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Méthodologie de l’enquête de terrain

3.1.1. Le choix de l’entretien

Dans un premier temps, notre recherche a été essentiellement documentaire,

mais très tôt, la question d’un séjour de recherche s’est posée. Grâce au DIPF

(Deutscher Institut für Pädagogische Forschung)

217

, nous avons pu mener notre

enquête en Allemagne, mais aussi nouer des contacts avec des chercheurs

allemands. L’usage de l’entretien (individuel) nous a paru pertinent dans la mesure

où nous voulions aller plus en profondeur dans la collecte des données que les

grandes recherches européennes classiques. Nous avons donc choisi l’entretien

pour recueillir des données qualitatives sur les institutions dans la perspective des

interviewés.

Ce choix revient, en fait, à la position de M. WEBER (1904-1917) développée

dans ses « Essais sur la théorie de la science ». Cette approche est développée en

France par la microsociologie :« La démarche compréhensive s’appuie sur la

conviction que les hommes ne sont pas de simples agents porteurs de structures

mais des producteurs actifs du social, donc des dépositaires d’un savoir important

qu’il s’agit de saisir de l’intérieur, par le biais du système de valeurs des individus ;

elle commence donc par l’intropathie. Le travail sociologique toutefois ne se limite

pas à cette phase : il consiste au contraire pour le chercheur à être capable

d’interpréter et d’expliquer à partir des données recueillies. La compréhension de la

personne n’est qu’un instrument : le but du sociologue est l’explication

compréhensive du social. »

218

La démarche de WEBER est d’expliquer les

phénomènes sans les interpréter. « Le postulat de la compréhension au sens

weberien admet que les causes des actions, des attitudes ou des croyances des

individus coïncident avec le sens qu’ils ont pour l’acteur. »

219

Le but de notre

217

Et en particulier à C. KODRON.

218

KAUFMANN, J-C (1996), L’entretien compréhensif, Paris: Nathan Université, p. 23.

219

BOUDON, R. (2005) Méthodologie et épistémologie, WEBER Karl Emil Maximilian, dit Max, 1864-1920 », in BORLANDI, M. BOUDON, R. CHERKAOUI M. VALADE, B. Dictionnaire de la pensée

recherche est justement de comprendre cette constellation d’évènements, de faits et

de réactions de l’acteur face à une réforme.

Il s’agit de l’approche compréhensive mais aussi systémique, de l’acteur et de

son système, pour pouvoir faire une approche des règles de fonctionnement. Ces

entretiens se situent dans l’approche stratégique (CROZIER, FRIEDBERG, 1977)

dans laquelle « les points de vue sont inévitablement subjectifs.(…) Car le propre de

la démarche, c’est précisément de dépasser cette dichotomie artificielle entre réalité

objective et réalité subjective. Elle considère, en effet, la subjectivité des acteurs –

c’est à dire leur façon de choisir leurs stratégies en fonction de leur perception des

contraintes pesant sur eux »

220

– Dans notre cas c’est la mise en place du processus

de Bologne. Dans un premier temps nous avons donné la possibilité à la personne

interviewée de parler librement après la formulation de la consigne. Les entretiens

sont individuels. Notre but n’a pas été seulement de formuler des questions précises,

fermées, mais aussi de donner l’opportunité aux personnes interviewées de

s’exprimer librement. L’objectif a été de recueillir les perceptions, les opinions, les

représentations, les avis, de chaque personne interviewée. Les questions seront

ouvertes dans une démarche qualitative, d’exploration, d’une constellation d’entités

singulières. Notre choix porte sur l’entretien en profondeur, semi-directif, qui se prête

aux études de cas des établissements dont les sujets font partie. Nous canalisons les

entretiens à partir de trois questions générales, en réduisant le degré de liberté des

sujets à nos centres d’intérêt tout en allant en profondeur en essayant d’épuiser

chaque thème (ATKOUF, 1990).

Nous voulions pallier à un manque: les recherches menées sur

l’harmonisation des diplômes sont faites par questionnaire, à grande échelle, et elles

n’apportent pas/ou très peu d’informations sur les ressentis des acteurs. « Vouloir

imposer un modèle fort de rigueur méthodologique à la recherche qualitative (…)

mutilerait ses possibilités de découverte »

221

. Chaque méthode a une manière propre

de « produire des savoirs ». Cette recherche porte sur « l’esprit humain » avec ses

propres hiérarchies de valeurs, ses propres convictions et images.

