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3. MÉTHODOLOGIE DE NOTRE RECHERCHE EMPIRIQUE

3.2 Méthode de collecte des données

Nos objectifs de recherche portent sur les difficultés éprouvées par les PES. Celles-ci sont vécues ou associées à des situations diverses qui se déroulent sur le lieu de stage, à l’université, au domicile ou encore dans des espaces virtuels lors d’échanges téléphoniques ou par courriels. Qui plus est, ces difficultés ne correspondent pas toujours à des événements manifestes. Elles peuvent être tributaires de sentiments, de perceptions ou de l’interprétation de gestes, de comportements ou d'attitudes, donc d’éléments observables ou non. À cela s’ajoute notre intention de tenir compte, non seulement des points de vue des membres de la triade ainsi que des relations entre ceux-ci, mais également de l’évolution dans le temps de ces dimensions. Par exemple, une PEA peut relater ses multiples expériences passées ou les changements qu’elle a opérés dans son style

d’intervention à travers les années. L’observation directe devient difficile, voire impossible, d’autant plus que ces événements sont répartis temporellement dans des moments qui peuvent précéder ou suivre la durée du stage proprement dit. Dans un autre ordre d’idées, les sondages et les questionnaires fermés n’offrent pas la souplesse requise pour s’adapter aux expériences et aux réalités qui varient d’un participant à l’autre tout comme d’un type de participant à l’autre. Cela est sans compter les biais ou obstacles potentiels liés au vocabulaire employé, à la longueur des questionnaires, aux effets de halo ou de la désirabilité sociale.

À notre avis, l’ensemble de ces facteurs impose le recours à une technique flexible permettant l’ajustement au caractère unique de chaque situation qui favorise l’accès au monde intérieur du participant. Selon Savoie-Zajc (2009), l’interaction verbale souple orientée par le chercheur qui propose des thèmes à approfondir sied à ce type de recherche. Des auteurs identifient différents types d’entrevues individuelles (dirigée, non directive, centrée, clinique, en profondeur, directe, indirecte, téléphonique) et les distinguent principalement par rapport aux degrés de liberté et de profondeur recherchées. D’après Van der Maren (1996), l’entrevue semi-dirigée ouvre la voie à la dimension affective, aux jugements, aux perceptions des participants. Soulignons ici qu’en nous appuyant sur ce même auteur, nous avons écarté le « focus group » puisque notre questionnement n’inclut pas la représentation sociale des difficultés vécues par les PES. L’entretien favorise une co-construction et une compréhension conjointe (intervieweur et participant) de la situation à l’étude du point de vue des participants. De plus, les points de vue des PSU et PEA reposent sur leurs nombreuses expériences qui s’échelonnent sur plusieurs années. Or, l’interview offre une souplesse qui permet au chercheur d’ajuster ses questions, de contrôler

l’orientation de l’échange tout en offrant au participant l’occasion de fournir des informations complémentaires de nature historique (Creswell, 2014).

Parmi les écueils liés aux entrevues se trouvent ceux imputés à la relation entre le chercheur et le participant. Ce dernier peut se sentir méfiant et être sur la défensive par rapport à l’intervieweur, à l’entrevue ou aux conditions de son déroulement. Par ailleurs, le participant peut être tenté de donner des réponses qu’il croit attendues par le chercheur. La situation d’entrevue est assujettie au biais de la désirabilité sociale tout comme elle est affectée par la sensibilité des sujets abordés et la crainte du participant de subir des représailles suite à l’expression de ses opinions. Le chercheur doit également être à l’affût de la tentation de diriger l’entretien de façon à l’orienter dans le sens des conclusions qu’il anticipe. De même, il a avantage à tenir compte de l’évolution possible et probable de la perception du participant. Enfin, le chercheur doit réaliser que les propos du participant reflètent sa pensée au moment de l’entrevue. Les positions ainsi exprimées ne peuvent être considérées comme immuables et définitives puisqu’elles évoluent dans le temps et selon les expériences du participant (Savoie-Zajc, 2009).

En guise de précaution, l’intervieweur se doit d’établir une bonne relation avec l’interviewé afin d’obtenir des détails et des descriptions qui illustrent bien l’expérience de ce dernier. Le schéma de l’entrevue doit également être adapté à son déroulement pour laisser l’occasion au participant d’exprimer son point de vue. La triangulation des sources peut constituer une option valable afin de compléter et d’enrichir la lecture de la perception du participant (Savoie-Zajc, 2009). De surcroît, le chercheur peut planifier des échanges subséquents avec les participants afin de vérifier la justesse de son interprétation. La crédibilité des résultats s’en trouve améliorée. À

ces moyens s’ajoutent les échanges et les questionnements entre chercheurs externes ou d’une même équipe ainsi que les échanges entre codeurs pour clarifier les définitions des catégories utilisées et pour augmenter le taux d’accord inter et intracodeurs. Au moment de la diffusion des résultats, le chercheur a avantage à mettre en lumière les biais potentiels de même que les résultats qui contredisent les conclusions avancées (Creswell, 2014). L’intervieweur et le codeur devraient avoir une très bonne connaissance de la langue employée ainsi que des particularités et du vocabulaire en vigueur dans le domaine à l’étude afin de nuancer le codage et l’interprétation des résultats (L’Écuyer, 1990).

En dernière analyse, nous avons retenu l’entrevue semi-dirigée comme technique de collecte des données. Ce choix se justifie par notre intérêt à recueillir le sens accordé par chacun des membres de la triade quant aux difficultés et aux causes attribuées à celles-ci.