I. Introduction
II.1 Technologies avancées pour la fabrication de nanostructures
II.1.1 Lithographie classique
proche... 39
II.1.3 Techniques « atypiques » pour la nanofabrication... 39
II.2 Microscope en champ proche : outil topographique et de nanofabrication... 41
II.2.1 Les SPMs comme outils d’imagerie topographique... 41
II.2.1.1 Imagerie avec un STM ... 41
II.2.1.2 Topographie à l’aide d’un AFM... 42
II.2.2 Les SPMs comme outils de nanofabrication ... 44
II.2.2.1 Lithographie par insolation électronique... 45
II.2.2.2 Techniques lithographiques par oxydation ... 46
II.2.2.3 Techniques lithographiques par dépôt local... 48
II.2.2.4 Gravure et indentation... 48
II.2.2.5 Manipulation d’atomes ou de molécules... 49
II.2.2.6 Lithographie « Dip-pen » ... 49
II.2.2.7 Conclusions sur les techniques de fabrication en champ proche ... 50
II.3 Nanostructures de silicium fabriquées par oxydation locale à l’aide d’un AFM sur
silicium sur isolant : principe... 51
II.3.1 Substrats de silicium sur isolant ... 51
II.3.1.1 Le SOI UNIBOND
TMpar SmartCut
TM... 52
II.3.1.2 Dopage et amincissement localisé des substrats SOI... 53
II.3.2 Lithographie AFM sur SOI ... 56
II.3.3 Gravure... 61
II.4 Fabrication de nanostructures de Si par AFM : étapes et paramètres de notre procédé
………...65
II.4.1 Nettoyage et passivation... 65
II.4.2 Lithographie AFM... 66
II.4.3 Gravure TMAH ... 67
II.5 Conclusion pour la nanofabrication ... 69
II.6 Bibliographie... 71
II Nanofabrication de nanostructures de silicium à l’aide
d’un microscope à force atomique
La taille d’un nano-objet détermine de façon cruciale ses propriétés physiques
intrinsèques. De même, la distance vis-à-vis d’un contact détermine son couplage à
l’environnement. Par conséquent, l’un des aspects les plus importants des dispositifs
nanométriques est la capacité de les fabriquer d’une manière reproductible, tout en contrôlant
leurs tailles et leur positionnement.
Dans le cadre de la nanofabrication l’étape critique est la lithographie. Le mot
lithographie vient du grec et signifie littéralement « écriture dans la pierre ». Dans la
technologie des semiconducteurs, la lithographie est l’étape de fabrication pendant laquelle
sont définies les dimensions latérales d’un niveau structurel, la dimension verticale étant
contrôlée par les étapes de dépôt et/ou gravure. Dans ce contexte, la lithographie par
microscopie en champ proche est une technique particulièrement appropriée, car il s’agit d’un
procédé de nanofabrication facile à mettre en œuvre, peu coûteux et très flexible, qui de plus
s’affranchit de limitations physiques présentes dans les techniques concurrentes.
Dans ce chapitre nous présentons un état de l’art des techniques de lithographie
avancées en donnant quelques détails sur les lithographies par rayonnement ultraviolet, par
rayonnement X, par faisceau d’électrons (« e-beam ») ou d’ions, la nano-impression
(« nanoimprint ») et la lithographie par microscopie en champ proche. Les avantages et les
inconvénients de chaque technique seront détaillés et comparés avec cette dernière.
Nous présenterons par la suite un rapide panorama des différentes variantes de
lithographie par microscopie en champ proche. Nous argumenterons notre choix de fabriquer
les nanostructures par oxydation locale à l’aide d’un microscope à force atomique (AFM).
Finalement, nous présenterons l’ensemble de notre procédé de fabrication qui implique
notamment des substrats silicium sur isolant (SOI) que nous utilisons et nous donnerons les
détails (les principes et les paramètres) du procédé, suivis de quelques exemples de
nanostructures réalisées.
II.1 Technologies avancées pour la fabrication de
nanostructures
II.1.1 Lithographie classique
La lithographie est l’étape de définition d’un motif latéral sur un substrat. Typiquement,
un système de lithographie classique est composé de trois parties principales : une source de
radiation, le substrat à lithographier, le plus souvent couvert de résine, et un système optique
qui permet la projection d’une radiation sur les zones à insoler (cf. Figure 1). Le motif ainsi
défini sur la résine peut être ensuite révélé puis transféré sur le substrat pendant une étape de
gravure ou de lift-off. Le rôle de la résine est de protéger les parties couvertes du substrat
pendant cette dernière étape.
