD par le patient : quels sont les avantages et

inconvénients de consommer de l’alcool et des BZDs simultanément ?

En moyenne l’entretien durait 46 minutes, allant de 30 à 60 minutes. En effet, en fonction

de l’état du patient, de ses capacités à se souvenir et à exprimer ses idées, l’entretien

pouvait durer plus ou moins longtemps. Certaines questions étaient des questions fermées

avec une réponse « oui/non », mais la majorité était des questions ouvertes, avec la

possibilité pour le patient de s’exprimer librement, avec ses propres termes. Le patient

n’était pas aiguillé pour répondre aux questions. Les différentes réponses ont été

regroupées en sous-groupes lors de l’analyse. L’entretien se déroulait « seul à seul »,

c’est-à-dire qu’aucun accompagnant n’était autorisé à participer à l’entretien, pour ne pas fausser

les réponses à cause de la présence d’un tiers, et pour que le patient soit le plus ouvert

possible.

Tous les entretiens se déroulaient de la même manière, les questions étaient posées dans

le même ordre, avec la même intonation et les mêmes termes pour ne pas inciter la réponse

du patient. Même si parfois une reformulation était nécessaire pour la compréhension du

patient. Les questions étaient posées à l’oral, ils n’avaient pas la possibilité de les lire. Et

les réponses étaient retranscrites instantanément pour ne pas biaiser la qualité du recueil.