CHAPITRE II : L'artisanat traditionnel comme vecteur de régénération des tissus
II. La ville de Tunis au service de son artisanat
II.1. Présentation de la ville de Tunis :
II.1.2. La médina :
La Médina de Tunis, vieille de 13 siècles, a une superficie totale d’environ 300
Hectares. Le nombre d’habitants est estimé à plus de 100.000 habitants. La Médina de Tunis
est non seulement un témoignage du passé mais aussi un immense quartier en
évolution. Elle est souvent considérée comme l’une des plus belles médinas existantes au
monde. De forme urbaine typique du monde arabe, la conservation de la vieille ville de Tunis
lui a valu d'être inscrite au patrimoine mondial.
Carte 3 : plan de la médina de Tunis, 1887
Source : ENCYCLOPEDIE de L'AFN, Plan Tunis, ville, http://encyclopedie-afn.org
Les anciens remparts ont disparu, seules quelques portes existent encore. Toute la médina
s'organise autour la grande mosquée Ezzitouna, l’ancien grand centre religieux de Tunis. Un
véritable labyrinthe de ruelles tortueuses et étroites, dans un tissu urbain très serré, qui
desservent une multitude de souks et d’artisanats
44.
Dans la médina arabo-musulmane, les souks occupent généralement l’espace central,
c’est-à-dire en juxtaposant la mosquée.
Au sein de la médina de Tunis, les souks constituent un réseau de ruelles couvertes et bordées
de boutiques de commerçants et d’artisans groupés par spécialités
45.
L’artisanat tunisien englobe :
Les tapis : La fabrication des tapis de Kairouan constitue pour la « ville sainte », la
« cité d'Okba », une industrie essentiellement domestique. Ce sont les femmes qui,
dans chaque famille, lavent, filent, et teignent parfois, la laine et tissent le tapis
46.
Les habits : Les costumes traditionnels, complexes et très élaborés, que portent les
Tunisiens, et surtout les Tunisiennes, ne sont pas seulement un étalage purement
esthétique de couleurs éclatantes et de parures magnifiques. Non, depuis toujours, ces
tenues ont pour fonction d'identifier les personnes et d'en indiquer la catégorie sociale,
44 Mohamed Trabelsi. LA MEDINA DE TUNIS: Tourisme, Patrimoine et Gentrification, p35 45 Promenade de Marie-Ange Nardi et Lotfi Bahri dans les souks de Tunis (TV5)
(http://www.cites.tv/TV5Tunis/pop_contenu.php?type=videos&image=&swf=pop48.swf&url=http://213.41.65 .178/akamareal/tv5/tunis/souk_160304.rpm)
46 Institut de Carthage, Tunis. (1896). Revue tunisienne, Volumes 3 à 4, Au Secrétariat général de l'Institut de Carthage, p178-179
Figure 4 : les tapis tunisiens
Source : https://oasien.wordpress.com/2013/04/12/le-tapis-tunisien/
la confession religieuse, l'appartenance à une ville ou à un village rural, parfois même
la profession
47.
Poterie et céramique : Depuis l'Antiquité phénicienne, puis romaine, lampes à huile et
amphores ont donné leurs lettres de noblesse à l'art de la poterie. Mais c'est sous la
domination musulmane que la céramique atteint son apogée
48Figure 6 : poterie et céramique traditionnelles de Tunisie Source : http://www.imagesdetunisie.com/detail/21409-C03_015.html
47 Giovanna Magi; Patrizia Fabbri (2008). Tunisia. Ediz. francese. Paris: Casa Editrice Bonechi, p115 48 Salah Riza (2008). Tunisie, Carnets de route Marcus. Editions Marcus, p39
Figure 5 : costumes traditionnels tunisiens
Mosaïque : La Tunisie possède la plus riche collection de mosaïque antiques du
monde principalement exposée dans les musées tunisiens au premier rang desquels se
trouve le musée national du Bardo. C'est à l'époque romaine et surtout à partir du IIe
siècle que cet art se développe au point qu'on puisse parler d'une véritable école
africaine marquée par la maîtrise de la représentation figurée. Les plaques de
mosaïques sont utilisées pour orner les demeures bourgeoises reprenant les thèmes
voire copiant les plus célèbres fragments connus.
49Figure 7 : la mosaïque tunisienne
Source : https://femmesdetunisie.com/la-mosaique-tout-un-art-en-tunisie/
La dinanderie : La dinanderie ou l’art du cuivre, est un artisanat ayant pour principaux
centres les deux villes de Tunis et Kairouan et qui s’est ensuite répandu petit à petit
dans d’autres villes en Tunisie. La production, répondant à l’origine à une demande
locale, comblant un besoin plus utilitaire que décoratif, offrait grâce à la grande
facilité du façonnage du cuivre, une gamme d’objets de formes et de dimensions très
variables
50.
49 http://tunisart.blogspot.com 50 http://www.tunisie.fr
Figure 8 : l'art de cuivre en Tunisie
Source : http://www.tunisie.fr/lart-du-cuivre-en-tunisie/
Les bijoux : On distingue deux types fondamentaux de bijoux : les bijoux d'or et les
bijoux d'argent. Les femmes porteuses d'argent sont les bédouines, et les femmes
porteuses d'or sont les citadines. L’or est le métal des femmes sédentaires. La forme et
la décoration des bijoux tunisiens correspondent à une symbolique extrêmement
ancienne, sémitique, le plus souvent.
51Figure 9 : bijoux traditionnels tunisiens
Source : http://tunisie.co/article/7220/shopping/artisanat/bijoux-364415
La répartition des souks est conçue en fonction de la valeur de l’activité commerciale, de
l’espace nécessaire à sa pratique et les nuisances liées à leurs activités. Plus elles sont sales et
bruyantes. Plus elles prennent place vers l’extérieur ou à la périphérie des médinas, tout en
s’éloignant de la mosquée. Au centre se concentre le commerce de luxe par exemple «
orfèvres, libraires, parfumeurs, textiles
52… » « La grande mosquée Ezzitouna, qui en
demeure le symbole, reste au centre des principales activités citadines, et conserve, pressés
contre ses murs, les anciens et nouveaux souks des commerçants et artisanats
53».
Figure 10 : les Souks de la médina de Tunis
Source : http://www.tunisiepromo.com/les-souks-de-tunis/
52 Claudie BARON, Souk, édition Flammarion, collection déclinaison d’art de vivre, Paris, 2003, p.12. 53 Jacques REVAULT, Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles), 1980, p.446.
Carte 4 : disposition des différents Souks de la médina de Tunis