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Chapitre 5. Analyse comparative

5.1. Distribution spatiale des unités d’analyses

Peu d’études ont été menées sur la distribution spatiale des fragments d’un même vase sur un site iroquoien (Warrick, 1984 : 114). Or, il s’avère que les informations pouvant être induites de cette approche sont majeures, notamment pour la compréhension du mode d’occupation d’un site. Dans le cas d’une communauté sédentaire, comme c’est le cas des Iroquoiens, la répartition des fragments jointifs des vases permet d’aborder plusieurs phénomènes, tel que la délimitation des structures d’habitations, la gestion de l’espace d’occupation interne de la maison-longue et la gestion des dépotoirs.

Tel que proposé par Kapches (1979), l’étude de la distribution spatiale d’un site iroquoien présente plusieurs limites, notamment lors de la présence de plusieurs phases d’occupation d’un site, de changements structurels dans l’organisation spatiale ou de variations saisonnières dans l’intensité de l’occupation. Heureusement, les structures (maisons-longues et dépotoirs) du site McDonald sont bien délimitées les unes des autres. Des facteurs taphonomiques peuvent également avoir joué un rôle dans cette distribution (Kapches, 1979; Schiffer, 1987; Schiffer et al., 2010). Dans le cas du site McDonald, son environnement boisé laisse supposer la présence d’agents perturbateurs habituellement présents dans ce type de milieu, tels que les racines des arbres, les chablis, la présence d’animaux fouisseurs (ex. : terrier de rongeur) et de lombrics, etc. Le remontage et l’étude de la distribution spatiale des tessons d’un même vase laissent cependant comprendre que l’influence des facteurs taphonomiques reste limitée sur le site McDonald, du moins pour les fragments de céramique, mais l’analyse zooarchéologique devrait révéler d’avantage d’informations à ce sujet puisque

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les traces laissées sur les matières organiques sont plus visibles. À l’exception de quelques fragments qui ont été retrouvés, isolés, à une distance importante de ceux auxquels ils se rattachent, la distribution spatiale des objets archéologique peut s’expliquer presque entièrement par la gestion des déchets pendant la période d’occupation du site. Toutefois, la fouille du site McDonald, à l’image de celle effectuée sur les autres sites iroquoiens de la région, s’est concentrée à l’espace interne des maisons-longues et des dépotoirs. Le reste du site demeure pratiquement inconnu à l’exception de plusieurs sondages qui ont été réalisés dans la portion située entre les maisons-longues à une distance de 3 à 5 mètres. La plupart de ces sondages se sont avérés négatifs et ceux qui se sont avérés positifs contenaient moins de dix artéfacts.

5.1.1. Délimitation des structures d’habitations

Tout d’abord, la distribution à l’échelle du site (Figure viii et ix) a permis de démontrer les limites quasi imperméables associées à l’emplacement des murs d’une maison-longue. Cette observation concorde avec l’observation fait par Wright (1974), selon laquelle les fragments d’un même vase se retrouvent généralement à l’intérieur d’une même habitation. Dans le cas du site McDonald, en effet, les fragments d’un même vase ne se retrouvent pratiquement jamais à l’intérieur de plusieurs maisons-longues. Dans les très rares cas où cette situation est observable, des phénomènes taphonomiques, par exemple des enfants, pourraient en être la cause et il s’agissait généralement de fragments de petite taille. Des facteurs de perturbation pourraient expliquer la présence de fragments de poterie retrouvés légèrement en retrait des maisons-longues, mais situés dans l’espace entre ces dernières.

5.1.2. Gestion des déchets dans la maison-longue

Dans toutes les maisons-longues, les remontages entre les fragments d’un même vase sont si distants qu’il est impossible d’associer la plupart des vases à un foyer particulier. Cette situation s’explique par un nettoyage périodique de la surface d’habitation à l’intérieur des habitations iroquoiennes, phénomène bien connu grâce aux données ethnographiques. Une étude à l’échelle de l’aire domestique est donc impossible ou serait complètement biaisée par la délimitation de ces aires domestiques par l’observateur. Un tel exercice ne sera donc pas

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effectué. Malgré tout, il est possible de mentionner que, pour les trois maisons-longues, les vases sont situés presque exclusivement dans l’axe central de la maison-longue, c’est-à-dire dans l’espace où se trouvent les foyers. Si quelques fragments de vases sont observés sur les côtés des maisons-longues, ils demeurent relativement limités. La seule exception à cette tendance se situe au centre de la maison-longue, où la concentration de vase se prolonge jusqu’au mur. Ces espaces relativement pauvres en artéfacts, pourraient correspondre à l’emplacement banquettes de couchage, structures qui, dans le contexte pédologique de la région de Saint-Anicet, ne peuvent être observées directement par la présence de traces de piquets. Malgré un échantillon de seulement trois maisons-longues, le remontage semble une méthode prometteuse pour étudier ces structures.

