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Limites de la méthode utilisée dans le cadre du présent plan quinquennal d'inventaire aérien de l'orignal

Dans le document Québec 19 (Page 30-34)

14 4.7 Distribution et abondance du caribou

5.3 Limites de la méthode utilisée dans le cadre du présent plan quinquennal d'inventaire aérien de l'orignal

La réalisation de l'inventaire de la zone 19 a fait ressortir certaines contraintes et limites directement reliées à la méthode actuelle d'estimation de la densité d'orignaux. Les principaux paramètres qui entraînent des difficultés d'application de la méthode sont l'immensité du territoire (220 000 km^), sa topographie accidentée, sa forêt de conifères de forte densité, la faible densité d'orignaux et enfin la faible pression de chasse sportive.

La faiblesse de la stratification basée sur les résultats de chasse avait déjà été signalée par Crête et al. (1986). Elle est ici mise en évidence de façon très particulière: les paramètres de la population (rapport des sexes, densité) montrent que les résultats de chasse ne reflètent rien d'autre que l'accessibilité du territoire (tableaux 6 et 7 ) . Il aurait été préférable de stratifier le territoire selon les bases d'opération; la superficie des réseaux de pistes, principale variable du modèle utilisé, diffère significativement selon les bases d'opération. La variance des estimateurs est proportionnelle à la moyenne suggérant qu'il y aurait eu gain de précision puisque l'on aurait échantillonné plus intensément les secteurs supportant des densités d'orignaux plus élevées. Il n'en demeure pas moins que l'habitat est le seul critère de stratification efficace sur la Côte-Nord. Ceci est démontré par la régression multiple (tableau 12). Les variations de densité d'une base à l'autre sont d'ailleurs causées par des changements d'habitat: pessières à cladonie très peu productives

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dans le secteur de Wabush et présence de brûlés offrant une nourriture abondante au nord de Havre Saint-Pierre et dans la région de Manie V.

Il faut toutefois réaliser qu'une bonne stratification du territoire à partir des données d'habitat sera difficile à obtenir parce que les peuplements productifs sont généralement de petite taille (< 10 km^) et dispersés plus ou moins aléatoirement dans toute l'aire d'étude. Comme il est techniquement impossible d'inventorier par voie aérienne d'aussi petites parcelles, la seule technique utilisable semble une stratifica-tion grossière basée sur les grandes régions écologiques et l'élabora-tion de modèles prédictifs incorporant les paramètres de l'habitat tel qu'entamé dans le présent travail (tableau 12). Il faut toutefois rappeler que ces données demeureront toujours accessoires, la superficie du réseau de pistes étant de très loin la meilleure variable explicative (Tableau 12; Rivest et al. 1988). De plus, il est probable que l'influence de l'habitat sur la distribution de l'orignal soit moins déterminante dans les zones où la forêt est plus diversifiée

(Michel Crête, Comm. pers.).

Il serait envisageable également d'établir des secteurs témoins repré-sentatifs des principales régions écologiques et des habitudes des usagers dans les grandes zones de chasse si les coûts d'inventaire devenaient un facteur limitatif important. Ces secteurs pourraient possiblement être échantillonnés intensivement à coût raisonnable.

L'utilisation des données provenant d'un inventaire aérien de l'ori-gnal effectué en 1987 au nord de Sept-Iles a permis d'évaluer à 118 le nombre de parcelles nécessaires pour obtenir un intervalle de confiance inférieur à 20% à un niveau de probabilité de 10%. De plus, le présent plan quinquennal recommande le survol de 100 parcelles-échantillon dans les zones de grande superficie. Compte tenu du budget alloué et en tenant compte des contraintes logistiques inhérentes à un inventaire de cette envergure, la zone d'étude a dû être amputée de 20% de sa superficie (extrémité est - Secteur Natashquan/Blanc-Sablon) et

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l'inventaire a été restreint au survol de 84 parcelles. Le taux d'échantillonnage se situe donc à seulement 2,8% du territoire.

L'échantillonnage double a cependant donné une précision très accep-table, compte tenu de l'immensité du territoire à couvrir (181 823 km2) et de la faible densité de population. L'intervalle de confiance (29%;

« = 0,10) est même très inférieur à ceux obtenus avant la mise en application de l'actuel plan quinquennal (tableau 16). Le gain de précision tient essentiellement au nombre plus élevé de parcelles-échantillon, soit 84 contrairement à 15 ou moins pour les inventaires réalisés avant 1985.

