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Le mâle africain, objet sexuel de la femme occidentale

SEXE, GENRE ET SOCIETES

RACE, SEXUALITE ET VICTIMISATION

1. L’IMAGE DE LA FEMME FATALE DANS WHY ARE WE SO BLEST ?

1.1. Le mâle africain, objet sexuel de la femme occidentale

De tous les romans d’Armah, Why Are We So Blest ?, est sans doute le plus fécond et le plus significatif en ce qui concerne les rapports interraciaux. En effet, dans ce roman tous les personnages de race blanche affichent des idées contraires à celles de la thèse développée par le narrateur : ils sont dans des positions allégoriques qui pour la plupart ne souffrent d’aucune ambiguïté. Il n’y a qu’à citer quelques exemples pour s’en convaincre. Ainsi, le professeur Jefferson et M. Oppenhardt sont perçus au premier abord comme des personnages d’un certain humanisme : ils semblent bien prendre soin de Modin, jeune africain boursier de l’Université de Harvard. Mais, en fin de compte, c’est une image moins flatteuse qu’Armah évoque à travers eux, car il les fait percevoir comme les maillons du système éducatif occidental présenté comme un arsenal répressif et aliénant pour l’Africain. Dans une certaine mesure, ils sont directement perçus comme étant responsables de la situation chaotique du jeune doctorant africain. De même, le rôle attribué au jeune personnage de Mike que le narrateur surnomme « Mike the Fascist », ne souffre d’aucune ambiguïté. A travers sa voix, Armah semble condamner une certaine société occidentale qui célèbre son autosatisfaction, sa suffisance alors que, selon Modin, sa responsabilité historique dans le drame que vivent les Indiens d’Amérique ou même les Africains manquant d’un minimum vital, est évidente.

Ce n’est donc pas un hasard si Mike explique à Modin de façon fastidieuse son statut de demi-dieu en se référant à un mythe grec : « In the Greek tradition, you’d be a crossover. One of those who rise from the plain to live on Olympus. A hero. Part man, part god. Therefore more interesting than either » (WAWSB ?, p. 101). C’est dans cette logique qu’il lui demande de se satisfaire de sa situation de « privilégié » en Amérique et d’oublier les problèmes de sa communauté d’origine. ll apparaît clairement dans le texte que cette perception des Etats-Unis en tant que paradis terrestre, pays « élu » de Dieu est prétentieuse et indéfendable. En outre, les idées que les personnages américains défendent sont en général choquantes et blessantes. Et pourtant, très tôt ce dernier réalise qu’il devra s’accommoder de ce registre.

Dans cette perspective, les rapports entre Modin et M. Oppenhardt sont révélateurs. Ce dernier présente Modin comme un Africain dont les qualités intellectuelles le placent au-dessus des autres Africains : « You talk as if all Africans were as intelligent as you » (WAWSB, p. 128) déclare-t-il. Cette affirmation n’est que la confirmation des idées à connotation raciste que le narrateur lui fait défendre et ceci depuis leur première rencontre. Il avait notamment affirmé à propos de Modin :

All your confidential reports say you are a most unusually intelligent African – the most intelligent, as a matter of fact … It’s because of your unusual intelligence that you are here … Don’t ever apologize for that. You have earned everything you’ve got. I hope you’ll continue to earn even more, by recognizing the special intelligence that has set you apart, and never hesitate to use it. (WAWSB, p. 120)

En vantant ainsi les qualités supérieures de Modin, on lui fait jeter par contraste un discrédit regrettable sur tout un continent à l’image de ce que Hegel avait fait en son temps en affirmant que « le pouvoir de l’esprit était si faible » chez les Africains144. A ce niveau peut-on déjà affirmer que l’auteur est raciste quand on sait que ces rôles narratifs sont implicitement attribués à ces personnages par lui? Malgré ce choix qui reste largement discutable, Armah ne semble pas a priori s’en prendre à l’homme blanc en tant que tel mais au fonctionnement de la société occidentale dont ses personnages noirs apparaissent comme des victimes. Avant de répondre à cette question, peut-être faudrait-il explorer d’autres aspects du rôle narratif de ces personnages, notamment la manière dont l’auteur représente les rapports entre la femme blanche et l’homme noir ?

