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0.2 Plan

1.1.4 Méthode de Noether

ν LKG ∂(∂µνφ) + (φ ↔ φ) − Vµ = ζνTµνcan

où le tenseur énergie-impulsion “canonique” (ou tenseur de Noether ) correspond au courant jµa (aveca représentant ici ν) :

Tµνcan := LKG ∂(∂µφ)νφ + (φ↔ φ) − ηµνLKG = 1 2  ηµν |∂ρφ|2 + m2|φ|2 − 2 ∂φ ∂ν)φ (1.18) où(µν) indique une symétrie selon ces deux indices de poids 1. Le tenseur énergie-impulsion représente la répartition de la masse, de l’énergie et des contraintes (pressions et cisaille-ments) dans l’espace-temps. Il n’est pas automatiquement symétrique, ni invariant de jauge [86].

Il est aisé de vérifier que le courant de Noether et donc le tenseur énergie-impulsion sont conservés.

Une autre manière de définir le tenseur énergie-impulsion est d’améliorer le tenseur canonique afin de le rendre symétrique (et de pouvoir le coupler à la métrique), c’est le tenseur de Belinfante qui est plus naturel pour le couplage de spin 2.

En relativité générale (notée parfois RG) et donc en espace-temps de courbure constante, il est défini de la manière suivante [86] :

TµνRG = p1 |g|

δSmati`ere

δgµν . (1.19)

Il est conservé et symétrique :

TµνRG = TνµRG.

En espace-temps plat, il définit le tenseur de Rosenfeld TµνR :

TµνR = TµνRG|g = η. (1.20)

Pour le champ scalaire, les tenseurs de Belinfante et de Rosenfeld sont égaux [79, 88] ce qui impliqueTµνcan = TµνR.

1.1.4 Méthode de Noether

Dans l’application la plus simple de la méthode de Noether [79], il est important de vérifier que l’action libre du champ de matière possède une symétrie rigide. L’objectif4 est

de « jauger » cette symétrie c’est-à-dire la faire dépendre des coordonnées. A l’aide du premier théorème de Noether, on calcule le courant conservé jµ qui est lié au courant de NoetherjNµ (d’où le nom de cette méthode) à partir du champ de matièreφ. Nous couplons ensuite, et de manière minimale, ce courant à un champ de jauge. Afin de compenser la variation de jauge du terme de couplage minimal, il est souvent nécessaire d’induire des transformations de jauge sur le champ de matière et par conséquent des symétries rigides du champ de matière (comme cas particuliers). La boucle est donc bouclée (figure 1.1).

Figure 1.1 – Méthode de Noether (en bleu) et méthode réellement utilisée (en rouge) pour le spin 2

Concrètement, on suppose qu’on possède des champs de jauge de spin entier non nul, représentant les bosons de jauge (sans masse), qu’on souhaite coupler à la matière. Le second théorème de Noether permet de trouver l’expression du terme de couplage « mini-mal » entre champs de matière et de jauge dans le lagrangien à l’ordre le plus bas. Comme le champ de jauge se transforme sous les symétries locales, il faut que le courant associé au champ scalaire soit conservé sur la couche de masse du champ de matière. Nous utilisons à cette fin le courant conservéjµ(lié au courant de NoetherjNµ). Des exemples précis sont donnés dans les paragraphes suivants.

Le couplage minimal permet de réinterpréter la méthode de Noether comme une cor-respondance entre courants conservés et symétries locales.

Notons que la méthode de Noether revue ici n’est qu’un cas très particulier de la mé-thode de Noether (voir par exemple [87] et références ci-dedans). Néanmoins nous n’utilise-rons pas ces techniques générales dans cette thèse car nous nous restreindn’utilise-rons au couplage

minimal entre champs scalaires et champs de jauge de spin élevé.

1.1.4.1 Photon de spin 1

L’exemple le plus basique est le photon de spin 1 associé à la conservation de la charge et aux transformations de jauge de l’électromagnétisme. Le but est de coupler un champ de matière, représenté par un champ scalaire complexeφ invariant sous la symétrie interne globale (1.8), à un champ (de vecteurs) de jauge électromagnétique Aµ. Le lagrangien de l’électromagnétisme est : LEM = −1 4FµνF µν = −1 4F 2 (1.21)

où le tenseur électromagnétiqueFµν = 2 ∂Aν](où[µν] indique une antisymétrie de poids 1 selon ces deux indices) est invariant sous les transformations locales δζAµ = ∂µζ(x) et le lagrangien LEM l’est donc aussi. Le lagrangien initial libre (quadratique) est :

L0 = LEM + LKG.