Six inventaires aériens ont été réalisés à l'aide de la méthode décrite par Rivest et al. (1988) entre janvier 1986 et février 1988. Les résultats obtenus montrent que la stratification basée sur les résul-tats de chasse permet généralement d'identifier les zones de plus grande abondance mais n'augmente pas de façon notable la précision des estimateurs. De plus, à deux exceptions près (zones 2 et 19) les intervalles de confiance calculés à partir de l'échantillonnage double sont supérieurs à ceux qui auraient été obtenus en n'utilisant, avec un budget identique, que l'hélicoptère pour effectuer les inventaires (tableau 17). Les corrélations de Kendall montrent que la meilleure façon de diminuer les intervalles de confiance avec le modèle actuel est d'accroître le nombre d'orignaux observés en hélicoptère et en avion (tableau 18). Finalement, il semble que le seuil de 20%

(a = 0,10) actuellement visé soit la limite atteignable avec la régres-sion basée exclusivement sur la superficie des réseaux de pistes et le nombre d'orignaux observés en avion (fig. 8 ) .

Ces données suggèrent que l'échantillonnage double n'amène des gains de précision que lorsque les densités sont faibles. En pareil cas, une forte proportion des parcelles sont vides (45% dans le cas de la zone 19) et l'utilisation de l'avion permet de réduire significativement leur coût d'inventaire, favorisant de la sorte la couverture détaillée

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par hélicoptère d'un plus grand nombre de parcelles contenant des orignaux. Cependant, dans le cas de la zone de chasse 19, même en subdivisant la zone à inventorier en cinq secteurs (les cinq bases d'opération) avant de faire un regroupement des parcelles par groupe de quatre, l'immensité de la zone à couvrir et la nécessité de compléter le survol d'un groupe de quatre parcelles le plus rapidement possible, afin de minimiser le délai entre le passage de l'avion et la vérifica-tion en hélicoptère, ont obligé des déplacements importants. Le coût moyen du survol d'une parcelle (1 405 $) montre que l'échantillonnage par grappe aurait été plus rentable que le regroupement aléatoire utilisé lors de cet inventaire, les temps de transit entre les par-celles étant ainsi minimisés. Cette avenue devrait être étudiée du point de vue statistique et appliquée le cas échéant.

Le gain acquis en faible densité par l'échantillonnage double risque toutefois d'être perdu si une proportion significative des ravages n'est pas détectée par les observateurs de l'avion. Ainsi, pour l'in-ventaire de la zone 19, la topographie accidentée nous a obligés à survoler la surface du sol à une altitude plus élevée que la présente norme de 150 m (moyenne: 200 m pour l'ensemble des parcelles survo-lées). La forêt de conifères de forte densité que l'on rencontre gé-néralement dans cette zone n'offre qu'un faible pourcentage d'ouvertu-re. La présence simultanée du caribou et de l'orignal dans la zone d'inventaire (pistes de l'un ou l'autre de ces cervidés dans 77% des parcelles inventoriées; tableau 19) peut amener une certaine confusion au niveau de l'identification lorsque associée aux deux autres con-traintes mentionnées précédemment.

D'autre part, l'examen détaillé des résidus de la régression montre qu'une partie importante de la variance est causée par les ravages che-vauchant la limite des parcelles. Seule la partie incluse dans les parcelles fut considérée lors de l'inventaire avec pour conséquence que la relation "superficie du réseau de pistes - nombre d'orignaux" se trouvait faussée; certains ravages, supposément de petite taille,

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contenaient plusieurs orignaux ou vice versa selon que les animaux se trouvaient d'un côté ou de l'autre de la ligne imaginaire délimitant la parcelle. Pour les zones de chasse montrant de faibles densités d'orignaux, il serait donc préférable d'inclure ou exclure totalement les ravages selon que plus de 50% ou moins de 50% de leur superficie se retrouve à l'intérieur de la parcelle.

Malgré les correctifs envisageables, les inventaires aériens de l'ori-gnal demeureront difficiles à réaliser dans les secteurs où les den-sités sont faibles. Selon les simulations réalisées, une précision de 25-30% (« = 0,10) semble la limite atteignable en faible densité si les groupes d'orignaux sont distribués aléatoirement (fig. 8; tableau 13).

En pratique toutefois leur distribution est contagieuse à cause des caractéristiques de l'habitat si bien que le seuil cité précédemment ne sera atteint que dans les meilleures conditions. A titre d'exemple, Bertrand (1987) a obtenu un intervalle de confiance de 29% en couvrant 50% des parcelles-échantillon d'un bloc d'étude situé au nord de Sept-Iles. Ces données suggèrent qu'il sera nécessaire de raffiner davantage la technique actuelle pour accroître la précision des estimations en faible densité. Tel que mentionné auparavant, les régressions incluant des données d'habitat paraissent une voie intéres-sante.

6. RECOMMANDATIONS

Dans le document Québec 19 (Page 30-34)

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