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Chapitre II : L’ascochytose des légumineuses alimentaires

II- 2-2 Ascochytose de la fève

La fève est susceptible d’être attaquée par différents agents pathogène, néanmoins, l’ascochytose est considérée comme l’une des maladies les plus importantes économiquement (Stoddard & al., 2010 ; Redden & al., 2014). Il s’agit d’une maladie foliaire induite par un champignon nécrotrophe dit Ascochyta fabae Spegazzini. (anamorphe) (synonyme Ascochyta fabae f. sp. fabae Gossen B.D., Sheard J.W., Beauchamp C.J., & Morrall R.A.A.), téléomorphe Didymella fabae Jellis & Punithalingam (Jellis & Punithalingam, 1991 ; Torres, 2006). Vu la grande ressemblance entre A. fabae et A. lentis, certains chercheurs considèrent les deux champignons comme une seule espèce avec deux formes spécialisées et le nom de A. fabae f. sp. fabae Gossen & al. lui a été proposé (Gossen & al., 1986 ; Ye, 2002).

Initialement, le champignon n’était connu que sous sa forme imparfaite ou asexuée (anamorphe), il a été signalé pour la première fois en Argentine par Spegazzini en 1899. La forme parfaite ou sexuée (téléomorphe) a été décrite pour la première fois au Royaume-Uni par Jellis et Punithalingam (1991) en l’isolant des restes d’une culture de fève et l’identifiant comme Didymella fabae. D. fabae Jellis & Punith. a ensuite été signalé en Australie (Jellis & al., 1998), en Syrie (Bayaa & Kabbabeh, 2000), en Espagne (Rubiales & Trapero-Casas, 2002) et en Tunisie (Omri Benyoussef & al., 2012). Comme toutes les

Ascochyta spp. A. fabae se reproduit de façon asexuée via des pycnidiospores (pycniospores)

produites dans des pycnides (Figure 12), les pycniospores sont hyalines, droites parfois légèrement incurvées et chacune porte un seul septum (Tivoli & Banniza, 2007). Quant à la reproduction sexuée, A. fabae est hétérothallique avec deux mating types et dont la reproduction est assurée à travers des asccospores (Kaiser & al., 1997 ; Barve & al., 2003 ; Peever & al., 2007 ; Ozkilinc & al., 2015).

Figure 12 : (A) Représentation schématique de A. fabae, (A1) pycnidium, (A2) partie de la paroi

pycnidiale, cellules conidiogènes et pycniospores. Punithalingam & Holliday, in Snowdon (2010). (B) pycniospores de A. fabae. Bar = 20µm. Chilvers & al. (2009).

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La maladie est très répandue sous les climats de type méditerranéen ou océanique doux, en particulier sur les cultures d’hiver. Au printemps elle se propage rapidement avant même que la plante ne commence à fleurir (Ahmed & al. 2016). En Europe, en Asie et en Afrique du Nord, l’ascochytose peut conduire à des pertes de rendement de l’ordre de 35 à 40%, avec des cultivars sensibles et sous des conditions climatiques favorables, les pertes peuvent atteindre 90% (Sillero & al., 2001 ; Avila, 2004 ; Kharrat & al., 2006 ; Sillero & al., 2010 ; Sillero & al., 2012).

Les symptômes concernent tous les organes aériens de la plante. Ils se manifestent sous forme de lésions nécrotiques qui apparaissent sur les feuilles, âgées surtout, sur les tiges et sur les gousses. Les lésions sur feuilles sont généralement circulaires, brun foncé et mesurent en moyenne 1 mm de diamètre. Après, elles deviennent plus grosses et légèrement enfoncées, avec un centre allant du brun pâle au gris foncé et entourées d'une large marge sombre de couleur chocolat, ce qui peut parfois entraîner une confusion avec des lésions de la tache chocolat, maladie causée par Botrytis

fabae Sardina (Madeira & al., 1993 ; Elzbieta, 1997 ; Rhaïem & al., 2002). Lorsque les

taches s'agrandissent, leur forme devient plus irrégulière et se fusionnent pour couvrir de plus grandes surfaces de la feuille. Des pycnides noires se développent alors au sein des lésions, en particulier à mesure que les feuilles vieillissent. Les pycnides peuvent varier en abondance et sont souvent disposées en cercles concentriques. Sur les tiges, les lésions sont généralement plus petites au début de l'infection, mais elles s’allongent le long de la tige et s’enfoncent plus profondément que sur feuilles (Muehlbauer & Chen, 2007 ; Ozkilinc & al., 2015). Elles sont généralement plus sombres que celles des feuilles et contiennent des pycnides dispersées. Lorsque les lésions sont profondément enfoncées, les tiges des plantes peuvent se casser (Jellis & al., 1998 ; Kohpina & al., 1999). Sur gousses, des lésions peuvent se produire et se développer à la surface et s’enfoncent après avec une production abondante de pycnides en condition humides et les graines sont alors infectées (Snowdon, 2010).

A. fabae est un pathogène séminicole, d’où le déclanchement de l’infection au

niveau des parties basales des plantes. A cet effet, la gravité de la maladie selon Tivoli et Banniza (2007), est généralement très élevée dans les parties inférieures des plantes que dans les parties les plus hautes. Maurin et Tivoli (1992) font la distinction de trois phases dans le cycle épidémique de l’ascochytose de la fève (Figure 13) :

 L'initiation de la maladie qui se caractérise par l'apparition de quelques lésions sur les plantules, le champignon se transmet alors de plante en plante et l'incidence de la maladie augmente rapidement surtout si l’établissement des cultures en hiver coïncide

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avec un temps froid et humide ; conditions généralement favorables au développement du pathogène sur les plantules à croissance lente.

 La phase suivante d'infection des plantes débute souvent à la fin de l'hiver, où les plantes se développent plus rapidement. Les lésions, initialement limitées au feuillage, se développent sur les tiges et se propagent au sommet de la plante. L'épidémie peut être réduite lorsque les conditions climatiques, les précipitations surtout, ne sont pas propices à la propagation alors que la croissance des plantes est plus rapide. Par conséquent, les plantes peuvent échapper temporairement aux attaques car leur croissance devient plus rapide que la progression du pathogène. Au cours de cette seconde phase épidémique, la propagation du champignon et l’incidence de la maladie dépendent fortement de la pluviométrie et de la pression de l'inoculum, conséquence de l'infection initiale.

 La troisième phase est une phase d'infection des gousses, le pathogène infecte les gousses qui se développent sur les nœuds infectés. La dispersion des conidies par éclaboussures pendant la pluie (effet splash) facilite la contamination des gousses les plus basses. Cette phase a lieu lorsque la croissance de la plante ralentit après le stade de floraison, ainsi que pendant l’initiation et le remplissage des gousses. À ce stade de croissance de la plante, même une légère pression de la maladie peut causer de graves dommages, car l’infection des gousses provoque l’infection des graines.

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