Sa variation par transformation de jauge δζφ = i e ζ(x) φ est : δζL0 = − e ∂µζ(x) jµoù e est la constante de couplage. La méthode de Noether nous suggère de coupler le courant de charge (1.17) du lagrangien de matière au champ électromagnétique Aµ. On retrouve l’idée que les équations de Maxwell avec sources sont issues du couplage entre le courantjµ, similaire à un courant électrique, et le champ électromagnétique. En observant la variation du lagrangien modifié, une première correction (ici d’ordre un en la constante de couplage e) est additionnée au lagrangien initial pour donner le lagrangien du couplage minimal (cubique) :

L1 = L0 + e Aµjµ.

Ce dernier terme compense à l’ordre O(e) la variation du lagrangien L0 sous une transfor-mation de jauge : c’est le terme de couplage minimal.

A cause de la variation du courant de Noether sur la couche de masse, il génère une variation du lagrangien d’ordre O(e2) : δζL1 = e2|φ|2Aµµζ. Il faut donc rajouter un autre terme afin de compenser ces modifications. Le lagrangien quartique, dont la variation sera nulle, est :

L2 = L11 2e

2|φ|2A2

où|φ| correspond au module de φ. On peut le réécrire de manière complète en utilisant la dérivée covarianteDµφ = (∂µ − ie Aµ) φ : L2 = −1 4F 2m 2 2 |φ|21 2|Dµφ|2. (1.22)

Nous venons de voir qu’il est nécessaire d’aller à l’ordre 2 en la constante de couplage pour la théorie de spin 1 pour que la nouvelle modification ne contribue plus au courant de Noether. Pour les théories de spin supérieur, il n’est donc pas évident de trouver le courant conservé ! Mais cette méthode fonctionne aussi pour la théorie de Yang-Mills (spin 1 non abélien) et s’arrête également à l’ordre 2.

1.1.4.2 Graviton de spin 2

Le graviton de spin 2 est associé à la conservation de l’énergie-impulsion et aux difféo-morphismes de la relativité générale.

Le lagrangien initial est la somme du lagrangien de Klein-Gordon (en espace-temps plat) (1.1) et de celui d’Einstein-Hilbert :

L0 = LKG + LRG L’action de Klein-Gordon en espace courbe devient :

SKG[φ, g] = − Z 1

2 g

µνµφ ∂νφ + m2|φ|2 p|g| dnx (1.23)

et le lagrangien de Klein-Gordon en espace courbe correspond au lagrangien final (à tous les ordres) :

L = −12 gµνµφ ∂νφ + m2|φ|2 p|g| (1.24) La métrique linéarisée s’écrit :

gµν = ηµν + hµν (1.25)

Le lagrangien du couplage minimal est donc :

L1 = L0 + hµνTRµν oùTRµν est le tenseur de Rosenfeld (1.20).

La variation de la métrique représente les difféomorphismes infinitésimaux :

δζgµν = Lζgµν (1.26)

oùL est la dérivée de Lie. Sa linéarisation donne :

δζhµν = Lζηµν = ∂µζν + ∂νζµ (1.27) Ceci est la transformation de jauge d’un champ libre de spin 2 sans masse. L’invariance de jauge de L1 implique la conservation du tenseur de Rosenfeld ∂µTRµν ≈ 0. Inversement, la méthode de Noether aurait construit le lagrangien de couplage minimalL1 à partir du tenseur de Noether. Dans le cas de la gravitation, on voit qu’il est nécessaire d’aller à l’ordre infini en la perturbation hµν. Ce processus de reconstruction ne s’arrête donc pas : il faut donc mieux connaitre le résultat final !

1.1.4.3 Bosons de spins élevés

Les bosons sans masse de spin élevé sont associés à la conservation de courants de rang supérieur à deux et à des transformations de jauge encore mystérieuses. La variation du champ tensoriel symétrique de rangr est :

et généralise les deux cas précédents. Le terme d’interaction ou plus précisément le terme de couplage minimal s’écrit :

L1 − L0 = hµ1...µrjµ1...µr.

L’invariance de jauge est garantie à l’ordre le plus bas si j est bien un courant conservé. C’est pourquoi les courants conservés sont importants pour construire des interactions entre matière et bosons de jauge de spin élevé. Remarquons que dans la théorie des spins élevés, il est également nécessaire d’aller à l’ordre infini, comme pour la théorie de spin 2. Mais dans ce cas, le problème reste ouvert au niveau d’un principe variationnel standard car la géométrie sous-jacente aux spins élevés est encore mal connue (voir cependant la proposition [91]). Au niveau des équations du mouvement, le problème a été résolu par Vasiliev autour de l’espace d’anti de Sitter (en (3+1) dimensions, il est parvenu à écrire des interactions cohérentes à tous les ordres au début des années 1990) [30–32] ce qui n’est pas le cas dans l’espace-temps plat de Minkowski et la réponse est probablement inexistante.

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