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MédiaFrance n’en était pas à son premier

Dans le document 37 : Israël (Page 41-43)

déménagement !

ROSELYNE DÉRY L’espace MédiaFrance de l’Institut français de Tel-Aviv 39

1. Depuis 2003, Tel-Aviv est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en rai- son d’une très forte concentration, au cœur de la ville, de bâtiments de style Bauhaus et International.

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• Fonds thématique sur le Proche-Orient. L’idée est née dans les années 2000, années de la deuxième Intifada, qui ont aussi vu s’alourdir les relations entre la France et Israël. Il est apparu que la médiathèque pourrait, à travers le livre, se faire le relais du domaine d’ex- cellence de la France et offrir un espace privilégié pour le débat d’idée. La constitution de ce fonds a véritablement démarré en juin dernier et fait l’objet d’une attention soutenue de la direction. Il s’agit de présenter, sous tous supports, l’ensem- ble des documents pouvant donner un éclairage pertinent et à vocation informative pour une meilleure connaissance de la région. Ainsi, l’ensemble des disciplines en sciences sociales et humaines, mais aussi en littérature et en art est représenté. Par exemple, le fonds littérature intègre des ouvrages d’auteurs arabes traduits en français ou bien le fonds DVD présente une collection de films de fiction ou documentaires réalisés en co-production franco- palestinienne ou franco-israélienne. Les collections peuvent tout à fait intégrer des ouvrages de langue anglaise, en langue originale ou traduite en français du moment qu’ils intéressent le sujet. Une discipline a dû être créée, intitulée « Diasporas » afin d’intégrer l’ensemble des ouvrages traitant de la diaspora juive – le judaïsme en France – ou de la diaspora palestinienne.

Cette initiative particulièrement bien accueillie par le public ne va pas sans poser certains problèmes. En particulier, en raison des contraintes d'espace, la mise en place de ce fonds a entraîné la révision des collections de sciences sociales et humaines : par exemple, il n’était plus question de présenter, en histoire, des collections couvrant l’ensemble de l’histoire de France, ou bien de proposer, en philosophie, l’ensemble de la pensée française.

La politique d’acquisition adoptée est de présenter l’ac- tualité de la pensée française, tous domaines confondus – excepté celui de la littérature – et de pratiquer une rotation rapide des titres.

Ceci nous amène à comprendre la vocation de l’espace MédiaFrance, amorcée déjà quelques années auparavant avec la mise en place en 1998 du cycle de rencontres « Espace pour un dialogue » qui, deux ans durant, avait mis en présence des

personnalités israéliennes et françaises autour de thémati- ques communes, rencontres qui avaient fait l’objet d’un relais en amont et en aval dans les médias israéliens.

Avec l’ouverture d’un nouvel Institut dans un bâtiment acheté par l’État français, illustration d’une forte volonté de chercher à renforcer les relations culturelles entre les deux pays, il est clair plus que jamais que l’espace MédiaFrance, vitrine centrale de l’Institut, jouera un rôle déterminant dans l’inscription de la France dans le paysage tel-avivien : un espace privilégié dédié au débat d’idée.

Une deuxième vocation, née d’une coopération engagée très tôt avec le ministère israélien de l’Éducation et son Centre de formations des bibliothécaires, tend à faire de l’espace MédiaFrance un centre d’expertise en matière de bibliothéco- nomie à la française destiné en particulier aux professionnels israéliens ayant à gérer des fonds en langue française. Depuis quatre ans, l’espace MédiaFrance initie, en coopération avec le Centre de formation cité plus haut, un séminaire israélien-euro- péen où se sont greffés d’autres centres culturels européens, comme le Goethe Institut, l’Institut Cervantes et l’Institut ita- lien. Ce séminaire annuel présente devant plus de 5 000 pro- fessionnels israéliens les avancées européennes autour d’une thématique choisie. En 2007, pour illustrer le thème de « la place de la médiathèque dans la cité », l’Institut français a choisi d’inviter Alain Patez, directeur de la Bibliothèque numérique pour le handicap de Boulogne-Billancourt. Depuis, un travail de coopération s’est engagé avec, en particulier, le Haut commis- sariat pour le handicap du ministère israélien de la Justice et la Bibliothèque nationale d’Israël afin d'intégrer d’Israël au sein d’Europeana, en sa partie destinée au handicap.

