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Les axes prioritaires du processus de Bologne

2.2.1. L’architecture des diplômes

Le système de cycles est largement mis en place, même s’il reste des

obstacles lors du passage d’un cycle à l’autre. C’est au niveau de l’employabilité des

diplômés de licence que des problèmes se posent (que se soit au niveau des

entreprises privées ou publiques). La solution que les ministres proposent est de

nouer un « dialogue impliquant les Gouvernements, les établissements et les

partenaires sociaux, pour accroître l’employabilité des diplômés »

160

Des engagements sont pris : « Nous nous engageons à élaborer des cadres

nationaux de qualifications compatibles avec le cadre global de qualifications de

l’EEES

161

d’ici à 2010, et à avoir commencé cette tâche d’ici à 2007. Nous

demandons au groupe de suivi de faire un rapport sur la mise en œuvre du cadre

global et ses développements ultérieurs. Nous soulignons l’importance de veiller à la

complémentarité entre le cadre global de l’EEES et le cadre plus large envisagé pour

l’éducation et la formation tout au long de la vie englobant l’enseignement général

ainsi que l’enseignement et la formation professionnelle, tel qu’il s’élabore

actuellement au sein de l’Union européenne ainsi que dans les pays participants. »

(ibidem). Un poids important est donné à la Commission, en tant qu’organisme

chargé de consulter l’ensemble des parties prenantes au Processus de Bologne.

Nous remarquons le rôle croissant de cette institution, en sachant qu’à la Sorbonne,

elle ne figurait même pas.

160

Déclaration de Bergen (2005), page 2

.

161

2.2.2. La garantie de la qualité

La plupart des pays ont pris des mesures pour garantir la qualité

conformément aux critères stipulés à Berlin (2003). Il y a engagement sur des

standards communs : « Nous adoptons les références et lignes d’orientation pour la

garantie de la qualité dans l’Espace Européen d’Enseignement Supérieur comme le

propose l’ENQA.

162

Nous nous engageons à introduire le modèle proposé pour

l’évaluation par les pairs des agences chargées de la garantie de la qualité au plan

national, tout en respectant les lignes d’orientation et les critères communément

acceptés » (ibidem).

L’évaluation et la régulation se ferait de plus en plus par des agences

externes : « Nous accueillons favorablement le principe d’un registre européen

d’agences chargées de la garantie de la qualité fondée sur une évaluation

nationale. »

163

Les agences nationales ont un rôle important. « Nous soulignons l’importance

de la coopération entre les agences reconnues au plan national dans le but de

renforcer la reconnaissance mutuelle des décisions en matière d’accréditation ou de

garantie de la qualité »

164

. De leur action et de leur réputation dépend la qualité de

l’enseignement supérieur européen, qui doit faire face aux pressions et à la

concurrence mondiale.

2.2.3. La reconnaissance des diplômes et des périodes d’études

36 des 45 pays participants ont ratifié la Convention de Lisbonne sur la

reconnaissance des diplômes et des périodes d’études (1997)

165

. Au sein de cette

problématique, l’éducation tout au long de la vie a un rôle central : « Nous

considérons le développement de cadres de qualifications nationaux et européens

162

Association Européenne pour l’Assurance Qualité.

163

ibidem.

164

ibidem.

165

C’est la plus importante Convention de l’UNESCO et du Conseil de l’Europe sur la reconnaissance des qualifications dans l’enseignement supérieur dans la Région européenne, adoptée et ouverte à la signature à Lisbonne le 11 avril 1997, http://conventions.coe.int/Treaty/FR/Treaties/Html/165.htm

comme une opportunité pour ancrer davantage l’éducation et la formation tout au

long de la vie dans l’enseignement supérieur. Nous travaillerons avec les

établissements d’enseignement supérieur et autres parties prenantes à améliorer la

validation des acquis incluant, là où cela est possible, la formation non-formelle et

informelle, en tant que modalités d’accès et composantes des cursus

d’enseignement supérieur. Nous considérons le développement de cadres de

qualifications européen et nationaux comme une opportunité pour enraciner

davantage l’éducation et la formation tout au long de la vie dans l’enseignement

supérieur. »

166

Tout est mis en place pour faciliter la reconnaissance et la mobilité des

étudiants entre les pays membres, et la jonction entre le monde de travail et celui des

études.

Tous ces points répondent à l’ensemble des défis de l’enseignement

supérieur. La Conférence de Bergen marque un point important en prenant en

compte le 3

ème

cycle, qui jusqu’ici n’a pas été abordé. Sur ce point, plusieurs

stratégies sont précisées ; elles concernent la recherche, la démocratisation (les

aspects sociaux) et la mobilité des étudiants.

1. La recherche est un défi très important. Les participants estiment que la

priorité donnée à la recherche est une stratégie en faveur de la création d’un

pôle européen fort, capable de répondre aux défis de la mondialisation.

