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2-2-1 Généralité : [25]

Ce type de technique vise à réduire le contenu viral principalement en diminuant le contenu en leucocytes et/ou en plasma des produits cellulaires. Historiquement, cela a été réalisé d'abord avec le procédé de décongélation des CGR cryopréservés, qui conduit à une déleucocytation de 2 à 3 log et à une déplasmatisation. Plusieurs évaluations cliniques ont rapporté l'efficacité de ce type de procédé pour réduire le risque de transmission du CMV, mais on ne peut pas attendre d'efficacité suffisante pour le risque de transmission des hépatites B et C et du VIH.

-La déleucocytation par filtration, de mise en œuvre plus simple, est un procédé

systématiquement appliqué aux CGR et aux CP en France depuis 1998. Des évaluations in

vitro ont montré que ce mode de déleucocytation s'accompagne d'une réduction de 2 à 3 log

de VIH associé aux cellules, mais qu'il n'a aucune efficacité sur le VIH libre. Sur le plan clinique, l'efficacité de la déleucocytation pour la prévention de la transmission du CMV semble bien établie, et équivalente à celle de la sélection de donneurs avec absence d'anticorps anti-CMV. L'efficacité de la prévention de la transmission du CMV par la déleucocytation semble d'autant mieux fondée que les études rapportées concernent des filtres dont la capacité de déleucocytation est de l'ordre de 3 log, et qu'on peut attendre une meilleure efficacité des filtres les plus récents, capables de réduire le contenu leucocytaire de 5 à 6 log. La déleucocytation semble également réduire le risque de transmission du HTLV I/II.

-La déplasmatisation ou lavage des cellules a fait l'objet d'un nombre restreint

d'évaluations. Les résultats obtenus montrent une efficacité très limitée. Ainsi des cycles de lavages de globules rouges aboutissant à une élimination du plasma de l'ordre de 5 log ne permettent pas d'abaisser le contenu viral de plus de 2 log.

-L'irradiation gamma est un moyen de décontamination virale d'efficacité reconnue

pour les produits plasmatiques, mais les doses requises sont beaucoup trop élevées pour être applicables sans dommage aux globules rouges et aux plaquettes.

L'irradiation aux UV-B dans des conditions précises est susceptible d'inactiver 4 à 6 log de poliovirus dans du plasma ou dans une suspension de plaquettes, sans altération fonctionnelle importante. Mais ce procédé est inefficace sur d'autres virus.

L’irradiation des produits sanguins labiles a pour but de prévenir la survenue de la réaction du greffon contre l’hôte transfusionnelle ou, complication rare mais généralement fatale.

2-2-2 Pasteurisation du plasma : [40]

On entend par pasteurisation tout traitement de chauffage de dix heures à +60 0C à l’état liquide. Ce traitement est appliqué avec succès, depuis plusieurs décennies, en tant que traitement d’inactivation virale pour divers dérivés plasmatiques (albumine, antithrombine III, alpha 1 antitrypsine...).

La pasteurisation du plasma est effectuée en présence de stabilisants composés en grande majorité de sucres ; leurs concentrations respectives ont été calculées de manière à minimiser les pertes d’activité des protéines plasmatiques labiles, sans pour autant avoir un effet protecteur des virus. Le mélange de stabilisation comprend les composants tels que sorbitol, saccharose, gluconate de calcium, lysine et arginine.

 Sorbitol : Ce sucre-alcool à la dose utilisée évite de façon non spécifique la formation d’agrégats protéiques (par exemple on constate par contrôle en Fast Protein Liquid Chromatography (FPLC) l’absence de formation de polymères d’albumine ou de polymères d’immunoglobuline lorsque le plasma est chauffé en sa présence).

De plus, le sorbitol permet d’assurer une stabilisation significative (supérieure à 80 % en moyenne) de l’activité coagulante de la plupart des facteurs de la coagulation dont le facteur VIII, le fibrinogène, le facteur V, le facteur XI et le facteur XIII, et dans une moindre mesure celle des composants du complexe prothrombinique.

