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Chapitre 3. Méthodologie

3.2. Méthode d’analyse : Analyse typologique ou par attributs

Une fois le corpus d’unités d’analyse constitué, chacune d’elles a été soumise à une grille d’analyse par attributs, qui se distingue de l’analyse typologique proposée par MacNeish (1952) et par Ritchie et MacNeish (1949). Malgré de nombreux inconvénients, cette dernière a été utilisée pour l’analyse de nombreux sites iroquoiens et la nature des résultats rend impossible leur comparaison avec ceux provenant d’une analyse par attributs, ce qui constitue un inconvénient majeur à l’étude des sites iroquoiens. De plus, bien que requérant un effort considérable lié à une nouvelle analyse de ces collections, l’utilisation de l’analyse par attributs s’avère très avantageuse pour l’étude de la variabilité céramique puisqu’elle permet une plus grande précision (Engelbrecht, 1979).

3.2.1. Analyse typologique

Principalement utilisée pour l’étude des sites iroquoiens, notamment en Ontario et dans l’État de New York, l’analyse typologique se base sur les types, c’est-à-dire un ensemble récurrant d’attributs possédant une signification temporelle et spatiale (MacNeish, 1952; Ritchie et MacNeish, 1949). Cette analyse utilise donc un ensemble de type afin de les associer avec une culture particulière, mais qui sont alors analysés comme un ensemble plutôt que comme des variables indépendantes (J. M. Wright, 2009 : 24-25).

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Parmi les nombreux inconvénients de l’analyse typologique, il est possible d’observer des problèmes liés à la reproductibilité des résultats. Des problèmes liés à l’identification d’un vase à un type particulier peuvent être influencés par des biais associés à la reproductibilité par différents observateurs (Engelbrecht, 1979). La hiérarchisation des attributs est variable et peut limiter la reproductibilité des résultats, puisque plusieurs types peuvent également se chevaucher (Engelbrecht, 1979; J. V. Wright, 1968). De plus, dans le cas où un vase ne correspond à aucun type identifié, la modification et la reformulation des types peuvent engendrer des biais alors que l’ajout de nouveaux types peut engendrer leur multiplication (J. V. Wright, 1968). De même, l’importance variable des attributs dans la composition des types associés à leur présence peut limiter la reproductibilité du classement des vases. Par exemple, un vase présentant toutes les caractéristiques d’un type à l’exception d’une caractéristique considérée majeure à la définition de ce type sera exclu de ce dernier. L’approche typologique engendre la présence de certaines limites lorsque vient le temps de prendre en compte à la fois une échelle locale et une échelle régionale parce que deux études de sites différents dans une même région pourraient avoir été étudiés avec des typologies différentes selon les préférences de ceux qui les ont étudiés (Knapp, 2009 : 106). Dans la mesure où l’objectif premier de ce mémoire consiste à identifier les différents niveaux d’expression de l’identité iroquoienne, elle requiert une précision chronologique et spatiale que seule l’analyse par attributs peut lui offrir (J. V. Wright, 1966 : 17).

3.2.2. Analyse par attributs

L’analyse par attributs, quant à elle, s’intéresse à la manifestation de la plus simple variable observable sur les vases en céramique, c’est-à-dire l’attribut (Girouard, 1975 : 34; Mercier, 1990 : 66; Trudeau, 1971 : 35; Woods, 2012 : 26-27). Cette méthode s’avère beaucoup plus détaillée que l’approche typologique (Engelbrecht, 1979; J. V. Wright, 1968). Les problèmes liés à la reproductibilité des résultats s’avèrent considérablement moindres dans la mesure où la grille d’analyse est identique3 (Engelbrecht, 1979). Cette méthode permet

3 L’ajout du «trailing» à cette présente analyse constitue un exemple de biais, qui a dû être considéré

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donc de comparer différents niveaux de variation en étudiant simultanément les différents niveaux identitaires dans l’expression stylistique.

Dans le cas de cette présente étude, une cinquantaine de variables ont été étudiées dans le but d’évaluer le plus précisément possible la variation morpho-stylistique existante dans la production céramique des maisons-longues du site McDonald. Parmi toutes ces variables, seul un certain nombre a été utilisé pour ce mémoire. Celles moins approfondies pourraient, ultérieurement, faire l’objet de travaux plus détaillés. Afin de permettre une comparaison qui s'avère la plus représentative possible, cette grille était principalement basée sur celle utilisée depuis plusieurs décennies pour l’étude des sites iroquoiens situés au Québec (Chapdelaine, 1989b; Girouard, 1975; Trudeau, 1971) et réutilisée depuis quelques années pour l’étude des sites de la région de Saint-Anicet, notamment les sites Droulers (Chapdelaine, 2010, 2012; Perreault, 2014) et Mailhot-Curran (Chapdelaine, 2013a, 2014a, 2014b; Woods, 2012).

3.2.3. Sélection des attributs analysés

En se basant sur un échantillon de 28 sites archéologiques hurons, Ramsden (1977) concluait que les unités décoratives et les motifs pouvaient à la fois être influencés par des variables géographiques et chronologiques, mais que les unités décoratives sont davantage influencées par le contexte géographique d’un site, alors que les motifs sont principalement influencés par l’aspect temporel. Cette distinction, entre unités décoratives et motifs, sera reprise, en l’absence d’un échantillon de sites iroquoiens suffisamment nombreux pour vérifier cette affirmation, afin d’étudier à la fois l’aspect régional et l’aspect chronologique du site McDonald et de chacune de ses maisons-longues.