Il est également possible d’observer des concentrations de fragments de vases dans chacune des maisons-longues. Dans la maison-longue #1, une plus grande concentration de vases est observée dans la moitié nord-ouest de la maison-longue #1, autour des foyers #21 et #6, que dans la moitié sud-est de la maison-longue. La maison-longue #2 présente deux concentrations, une comprenant les foyers #29, #31 et #30 et une entre les foyers #27 et #41. Pour ce qui est de la maison-longue #3, une plus grande concentration de fragments de vases est observable au nord-est, entre les foyers #44 et #42 que dans le reste de la maison-longue.

5.1.3. Gestion des déchets dans les dépotoirs

La gestion des déchets dans les dépotoirs peut également être abordée à l’aide de la distribution des fragments jointifs des vases domestiques. Cette méthode permet de déterminer la provenance des individus ayant utilisé chacun des dépotoirs présents sur le site en se basant sur l’hypothèse selon laquelle la répartition des fragments jointifs d’un vase permet, sauf dans les cas de sites perturbés, de confirmer la contemporanéité de deux structures (Timmins, 1997 : 61).

Concernant, les dépotoirs de petite taille qui étaient localisés en prolongement immédiat des maisons-longues, la distribution spatiale des fragments a permis de démontrer qu’ils étaient utilisés presque uniquement par les membres des habitations auxquels ces

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structures de rejet étaient rattachées. Un seul exemple fait exception à ce modèle et peut probablement, comme dans le cas des fragments retrouvés à l’intérieur de plusieurs maisons, représenter une circonstance anecdotique. Il existe néanmoins une légère incertitude concernant l’utilisation de ces structures par les membres d’une seule maison-longue, résidant dans le fait qu’il existe des zones situées en périphérie de l’aire actuellement délimitée pour l’occupation du site qui n’ont pas été fouillées.

Le dépotoir nord, quant à lui, qui se distinguait déjà par des dimensions plus importantes et une distance plus importante, a été utilisé à la fois par les habitants des maisons-longues #1 et #3. Cette dispersion constitue un indice supplémentaire démontrant que les habitants de la maison-longue #2 se distinguaient de leurs concitoyens par une gestion différente des déchets, puisqu’aucun des fragments du dépotoir nord n’ont été associés à ceux de cette habitation. Cela indique également que les habitants des maisons-longues #1 et #3 interagissaient plus régulièrement entre eux qu’avec les individus de la maison-longue #2. Il est également possible que la maison-longue #2 ait été occupée avant ou après les deux autres habitations comme le suggérait Gagné. De plus, un seul vase possédait des fragments qui ont été retrouvés à la fois dans le dépotoir nord et dans un dépotoir domestique, de sorte qu’il est possible de proposer l’hypothèse selon laquelle les fragments d’un vase brisé étaient ramassés rapidement après son bris et rejetés dans l’un ou l’autre des deux dépotoirs, mais pas dans les deux à la fois. Ce rare cas pourrait s’expliquer par le fait que certains fragments étaient oubliés temporairement sur le sol, bien qu’il demeure possible que ces fragments refassent surface par la suite et qu’ils soient rejetés à un autre moment à un autre endroit lors d’une autre activité de nettoyage (Figure viii et ix).

Il est possible de mentionner que les remontages entre les dépotoirs et les maisons- longues ne concernent pas toujours l’ensemble dans aires domestiques de ces habitations. Le dépotoir nord est associé à des fragments des aires domestiques entourant les foyers #6 et #21 de la maison-longue #1 et les foyers #40, #42 et #44 de la maison-longue #3. Dans tous les cas, il s’agit des foyers situés dans la moitié nord de ces maisons-longues ce qui semble tout à fait logique puisque ce sont les aires domestiques situées les plus proches de ce dépotoir. Pour ce qui est des dépotoirs dit domestiques, ils sont reliés à l’ensemble des aires domestiques de

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la maison-longue à laquelle ils sont associés à l’exception du foyer #21 dans la maison-longue #1 qui n’a pas été directement relié avec le dépotoir sud-est.

5.2.

Comparaison intrasite : Coefficient de similarité de