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a. Les limites posées par la photographie

Si les photographies sont indispensables à l’apprentissage de l’anatomie pathologique, elles ne sont cependant pas suffisantes. La photographie ne fait appel qu’à la vue, alors que le toucher et parfois l’odorat sont également nécessaires pour identifier correctement une lésion à l’autopsie. La palpation est par exemple nécessaire pour identifier des lésions de pneumonie. De plus, la photographie est figée, avec un unique angle de vue. La perception des couleurs, l’estimation de la taille peuvent être biaisés par l’éclairage, la qualité de l’image, l’absence d’échelle …

b. Les limites de la base de données

Malgré le nombre élevé de cas recueillis, la base de données ne contient pas toutes les lésions cardiovasculaires et respiratoires possibles chez le cheval. Il manque en effet certaines lésions, pourtant fréquentes et d’importance majeure chez le cheval (cf. infra).

Origine de ces limites

L’une des raisons réside dans le mode de recrutement des cas. Tous les cas à notre disposition sont des chevaux autopsiés à l’EnvA, suite à leur décès à la clinique équine de l’EnvA ou non. La majorité d’entre eux proviennent donc d’Île de France. Or cette région héberge relativement peu de chevaux (environ 31 000 équidés sur une estimation de 1 060 000 équidés présents en France), et très peu d’élevages (Dornier, 2019). En 2019, seules 538 naissances ont été déclarées en Île de France. En comparaison, 12 323 naissances ont été déclarées la même année en Normandie, ce qui représente près de 40% des naissances en France (IFCE, 2019). Par ailleurs, les propriétaires

ne sont pas tous enclins à faire réaliser une autopsie de leur animal. Enfin, il peut être difficile pour un particulier de transporter un cadavre d’équidé à l’EnvA. Ces données expliquent le faible nombre de chevaux adultes et de poulains autopsiés à l’EnvA. L’absence de poulains entraîne une perte de diversité des affections rencontrées, en particulier pour les affections congénitales.

Par ailleurs, les cas autopsiés à l’EnvA ne sont pas tous associés à des données exploitables pour l’atlas. Lors du tri des photographies, nous avons dû écarter 17 cas dont le dossier était incomplet (dossier de photographies et/ou relevé lésionnel manquant). Parmi les cas restants, 30 lésions ont également dû être écartées à cause d’un relevé lésionnel incomplet ne permettant pas d’identifier formellement la lésion (relevé lésionnel vide, absence de résultats histologiques qui auraient permis de préciser la lésion lorsque l’aspect macroscopique est équivoque). Il arrive aussi qu’aucune photographie ne soit prise lors de l’autopsie (21 cas entre 2013 et 2019). Toutefois, il s’agit probablement de cas jugés peu intéressants, donc la perte de données reste faible.

Lésions manquantes de l’appareil cardiovasculaire

Une liste non exhaustive des lésions de l’appareil cardiovasculaire qui font défaut à cet atlas est dressée dans le tableau 4. Les lésions soulignées sont celles qui sont plus fréquemment voire exclusivement retrouvées chez les poulains et les jeunes chevaux. Leur absence est probablement la conséquence du faible de nombre de poulains autopsiés à l’EnvA.

Tableau 4 : Liste des principales lésions illustrées et absentes de l’atlas, pour l’appareil

Tumeur des gaines nerveuses périphériques

Rupture de la base de l’aorte Artérite vermineuse

Thrombose aorto-iliaque Vascularite

Suffusion hémorragique, artère carotide

□ Anomalies congénitales

Parmi les anomalies congénitales citées, la plus importante est la communication interventriculaire.

Il s’agit en effet de l’anomalie cardiaque congénitale la plus fréquente chez le cheval, avec une prédisposition pour les chevaux de race Pur-Sang Arabe. Par ordre de fréquence, on retrouve ensuite la tétralogie de Fallot et l’atrésie de la valve tricuspide. Cependant, il convient de garder à l’esprit que la prévalence des anomalies cardiaques congénitales est faible chez le cheval (prévalence entre 0,1 et 0,5%, toutes anomalies confondues) (Hall et al., 2010).