(b) (c)
(a)
Source de
radiation
Système optique
Substrat
Figure 1 : Schéma du procédé de lithographie par projection avec une résine positive [1].
Le système lithographique contient trois parties importantes : une source de radiation, un
système optique de contrôle de l’illumination et un substrat couvert de résine (a). Les
propriétés chimiques de la résine insolée sont changées par la radiation (b). Pendant le
développement, la résine insolée est dissoute (c).
Une vision d’ensemble des différentes techniques de lithographie se trouve dans la
Figure 2. Le point de départ pour la lithographie est le motif à réaliser sur le substrat, qui est
fourni généralement par un fichier informatique transféré soit sur un support matériel
(masque), soit guidant une sonde ponctuelle.
Le système de contrôle peut être constitué par un masque et, dans ce cas, il s’agit de
lithographie en mode contact, de proximité ou de projection, suivant la distance entre le
masque et le substrat. Le masque possède des zones transparentes à la radiation utilisée et des
zones opaques. Le matériau des masques dépend de la radiation utilisée. Ces types de
lithographie permettent la fabrication de plusieurs motifs en même temps : la fabrication se
fait en parallèle.
La lithographie peut également se faire sans masque, par écriture directe sur la résine
(c’est le cas pour l’e-beam, par exemple). Pour ce type de lithographie, l’inconvénient
principal est que chaque motif doit être dessiné indépendamment (lithographie en série) ;
ainsi il faut beaucoup de temps pour réaliser les motifs sur une plaquette entière.
Figure 2 : Vision d’ensemble sur les différentes techniques de lithographie [1]. Toutes les
lithographies ont comme point de départ un fichier informatique soit transféré sur un
support matériel (masque), soit permettant de guider une sonde ponctuelle. Dans le premier
cas, l’insolation à travers le masque permet la fabrication des plusieurs motifs en parallèle.
Quand le motif est directement dessiné par une sonde ponctuelle, le transfert se fait motif
par motif (technique série). Ce type de lithographie est plus long.
Concentrons nous maintenant sur les sources d’insolation. L’évolution des techniques de
lithographie a été motivée par le besoin de fabriquer des motifs plus petits pour augmenter la
densité et la rapidité des circuits intégrés de silicium dans la microélectronique. Ainsi, l’un
des paramètres majeurs qualifiant un type de lithographie concerne la résolution. La
résolution est la largeur du motif le plus petit qui peut être réalisé par la technique. La
distance entre les plus proches motifs sur le masque, qui sont transférables (résolus) sur un
substrat est un paramètre tout aussi important.
Pour toutes les lithographies réalisées par l’intermédiaire de la composante propagatrice
d’une onde traversant un masque, la résolution est limitée par le phénomène de diffraction au
bords des motifs sur le masque. La résolution est donnée par le critère de Rayleigh. La plus
petite distance entre deux motifs pour qu’ils soient résolus est
NA
k ⋅ λ
1
, avec k
1une constante
dépendante du système optique, λ la longueur d’onde de la source utilisée et NA l’ouverture
numérique du système optique. L’augmentation de la résolution est obtenue en minimisant
cette distance. Ainsi, afin d’obtenir des structures nanométriques, il faut diminuer la longueur
d’onde de la radiation utilisée. Ceci explique l’évolution des techniques lithographiques vers
des radiations ayant une longueur d’onde de plus en plus faible. Suivant la radiation utilisée et
sa longueur d’onde, il y a plusieurs types de lithographie :
• lithographie en lumière visible (400nm – 700nm) ;
• lithographie en ultraviolet (365nm – 436nm) ;
• lithographie en ultraviolet profond (deep UV ou DUV, 157nm – 250nm) ;
• lithographie en ultraviolet extrême (extreme UV ou EUV, 11nm – 14nm) ;
• lithographie par rayonnement X (< 10nm) ;
• lithographie par faisceau d’électrons, e-beam (écriture directe) ;
• lithographie par faisceau d’ions (écriture directe).
En termes de longueur d’onde et, donc, de résolution, les sources les plus intéressantes
pour fabriquer des structures plus petites que 100nm, sont celles de l’extrême ultraviolet, du
rayonnement X, d’électrons ou d’ions. Les principaux inconvénients pour ces techniques sont
énoncés dans le Tableau 1.