220

CROZIER, M. FRIEDBERG, E. (1997), L’acteur et le système, Paris: Ed. du Seuil, p. 459.

221

SCHWARTZ, O. repris par. KAUFMANN, J.-C. (1996), L’entretien compréhensif, Paris:Nathan Université, p. 25.

3.1.2. Choix des personnes interviewées

Notre démarche cherche à comprendre les représentations que les acteurs

ont des nouvelles réglementations. Donc, nous avons pris en compte le vécu des

personnes interviewées, mais aussi leur statut et leur fonction dans l’institution

d’enseignement supérieur. Ce sont des personnels engagés dans la mise en place

du processus de Bologne. Notre choix a porté sur les personnels de deux institutions

françaises (une Université, un IUT) et de deux institutions allemandes (une

Université, une Fachhochschule) situés dans deux grands bassins d’emplois :

Région Parisienne. Nous avons interviewé : en France : un vice-président, huit

directeurs d’UFR, quatre directeurs de départements, et un expert sur cette question,

et en Allemagne un vice-président, douze doyens et un membre de l’administration

centrale.

Pour l’Allemagne, nous avons pu bénéficier d’un « portier » extérieur aux

institutions mais appartenant à un institut de recherche connu. Cette personne nous

a mis en contact avec une personne relais dans chaque institution. Nous avons

contacté par courrier électronique tous les directeurs (d’UFR, doyens, de

départements) de toutes les institutions, ainsi que les vice-présidents, en leur

expliquant les objectifs de ma démarche. Nous avons obtenu plus de 70% de

réponses positives pour les universités allemandes et françaises et 90% de

réponses positives dans la Fachhochschule et dans l’IUT.

Nous avons interviewé toutes les personnes qui ont répondu positivement à

notre requête. Au final, nous avons pu réaliser 28 entretiens. Douze interviewés

enseignent dans le domaine des sciences sociales et humaines. L’administratif

allemand qui est juriste de formation, peut relever de cette même catégorie, ainsi que

un vice-président. Les autres représentent le domaine des sciences et technologies.

Une enquête auprès d’autres enseignants a été exclue par rapport au temps

et aux moyens de l’enquête. Entre autres raisons, parce qu’il y a une différence entre

la France et l’Allemagne : en Allemagne, le personnel administratif et les référents (la

plupart juristes de profession) sont très actifs dans la mise en place de la réforme, à

côté des enseignants-chercheurs. En France, il n’y a pas d’équivalent : ce sont les

enseignants-chercheurs qui doivent gérer les changements engendrés par la

réforme, en s’impliquant plus ou moins volontiers.

Une autre catégorie d’acteurs des institutions d’enseignement supérieur a été

écartée : les étudiants. Pourquoi, en effet, ne pas interviewer les étudiants, quand

cette réforme les concerne directement ? Malgré le fait que les syndicats étudiants

aient participé à des réunions sur la mise en place de la réforme dans les institutions,

il est difficile de faire une analyse de leurs ressentis, sans enquêter auprès d’un

grand nombre de personnes, ce que le manque de moyens financiers pour cette

recherche et le temps ne permettait pas.

3.1.3. Déroulement des entretiens

Les enseignants et le personnel administratif concernés disposent des

informations sur ce sujet et peuvent nous faire part de leur expérience et leurs

ressentis. Nous avons interviewés un nombre égal de personnes en France et en

Allemagne (quatorze+ quatorze). Vingt-sept entretiens sur vingt-huit se sont déroulés

en face à face, un entretien s’est déroulé par téléphone. La raison de cette exception

a été la courte durée du séjour en Allemagne (vacances de la Toussaint en France),

qui coïncidait avec l’agenda trop chargé de notre interviewé. L’entretien a eu lieu par

téléphone une semaine après le retour en France. Pour les interviewés allemands,

les entretiens se sont déroulés en Allemand. Nous avons fait préalablement une

traduction des questions semi-directives. En général, les interviewés allemands ne

parlent pas français, mais peuvent répondre aussi en Anglais si nécessaire.