3.2.3.1. Unité décorative élémentaire

Bien que les unités décoratives aient été abordées lors de nombreuses analyses de la céramique iroquoienne, une définition claire de chacune de ces dernières est nécessaire puisque l’analyse présentée dans le cadre de ce mémoire est essentiellement basée sur ces unités décoratives. Ainsi, l’absence de décoration indique l’absence de décors sur l’ensemble

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du champ décoratif tandis que le zonage (ou «Blank triangles») constitue l’absence de décoration sur une partie du champ décoratif (Woods, 2012 : 47).

3.2.3.1.1. Empreintes

Les empreintes peuvent être faites à l’aide de différents outils parmi lesquels l’empreinte linéaire constitue la variante la plus fréquemment observable. Elle résulte d’une impression verticale d’un objet linéaire imprégné directement dans l’argile sur toute sa longueur et par l’absence de mouvement secondaire associé à cette impression (Girouard, 1975 : 56; Trudeau, 1971 : 1971; J. V. Wright, 1974 : 94; J. V. Wright et Anderson, 1969 : 31). L’empreinte à la cordelette est effectuée à l’aide d’un bâtonnet autour duquel est enroulée une corde de diamètre variable (Damkjar, 1990 : 25; Trudeau, 1971 : 91). L’empreinte dentelée résulte de l’utilisation d’un outil doté de plusieurs dents imprégné verticalement dans l’argile et prend la forme d’une série de plusieurs carrés ou rectangles consécutifs de deux à trois millimètres de long et de distance plus ou moins espacée (Trudeau, 1971 : 90; J. V. Wright et Anderson, 1963 : 25, 1969 : 37). L’empreinte punctiforme résulte de l’impression verticale d’un outil de forme diverse dans l’argile (Emerson, 1968 : 11; J. V. Wright et Anderson, 1969 : 35). Finalement, l’empreinte au roseau prend la forme d’une empreinte de forme circulaire et est effectué à l’aide d’un objet tubulaire tel un os ou un roseau et elle est généralement associée à l’espace situé sous une crestellation (Trudeau, 1971 : 92).

3.2.3.1.2. Incisions

L’incision résulte d’un mouvement continu (Girouard, 1975 : 56) effectué dans l’argile sous la forme d’un glissement ou d’un découpage (Damkjar, 1990 : 24; Emerson, 1967 : 156, 1968 : 10; J. V. Wright et Anderson, 1969 : 33). Cette unité décorative est caractérisée par la présence de stries longitudinales provoquées par le mouvement de l’outil et parfois par l’accumulation d’un surplus de pâte à l’extérieur du tracé (Trudeau, 1971 : 88). Le trailing est une variante de l’incision qui se distingue par l’utilisation d’un outil plus large ou utilisé dans le sens de la largeur qui est traîné dans la pâte suivant un mouvement continu et dont le résultat, par son profil, peut s’apparenter à celui produit par l’empreinte linéaire (Emerson, 1968 : 10; Marois, 1986 ; 119; Wintemberg, 1948 : 14). Terme anglophone originaire de

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l’Ontario (Wintemberg, 1948 : 14), cette variante de l’incision est souvent mentionnée, notamment dans l’étude de la céramique huronne (Guindon, 2009 : 77; Ramsden, 1990), bien que le trailing n’est jamais utilisé dans les analyses (Emerson, 1967 : 157; J. M. Wright, 2009 : 196). Certains chercheurs classeraient cette catégorie comme de l’incision en insistant sur le mouvement effectué, alors que d’autres l’identifierait comme une empreinte linéaire en se basant sur les traces laissées dans la pâte et sur les stries longitudinales précédemment évoquées.

3.2.3.1.3. Empreintes repoussées

L’empreinte repoussée (ou «push-pull») résulte de l’utilisation d’un outil qui est enfoncé dans la pâte, retiré, traîné dans le sens opposé et enfoncé de nouveau (Emerson, 1968 : 10; Trudeau, 1971 : 91; J. V. Wright, 1974 : 94; J. V. Wright et Anderson, 1969 : 29). Le dentelé repoussé résulte d’une combinaison entre l’utilisation d’un outil dentelé et la technique du repoussé. Il est parfois possible d’apercevoir les marques laissées par l’outil dentelé, mais l’empreinte repoussée prend parfois seulement l’apparence de lignes irrégulières (Gates St- Pierre, 2006 : 24).

3.2.3.2. Motif

Les motifs simples sont composés de verticales, d’horizontales, d’obliques vers la gauche ou vers la droite et également de croisillons, c’est-à-dire le recoupement perpendiculaire de deux séries de lignes parallèles qui se superposent (Trudeau, 1971 : 70). Les motifs complexes sont composés de plusieurs motifs organisés de manière à former des parallélogrammes ou des triangles (Trudeau, 1971 : 71), mais peuvent également être composés de motifs particuliers. Parmi les motifs particuliers, l’on retrouve le motif en épis de maïs, qui est composé de larges impressions verticales profondes et d’une série d’empreintes horizontales moins prononcées sur toute la longueur du motif (Tremblay, 2006 : 87). Le motif en échelle est composé de plusieurs lignes courtes parallèles encadrées par deux longues lignes perpendiculaire (Trudeau, 1971 : 74). Les chevrons sont des séries de lignes obliques et parallèles disposées en opposition l’une sur l’autre. Enfin, la figure anthropomorphique est

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composée de motifs au roseau disposé en forme de triangle et s’apparente à la forme abstraite d’un visage humain (Trudeau, 1971 : 102).