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1. A NALYSE DES DONNÉES PAR INDICATEURS

1.6 Reconnaissance des institutions fournissant des prestations de réduction des risques par leur réseau

1.5.3 Les locaux d’injections

• Les professionnels interrogés, que pensent-ils des locaux d’injections ?

L’ensemble des professionnels est unanime pour dire que cette prestation est indispensable. Selon l’intervenant de St-Martin, il arrive que des membres de son équipe apprennent que des consommateurs s’injectent leurs produits dans des appartements insalubres : un peu comme dans une sorte de « local d’injections sauvage ». Selon lui, il manque un échelon dans la politique vaudoise en matière de dépendance. Le local d’injections permettrait que Lausanne possède tout le dispositif.

Avoir un local d’injection permet, tout d’abord, d’avoir un regard sur les pratiques de consommations. Selon M. C d’ACT, certaines personnes, au bout de 15 ans de consommation, ne savent pas, par exemple, qu’il ne faut pas s’injecter un produit dans le sens du cerveau. Il faudrait également éviter le cou, parce que c’est une zone à risques énormes, etc.

Les chiffres montrent que ce dispositif permet également de réduire les risques sanitaires, d’amener une stabilisation des situations et de créer un lien social.

Selon M. D de la LVT, qu’on le veuille ou non, les usagers existent et le local leur permet d’avoir une certaine dignité. Certains consommateurs actifs s’injectent leurs produits dans les toilettes publiques et il leur arrive de prendre l’eau des toilettes pour pouvoir faire leur « mixe » ! Ils s’injectent leur produit dans la rue, à la gare et personne ne les remarque. Au moins, dans ces centres, ils existent.

De plus, les usagers fréquentant ces centres sont tenus de respecter certaines règles. Et c’est peut-être les seules fois où ils répondent à des exigences que la société leur pose.

Cependant, à Vevey et en Valais, il n’y aura pas de locaux d’injection, parce que le nombre qui pourrait y recourir est très faible et ce ne serait pas rentable.

« Je n’ai pas de problème moral avec ça, sachant pertinemment que ce n’est pas ces lieux-là qui incitent les gens à consommer. »

Mme B de Quai9

• Selon eux, le local d’injections est-il bien accepté ?

Dans le canton de Vaud, l’avis des usagers est très partagé. Certains disent que

« c’est une ineptie parce qu’on pousse les gens à rester là-dedans. » Et puis, d’autres pensent que c’est une bonne chose. L’intervenant d’ACT estime que c’est à peu près ¾ - ¼. Les ¾ des usagers disent que c’est une bonne chose. « Quand moi j’étais toxicomane injecteur, j’aurai bien voulu avoir un lieu comme ça. Personne vous voit vous injecter, ça fait moins honte. » « Je me serais peut-être retrouvé tout seul dans une cage d’escaliers, parce que mes potes se cassent quand je fais une OD. » « J’aurai peut-être agressé une personne pour lui prendre son sac. » Et puis, le ¼ dit : « Oui, mais en même temps, ça m’aurait peut-être maintenu plus longtemps dans l’injection. » Mais quand on leur demande : « C’est vrai ça ? », ils ne sont plus aussi sûrs que ça. Quant aux usagers fréquentant Quai9, en général, ils trouvent cela bien. Mais, il y aura toujours des personnes qui n’aimeront pas s’y rendre, parce qu’ils trouvent ce lieu violent, stressant et préfèreront se retrouver dans des lieux plus discrets. En Valais, selon M. D de la LVT, les usagers n’en parlent pas.

En ce qui concerne le réseau dans le canton de Vaud, l’avis est également partagé.

Certains pensent que le local d’injections ne réglera pas tout et qu’il y aura toujours des personnes qui iront s’injecter ailleurs. Afin de permettre le débat, le GREA (Groupe Romand d’Etudes des Addictions) a mis sur pied une plate-forme de réflexions, où différents points de vues sont abordés. Cependant, à Genève, le local d’injection est bien accepté par l’ensemble du réseau (même la police). Il est d’ailleurs reconnu comme étant d’utilité publique et jouit d’une réelle reconnaissance.

Par contre, si nous prenons le réseau plus large, il n’a pas encore bien compris le concept de réduction des risques. Quant à la population valaisanne, elle est soulagée que le débat au sujet du local d’injection se passe dans le canton de Vaud.

Selon M. D de la LVT, il y aurait beaucoup de difficultés pour qu’un tel projet puisse voir le jour en Valais, car la toxicomanie est très cachée :

« Certaines personnes, quand ils me demandent où je travaille, et que je leur répond : à la Ligue valaisanne contre les toxicomanies, ils me disent : Oh, mais il y

en a ? »

Dans le canton de Vaud, comme nous l’avons vu précédemment, la population a refusé un tel lieu. Selon l’intervenant de St-Martin, l’une des raisons principales de ce refus, c’est que celle-ci a été très mal informée par les campagnes de presse.

« Pour bien connaître un problème, il faut rentrer dedans. »

Et pour terminer, à Genève, cela fait depuis 2001 que Quai9 s’est établi et, actuellement, il est accepté par le voisinage. Mais, il y aura toujours des personnes qui ne comprendront pas le travail qui est effectué dans cette structure et qui la critiqueront de manière très virulente.

« Je ne parle pas de mon travail à n’importe qui parce que je sais que ça va susciter des réactions pas indifférentes ! ». Mme N

Pour ce qui est de la population prise dans un sens plus large, il existe une grande confusion entre les prestations du PEPS, le programme méthadone et le Quai9.

L’équipe doit, par exemple, en permanence réexpliquer qu’il ne distribue pas de produits. Le concept de réduction des risques n’est, encore, pas du tout bien compris par la population.

En résumé :

L’ensemble des intervenants est unanime pour dire que le local d’injection est indispensable. Il permet d’ :

• Avoir un regard sur les pratiques de consommations

• De réduire les risques d’un point de vue sanitaire

• De stabiliser la situation de la personne toxicodépendante

• De créer un lien social

De permettre à la personne toxicomane de recouvrir une certaine dignité. Dans les centres, ils existent.

L’avis des usagers concernant le local d’injection semble, selon l’avis des intervenants, mitigé.

Certains disent que c’est une bonne chose. D’autres pensent que cela les aurait maintenus plus longtemps dans l’injection et d’autres encore ne veulent pas s’y rendre, parce qu’ils trouvent ce lieu stressant et violent. Ils préfèrent se rendre dans un lieu plus discret.

Dans le canton de Vaud, l’avis du réseau est également partagé. Certains pensent qu’il y aura toujours des gens qui iront s’injecter leurs produits ailleurs. A Genève, Quai9 est bien accepté par son réseau et est reconnu d’utilité publique. Cependant, en Valais, il serait beaucoup plus difficile qu’un tel projet voit le jour.

Et, dans le canton de Vaud, la population a refusé en 2007 la construction d’un tel lieu. Cependant, à Genève, le voisinage a accepté Quai9. Toutefois, il y aura toujours des personnes qui ne comprendront pas le travail effectué dans ce centre et qui le critiqueront de manière très virulente.