Les propos tenus lors des 28 entretiens sont anonymes. Je n’ai reproduit

aucun entretien en annexe par respect de mes engagements auprès des personnes

interviewées. Toutes ces interviews ont été exploitées. Certains propos, qui nous

paraissent révélateurs, sont reproduits dans cette thèse. La grande majorité des

interviewés ont aussi donné des documents complémentaires : des brochures de leur

UFR ou de leur département, le projet de mise en place du LMD, des exemplaires de

règles en vigueur dans leur pays et/ou dans leur institution, des photocopies de leurs

articles sur ce sujet… Nous avons obtenu aussi, souvent en dehors de l’entretien,

d’autres documents qui ne concernent pas l’objet de la recherche : les interviewés

ont parlé de leur propre expérience en tant que doctorants, de leur approche

méthodologique, de leur sujet… Ils ont fourni des exemplaires des revues où ils

publient, des photocopies de leurs articles, etc.

La durée des entretiens varie entre cinquante-cinq minutes (l’entretien le plus

court) et deux heures et demie, l’entretien le plus long. La plupart des entretiens

s’inscrivent dans un créneau de une heure – une heure et demie.

La recherche empirique en Allemagne a eu lieu avant celle menée en France.

Cela nous a permis d’adapter le nombre d’entretiens pour obtenir un nombre et un

profil équivalent entre les deux pays. L’enquête de terrain s’est déroulée entre

octobre 2004 et fin janvier 2005.

3.1.4. Analyse des entretiens

Nous fondons l’analyse de nos entretiens sur les enquêtes et rapports menés

auparavant par d’autres équipes de chercheurs (KRÜCKEN, 2004, KEHM, 2005).

Mais les thématiques abordées sont bien évidemment liées aux questions posées.

La catégorisation dans telle ou telle thématique est fondée sur les aspects clés du

processus de Bologne abordés dans les entretiens:

-La mobilité ;

-La structuration sur 3 cycles (LMD) ;

-Le système ECTS ;

-L’évaluation de la qualité ;

-Le supplément au diplôme.

Pour la construction de notre grille d’analyse, nous avons distingué deux types

de discours : un discours sur les faits et un centré sur les opinions. Cette grille

thématique est inspirée directement par les objectifs du processus de Bologne, ce

n’est pas une innovation. Le fait que d’autres recherches menées sur des grilles

similaires existent permet une comparaison, donc d’identifier des éléments communs

ou particuliers à telle ou telle autre institution. D’autres thématiques apparaissent

dans le discours des interviewés, en raison du faible nombre de questions.

L’entretien est semi-directif dans la mesure où les personnes ont été « ramenées »

aux questions posées si elles s’attardaient à des remarques trop éloignées du sujet.

Pour la transcription de l’entretien, nous avons essayé de tenir compte des

significations propres de certains mots. De ce fait, la transcription présentera la

traduction et le mot dans la langue d’origine, pour éviter d’éventuelles interprétations

erronées. Pour le traitement des données nous utilisons l’analyse de contenu, qui

nous permet d’analyser les communications

222

, « d’accéder à une interprétation tout

en finesse et en nuances »

223

. L’analyse de contenu est utilisée à des fins

descriptives, mais aussi pour vérifier l’hypothèse énoncée plus haut. Les résultats

sont comparés avec ceux d’autres recherches et études européennes.

Nous utilisons la description simple

224

(straight description). Le choix d’une

telle description tient compte de la spécificité du sujet. Dans ce type de description

« le chercheur utilise une théorie existante dans la discipline pour forger un schéma

d’analyse a priori qui lui permette de classer son matériau. Il dégage dans son

matériau des segments qui correspondent aux concepts et aux catégories utilisées

dans la théorie ou la discipline. De plus, il tend à les articuler dans une logique

suggérée par une théorie. »

225

Bien que nous connaissions des logiciels de traitement de données , nous

avons cependant opté pour une catégorisation « à l’ancienne » : une fois le texte

retranscrit, il est catégorisé en fonction des thématiques. C’est un travail manuel, de

découpage et de catégorisation et d’organisation du discours.