En effet, au-delà du problème racial en général, la représentation des rapports entre la femme blanche et l’homme noir est saisissante dans l’œuvre d’Armah, notamment dans Why Are We So Blest ? L’attraction qu’elle exerce de façon « naturelle » sur l’homme noir est soulignée de façon ostentatoire par Armah. Cependant elle est dépeinte sans attrait ni poésie et s’avère surtout mutilante pour les personnages africains qui font leurs études dans les pays occidentaux. Les portraits physiques des personnages féminins américains paraissent à cet effet révélateurs. Ainsi dès leur première rencontre, Solo le narrateur omniscient de Why

Are So Blest ? décrit-il Aimée la compagne américaine de Modin comme suit :

144

Friedrich Hegel, La Raison dans l’histoire : introduction à la philosophie de l’histoire (Paris, U.G.E 10/18, 1965), p. 266.

She was big in a tall, bony way. In the bureau she had moved as if control were something alien to her nature, and her behaviour, her words and her gestures as she talked – all gave a strong impression of a destructive wildness, of a lack of self-control. She seemed the kind of person It would be impossible to share a small space with. Wide, endless expanses, dotted with lifeless things, hard and unbreakable – that would have been the perfect environment for her. (WAWSB, p. 62)

Cette description sans aucune concession faite afin de rendre ce personnage antipathique n’est pas différente de celle qu’il fait de la maîtresse européenne de Jorge Manuel, le directeur de l’U.P.C (United People of Congheria), une sorte de gouvernement en exil d’un pays maghrébin (sans doute l’Algérie) engagé dans un combat de libération :

And the cadaverous white haired woman, Manuel’s hidden mistress – what is her species of the same white ancient hatred of Africa, taking rotten form in her white decayed body? What is she doing if not taking care to kill the possibility itself of anything good being born in Africa. (WAWSB, p. 229)

La laideur physique avec laquelle la plupart des personnages féminins occidentaux sont dépeints reste une constante de l’œuvre d’Armah. En effet, aussi bien dans Why Are We So Blest? que dans les œuvres qui suivent, aucun de ces personnages n’échappe à cette caricature. Il y a toujours quelque chose de moins ou de trop sur eux ou en eux. La peinture des personnages européens dans Osiris

Rising et dans Two Thousand Seasons peut corroborer cette observation. Dans la

dernière œuvre citée, on voit par exemple comment Armah tourne en dérision le prince Bentum que les Anglais ont rebaptisé Bradford Georges après un long séjour en Angleterre. Armah le présente complètement en déphasage avec la culture africaine. Mais, ce qui rend sa situation plus dramatique, semble dire Armah, c’est le fait que les Européens lui aient donné une femme Blanche qui n’a aucun attrait. Le narrateur commente :

In this the white men did their victim the most grievous injury, for they chose for his companionship a creature more than twenty seasons past the poor prince’s age, a dry, white woman more than half dead, blind in one eye, with a body so dead it was whispered she never could feel her husband enter her and would not know what to with him in any case (TTS, p. 91)

