• Aucun résultat trouvé

Materiel et méthode

B. Antibiothérapie: Résistances, Consommations et Politiques de bon usage

2- Suivi de la consommation des antibiotiques

2.3. Méthodes pour le suivi de la consommation des antibiotiques

La surveillance des consommations en antibiotiques se fait par le biais d’indicateurs de suivi qui doivent pouvoir tenir compte de l’exposition et de la population étudiée. De ce fait, un indicateur comporte un numérateur, reflétant cette exposition, et un dénominateur, reflétant la population susceptible d’être exposée [127].

a). Les numérateurs :

Trois types d’indicateurs sont retrouvés :

- La Dose Définie Journalière (DDJ) traduction de la Defined Daily Dose (DDD)

- Le nombre d’individus exposés (ou nouvellement exposés) par unité de temps

- Le nombre de traitements (ou de nouveaux traitements) par unité de temps

 La Dose Définie Journalière (DDJ) :

La DDJ est une unité définie par l’OMS, elle est utilisée d’une manière générale pour comparer la consommation de médicaments entre différentes populations. Depuis 1996, un groupe de l’OMS, le « World Health Organization (WHO) International Working Group for Drug Statistics Methodology », est en charge de l’actualisation des DDJ [127]. La classification Anatomical Therapeutic Chemical (ATC) associée à la DDJ constitue une méthode de référence internationale pour mesurer l’amélioration de la qualité de l’utilisation d’un médicament et pour comparer la consommation d’un médicament à une échelle locale ou internationale [129].

La DDJ correspond à une posologie quotidienne de référence, censée représenter la posologie usuelle pour un adulte de 70Kg dans l’indication principale d’un principe actif. Pour calculer le nombre de DDJ (journées de traitement à la posologie de référence), il suffit donc de disposer de la quantité totale en grammes de l’antibiotique concerné et diviser cette quantité par la valeur de la DDJ en gramme pour ce même antibiotique [130] [131].

L’intérêt d’utiliser cet indicateur est de pouvoir comparer la consommation d’un antibiotique donné entre zones géographiques différentes puisque le nombre d’unités vendues est exprimé sous une référence commune, il permet donc d’effectuer des études épidémiologiques visant à comparer la consommation entre différents établissements, et ceci indépendamment des variations de prix ou de taille du contenant.

Cet indicateur présente cependant certaines limites :

 Les comparaisons en fonction des distributions d’âge des populations sont impossibles, les DDJ n’étant définies que pour les adultes.

 Il suppose une homogénéité des patients posant problème pour des médicaments nécessitant un ajustement en cas d’insuffisance rénale [132].

 Il ne renseigne pas à lui seul sur le nombre de personnes exposées durant la période, la DDJ est de ce fait difficilement interprétable pour matérialiser l’importance de l’exposition aux antibiotiques en dehors d’un contexte de comparaisons géographiques ou temporelles.

 Il utilise une seule valeur pour chaque antibiotique alors que différentes posologies du même antibiotique sont souvent utilisées en pratique [133],

 Les DDJ étant actualisées tous les ans, les comparaisons de consommation d’antibiotiques entre les différents hôpitaux ne sont valables que si elles s’appuient sur la même version des DDJ [134].  Le nombre d’individus exposés (ou nouvellement exposés) par

unité de temps :

L’estimation de cet indicateur a priori idéal reste difficile à partir des données accessibles en routine puisque qu’il nécessite de disposer des Doses Prescrites Journalières (DPJ) ou Prescribed Daily Dose (PDD), des durées effectives de traitement, ainsi que d’une information quantifiée sur le principe actif non consommé par l’individu pour lequel l’antibiotique a été délivré. L’accessibilité de ces informations n’est possible que par la réalisation d’enquêtes ad hoc quasi incompatibles avec un suivi de la consommation des

antibiotiques durable dans le temps et géographiquement étendu. Les DPJ sont beaucoup plus représentatives des posologies réelles des antibiotiques que la DDJ, elles correspondent aux doses habituellement prescrites dans un pays ou un ES [135]. Les DPJ sont adaptées aux consommations hospitalières, mais elles varient en fonction de l’établissement où elles sont définies, rendant ainsi les comparaisons des consommations d’antibiotiques entre hôpitaux impossibles à moins que ces derniers n’utilisent strictement les mêmes DPJ [136] [137].

 Le nombre de traitements :

Cet indicateur se calcule facilement en dénombrant les nouvelles prescriptions d’antibiotiques par unité de temps. L’information peut être disponible dans certaines pharmacies hospitalières lorsque la dispensation est nominative ou par l’analyse des données issues des caisses d’Assurance maladie. Le nombre de traitements intervient en complément de la DDJ et permet une bonne approximation du nombre d’individus exposés (ou nouvellement exposés) par unité de temps, mais il ne donne pas d’information sur les quantités d’antibiotiques délivrées à une population [127].

b). Les dénominateurs :

Le dénominateur reflète la population susceptible d’être exposée, il doit donc représenter la population à risque en lien avec le numérateur.

Deux types d’indicateurs sont fréquemment retrouvés :

- Le nombre de journées d’hospitalisation

 Le nombre de journées d’hospitalisation :

Les JH représentent le nombre de journées facturées par le bureau des entrées ou la structure équivalente. Elles prennent en compte l’ensemble des hospitalisations ainsi que les Hospitalisations De Jour (HDJ) et les hospitalisations de semaine. Le jour de l’admission et le jour de la sortie ne comptent généralement que pour une seule journée d’hospitalisation, ainsi le nombre de JH ou nombre de patients-jour est donc égal à l’ensemble des journées où le patient est présent moins un jour [138].

 Le nombre d’admissions ou de sorties :

S’il est comparé au JH, c’est un indicateur relativement stable au cours du temps. Son utilisation reste cependant occasionnelle car il risque de surestimer la consommation en long et moyen séjour, le nombre d’admissions y étant réduit [127].