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CHAPITRE I : MISE EN CONTEXTE

1.4 LES LIPIDES DANS LA FONCTION DE LA REPRODUCTION

1.4.1 Les lipides dans l‟alimentation animale

Les lipides sont ajoutés dans la ration des vaches laitières pour améliorer la production et ce, en raison des propriétés caloriques et des fonctions sur le métabolisme qui leur sont associées (Jenkins, 1994). En effet, certains lipides peuvent accomplir un rôle essentiel dans le métabolisme car ils régulent et intègrent la plupart des voies métaboliques (Moran

et al., 2012).

La première période post-partum est la phase la plus critique du niveau d‟énergie des vaches laitières. Ainsi, la recherche a mis en évidence que la supplémentation en lipides dans la ration peut avoir un effet concret indépendant du statut d'énergie de la vache (Staples et al., 1998). En tentant d'améliorer le bilan énergétique, la supplémentation en matières grasses augmente la teneur en énergie alimentaire laquelle stimule la production de lait et donc la perte d'énergie, entraînant finalement des AGNE encore plus élevés, la production dacide bêta-hydroxibutirique et une plus petite concentration en glucose et en insuline (Leroy et al., 2008).

En effet, les lipides peuvent influencer positivement le statut reproducteur de la vache laitière sur : la croissance de la taille du follicule ovulatoire, le nombre de follicules ovariens, l‟augmentation de la durée de vie du corpus luteum (corps jaune) et l‟amélioration de la fertilité (Staples et al., 1998; Mattos et al., 2000; Leroy et al., 2008; Santos et al., 2008). Cependant, plusieurs études ont aussi permis d‟observer des réponses antagonistes des vaches sur la production des embryons et ovocytes en raison de la supplémentation en lipides (Leroy et al., 2008). Les lipides peuvent aussi avoir des effets directs sur la transcription des gènes qui codent des protéines essentielles pour la reproduction (Mattos et

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Les mécanismes par lesquels la supplémentation de certains lipides dans la diète améliore la performance de la reproduction n'ont pas été élucidés. Cependant, Staples et al. (1998) ont proposé plusieurs hypothèses :

1) L‟amélioration du statut d‟énergie négatif peut mener à un retour rapide à l‟œstrus

post-partum et donc, à une fertilité améliorée.

2) L‟augmentation de stéroïdogenèse favorise l‟amélioration de la fertilité.

3) La manipulation d'insuline peut stimuler le développement de follicule ovarien. 4) Une stimulation ou une inhibition de la production et la libération de PGF2α, peut

influencer la persistance du corps jaune.

1.4.1.1 Effet des lipides dans l’alimentation sur la fonction ovarienne et les ovocytes

Les lipides supplémentés dans la diète des vaches peuvent influencer la fonction ovarienne par l‟intermédiaire de l‟activité des prostaglandines. Les prostaglandines sont un type de composé bioactif qui peut avoir une action sur la fonction de la reproduction. Par exemple, la PGF2α est un médiateur important du processus de la parturition chez certaines espèces et cause la régression du corps jaune qui mène à l'initiation d'un nouveau cycle œstral (Staples

et al., 1998; Mattos et al., 2000). Santos et al. (2008) et Staples et al. (1998) ont déterminé

que peu importe la source d‟AGPI dans la diète des vaches, ils peuvent influencer la libération de PGF2α. Ainsi, certains lipides réduisent la production de PGF2α dans l‟endomètre de l‟utérus de la vache, ce qui peut retarder l'achèvement de la lutéolyse et pourrait améliorer la fertilité en stabilisant la grossesse et en réduisant les pertes embryonnaires (Mattos et al., 2000; Leroy et al., 2008).

Mattos et al. (2000) ont vu dans plusieurs études que l'alimentation supplémentée en lipides change aussi la dynamique de croissance du follicule ovarien et cet effet est indépendant du statut énergétique. Lucy et al. (1991) ont démontré que la supplémentation en AG à longue chaîne peut provoquer l‟augmentation du nombre et la taille des follicules pré-ovulatoires,

73 probablement par l'induction de la concentration de cholestérol dans le plasma et le liquide folliculaire (Leroy et al., 2008). Ils ont observé un accroissement de la taille folliculaire passant de petits follicules (3 à 5 mm de diamètre) vers des follicules de taille moyenne (6 à 9 mm).