Il faut insister, pour conclure, sur les difficultés inhérentes au maintien d’un centre culturel français, d’une médiathèque française dans un paysage israélien, et plus encore tel-avivien, saturé de propositions culturelles extrêmement diverses et le plus souvent de qualité. Le public israélien est très exigeant en général, et en particulier vis-à-vis de la France, à laquelle il accorde, en dépit de l’influence évidente de la culture améri- caine au quotidien, une grande richesse et un savoir faire en matière culturelle.

D’où l’enjeu vital que le nouvel Institut français, doté en son cœur de son espace MédiaFrance, représente pour le maintien et le renforcement d’une présence française de qua- lité dans ce pays.

Institut français de Tel-Aviv

7, boulevard Rothschild – 66881 Tel-Aviv – Israël

r.dery@ambafrance-il.org www.ambafrance-il.org

Espace MédiaFrance, Institut français de Tel-Aviv.

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DOSSIER

Si la plus grande partie de la littérature israélienne voit le

jour en hébreu, elle s’exprime également dans d’autres lan- gues. Il existe ainsi bon nombre d’ouvrages publiés dans les deux autres langues du pays, l’arabe et l’anglais, ou encore dans diverses langues maternelles, telles le russe, le français, le polonais ou le yiddish.

La littérature hébraïque est née à la fin du XIXe s., dans le

cadre du processus de laïcisation des communautés juives en Europe centrale et orientale et du projet sioniste qui passait notamment par la rénovation de la langue hébraïque. Dans les toutes premières décennies du XXe s., son centre s’est déplacé

en Palestine et, avec la création de l’État d’Israël, celui-ci est devenu le lieu par excellence de la création littéraire hébraïque.

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UCOLLECTIFÀL

INDIVIDU

Au lendemain de la guerre des Six Jours, il apparaît nettement que les conceptions idéologiques qui prévalaient jusque-là et défendaient l’idéal sioniste-socialiste ne résistent pas à l’expan- sion rapide de la nouvelle société. Le collectif fait place à l’indi- vidu, le héros est remplacé par l’anti-héros d’une autre réalité.

Peu à peu, les prosateurs et les poè- tes substituent aux sujets nationa- listes et socialistes des thèmes indi- vidualistes et existentiels : l’amour, le désir, le sexe, la mort, la quête de l’identité personnelle, le non-sens de la vie et l’absurdité de la guerre. Au premier rang des romanciers de cette génération figurent Amos Oz, Avraham B. Yehoshua, Yoram Kaniuk, Yeoshua Kenaz et Yaakov Shabtaï. Tout en expérimentant de nouvelles formes narratives et des styles divers incluant le réalisme psychologique, l’allégorie et le

symbolisme, ils n’hésitent pas à remettre en cause les réalités politico-sociales d’Israël. Par ailleurs, de nouveaux thèmes sont abordés : le village arabe chez Anton Shammas, écrivain arabe- chrétien d’expression hébraïque ; une société décadente pré- sentée par le biais du fantastique avec Yitzhak Orpaz ; la place des nouveaux immigrants juifs originaires de pays arabes dans la société israélienne par Sami Mikhaël.

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ASHOAHETL

INDIVIDU

D’autres écrivains accèdent également à la reconnaissance internationale, tels David Shahar, David Grossman, Meïr Shalev, Aharon Appelfeld. Tous considèrent la littérature comme un moyen d’accéder à sa propre individualité. La shoah est abor- dée sous de nouveaux modes d’expression où la distanciation est de rigueur. La langue poétique d’Aharon Appelfeld dépeint des personnages « délocalisés », dans le temps et dans l’es-

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