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Chapitre II : L’ascochytose des légumineuses alimentaires

II- 2-6-2 La lutte chimique

Le recours aux produits phytosanitaires fongicides dans la lutte contre l’ascochytose des légumineuses repose principalement sur deux types d’application : le traitement de semences et les traitements fongicides foliaires.

a.Traitement de semences

Comme il a été déjà signalé en haut, les semences infectées des légumineuses jouent un rôle primordial dans la transmission de l’ascochytose. Conséquemment, le traitement des semences est une pratique importante contre l’initiation et le développement de la maladie.

De nombreux fongicides ont été mis au point pour lutter contre les agents pathogènes séminicole et telluriques. Les premiers fongicides commercialisés comme traitement de semences étaient principalement des composés à base de cuivre et de mercure, néanmoins ceux à base de mercure ont été rapidement abandonnés et désormais sont interdits dans la plupart des pays (Ogle, 1997).

Bretag & al. (2006), rapportent que ces fongicides ont été utilisés principalement pour lutter contre les agents pathogènes du sol responsables des fontes de semis et contre certaines maladies transmises par les semences, notamment l'ascochytose. Les mêmes auteurs relatent aussi que ces fongicides étaient spécialement efficaces contre les champignons de surface et des téguments externes ainsi que les agents pathogènes entourant les semences après plantation. En revanche ces traitements se sont avérés inactifs lorsque l’infection fongique était confinée plus profondément à l’intérieur des cotylédons.

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Pour remplacer les composés organo-mercurique, d'autres composés inorganiques et organiques moins toxiques et à forte et large activité fongicide ont été développés. Certains de ces fongicides tels que le Captane et le Thirame ont été largement utilisés comme traitement de semences.

Bien qu'ils ne puissent généralement pas pénétrer profondément dans la graine et ne contrôlent pas les infections profondes, ces deux produits ont montré une grande efficacité lorsque l’infection des graines de pois se limite aux enveloppes externes de la graine (Ali & al., 1982 ; Xue, 2000). Maude et al. (1986b), ont démontré que ces produits étaient davantage efficaces et avec une meilleures pénétration lorsqu’ils sont appliqués sous forme de bouillies, on y trempant les semences, plutôt que sous forme de poudres sèches.

Des essais réalisés par Demirci et al. (2003), ont montré un taux de réduction des niveaux d’inoculum des semences de pois chiche avoisinant les 90% suite à un traitement au Carbendazime ou au Chlorothalonil. Wise et al. (2011) constatent également une sensibilité in-vitro et sur champ de D. rabiei au Prothioconazole et au Thiabendazole. Des essais consacrés à l’effet de cinq fongicides, à savoir le Chlorothalonil, l’Azoxystrobine, la Pyraclostrobine, le Mancozèbe et le Boscalide, sur l’ascochytose du pois chiche ont montré des résultats très concluants où la gravité de la maladie était réduite à 25% après avoir frôlé les 99% dans des lots de semences non traités (Banniza &

al., 2011).

D’autres études consacrées au groupe des Benzimidazoles, en particulier le Bénomyl et le Thiabendazole, ont révélé qu’une application en mélange de ces deux fongicides donne des résultats intéressants comme traitement de semences de pois chiche, en revanche, ils se sont montrés moins efficaces lorsqu’ils sont appliqués séparément (Kaiser & Hannan, 1988). Par ailleurs, ces deux fongicides semblent être les plus efficaces pour anéantir l’ascochytose transmises par les semences et sont par conséquent largement utilisé (Maude & al., 1986a).

b.Fongicides foliaires

L’ensemble des chercheurs s’accordent que l’ascochytose des légumineuses peut être contrôlée efficacement par des pulvérisations foliaires de fongicides. Les premiers essais sur champ citent des fongicides inorganiques à large spectre tels que la bouillie bordelaise et l'oxychlorure de cuivre comme produits efficaces contre la maladie, néanmoins leur efficacité reste très limitée dans le temps, d’où la nécessité d’applications répétitives (Bretag & al., 2006).

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Plus tard, des fongicides organiques à large spectre ont été testés et ont donné des résultats intéressants dans la lutte contre l’ascochytose du pois, c’est le cas surtout du Thirame, du Chlorothalonil (Warkentin & al., 2000), du Mancozeb et du Top© dont la formulation associe l’Azoxystrobine et le Difenoconazole (Amin & Melkamu, 2014). Bien que la période de protection ne soit pas la même pour tous ces produits, leur activité est relativement longue comparativement aux produits organiques et présentent à la fois des propriétés préventives et curatives lorsqu'ils sont appliqués sur le feuillage des cultures.

Courant les trois dernières décennies, Les dithiocarbamates ont pris une grande place dans la lutte contre l’ascochytose des légumineuses. Cependant, un grand nombre de produits de ce groupe étaient particulièrement efficaces. Toutefois, les produits de ce groupe présentaient deux inconvénients majeurs. D’une part leur activité protectrice se limitait au site d’application ou de contact, d’où la nécessité de l’uniformité de pulvérisation sur tout le feuillage, d’autre part, ces produits ne protégeaient les cultures que pour une période relativement courte et des applications répétées étaient alors nécessaires pour lutter contre la maladie durant toute la saison de culture (Bretag & al., 2006 ; Armstrong-Cho & al., 2008).

Dans des essais in-vitro consacrés à la sensibilité de 324 isolats de D. pinodes à la Pyraclostrobine, fongicide de la famille des Strobilurines, Bowness et al. (2016), ont constaté que des doses allant de 0,03 à 0,29 mg litre-1 étaient suffisantes pour réduire la croissance mycélienne de 50%, alors qu’il suffisait que 0.008 à 0.041mg litre-1 pour inhiber de moitié la germination des conidies.

Des fongicides systémiques ont été également utilisés pour lutter contre l’ascochytose, c’est le cas surtout des fongicides du groupe des Benzimidazoles tels le Bénomyl, le Carbendazime et le Thiabendazole. En plus de leur action préventive et curative, ces produit ont l’avantage d’avoir une activité plus ou moins longue, ce qui réduit le nombre de rappel de traitement (Bretag, 1985 ; Warkentin & al., 1996). Outre l’efficacité des fongicides du groupe des Benzimidazoles comme traitement de semences, Liu et al. (2016), signalent également leur efficacité comme traitement foliaire dans une étude incluant cinq fongicides de ce groupe à savoir le Tridemorph, le Difenoconazole, le Prochloraz, le Tebuconazole et le Propiconazole.

Par ailleurs, Davidson et Kimber (2007), rapportent que les pulvérisations foliaires du Chlorothalonil sont généralement efficaces lorsqu'elles sont appliquées tôt au début de la floraison ou au début de la formation des gousses chez des cultivars de féverole, de lentilles et de pois chiches partiellement résistants. A cet effet, le

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Chlorothalonil reste le fongicide le plus utilisé dans la lutte chimique contre l'ascochytose des différentes cultures légumineuses étant donné qu’il joue le rôle le plus efficace dans la réduction des épidémies (Chongo & al., 2003 ; Gan & al., 2006 ; McMurray & al., 2006 ; Shtienberg & al., 2006 ; McMurray & al., 2011 ; Gossen & al., 2014).

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