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Les lymphocytes hépatiques

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IV. Les Cellules Génétiquement Modifiées exprimant un gène de toxicité conditionnelle

V.3. Les lymphocytes hépatiques

Lors de la transplantation hépatique, le greffon est systématiquement réinfecté par le VHC, la charge virale excédant même celle avant la greffe du fait de l’immunosuppression indispensable à la prise de greffe. Des stratégies thérapeutiques sont donc urgemment nécessaires pour empêcher cette réinfection. Une approche originale d’immunothérapie a été mise en œuvre lors d’une étude de phase I réalisée sur sept patients VHC positifs (Ohira et al., 2009). Des lymphocytes issus du greffon hépatique ont été récupérés par perfusion du foie lors de la transplantation, activés durant trois jours par de l’IL-2 en présence d’anticorps CD3 (1µg/ml), puis injectés au patient trois jours après la greffe (Figure 31). Sept patients VHC-positifs transplantés ont été administrés avec des lymphocytes du greffon activés in vitro (entre 2.108 et 5.108 cellules par individu). Une diminution de la charge virale a été observée chez quatre

patients traités, dont deux avec une négativation, persistante pour l’un deux (ARN viral absent dans le sérum du patient 20 mois après l’immunothérapie), indiquant la guérison de l’infection chronique. La charge virale de l’autre patient, indétectable après la transplantation, est devenue à nouveau détectable deux mois plus tard. La diminution de la charge virale est d’autant plus importante et persistante que la charge virale pré-greffe est faible. En effet, les trois patients non-répondeurs à l’immunothérapie sont ceux dont la charge virale était la plus élevée avant greffe. Or, lorsque les lymphocytes activés sont injectés au patient, trois jours après la greffe, le greffon est déjà réinfecté. Une administration plus précoce de cellules activées, pendant la transplantation, pourrait donc améliorer l’efficacité thérapeutique d’une telle approche de thérapie cellulaire. L’effet anti-viral des lymphocytes hépatiques activés est dû à une production importante d’IFN-γ par les cellules T, NK et T NK-like.

A partir de sang périphérique de donneurs sains, le même groupe a par la suite tenté d’optimiser leur stratégie de thérapie cellulaire du CHC et de la réinfection du greffon hépatique lors de la transplantation (Doskali et al., 2011). Pour ce faire, des CMN issues de donneurs de sang sain ont été isolées, activées par l’anticorps CD3 et cultivées en présence d’IL-2 pendant 28 jours. Ces cellules, dénommées « LAK » pour « Lymphokine-Activated Killer cells », ont ensuite été testées in vitro pour leur propriétés

Figure 31 : Stratégie d’immunothérapie adoptive de l’infection par le VHC lors de la transplantation hépatique par l’utilisation des lymphocytes du greffon. (Ohira et al., 2009)

Avant la greffe hépatique, les lymphocytes du greffon sont extraits par perfusion et stimulés pendant 3 jours avec de l’IL-2. L’anticorps OKT3 a été ajouté à une dose immunosuppressive pour les cellules T (1µg/ml) deux jours après l’initiation de la culture. Les lymphocytes hépatiques activés ont été administrés au patient trois jours après la greffe par voie intraveineuse.

anti-virales et anti-tumorales. Par rapport aux CMN, les LAK sont hautement cytotoxiques vis-à-vis d’une lignée cellulaire de CHC, notamment grâce à une importante expression membranaire de TNF-related apoptosis-inducing ligand (TRAIL). Par ailleurs, elles produisent de grandes quantités d’IFN-γ qui sont responsables d’une activité anti-virale importante envers des cellules exprimant un réplicon VHC. Cette activité est renforcée lorsque les cellules sont à nouveau mises en présence de l’anticorps CD3 vingt-quatre heures avant le test d’activité anti-virale (Doskali et al., 2011).

Objectifs du travail

de thèse

Du fait de la sévérité du CHC et de l’infection par le VHC, de l’efficacité modérée des traitements actuels et du nombre de patients en constante augmentation, le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques représente un enjeu crucial. En effet, la transplantation hépatique est le traitement de choix du CHC, mais elle se limite d’une part par une pénurie d’organes, et d’autre part par la réinfection extrêmement rapide et systématique du greffon par le VHC chez les patients chroniquement infectés par le virus. Mon travail de thèse a consisté en le développement d’une approche d’immunothérapie du CHC et de l’infection par le VHC. Parallèlement, j’ai contribué à un autre projet d’immunothérapie de l’infection par le VHC, à savoir la validation in vivo d’un anticorps monoclonal ciblant un facteur d’entrée du virus.

L’alloréactivité est décrite comme un outil très puissant d’immunothérapie anti- tumorale, notamment pour le traitement d’hémopathies malignes. Les LGM sont utilisés en clinique depuis plus de 15 ans, leur efficacité et leur innocuité ayant été démontrées dans le cadre des greffes de cellules souches hématopoïétiques. De leur côté, les cellules CIK, utilisées en situation autologue, ont une importante activité anti-tumorale chez des patients atteints de CHC en combinaison avec les traitements actuels, et ont également une activité anti-virale vis-à-vis du VHB.

Notre premier objectif est d’apporter la preuve de concept selon laquelle les LGM, produit de thérapie cellulaire déjà existant, pourraient être utilisés d’une part comme traitement adjuvant du CHC, possiblement en association avec les traitements actuels, et d’autre part pour la prévention de la réinfection du greffon par le VHC lors de la transplantation hépatique. L’étude menée en ce sens est présentée dans la première partie du manuscrit.

L’entrée constitue une étape clé dans le cycle viral du VHC et fait intervenir différents récepteurs à la surface des hépatocytes, qui sont des cibles thérapeutiques potentielles. La protéine des jonctions serrées CLDN1 est un facteur clé dans le processus d’entrée du VHC dans les cellules cibles. Un anticorps monoclonal dirigé contre CLDN1 (clone OM-7D3-B3) a été produit au laboratoire, et il a été montré qu’il prévient l’infection par le virus in vitro.

Notre second objectif est d’étudier l’effet de l’anticorps monoclonal dirigé

contre CLDN-1 (clone OM-7D3-B3) in vivo dans le modèle Alb-uPA+/+/SCID,

modèle murin humanisé pouvant soutenir une infection chronique par le VHC. L’anticorps est testé en prévention de l’infection VHC, et son innocuité vis-à-vis des hépatocytes humains vérifiée. Cette étude fait l’objet de la seconde partie du manuscrit.

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