□ Lésions non tumorales du myocarde

Les myocardites présentées sont peu nombreuses et peu diversifiées. Il aurait été intéressant d’avoir des cas de myocardites d’origine nutritionnelle (carence en vitamine E et Sélénium) ou toxique (intoxication par des ionophores, des mycotoxines ou par des plantes comme le laurier-rose). En particulier, la nécrose myocardique provoquée par une carence en vitamine E et Sélénium donne des lésions assez caractéristiques, avec une décoloration marquée des zones lésées. Cette affection reste cependant rare chez le cheval, et est plus fréquemment observée chez les poulains (Buergelt et Del Piero, 2014).

□ Lésions non tumorales de l’endocarde et du péricarde

La péricardite fibrineuse fait défaut. Il s’agit d’une forme d’inflammation du péricarde fréquente chez le cheval, causée par la diffusion par voie hématogène de nombreux agents pathogènes, notamment lors d’actinobacillose, d’infection à streptocoques ou mycoplasmes, de grippe équine ou encore d’infection à l’herpesvirus équin de type 1 et 2 (Zachary, 2016).

□ Lésions tumorales

En ce qui concerne les tumeurs de l’appareil cardiovasculaire, il est difficile d’établir une liste des tumeurs cardiaques les plus fréquentes chez le cheval et qui manquent à cet atlas. Les tumeurs cardiaques primaires sont décrites mais restent très rares chez le cheval (Delesalle et al., 2002 ; Quin et al., 2005, Penrose et al., 2012), de même que les tumeurs secondaires. Des cas d’hémangiosarcome, avec parfois des métastases cardiaques, ont été rapportés mais restent également anecdotiques chez le cheval (Delesalle et al., 2002).

□ Lésions des vaisseaux sanguins

Pour les vaisseaux sanguins, il aurait été bienvenu d’avoir un cas de rupture de la base de l’aorte, peu fréquente mais bien connue chez le cheval. Elle survient le plus souvent lors d’activité intense ou de forte excitation, ce qui explique qu’on la rencontre majoritairement chez les chevaux de course et les étalons (Robinson et Robinson, 2016).

D’autres affections vasculaires relativement fréquentes chez le cheval sont les artérites vermineuses, causées par la migration de larves de Strongylus vulgaris dans la paroi de l’artère mésentérique crâniale, et la thrombose aorto-iliaque qui en est probablement une conséquence.

Elles sont cependant de moins en moins fréquentes, grâce à l’utilisation d’antiparasitaires (Robinson et Robinson, 2016).

Enfin, les vascularites revêtent une importance non négligeable chez le cheval puisqu’on les retrouve lors de maladies systémiques telles que la peste équine et l’artérite virale équine, rares en

France mais classées respectivement comme dangers sanitaires de 1ère et 2e catégorie (Picavet et al., 2019).

Lésions manquantes de l’appareil respiratoire

De même que pour l’appareil cardiovasculaire, une liste non exhaustive des lésions de l’appareil respiratoire manquant à cet atlas est dressée au tableau 5.

Tableau 5 : Liste des principales lésions absentes de l’atlas pour l'appareil respiratoire Les lésions spécifiques ou plus fréquentes chez les poulains et les jeunes chevaux sont soulignées.

Diaporama Lésions présentes Lésions absentes

Lésions des

Poumons –

Toutes les structures de l’appareil respiratoire ne sont pas représentées dans cet atlas. En particulier il n’y a pas de lésion des poches gutturales, alors que l’empyème et la mycose des poches gutturales sont deux lésions fréquentes et spécifiques du cheval.

Les poches gutturales sont un diverticule ventral des canaux auditifs propres aux équidés.

L’empyème survient la plupart du temps suite à une infection des voies respiratoires supérieures. Il peut être uni ou bilatéral, et dans 20% des cas des chondroïdes se forment (Constable et al., 2017).

Les bactéries responsables sont le plus souvent des streptocoques, en particulier Streptococcus equi.

La mycose des poches gutturales est une inflammation fibrinonécrotique envahissant les structures adjacentes en profondeur et généralement causée par Aspergillus spp., bien que d’autres champignons soient parfois isolés. Elle peut toucher tous les chevaux, sans prédisposition d’âge, de race, de sexe ou de situation géographique (Caswell et Williams, 2016 ; Freeman, 2015).

□ Anomalies congénitales

L’absence d’anomalie congénitale peut s’expliquer par le faible nombre de poulains autopsiés à l’EnvA et par la rareté de ces anomalies. En effet, d’après une étude rétrospective du Laboratoire de pathologie équine de Dozulé publiée en 1998, 7% seulement des malformations congénitales touchent l’appareil respiratoire chez le cheval, ce qui représente 0,01% des poulains autopsiés dans l’étude (Puyalto-Moussu et al., 1998).