De façon similaire, d‟autres études ont démontré l‟effet des AGPI (soit oméga-3 ou oméga- 6) sur la fonction des ovaires avec des résultats variables. Thomas et al. (1997) et Robinson

et al. (2002) ont aussi démontré que le nombre et le diamètre du follicule changent

conséquemment à une alimentation riche en ALA (oméga-3) ou LA (oméga-6). Ils ont observé que le nombre de follicules de taille moyenne (5 à 10 mm) s‟accroît avec des diètes riches avec LA en comparaison avec des diètes contrôles. Néanmoins, Ponter et al. (2006) ont étudié que la supplémentation de diètes riches en LA augmente aussi le nombre de petits follicules en comparaison avec ALA, mais n‟ont pas observé de différences sur le nombre de follicules de taille moyenne. De récentes études, Fouladi-Nashta et al. (2007) et Zachut et al. (2010), ont démontré que des diètes avec une basse concentration de lipides augmentent le nombre de follicules de petite et moyenne taille, alors que Zachut et al. (2010) ont observé au contraire, qu„une diète riche en LA augmente le nombre de gros follicules. Zachut et al. (2010) ont conclu que l‟effet des AGPI sur la dynamique folliculaire est dépendant de la concentration des AGPI dans la diète des vaches, de la durée de la supplémentation ou de ces deux facteurs combinés.

La supplémentation en AGPI dans les diètes peut aussi affecter la compétence des ovocytes, mais les résultats sont divergents selon les espèces. Zeron et al. (2002) ont observé une plus grande proportion d‟ovocytes avec une meilleure qualité morphologique (grade 1) chez les brebis qui ont été nourries avec une diète riche en huile de poisson (oméga 3). Néanmoins, Wakefield et al. (2008) ont observé que la supplémentation en ALA réduit la qualité morphologique et la compétence des ovocytes chez les souris. Chez les vaches laitières, Bilby et al. (2006) n‟ont pas trouvé de différences sur la qualité des ovocytes entre les vaches qui ont reçu des diètes riches en LA (71 grammes/jour/vache) et celles qui ont reçu des diètes riches en ALA (140 grammes/jour/vache). Cependant,

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Fouladi-Nashta et al. (2007) et Zachut et al. (2010) ont observé une plus faible proportion d‟ovocytes de grade 2 et 1 respectivement avec une diète riche en gras (LA : 260 gr/jour/vache) en comparaison à la diète faible en gras.

Comme conséquence de la variation de la qualité des ovocytes par la supplémentation en AGPI, le taux de clivage est aussi affecté. Fouladi-Nashta et al. (2007) ont déterminé un faible taux de clivage bien qu‟ils aient trouvé des ovocytes de meilleure morphologie chez les vaches nourries avec une basse concentration de gras. Cependant, Zachut et al. (2010) ont étudié que le taux de clivage augmente avec des diètes riches en ALA, mais ces résultats n‟ont pas été obtenus par Bilby et al. (2006). Ces derniers n‟ont pas observé d‟effets sur le taux de clivage, car les AG n‟ont pas été prélevés dans le liquide folliculaire, mais plutôt dans le lait produit.

1.4.1.2 Effet des lipides dans l’alimentation sur les embryons

Bien que l‟effet divergent du contenu de gras dans l‟alimentation sur la qualité des ovocytes ait été démontré, peu d‟indices sont actuellement disponibles dans la littérature scientifique sur la qualité et le développement des embryons chez la vache laitière. Thangavelu et al. (2007) n‟ont pas observé d‟effets de l‟ajout des AGMI ou des AGPI dans les diètes des vaches sur le taux de fécondation et sur le nombre d‟embryons. Cependant, Fouladi-Natasha et al. (2007) et Thangavelu et al. (2007) ont déterminé que l‟augmentation du nombre de cellules des blastocystes en expansion et un meilleur taux de qualité des blastocystes ont été observés grâce à l‟ajout des AGPI dans la diète des vaches.

Par contre, une étude subséquente a démontré l‟effet négatif des AGPI sur la fécondation et la qualité des embryons. Petit et al. (2008) ont démontré que l‟ajout d‟ALA dans la diète des vaches diminue le taux de fécondation et la qualité des embryons en augmentant le taux de fragmentation cellulaire. Ils ont corrélé ce résultat avec la quantité d‟AG à longue chaîne ainsi que le nombre de doubles liaisons dans les AG. En revanche, une étude récente a

75 démontré l‟effet positif des AGPI à l‟instar de ces autres études. En effet, Cerri et al. (2009) ont démontré des effets positifs sur la proportion d‟embryons avec une qualité supérieure et aussi sur le nombre de blastomères par embryon de vaches qui ont reçu une diète riche en AGPI.

Santos et al. (2008) et Cerri et al. (2009) ont conclu que les variations entre les résultats obtenus dans la littérature seraient dues à la difficulté d‟estimer la doses exacte d‟AGPI, car il y a digestion dans le rumen et aussi, parce que la réponse du traitement n‟est pas bien évaluée. En effet, certaines études indiquent que les embryons se sont développés dans d‟autres conditions, in vitro en l‟occurrence, donc ne représentent pas les vraies conditions

in vivo. Cependant, ils ont aussi conclu que l‟ajout des AGPI a donné plusieurs évidences

qui démontrent l‟effet positif sur la qualité des embryons, mais cela devrait être confirmé dans l‟avenir.