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Chapitre 5. Métabolisme des lipides et des lipoprotéines

5.2 Métabolisme des lipides après la chirurgie bariatrique

5.2.1 Cholestérol

La perte de poids diminue l’excrétion biliaire du cholestérol et augmente l’absorption du cholestérol chez le patient avec obésité (241). La synthèse du cholestérol est augmentée chez les sujets obèses (233) ce qui s’accompagne d’une diminution subséquente de l’absorption du cholestérol (232). L’étude de biopsies hépatiques révèlent une augmentation de l’expression de l’HMG-CoA réductase chez les sujets en surpoids (232). La perte de poids régule à la baisse la synthèse du cholestérol, mais a peu ou pas d’effet sur l’absorption (232). C’est la malabsorption causée par la DBP-CD qui entraîne une diminution plus importante du cholestérol total après cette procédure comparativement aux autres chirurgies bariatriques (242). La perte de poids suivant une chirurgie bariatrique, comme toute perte de poids, diminue la synthèse du cholestérol (243). Les chirurgies bariatriques perturbent la circulation entéro-hépatique et causent des changements dans l’homéostasie des acides biliaires (244). Les acides biliaires jouent de nombreux rôles dans l’homéostasie des lipides et la régulation de la dépense énergétique (245). La chirurgie bariatrique augmenterait les niveaux d’acides biliaires plasmatiques (244, 245). Les acides biliaires pourraient moduler la dépense énergétique en activant l’expression de l’enzyme déiodinase dans le tissu adipeux brun (245). Toutefois, l’importance du rôle du tissu adipeux brun chez l’humain est controversée. L’augmentation et le changement de composition des acides biliaires suivant une dérivation de type Roux-en-Y pourraient contribuer à l’amélioration du métabolisme lipidique suivant la chirurgie (246). De plus, l’augmentation des acides biliaires suivant une chirurgie bariatrique entraîne une augmentation marquée de la concentration de GLP-1 (245, 247). Des données récentes indiquent qu’il y aurait des récepteurs GLP-1 dans le tissu adipeux (247). Par ailleurs, le GLP-1 pourrait interférer avec les mécanismes physiologiques et cellulaires qui inhibent le stockage de TG au foie dont l’effet net serait une augmentation de l’élimination des acides gras stockés au foie (247). Il s’agit donc d’une autre hypothèse pouvant expliquer des changements au niveau du métabolisme des lipides. Le métabolisme des acides biliaires est étroitement relié à celui du cholestérol puisque l’excrétion d’acides biliaires contribue de façon importante à l’élimination du cholestérol (244). À l’inverse, de façon paradoxale, une histoire de cas rapporte une hypercholestérolémie sévère (cholestérol total à 10,8 mmol/L et LDL à 8,79 mmol/L) 10 mois après une GP, chez un homme de 25 ans, qui serait causée par la restriction calorique

importante. Ces anomalies seraient secondaires à l’insuffisance des apports alimentaires laquelle entraînerait une libération de gouttelettes lipidiques du tissu adipeux. L’augmentation des apports et une reprise de poids a permis la normalisation du bilan lipidique (248). Pour conclure, le changement du métabolisme lipidique suivant la chirurgie bariatrique est polymodale et inclut entre autres la perte de poids et les changements alimentaires (244).

5.2.2 Triglycérides

Le retrait d’une partie du fundus de l’estomac entraîne la perte de la majorité des cellules produisant la ghréline ce qui pourrait améliorer la résistance à l’insuline et entraîner une diminution des TG (242). Lorsque la résistance à l’insuline présente chez une grande proportions d’obèses, s’améliore avec la perte de poids induite par la chirurgie, ce nouvel état entraîne habituellement une diminution des niveaux de VLDL et de TG (242). Les changements dans la sécrétion postprandiale d’insuline et des niveaux d’hormones intestinales après une dérivation de type Roux-en-Y peuvent avoir un effet sur le flux de lipides plasmatiques par des mécanismes lipolytiques (243). En effet, l’insuline a la capacité de supprimer le taux de production endogène d’acides gras non-estérifiés (243). À 3 mois suivant une GP, les TG à jeun sont diminués alors que les VLDL sont inchangés (249). Ni les changements lipidiques à jeun, ni les changements post-prandiaux (après administration d’une quantité standardisée de lipides) ne corrélaient avec le poids perdu (249). Après la charge orale en lipides, l’aire sous la courbe pour les TG contenu dans les résidus de chylomicrons étaient diminuée de façon significative (249). Il s’agit d’une des seules études ayant évalué des paramètres de la cinétique des lipides suivant une chirurgie bariatrique et celle-ci a démontré des changements non seulement des lipides à jeun mais également à l’état postprandial. Sachant que l’altération de la réponse lipidique postprandiale contribue à l’augmentation du risque cardiovasculaire (249), sa normalisation suivant la chirurgie ne peut qu’avoir des effets bénéfiques. Après une chirurgie bariatrique (8 ± 5 mois), l’expression dans le tissu adipeux (sous-cutanée) de l’ARNm (Acide ribonucléique message)

des protéines impliquées dans l’hydrolyse des TG soient la lipase des TG du tissu adipeux (ATGL), la lipase hormono-sensible, le CGI-58 (comparative gene identification 58) et la perilipin sont tous augmentés de façon significative avec la perte de poids (250). L’expression de l’ATGL corrèle inversement avec la concentration plasmatique des TG, l’HbA1c et le glucose. Cette étude (n=19) suggère donc une augmentation de l’expression des gènes lipolytiques dans le tissu adipeux suivant une perte de poids induite par une

chirurgie bariatrique (250). Dans une autre étude, la chirurgie bariatrique (Roux-en-Y et GP) a induit une augmentation de l’ARNm des gènes lipogéniques (acide gras synthase,

sterol regulatory element binding transcripton factor 1, aquaporin 9, PPAR et solute carrier family 27) qui est parallèle à l’augmentation des paramètres inflammatoires (251). Il y avait un effet différentiel entre le tissu adipeux sous-cutané et viscéral. Ces changements étaient renforcés chez ceux ayant eu une dérivation de type Roux-en-Y comparativement à ceux ayant eu une GP (251). La dérivation Roux-en-Y cause une mobilisation rapide des lipides avec diminution des dépôts de lipides du tissu adipeux viscéral et sous-cutané et une augmentation du flux d’acides gras libres au foie (252). Il est à noter que toutes ces études ont un petit nombre de patients et les résultats souffrent de nombreux biais dont des durées variables dans le temps suivant la chirurgie bariatrique pour l’évaluation des paramètres, l’absence de suivi à long terme et une perte de poids variable.