L’anomalie congénitale des cavités nasales la plus fréquente est l’atrésie des choanes, rare mais décrite chez le poulain. Diverses anomalies peuvent être trouvées au niveau des poumons, par exemple les hypoplasies et hyperplasies pulmonaires ou la présence d’un lobe pulmonaire accessoire (non fonctionnel). Les anomalies pulmonaires sont généralement associées à d’autres anomalies congénitales. Aucune d’elles n’est prédominante ni spécifique des équidés (Caswell et Williams, 2016).

□ Lésions des cavités nasales et des sinus

Parmi les lésions des cavités nasales et des sinus, l’hématome progressif de l’ethmoïde fait particulièrement défaut. Il s’agit d’une lésion non néoplasique prenant son origine sur les volutes de l’ethmoïde, spécifique des équidés et qui représente entre 4 et 6% des affections des sinus et des cavités nasales chez le cheval (Davis, 2018). L’hématome grossit petit à petit et peut envahir les cavités nasales et les sinus ; il est souvent à l’origine d’une épistaxis unilatérale. Cette lésion semble être plus fréquente chez les chevaux adultes de plus de six ans et chez les Pur-Sang et Pur-Sang Arabes. La forme bilatérale est plus fréquente chez les juments (Caswell et Williams, 2016 ; Freeman, 2003).

Il manque également les kystes des sinus paranasaux, retrouvés en particulier chez les poulains et les jeunes chevaux. Ces kystes prennent leur origine dans les sinus maxillaire ou frontal et peuvent grossir jusqu’à déformer l’os maxillaire et les dents, obstruer la cavité nasale ipsilatérale, déformer les volutes nasales et dévier le septum nasal. Ils sont majoritairement rencontrés chez les équidés, mais certaines lésions similaires sont décrites chez les bovins et les chiens (Caswell et Williams, 2016).

□ Lésions pulmonaires

Les lésions pulmonaires sont assez bien représentées. Il manque cependant des poumons de cheval présentant de l’asthme sévère équin ou une hémorragie pulmonaire induite à l’effort (HPIE).

L’asthme sévère équin ou « recurrent airway obstruction » (RAO) est une maladie inflammatoire pulmonaire courante du cheval âgé vivant au box ou en milieu poussiéreux. Elle entraîne une baisse de performances voire une intolérance à l’effort. Il n’y a pas de prédisposition de race, sexe ou format (Constable et al., 2017).

L’HPIE se manifeste par une hémorragie pulmonaire lors d’effort intense, entraînant ou non une épistaxis. La prévalence est élevée chez les chevaux de course et varie en fonction de la race mais surtout de la longueur et du type de course effectuée. Plus de 80% des Pur-Sang sont touchés, ainsi qu’environ 62% des Quarter Horse (en course, la prévalence est plus faible lors d’épreuves telles que le barrel race). Les trotteurs sont moins touchés, avec une prévalence entre 26 et 34%.

Dans une moindre mesure, les poneys de polo peuvent également souffrir d’HPIE (11%). Les chevaux plus âgés sont plus susceptibles de présenter une HPIE, mais il semblerait que ce soit le nombre de courses effectuées plus que l’âge du cheval qui soit en cause. (Constable et al., 2017) L’HPIE aboutit rarement à la mort de l’animal, cependant les lésions pulmonaires peuvent persister plusieurs mois après l’arrêt des courses ; il arrive donc que des lésions d’HPIE soient détectées de manière fortuite à l’autopsie (Caswell et Williams, 2016).

Une autre maladie pulmonaire, caractéristique du poulain, manque à cet atlas : la rhodococcose. Il s’agit d’une pneumonie pyogranulomateuse causée par la bactérie Rhodococcus equi, qui touche majoritairement les poulains âgés de un à six mois (Caswell et Williams, 2016). La prévalence est très variable selon les élevages, pouvant dépasser 90% de morbidité dans les élevages fortement contaminés. Le taux de mortalité est également variable mais peut atteindre 50% dans certains élevages (Constable et al., 2017). L’absence de cette affection pourtant fréquente est probablement due au faible nombre de poulains autopsiés à l’ENVA.

C. Perspectives d’évolution du projet