Notre recherche porte autant sur les pratiques que sur les représentations des

acteurs. La façon dont nous avons posé les questions induit le type de réponses. Les

interviewés parlent des aspects pratiques de la mise en place de la réforme dans leur

institution. « Pour les recherches sur les pratiques, le chercheur doit donc mettre en

œuvre des procédés qui lui permettent de vérifier les dires de l’interviewé : comparer

222

BARDIN, L. (1977)L’analyse de contenu, Paris, PUF, p. 31.

223

POURTOIS, J.P.(2002) Epistémologie et instrumentation en sciences humaines, Mardaga, p. 200.

224

ALBARELLO, L. DIGNEFFE, F. HIERNAUX MAROY, C. RUQUOY, D. SAINT-GEORGES (DE), P. (1995) Pratiques et méthodes de recherche en sciences sociales, Paris: Armand Colin.

225

les réponses de différents interviewés, mettre en regard les informations orales et

celles provenant de documents, etc. »

226

. Comme nous l’avons mentionné plus haut,

une partie de nos interviewés avait préparé des documents pour montrer l’état

d’avancement de la réforme dans leur établissement et appuyer leur propos. Nous

avons utilisé ces documents pour étayer notre analyse.

Le deuxième niveau de notre analyse porte sur les opinions et les

représentations. C’est la partie que nous intéresse le plus dans cette approche

empirique. L’entretien est « l’instrument le plus adéquat pour cerner les systèmes de

représentations, de valeurs, de normes véhiculés par un individu »

227

Ces

représentations ne peuvent pas être trouvées dans les documents officiels. C’est là

une des originalités de notre travail.

Au niveau des opinions et représentations nous avons constaté

qu’apparaissent de nouvelles thématiques (qui n’étaient pas prévues a priori dans la

grille préétablie). La plus fréquente est celle des coûts et financements. D’autres

thématiques comme : l’évaluation, le curriculum, la pédagogie, sont abordées par les

interviewés de façon spontanée, en complément de la grille. L’ensemble des

thématiques a été exploité dans cette 3

ème

partie.

Notre démarche est celle des praticiens de l’analyse des institutions. Nous

considérons que la mise en oeuvre du processus de Bologne est un évènement

perturbateur pour les acteurs, qui les déstabilise dans leur routine et leur organisation

institutionnelle. En optant pour l’entretien, nous connaissons ses vertus et ses limites.

« L’entretien présente un type de communication assez particulier. Il est suscité,

voulu d’un coté, plus ou moins accepté ou subi de l’autre. Il a un but précis et met en

présence des individus qui en général ne se connaissent pas. Il repose sur l’idée que

pour savoir ce que pensent les gens, il suffit de leur demander » (idem, p. 67). Nous

montrerons dans la 3

e

partie les résultats des interviews menées auprès de ces

acteurs et nous les comparerons à d’autres recherches, plus larges (KRÜCKEN,

MUSSELIN, …).

226 idem, p. 62. 227 ibidem.

Dans l’analyse, nous avons tenu compte des éventuelles convergences et

divergences d’opinions, de sentiments, d’appréciations entre les différents acteurs.

Ces variables sont de natures diverses.

La variable pays. Les deux pays ont une politique très différente. En France

la réforme est imposée par « en haut » ; les établissements sont invités à la

mettre en œuvre de façon programmée, lors du contrat quadriennal. En

Allemagne, les établissements sont plus autonomes, ils décident de la date et

du rythme de la mise en œuvre de cette réforme.

La variable région/ville. Chaque institution est ancrée dans la réalité

socio-économique de sa région/Land et de la ville. Le rôle de plus en plus important

donné aux régions, par la politique de décentralisation menée en France,

accroît leur marge de manœuvre. En même temps l’Etat exerce encore une

influence dominante sur les établissements universitaires.

228

En Allemagne, les

Länder jouent un rôle de plus en plus important dans les politiques

d’enseignement supérieur, dans les négociations et dans les prises de

positions et décisions sur la stratégie à prendre.

229

Certes, il y a des

différences d’implication d’un Land à l’autre. Le Land Hesse se situe dans la

moyenne en Allemagne, pour ce qui concerne l’implication des dirigeants dans

la mise en place du processus de Bologne. L’Ile de France est dans la

dernière vague de contractualisation. Il nous a paru pertinent de comparer ces

deux régions, car elles en étaient au même stade dans la période d’enquête.