A l’évidence, les portraits physiques presque caricaturaux de ces personnages ne sont pas faits par hasard. En effet, ils nous préparent à l’analyse des faits et gestes des personnages féminins européens et sont donc intimement liés à leurs

portraits psychologiques et moraux. Ainsi au plan sentimental, il apparaît que l’attraction de la femme blanche pour l’homme noir n’est pas le fruit d’un véritable amour mais plutôt le signe d’une exploitation sexuelle aux conséquences dramatiques. Cette idée se vérifie principalement dans les relations entre Modin et les femmes américaines dans Why Are We So Blest ? En effet, fuyant la solitude, le jeune doctorant africain croit pouvoir trouver un réconfort dans les bras de Mme Jefferson, une femme dont le mari est impuissant. Cette idylle entre les deux amants est présentée par Armah au mépris de tout code moral (qu’il soit européen ou africain). Ainsi, c’est Mme Jefferson qui rend visite à Modin et prend l’initiative de leurs premières relations sexuelles qui, du reste, ne sont précédées d’aucune déclaration d’amour de la part de ce dernier :

She came toward me. I thought she was giving me a goodbye kiss but she did not go. “Hold me,” she said.

I kissed her back. She pressed her body hard against me. “Lock the door, please, Modin.”

I did that, and pulled the window shade. “What is happening? I asked her.

“You are exasperating. Can’t you see? Didn’t you know all this time?’’ (WAWSB, p. 130)

N’eût été le consentement instantané de celui-ci, cette scène s’interpréterait aisément comme une tentative de viol, ce qui serait un renversement des tendances entre les genres masculin et féminin dans la mesure où ce sont les femmes qui en sont souvent victimes. En fait, ici comme dans tout le roman, la narration vise clairement à montrer l’instinct prédateur de Sandra Jefferson et de la femme blanche en général. Ainsi conformément à cette attitude “immorale’’ qui, comme le montre l’exemple ci-dessus, consiste à donner l’initiative à la femme, Armah dépeint une scène dans laquelle Modin et Sandra Jefferson poussent l’audace jusqu’à s’adonner à des attouchements libidinaux à bord d’un véhicule conduit par M. Jefferson, l’époux légitime de Sandra (Why Are We So Blest?, pp. 132 -133)

Dans cette idylle, le narrateur ne semble d’ailleurs pas se préoccuper a priori du problème moral, par exemple le fait que Modin accepte d’entretenir de façon régulière des relations sexuelles avec une femme qu’il sait pourtant être mariée et dont le mari se montre de surcroît « bienveillant » à son égard. En effet, dans cette relation adultérine, il semble que l’auteur n’a pas l’intention de sanctionner Modin à cause de son attitude immorale. Au contraire, tout le roman démontre que l’attitude

du personnage s’explique par le climat social américain qu’il dépeint comme une situation insupportable aussi bien pour lui-même que pour tous ceux qui se réclament d’une civilisation autre que celle de l’Occident. Ce faisant, c’est son statut de victime qui est mis en exergue. A ce propos, son carnet de notes, qui fait de lui un narrateur au même titre que Solo et Aimée, fait apparaître son point de vue comme étant celui d’une victime sans défense. Cette victimisation trouve son aboutissement avec son attaque par M. Jefferson au cours d’une soirée où celui-ci le surprend en pleine copulation avec son épouse.

La scène de leur accouplement qui est rapportée par Modin lui-même, comporte les signes prémonitoires d’une fin catastrophique :

The only light remaining came from the stereo player…Besides us, only one couple was left dancing. I wanted to go out.

“Let’s wait till the moon goes out completely,” Mrs. Jefferson said.

We went out when there was no moon, no light … Mrs. Jefferson held my hand and ran with me to a part of her garden I had not seen before. The grass there was thick. There was a high hedge that curved at the top, making a kind of covering. She lay down. When I sat by her she pulled me directly on top of her. I kissed her. (WAWSB, p. 155)