Radiation Inconvénients
Extrême
ultraviolet
(EUV)
λ ~ 10nm
L’absorption de la lumière dans ces courtes longueurs d’onde est très forte,
donc les lentilles habituelles (et les masques) doivent être remplacées par des
systèmes optiques en réflexion (des miroirs multicouches). Cependant ces
miroirs doivent être de haute qualité et leur fabrication n’est pour le moment
pas maîtrisée à l’échelle industrielle.
Rayonnement X
λ ~ 1nm
Les longueurs d’onde correspondant au rayonnement X sont tellement faibles
qu’il est impossible de réaliser les chemins optiques que ce soit en réflexion
ou en réfraction. La préparation des masques est par ailleurs très délicate [1].
Faisceau
d’électrons
Les principaux inconvénients sont les effets de proximité liés à la
rétro-diffusion des électrons et l’endommagement du substrat à cause des électrons
très énergétiques. Plus de détails seront donnés par la suite.
Faisceau d’ions
La lithographie peut se faire par faisceau d’ions à travers un masque ou en
écriture directe (« focused ion beam », FIB), avec moins d’effets de proximité
que pour le faisceau d’électrons mais la technique est pour l’instant peu
développée par rapport à la lithographie par faisceau d’électrons.
Tableau 1 : Principaux inconvénients des techniques classiques de lithographie capables de
fabriquer des structures de dimensions plus petites que 100nm.
La plus développée de toutes ces techniques est la lithographie par faisceau d’électrons,
appelée également « e-beam lithography » (EBL). Pour ce type de lithographie, l’écriture se
fait à l’aide d’un faisceau d’électrons, générés soit par émission thermoïonique soit par
émission de champ. Des lentilles appropriées (électrostatiques et magnétiques) permettent la
focalisation du faisceau d’électrons jusqu’à 1nm de diamètre. Deux approches sont possibles :
l’écriture directe de la résine à l’aide des électrons ou la lithographie de projection de masque.
Pour la lithographie par e-beam, la résine utilisée doit être sensible aux électrons.
La faible longueur d’onde des électrons (négligeable devant la taille du faisceau) permet
d’atteindre de très bonnes résolutions ; ainsi il est possible d’obtenir des structures de l’ordre
de 10 – 20nm après le transfert de masque. En termes de résolution, un autre facteur est à
prendre en compte pour la lithographie par faisceau d’électrons : les interactions des électrons
avec la matière. Des électrons accélérés sont envoyés dans la résine. Avant de perdre
complètement leur énergie, ils subissent une diffusion vers l’avant (« forward-scattering ») et
vers l’arrière (« back-scattering »). Le résultat est que l’on passe d’un spot fin d’électrons,
typiquement de 1nm de diamètre, à une « poire de diffusion » beaucoup plus élargie en
largeur et en profondeur (cf. Figure 3). Ainsi, la partie exposée de la résine est plus grande
que la taille du faisceau incident à cause des électrons rétro-diffusés, induisant une irradiation
partielle. Ce phénomène donne lieu à des effets de proximité. Pour des traits voisins, ce
phénomène implique une sur-insolation par rapport à un trait isolé. Afin de réduire cet effet
on peut introduire des corrections de doses, mais ceci induit quand même une limitation sur la
résolution de cette technique. On peut palier à ce problème en travaillant avec des électrons
encore plus rapides (>50keV), dont la poire de rétro-difussion s’affine [2].
x (µm)
2 1 0 1 2 3 2 1 1 2 3
0
0
1
2
3
4
z (µm)
(a) 10 kV (b) 20 kV
Figure 3 : Simulations de type Monte-Carlo, des trajectoires électroniques dans la résine
(PMMA) et dans le silicium pour un faisceau accéléré à 10keV (a) et 20keV (b) [1]. Les
électrons sont diffusés dans la résine et dans le silicium jusqu’à la perte totale de leur
énergie. Les motifs s’élargissent à cause des électrons rétro-diffusés dans la résine et qui
insolent plus que le faisceau incident.
Du point de vue industriel, l’inconvénient majeur de la lithographie par faisceau
d’électrons est le temps pris pour dessiner la structure car il s’agit d’une écriture « en série »
des motifs par le pinceau d’électrons les uns après les autres. Actuellement ce type de
lithographie est utilisé pour la fabrication des masques ou pour des applications particulières
en recherche et en développement.
II.1.2 Techniques de lithographie en champ lointain versus
Dans le document
Effet de champ et blocage de Coulomb dans des nanostructures de silicium élaborées par microscopie à force atomique
(Page 40-46)