 Saccharose : Il s’agit d’un sucre dont la présence vise à compléter le rôle du sorbitol dans le contrôle de l’absence de formation d’agrégats et le maintien de l’activité biologique des protéines plasmatiques. Dans le cas présent, l’ajout de saccharose présente un intérêt spécifique dans le meilleur maintien de l’activité coagulante des composants du complexe prothrombinique tels que le facteur IX et le facteur II (supe´rieur a` 70 %).

 Gluconate de calcium : Le calcium, à une concentration de 1 à 10 mM, présente un effet stabilisateur établi vis- à -vis de plusieurs facteurs de la coagulation, en premier lieu le facteur VIII.

 Lysine : Cet acide aminé est ajouté au plasma préalablement à l’étape de pasteurisation car des expérimentations ont montre´ que sa présence contribuait à protéger le facteur VIII et le fibrinogène d’une possible dénaturation, révélée par la perte de l’activité´ coagulante et la diminution du pouvoir de coagulabilité.

 Arginine : Au même titre que la lysine, l’arginine est un acide amine´ dont la présence joue un rôle favorable au maintien de l’activité´ de facteurs de la coagulation dont le facteur IX, ou d’anticoagulants comme la protéine C. A l’issue du palier de température (dix heures a +60 8C), les stabilisants ajoutés sont éliminés par une étape de dialyse. La stérilité bactérienne du plasma pasteurise´ est assurée par une filtration sur un filtre absolu de porosité´ de 0,22 mm.

Tableau V : Efficacité du procédé de pasteurisation du plasma sur les agents pathogènes [40].

Virus enveloppés : Log réduction :

-VIH

-Virus de la pseudo-rage (PrV) -Virus Sindbis

-Virus de la vaccine

-Virus parainfluenza, type3

>6 (>10 min) >4.15 (<2h) >5.5 (<5h) >4.3 (<1h) >6.3 (<2h)

Virus nus : Log réduction :

-Virus poliomyélitique (Sabin) -Reovirus

>6.23 (2h) >3.2 (<10h)

Bactéries : Log réduction :

-Filtration stérilisante Optimal

Parasites : Log réduction :

- Filtration stérilisante Optimal

23 Méthodes biochimique : le plasma viroatténué par Solvant

-détergent (PVA-SD) : [22, 37]

Bien que la sécurité du plasma thérapeutique frais congelé soit accrue par une mise en quarantaine de quatre mois après l’avoir testé une première fois, ce produit est destiné à être remplacé par du plasma inactivé. Depuis une dizaine d’années, il existe aussi une possibilité d’inactiver le plasma thérapeutique par une méthode chimique associant un solvant, le tri-n-butyle phosphate et un détergent, le triton. Cette méthode, efficace et sûre, est déjà utilisée en France sur des pools de plasma provenant de cent donneurs. Elle entraîne une réduction de l’ordre de 20 à 30 % des facteurs de la coagulation avec une efficacité réduite sur les virus non enveloppés dont le parvovirus B19 [37].

La démonstration de la PVA-SD est fondée sur des études de validation in vitro et des études in vivo chez le chimpanzé. Les agents infectieux utilisés pour la réalisation de ces études sont des virus représentatifs de la majorité des virus potentiellement impliqués, ou ayant été impliqués, dans les cas de transmissions virales transfusionnelles. Sur la base des études de validation, il apparaît que le processus de production du PVA-SD :

Est considéré comme très efficace sur les virus enveloppés potentiellement présents dans le plasma, notamment vis-à-vis du VIH-1/2, de l’HTLV-I/II, des virus de l’hépatite B et C et du CMV.

Est sans action sur les virus nus. Cependant, des essais ont montré que certaines étapes du processus (élimination des inactivateurs) s’accompagnent d’une élimination de certains agents infectieux. En outre, le mélange des plasmas entraîne la présence d’anticorps dans le produit, anticorps qui neutralisent certains agents infectieux, notamment des virus nus comme le VHA et le parvovirus B19.

Ne comporte pas de risque de transmission du parvovirus B19, la recherche des acides nucléiques de ce virus étant effectuée sur chaque plasma entrant dans la composition du pool.

Elimine le risque de transmission du VHA, car la norme de la pharmacopée européenne concernant le titre d’anti-VHA neutralisant est constamment respectée avec les plasmas prélevés en France (≥ 2000 mUI/mL) .

Elimine les bactéries, le processus de production incluant une filtration stérilisante