Comme indiqué dans ce passage, Modin et Mme Jefferson ont attendu la disparition totale de la lune avant de s’isoler. La description de leurs ébats tend à montrer que les sentiments n’ont nullement leur place dans la relation qu’ils entrétiennent ; leur motivation est purement érotique. C’est d’ailleurs dans la logique de l’inversion de ce code romantique que Modin va être sauvagement attaqué au moment de leur copulation par M. Jefferson, le mari cocufié. En effet, ce dernier que sa femme pensait être fatigué au point où il ne pouvait s’hasarder dans leur jardin à cette heure-là, les surprit et poignarda violemment à plusieurs reprises Modin qui ne dût son salut d’abord qu’à l’intervention des autres couples présents à la soirée puis à celle des médecins de l’hôpital universitaire. Comme Modin l’écrira dans son carnet, cette attaque n’a pas laissé uniquement des traces physiques mais également des séquelles psychiques :

When I woke up I found bandages on my neck, head, chest and abdomen. My abdomen hurts most. Besides me there is a bottle and a connecting lead, plastic, which ends inside my elbow joint, underneath a piece of tape, into me. The tape irritates my skin. I want to tear it out, but every motion requires an enormous effort. The pen is heavy … For me now, things happening again in retrospect happen slowly. Not the single events themselves – they do not take so long. But whatever I see again gets immediately connected to events in the past, to speculation about the future, so that what took a minute happening now spends fifteen passing through my mind. (WAWSB, pp. 153-154)

Cette scène confirme dans la logique interne du roman l’omniprésence du binôme de la proie (Modin) et du prédateur (Sandra ou l’Occident). Doit-on cependant percevoir cette souffrance atroce comme une peine expiatrice ou Modin comme une victime innocente ? Cette question nous semble fondamentale dans la mesure où elle permet de voir comment Modin se perçoit comme l’instrument de l’Autre dans cette aventure avec Sandra Jefferson. En effet, son attitude montre qu’il a complètement perdu son statut de sujet désirant pour ne devenir que l’objet du désir de cette femme. Ce faisant, il n’a pu décliner aucune des propositions « indécentes » de celle-ci. Dans cette relation perverse, Mme Jefferson est dépeinte comme une femme qui se sert de Modin pour satisfaire son instinct sexuel. Leur relation n’a donc de sens que si elle est perçue comme une exploitation sexuelle dont Modin serait victime. Après la traite négrière et l’esclavage, le roman semble suggérer que le Noir est encore au cœur d’une autre forme d’exploitation ou de domination dont il a du mal à se défaire.

Mais ce qui est frappant dans la manière dont Modin se représente dans cette exploitation sexuelle (on ne doit pas perdre de vue son double statut de personnage et de narrateur autobiographique145), c’est qu’il semble lui aussi être l’esclave de ses propres désirs. En effet, ainsi que le montre Xénophon à travers Euthydème, on pourrait dire que Modin ne se comporte pas comme un homme libre dans ses relations avec la femme occidentale :

« Dis-moi, crois-tu que la liberté soit un bien noble et magnifique, qu’il s’agisse d’un particulier ou d’un Etat ? – C’est le plus beau qu’il soit possible d’avoir, répondit Euthydème. – Mais celui qui se laisse dominer par les plaisirs du corps et qui, par la suite, est dans l’impuissance de pratiquer le bien, le tiens-tu pour un homme libre ? – Pas du tout, dit-il. »146

Quoique Foucault insiste sur le fait que son « histoire de la sexualité » est celle du monde occidental, on peut dire que la maîtrise du désir tel que le laisse transparaître L’Usage des plaisirs comporte quelques aspects universels. Comme on pourra ultérieurement le constater dans Why Are We So Blest ?, il y a effectivement

145

Selon René Rivara, « le narrateur autobiographique est une personne fictive, et l’accès à la vie intérieur d’autrui lui est interdit. Il a seulement le pouvoir de nous raconter ce dont il se souvient de sa vie passée », La Langue du récit : Introduction à la narratologie énonciative (Paris : L’Harmattan, 2000), p. 185.

