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Les limites de la reconnaissance vocale

CHAPITRE 1 REVUE DE LA LITTÉRATURE

1.3 La reconnaissance vocale

1.3.3 Les limites de la reconnaissance vocale

Même si la reconnaissance vocale possède de nombreux avantages pour le prélèvement de produits, il existe néanmoins des risques et des limites à son utilisation, Govaere (2009). Il est important de se poser les bonnes questions avant son implantation pour que le projet ne soit pas un échec. Dans cette partie, nous parlerons tout d’abord des risques associés à la reconnaissance vocale pour le prélèvement de produits. Nous verrons également les mesures de prévention pour minimiser ces risques. Par la suite, nous présenterons les points qui requièrent une attention particulière lors de la décision d’implantation. Enfin, nous terminerons cette troisième section, en abordant les erreurs les plus courantes qui peuvent mener à un échec.

Benguigui (2003) se pose cette question : comment la reconnaissance vocale, qui est fondée sur la reconnaissance des sons de l’homme, peut-elle comprendre l'homme alors que nous avons déjà dû mal à se comprendre entre nous? D’après lui, la compréhension de la reconnaissance vocale est limitée. Beaucoup de développeurs proposent des technologies vocales avec lesquelles les opérateurs doivent créer un profil vocal. Avant la première

utilisation, ils doivent familiariser la reconnaissance vocale à leur accent et timbre de voix, (VOXWARE, 2010b). Govaere (2009) soutient que cela diminue la fiabilité de la technologie lorsque l’opérateur est malade et que sa voix est affectée.

Un autre paramètre qui peut influencer la bonne compréhension de la reconnaissance vocale est le bruit environnant (Govaere, 2009). Les entrepôts sont des milieux sujets à de fortes nuisances sonores, beaucoup de machines et d’opérateurs travaillant en même temps. Ces bruits peuvent être interprétés par la voix et ainsi générer des interprétations ou validations non désirées (Domboue, 2009).

Les bruits peuvent devenir un autre facteur de gêne pour les opérateurs. En effet, Govaere (2009) explique qu’ils sont soumis aux directives de la reconnaissance vocale dans un environnement de travail pouvant être bruyant. Cela engendre un impact direct sur leur santé et notamment sur leur acuité auditive. Selon DRPST (2006), il faut s’assurer que l’utilisateur ait le moins possible recours à la commande vocale, en couplant par exemple ce système avec la technologie de scannage. Govaere (2009) propose de limiter le niveau sonore du casque au minimum et de réduire au maximum les bruits environnants de l’entrepôt. Pour Govaere (2009) et DRPST (2006), il existe des risques liés à la fatigue visuelle, car les utilisateurs doivent repérer les informations demandées par la reconnaissance vocale dans l’entrepôt. Govaere (2009) suggère deux choses pour limiter ce phénomène. La première consiste à faire des indicatifs visuels simples et clairs, la deuxième est de veiller au bon éclairage des entrepôts pour une visibilité optimale.

Lors du prélèvement, l’utilisateur est isolé, car son audition et son attention sont accaparées par la reconnaissance vocale (DRPST, 2006). Dans ce contexte, les déplacements dans l’entrepôt peuvent être assimilés à l’utilisation d’un téléphone portable au volant, Govaere (2009) et DRPST (2006). La vigilance aux bruits environnants et aux autres opérateurs est considérablement réduite. Cela peut engendrer des collisions et des risques de sécurité pour les opérateurs (Govaere, 2009). Pour éviter ces dangers, DRPST (2006) préconise de bien mettre en place des repères visuels afin que les employés soient alertés des zones à risque.

L’avantage le plus plébiscité de la reconnaissance vocale est le gain de productivité, Cultler (2011). La libération des mains et des yeux permet d’augmenter la charge de travail des opérateurs qui manipule de plus en plus de produits pendant leurs horaires. Cependant, le revers de la médaille consécutif au rythme de travail soutenu est que les utilisateurs sont plus facilement sujets à des accidents de travail ou aux maladies professionnelles (Govaere, 2009). Pour DRPST (2006), un rythme de travail soutenu engendre une charge physique plus importante notamment au niveau de la manutention de produits. Pour éviter l’apparition de trouble musculo-squelettique ou d’autres maladies, DRPST (2006) suggère de bien suivre les normes de manutention de produits pour les opérateurs. Il faut également s’assurer que les produits fréquemment prélevés soient bien entreposés de façon la plus ergonomique possible.

Selon Govaere (2009), les employés sont toujours enjoués d’utiliser la reconnaissance vocale dans les premiers mois. L’utilisation d’un outil de pointe donne une certaine satisfaction de travail aux employés. Cependant, on remarque une certaine irritabilité des utilisateurs envers le système au bout de quelques mois d’utilisation à cause notamment de la robotisation et de la déshumanisation du travail. Govaere (2009) explique que l’opérateur agit selon les directives de la commande vocale, il perd donc le choix de ses propres actions. À cela s’ajoute la diminution des liens sociaux, car les opérateurs n’ont plus besoin de discuter avec un collaborateur pour savoir quoi faire, ils interagissent directement avec la machine. Ces changements créent des impacts psychologiques et une augmentation de l’irritabilité de la part des utilisateurs (Cultler, 2011). Pour prévenir ces risques, Govaere (2009) et DRPST (2006) proposent de valoriser le travail des employés et d’instaurer une rotation des activités pour que ce ne soit pas toujours les mêmes personnes qui utilisent la reconnaissance vocale.

Govaere (2009) et DRPST (2006) sont en accord sur un autre risque lié à la reconnaissance vocale ; la dépendance au système. En effet, la reconnaissance vocale ne permet pas la création de savoir-faire ce qui entraine une perte d’autonomie des employés. La mesure de prévention proposée par DRPST (2006) est de réduire cette sensation de dépendance. Elle préconise d’inclure des moments pendant lesquels l’utilisateur a le temps de comprendre les actions qu’il fait au fur et mesure.