D’ailleurs les signataires de la Déclaration ne se démentent pas en insistant

sur l’importance du renforcement de la recherche et de l’innovation tout en

garantissant la qualité.

La formation doctorale devient centrale puisqu’elle représente « l’avancement

de la connaissance à travers la recherche innovante » ;

167

des précisions sur la

durée du 3

ème

cycle sont fournies, ainsi que sur le « recrutement » de

166

COMMUNIQUE-(2005)The European Higher Education Area - Achieving the Goals Communiqué of the Conference of European Ministers Responsible for Higher Education, Bergen, 19-20 May 2005, ou

Déclaration de Bergen, p. 3.

167

doctorants : « Considérant que des programmes doctoraux structurés ainsi

qu’un encadrement et une évaluation transparente des travaux de recherche

sont nécessaires, nous soulignons que la charge de travail normale du

troisième cycle dans la plupart des pays devrait correspondre à 3-4 années à

temps plein. Nous recommandons vivement aux universités de s’assurer que

leurs programmes doctoraux promeuvent la formation interdisciplinaire et le

développement de compétences transférables, qui répondent par là-même

aux besoins du marché de l’emploi le plus large. Nous avons besoin de

parvenir à une augmentation globale du nombre de candidats doctoraux qui

s’engagent dans des carrières de chercheurs au sein de l’EEES. Nous

considérons ceux qui prennent part aux programmes de troisième cycle à la

fois comme des étudiants et de jeunes chercheurs en début de carrière.»

168

2. La démocratisation de l’accès au 3

ème

cycle est fondée sur l’engagement

pour un enseignement supérieur de qualité, accessible à tous, sans

discrimination sociale et économique.

Les longues études ont été pendant des années l’atout des classes sociales

favorisées, ce que les sociologues ont appelé des « héritiers ».

Pour amortir le coût des études longues, la prise en compte d’une dimension

sociale est accompagnée par le soutien des gouvernements. Il se manifeste

par une aide financière pour les étudiants issus de groupes sociaux et

économiquement défavorisés ainsi que par un service d’orientation et

d’accompagnement.

3. La mobilité étudiante et enseignante reste un objectif central du Processus

de Bologne. Les ministres s’engagent à « lever les obstacles à la mobilité en

facilitant la délivrance de visas et de permis de travail et en encourageant la

participation aux programmes de mobilité »

169

. Des efforts sont à faire aussi au

niveau des institutions et de leurs acteurs qui doivent « faire plein usage des

programmes de mobilité, en recommandant la pleine reconnaissance des

168

ibidem.

169

périodes d’études à l’étranger dans le cadre de tels programmes »

170

. La

mobilité ne se fait plus seulement à l’intérieur de l’Europe, mais aussi en

dehors de ses frontières.

Ces nouveaux objectifs confortent la volonté des ministres de l’enseignement

supérieur de renforcer la position de l’Europe face à la concurrence mondiale : la

dimension pan-européenne en est l’exemple le plus probant. De nouveaux

organismes de contrôle et d’assurance qualité deviennent membres consultatifs du

groupe de suivi : l’Internationale de l’Education (EI), l’Association Européenne pour la

Garantie de la Qualité dans l’Enseignement Supérieur (ENQA), ainsi que l’Union des

Confédérations des Employeurs et des Industries d’Europe (UNICE). La conférence

de Bergen a ouvert la porte à des propositions sur la stratégie pour après 2010. Ce

qui manque peut-être, ce sont les préoccupations qui concernent les contenus.

L’évaluation de la qualité doit se faire sur les programmes et sur les contenus.

Notre approche historique s’arrête à Bergen. Cette présentation nous a permis

de voir dans quel cadre le processus de Bologne est né et a évolué. C’est à Londres

en 2007, que se tiendra la prochaine Conférence ministérielle, et que tous ces

objectifs seront évalués.

En conclusion

Le processus de Bologne est le résultat d’une évolution historique, dans

laquelle la France et l’Allemagne ont un rôle central. Durant un demi-siècle, des

évènements successifs ont permis l’adaptation de l’enseignement supérieur au

monde d’aujourd’hui. A partir de premiers partenariats, la construction de l’Europe

universitaire est en marche. Cette évolution est marquée par la mobilité des étudiants

et par la mise en œuvre laborieuse, mais effective, de la reconnaissance des

diplômes. La reconnaissance de diplômes est récurrente dans chaque étape

d’harmonisation. Cela pourrait signifier qu’elle n’a pas été réalisée complètement,

dans tous les pays prenants du processus.

170

Dans la partie qui suit, sont présentés de façon aussi parallèle que possible

les enseignements supérieurs en France et en Allemagne.

2.3. Analyse transnationale de l’enseignement supérieur français et