La variable institution. Deux types d’institutions sont pris en compte : les

universités et les établissements supérieurs technologiques courts

230

(Fachhochschule, IUT).

228

Habituellement la région contribue au financement de certaines infrastructures (ex : piscine, bâtiments de recherche, bibliothèque, etc.).

229

La réforme du Fédéralisme (réalisé en 2006) accroît l’influence de Länder sur les universités.

230

La recherche EVALUE a sa propre classification : Universités Traditionalistes, Universités de Sciences Appliquées et Universités du Développement Territorial.

La variable « domaine de formation ». Les personnes interrogées sont des

enseignants de différentes disciplines qui appartiennent à deux grands

domaines : sciences et technologies, sciences sociales et humaines.

La variable fonction. Les personnes interviewées font partie des

enseignants-chercheurs avec des fonctions différentes au niveau des

établissements: vice-présidents, directeurs d’UFR, doyens, directeurs de

départements, experts, et personnel administratif (référant juridique, en

Allemagne).

Les variables classiques, âge et sexe, ne sont pas retenues dans notre grille

d’analyse. Nous pouvons tout de même remarquer que les directeurs d’UFR et

doyens en sciences dures sont plus jeunes que leurs homologues des sciences

sociales et humaines. Cela peut s’expliquer par une progression dans la carrière qui

se fait plus vite chez les scientifiques. Il n’est pas rare de trouver des

quadragénaires, voire des trentenaires parmi les professeurs en sciences dures. Les

directeurs dans les sciences sociales et humaines sont des professeurs qui

s’inscrivent dans la tranche d’âge 50-60 ans. En ce qui concerne le sexe, nous

pouvons remarquer qu’au niveau des vice-présidents, dans notre enquête il y a

parité. Pour les directeurs d’UFR, les sciences et les technologies ne sont

représentées (dans notre enquête) que par des hommes, les femmes étant

majoritaires dans les sciences sociales et humaines. Cette répartition correspond aux

diverses études sur les répartitions par genre dans l’enseignement supérieur.

3.1.5. Les établissements analysés

Pour l’analyse des établissements, nous suivons la classification d’EVALUE

dans laquelle les universités sont classées en trois catégories : les généralistes,

celles de la formation et de la science appliquées, et celles du développement

territorial.

231

Parce qu’elles sont pertinentes par rapport à notre recherche, nous

reprenons ces idéaux-types des universités. Les traits de cette typologie européenne

sont :

231

DUBOIS P. (dir.), (1998), Rapport final EVALUE, Evaluation et Auto-Evaluation des Universités en

Les missions: Pour les généralistes « ambitions d’assurer toutes les missions

assignées par la puissance publique à tous les besoins de la société ». Pour

celles de la formation et de la science appliquée « ambition d’accentuer la

mission de formation professionnelle et technique (y compris en formation

continue), de recherche appliquée en relation avec les entreprises. » Et pour

celles du développement territorial : « ambition d’accentuer la mission de

développement économique et culturel du territoire de proximité, en

augmentant le taux de scolarisation dans l’enseignement supérieur. » ;

L’ancienneté: Les généralistes sont anciennes voir pluriséculaires. Les

universités de la formation et de la science appliquées sont relativement

nouvelles. Elles sont proches de celles du développement du territoire qui sont

aussi relativement nouvelles « créées récemment ou ayant acquis récemment

le statut d’université » ;

La population étudiante: Les universités du 1

er

type sont de grande taille

avec une croissance limitée des effectifs étudiants. Celles du 2

ème

type ont une

taille variable ou moyenne et une « population étudiante limitée par le

numerus clausus ». Celles du 3

ème

type sont « de taille relativement petite », il

y a une « croissance rapide du nombre d’étudiants » qui sont, plus qu’ailleurs,

d’origine populaire.

Les disciplines et les niveaux d’enseignement: Les premières enseignent

toutes les disciplines, à tous les niveaux avec une part importante consacrée à

la « post-graduation ». Les secondes ont une politique de « créneaux,