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CHAPITRE II. Méthodologie

II- 1. Méthode

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137 L’observation participante situe l’observateur dans une position à la fois d’objet observé et de sujet impliqué ; autrement dit, c’est une méthode dans laquelle sont incluses l’extériorité et l’implication. Cette méthode est une conception qui a ses origines dans les études ethnologiques et sociologiques.

Elle est introduite par Bronislaw Malinowski et John Layard au début du XXème siècle. Pour Alain Touraine, c’est la compréhension de l’autre dans le partage d’une condition commune. Cela permet à l’observateur de s’impliquer dans la dynamique du fonctionnement du ou des sujets étudiés. De cette manière, en étant à la fois dans le registre de l’écoute et de l’action, le chercheur essaye d’aboutir à la communication entre le dedans et le dehors, les déterminants externes et les sensations vécues.

Pourtant, pour mener un travail de recherche - le terrain de laquelle est un atelier dont j’étais l’animatrice - le choix de l’observation pure ne comprend pas entièrement mon positionnement clinique. Dans ce sens, la méthode choisie pour mener ce travail de recherche consiste à un double registre, celui de l’observation et de la participation.

Néanmoins, la méthode choisie consiste au renversement de l’observation participante en la participation observatrice. Selon ce concept, nous avons deux pôles : l’observation et la participation. En ce qui concerne le cas de l’animation de l’atelier, le premier est moins présent que le deuxième, vu mon double rôle étant à la fois clinicienne, au dedans dans le jeu avec eux et menant la recherche, en dehors sans eux. Le choix de la construction de cet outil méthodologique est fait principalement pour la raison suivante : mettre

138 l’accent sur la coïncidence qui existe entre les caractéristiques propres de la méthode et mon hypothèse centrale concentrée sur la rencontre du dedans et du dehors, sur l’articulation de la réalité externe avec la réalité psychique, hypothèse qui est élaborée théoriquement avec le concept de limite.

Autrement dit, cette construction méthodologique démontre au plus près possible le niveau auquel je me suis engagée pour le travail de la co-création d’un espace intermédiaire partagé qui marque l’articulation et la distinction entre la clinique et la recherche et qui marque aussi la différence par rapport au transfert clinique et au transfert de la recherche. Les enjeux à la fois des hypothèses et de cet outil méthodologique en particulier se réfèrent à l’implication et à l’extériorité, soit les deux facettes du double espace qui vient d’être créé. En d’autres mots, le déterminant central de cette méthode vise la liaison entre le vécu intime et les activités partagées de l’atelier.

Les hypothèses de recherche et le travail clinique reposent sur l’effet thérapeutique d’un atelier de jeux corporels, dont les fondements s’appuient sur le jeu, le corps, et l’élaboration d’une double limite à travers ce travail. Je suis en premier lieu actrice et en deuxième lieu observatrice dans ce groupe et la partie la plus significative concerne le registre du relationnel et de tout ce qui a rapport au transfert. Dans ce sens, cette méthode est à la base de l’établissement d’une confiance solide qui fait partie d’une relation transférentielle permettant des échanges intersubjectifs et des mouvements intrapsychiques qui vont eux-mêmes créer le dispositif et influencer la construction du cadre. Autrement dit, ce travail ne représente pas une réalité donnée, rigide et immobile mais par

139 contre il se base sur une fluidité tant du mouvement psychique que du mouvement corporel.

La distinction qui est faite entre les deux rôles, celui du participant et celui de l’observateur amène à son tour les questionnements sur la distinction entre le transfert clinique et le transfert de recherche : faire partie du groupe et prendre une distance pour réfléchir sur les hypothèses à partir du matériel clinique. Pour que cela soit réalisé vu les exigences imposées, l’installation d’un cadre stable sécurisant et contenant est fondamentale. L’animation de cet atelier se partage à deux en suivant le fil conducteur de la liaison du dedans et du dehors.

En principe, une co-animation au sein du déroulement d’un tel travail présuppose que les deux partenaires, d’une manière complémentaire, forment une unité, et que chacun de son coté, attribue un rôle et une fonction au groupe.

Durant les deux années du fonctionnement de cet atelier un clivage a eu lieu entre la participation et l’observation. Par conséquent, ma place et mon rôle étaient mis beaucoup plus du côté de la participation active à cause des circonstances et des limites rencontrées.


II-1.1. Discussion sur la méthode


Le choix méthodologique de la participation observatrice pour le déroulement de cette recherche possède certainement quelques inconvénients en rapport avec le faut que les patients sont en même temps des sujets de recherche. De plus, ayant choisi à faire une étude de cas, la dimension du groupe -qui est le

140 cadre clinique- est étudiée mais elle n’est pas située au centre de l’intérêt.

Au sein de ce travail de recherche, la méthode choisie, la participation observatrice, a imposé tout au long du travail la mise en tension de deux pôles, clinique et de recherche, qui étaient parfois confondus l’un dans l’autre. En d’autres mots, mon implication clinique a rendu difficile la prise d’une distance souhaitée pour que ces adolescents soient étudiés comme des sujets de recherche. De l’autre côté, le cadre institutionnel et ses enjeux ont eu un impact significatif sur l’objet de la recherche et ont influencé le choix de la méthodologie. Plus précisément, j’ai été prise par ces enjeux institutionnels (présence obligatoire de l’infirmière co-animatrice pendant la prise des entretiens) et pour cette raison, je n’ai pas pu, comme il aurait été souhaitable au départ, mener un entretien semi-directif de recherche afin de construire l’espace pour qu’une associativité libre des adolescents puisse se déployer.

Ainsi, j’ai senti qu’il fallait aussi inclure dans ma méthodologie des informations émanant des dossiers médicaux des adolescents.

Cependant, pour pouvoir travailler étant chercheuse sur ce dispositif clinique particulier et pour pouvoir dépasser au plus fort possible toutes les difficultés rencontrées, j’ai suivi une supervision régulière tout au long de ces deux années du déroulement du travail de l’atelier. Hormis le soutien et la fonction contenante de la supervision pour que je ne me sente pas sollicitée de manière excessive et pour ne pas provoquer des effets non thérapeutiques, le fait le plus important a été la prise d’une distance souhaitée du terrain clinique pour me placer du côté du terrain de recherche et formuler son objectif et ses hypothèses

141 précises. Autrement dit, la meilleure compréhension possible du matériel clinique et l’analyse du transfert a permis un travail approfondi en liaison avec mes hypothèses de recherche.