146

Xénophon, Mémorables, IV, 5, 2-3, cité par Michel Foucault dans Histoire de la sexualité (Tome 2) : L’Usage des plaisirs (Paris : Gallimard, 1984), p. 91.

un lien entre la maîtrise du désir et la liberté. Aussi l’ambiguïté du personnage de Modin se révèle-t-elle dans son discours qui est à la fois un discours de dénonciation des multiples formes de l’impérialisme, du néocolonialisme et un discours autocritique qui révèle son impuissance face à la femme blanche, subsidiairement face à l’Occident.

Cependant, avec cet épisode, qui n’est que périphérique à l’histoire centrale de Modin et d’Aimée, commence dans cette œuvre une exposition de l’impuissance sexuelle de l’Amérique blanche : les hommes (à l’image de M. Jefferson) sont impuissants et les femmes sont frigides ou insatiables. Le Noir, représenté allégoriquement dans le récit par Modin et Solo, dont la puissance sexuelle passe pour un mythe est dépeint comme un mâle dont l’action se résume essentiellement à administrer une sorte de soin palliatif pour redonner un sens à la vie sentimentale et sexuelle de la femme américaine. Et ceci au risque de sa vie. En effet, il y a dans

Why Are We So Blest ? une association inéluctable de l’activité sexuelle et du mal.

Ce faisant, l’amour entre l’homme noir et la femme blanche apparaît comme un interdit qu’aucun des personnages africains d’Armah n’a pu braver sans subir ses conséquences fâcheuses.

En réalité, dans la vision de Modin (et peut-être aussi dans celle d’Armah), l’amour véritable est impossible entre Blancs et Noirs. Naita, la secrétaire africaine-américaine qu’il rencontre pendant les premiers mois de son séjour américain est le personnage par qui cette vérité va apparaître en premier lieu dans le roman : « There is nothing like friendship possible between us and them. You get involved with them you are just dumb, that’s all. They’ll mess you up » (WAWSB, p.123) avertit-elle. On pourra noter l’opposition radicale entre « nous » et « eux » qui marque l’impossible symbiose entre le monde des Blancs et ceux des Noirs. D’autres personnages africains-américains confirmeront cette perception des relations interraciales, notamment entre la femme blanche et l’homme noir en affirmant à Modin que sa compagne américaine, Aimée, causera sa perte. C’est une appréhension qui va malheureusement se vérifier par la suite dans la mesure où l’allégorie sexuelle qui fait de la femme blanche une prédatrice redoutable et du mâle noir une proie facile va se revérifier.

Il est difficile de dire avec exactitude si Modin est naïf ou s’il a voulu vérifier tous les clichés des rapports interraciaux que lui ont été rapportés par d’autres personnages (comme Naita par exemple) qui les vivent au quotidien. Il semble, en

effet, qu’il n’ait pas pris conscience des difficultés qui entourent ces relations. En effet, à peine ses déboires avec les Jefferson terminés, il se lance dans une autre aventure avec Aimée, une doctorante américaine qu’il rencontre dans un laboratoire de psychologie. De prime abord, la différence entre les deux doctorants n’est pas que raciale, elle est aussi sociale. Ainsi pendant que Modin participe aux expériences du laboratoire pour arrondir ses fins de mois, Aimée, issue d’une famille appartenant à la bourgeoisie, ne s’y rendait que pour avoir des sensations :

“Why did you refuse the money?’’ I asked her. “What money?”

“In the psycho lab.”

“I only went for the experience,” she said. “What experience? There is only pain.” “I wanted to feel.’’

I was surprised at her stopping there. “Feel what? I asked her. “Anything. Just to feel.’’

(WAWSB, pp. 176 - 177)

Cette conversation qui semble anodine dans le texte est pourtant révélatrice. Elle montre qu’Aimée manque de réactivité (puisque nous sommes dans le domaine de l’expérience), ce qui est ici symptomatique d’une vie sentimentale sèche et catastrophique. En effet, à la différence de Mme Jefferson, elle est frigide. De l’Amérique en Afrique, elle a multiplié les partenaires (notamment africains) à la