IV. METHODES D’ANALYSES INNOVANTES DES LESIONS OSSEUSES
4. RADIOGRAPHIE ET ANALYSES DE TEXTURE
4.2. Applications
4.2.3. Méthodes basées sur la géométrie fractale
La plupart des objets présents dans la nature présentent des formes complexes et
irrégulières faites de découpages, d’embranchements et de surfaces rugueuses. Les objets
fractals sont des objets mathématiques ou naturels présentant des formes extrêmement
irrégulières ou fragmentées quelque soit l’échelle d’observation et des structures qui se
reproduisent de façon identique à des échelles différentes. Ces objets ne sont pas décrits
correctement par la géométrie euclidienne. La géométrie fractale est actuellement de plus
en plus populaire en biologie et science des matériaux pour décrire ces objets complexes.
Il existe deux types d’objets fractals : les fractales stochastiques ou aléatoire et les
fractales déterministes. Cette différence provient de la manière dont ces objets sont créés.
Ils sont déterministes lorsque ces objets sont isssus d’un algorithme entièrement connu et
aléatoires lorsqu’ils proviennent de processus stochastiques.
- Les fractales déterministes.
Les fractales déterministes sont des objets entièrement générés par algorithme pour
lesquels il est aisé de calculer la dimension fractale qui les caractérise. Ils sont le
résultat de recherches en mathématique pure et ont permis l’élaboration de formes
comme le flocon de neige de Von Koch, le triangle de Serpinski, la courbe de Peano.
Ils sont issus de processus mathématiques bien définis, parfois très simples, et
présentent certaines propriétés particulières, longueur infinie, continuité délimitant
une surface finie qui fait parler de monstres mathématiques.
- Les fractales stochastiques.
Les fractales stochastiques proviennent du monde réel ou sont générées par des
phénomènes régis par des lois entièrement aléatoires. L’exemple le plus connu, donné
par Mandelbrot est celui de l’escarpement de la côte maritime de Grande-Bretagne.
Pour mesurer la longueur de la côte entre deux points fixes, on reporte un nombre N
de fois un compas d’écartement ε pour relier les deux points. La longueur L(ε)
séparant les deux points est ansi définie :
ε
ε
ε)= ( )×
( N
L
Un compas d’écartement ε ne tient pas compte des détails inférieurs à cet écartement
et donc induit une erreur. Cette erreur est d’autant plus importante que l’écartement
du compas est important. D’autre part, si on ferme le compas, la longueur mesurée
croît. En prenant des échelles d’observations croissantes, on augmente la longueur
calculée. Mandelbrot résout ce problème en s’inspirant des travaux de Richardson
(Mandelbrot, 1982). Il détermine un paramètre ne dépendant plus directement de
l’ouverture ε et du nombre N(ε) mais caractérisé par une constante Df qui détermine
le degré d’escarpement de la côte :
1
1
)
( ≈
Df−L
ε
ε
soit 1( )
Df=
N ε ε
Cette constante Df représente la dimension fractale de la côte maritime analysée et
s’obtient directement par la relation suivante :
ε
ε
1
log
))
(
log(N
Df =
b - Dimension fractale
Les techniques d’analyse fractale utilisent souvent l’élévation verticale des niveaux de
gris de l’image. Ainsi une image bidimensionnelle en noir et blanc est en fait un réseau de
pixels dont on connaît les coordonnées x et y. Le niveau de gris du pixel peut donc être
compris comme la troisième dimension z permettant alors de convertir l’image 2D en 3D.
Ces objets peuvent être caractérisés par leur dimension fractale D comme nous l’avons
vu.
Plus un objet fractal possède une structure rugueuse, plus sa dimension fractale est
importante. De nombreuse méthodes d’estimations sont disponibles : méthode des boites,
méthode des gratte-ciel, méthode des couvertures…
c - Propriétés caractéristiques des fractales
La propriété d’invariance leur conférant un aspect identique lorsqu’elles sont examinées à
des échelles différentes est appelée auto-similarité. Un objet auto-similaire est composé
de copies de lui-même réduites par un facteur d’échelle. Chaque copie peut subir après sa
réduction des translations ou des rotations. Chaque partie d’une courbe ou d’une surface
présente donc un aspect identique à la courbe (ou à la surface) prise dans son intégralité à
un facteur d’échelle près. Cette propriété n’est vérifiée en général qu’avec les fractales
déterministes.
Les objets naturels ne respectent pas strictement cette propriété d’autosimilarité. Ils
vérifient plutôt une propriété d’autosimilarité statistique : ils sont composés de sous
ensembles distincts réduits par un facteur d’échelle différent mais possédant les mêmes
propriétés statistiques que l’ensemble original. On parle d’auto affinité plutôt que
d’autosimilarité.
d - Signature fractale
Pour un objet fractal, le calcul de la dimension fractale est indépendant du choix de
l’agrandissement. Par contre pour un objet non strictement fractal, la dimension fractale
est fonction de l’agrandissement. Cette fonction est appelée signature fractale.
Pour un objet fractal, la courbe log (A(ε)-log(ε)) est une droite dont la pente correspond à
la dimension fractale.
Pour une surface non fractale, la pente à une résolution donnée est utilisée pour définir la
dimension fractale à cette échelle. A partir de cela, on peut définir une signature fractale
qui est la dimension fractale estimée entre 3 points ε-1, ε et ε+1. La signature renseigne
sur la composition des primitives de l’image.
e - Méthode fractale des gratte-ciels
Cette méthode considère la surface tridimensionnelle de l’image comme une collection de
parallélépipèdes de hauteurs égales à l’intensité des niveaux de gris de l’image, de base
carrée de coté ε. L’aire surfacique de l’image est déterminée par la somme des aires des
carrés de côté ε correspondant au sommet des parallélépipèdes et des aires des faces
exposées de ces parallélépipèdes (Caldwell, et coll., 1998).
f - Méthode fractale des couvertures.
La méthode des couvertures morphologiques, développée par Peleg est fondée sur le
calcul de l’aire surfacique couvrant l’image (Peleg, et coll., 1984). Elle implique la
définition de surfaces supérieure et inférieure constituant ainsi une couverture « blanket »
qui recouvrent la surface initiale. Cette couverture est obtenue par dilation et érosion de
l’image initiale à partir d’un élément structurant de taille ε x ε. L’aire surfacique est alors
définie par le volume occupé par cette couverture divisée par 2 x ε.
Dans le document
Modèles animaux de perte osseuse bénigne et maligne utilisable pour l?évaluation de biomatériaux
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