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Chapitre 4 : Alimentation et ses déterminants Revue bibliographique

1. Limites de l’étude

Une limite concerne la difficulté à trouver des questionnaires d’activité physique validés scientifiquement pour les jeunes adultes. Nous avons dû proposer et tester un questionnaire destiné à l’ensemble de la population estudiantine.

Malgré un échantillon important et représentatif, nous ne pouvons pas transférer directement nos résultats à l’ensemble des étudiants de différents cycles car notre échantillon représente uniquement les étudiants du cycle Master de l’UFMC 1.

Comme chaque déroulement d’une quelconque enquête sur terrain sur une population, nous avons été confrontés à certaines difficultés qui se résument comme suit :

- Refus de participation : Les 13,3% des étudiants perdus de vue sont dus non pas seulement à leur refus de poursuivre avec nous la deuxième partie de l’enquête (mesures anthropométriques et composition corporelle), mais aussi à ceux dont les cordonnées étaient erronées, les rendez-vous fixés annulés sans préavis, ou bien à ceux qui ont changés d’avis après les avoir contacté et attendu ;

- Mesure de la composition corporelle : C’est la nature des mesures qui a posé le problème surtout pour celles des plis cutanés où certaines étudiantes qui portaient le foulard ont refusé de les subir, même en présence d’enquêtrices. Nous avions pourtant choisis la période entre la fin du printemps et le début de l’été où les étudiants portaient des vêtements légers. S’ajoute à cela, que les sujets n’étaient pas à notre disposition et devaient se présenter idéalement le matin pour respecter les consignes de mesure de l’impédancemètre.

Discussion

110 2. Anthropométrie et composition corporelle des étudiants

Dans cette présente étude, nous avons réalisé des mesures anthropométriques (poids, taille et circonférences) ainsi que des mesures de la composition corporelle (MG, MH et MM) part la technique de l’impédance bioélectrique. Avec l’adipomètre nous avons mesuré l’épaisseur des plis cutanés (bicipital, tricipital, sous-scapulaire et supra-iliaque) qui nous a permis de calculer le %FAT.

Nos résultats avaient montré une majorité (74,9 %) d’étudiants normo pondéraux, sans différence selon le genre. Ainsi que la présence de surpoids (15,6 %), d’obésité (2,4 %) et de maigreur (7,1 %).En Iran, dans une étude réalisée sur 1 000 étudiants (22,3 ± 3,5 ans), 18 % avaient un surpoids (obésité incluse) et 7,7 % étaient maigres (Nojomi et Najamabadi, 2006). Dans l’étude de Boujut et coll. (2009) sur 556 étudiants de l’université de Bordeaux (France), a montré que 11% des étudiants étaient maigres et 13 % en surpoids ou obèses. A l’université de Tiaret (Algérie), les travaux de Gourchala et coll. (2012) sur 900 étudiants avaient trouvé que 16 % des étudiantes étaient en surpoids et 10 % présentaient une obésité modérée. Les travaux à Dammam (Arabie Saoudite) sur 370 étudiantes ont montré que 53,2 % présentaient une surcharge pondérale incluant l’obésité (Koura et coll., 2012). En comparant nos résultats à ces précédentes études, nous n’avons trouvé aucune différence significative avec l’étude de Nojomi et Najamabadi (2006) et avec les étudiants en surpoids de l’étude de Gourchala et coll. (2012). Par contre, avec l’étude française, une différence a été observée pour toutes les classes de l’état pondéral (p=0,0000). Les étudiantes en Arabie Saoudite, présentaient une surcharge pondérale plus importante que celle de nos étudiantes enquêtées (p=0,0000).

Chez les sujets dont l’IMC est normal ou excessif, la mesure du TT, associée ou non à celle du rapport TT/TH est indispensable pour distinguer les personnes à risque (Avignon et coll. 2001b ; Béraud, 2006). Quinze virgule trois pour cent des étudiants enquêtés avaient un TT supérieur aux recommandations et 74,0 % avaient un rapport TT/TH supérieur aux normes recommandés par l’OMS (2003). La présence de risque de complications métaboliques chez cette population estudiantine était importante et plus de la moitié des étudiantes avaient une obésité gynoïde.

Sur le plan mondial, 5 % de la mortalité est imputable à la surcharge pondérale et à l’obésité (OMS, 2010). Un IMC élevé peut ne pas être la conséquence d’un excès de tissu graisseux chez les sujets qui ont développé une masse musculaire importante. Les athlètes et les rugbymen ont un poids élevé mais une MG normale ou réduite. Inversement, des sujets

Discussion

111 âgés ayant perdu une grande partie de leur masse musculaire (sarcopénie) peuvent avoir un IMC normal et un TT élevé (Avignon et coll. 2001b ; Béraud, 2006).

L’obésité est un symptôme qui traduit l’incapacité d’un individu ou d’une population à adapter sa balance énergétique aux évolutions des modes de vie (Basdevant et coll., 2011). La mortalité et la morbidité attribuables à l’obésité varient directement avec l’importance de la surcharge pondérale, ainsi qu’avec la distribution topographique du tissu adipeux dans l’organisme. Les deux facteurs les plus importants qui influencent le risque de complications métaboliques et cardiovasculaires sont d’une part l’IMC et d’autre part la distribution de la graisse et plus particulièrement la graisse intra-abdominale (Schutz et Chioldro, 1998). Tout adulte en surpoids et obèse est considéré comme à risque de développer une morbidité associative ou des maladies non transmissibles (NIH, 1998 ; Esmailnasab et coll., 2012).

Dans une étude qualitative de Greaney et coll. (2009), dont l’objectif était de décrire les barrières liées à la gestion du poids chez 115 adolescents âgés de 19,7 ± 1,6 ans ; il a été reporté que les obstacles pouvaient être intrapersonnels (manque de discipline), interpersonnels (situation sociale) et environnementaux (contraintes de temps, accès facile a des aliments malsains).

Lutter contre l’épidémie d’obésité suppose de changer l’environnement ou d’aider le sujet à s’en protéger. Des outils peuvent être utilisés, comme la balance, rendant les individus plus conscients de leurs variations mineures de poids. Des expériences menées chez des étudiants de première année, ont montré que la pesée quotidienne pouvait prévenir la prise de poids de 1 à 2 kg qui survient habituellement durant le premier semestre. Chez un groupe d’étudiants une balance leur a été remise et il leur a été demandé de se peser tous les jours et d’envoyer leur poids par mail. Les résultats ont montré que le groupe qui n’avait pas reçu de balance a pris en moyenne 2 kg alors que dans le « groupe balance », le poids était resté stable. Une poursuite de l’étude sur une année a confirmé l’effet préventif de la pesée. Il est ainsi possible de résister aux stimuli alimentaires de l’environnement en détectant de faibles changements de poids (Levitsky et Pacanowski, 2012).

Concernant la composition corporelle, la MG des étudiants enquêtés était en moyenne de 17,1 % et celle des étudiantes de 27,9 %. Dans l’étude de Sersar (2011) sur 139 étudiants algériens âgés entre 18 et 27 ans, le pourcentage de MG des hommes était de 13,8 % et celui des femmes était de 26,6 %. Les résultats de travaux de Karoune et coll. (2010) sur 340 étudiants algériens (18-27 ans) ont montré que les étudiantes avaient un pourcentage de

Discussion

112 MG de 28,2 % et les étudiants avaient 13,8 %. La comparaison des résultats de notre étude avec ceux des deux études précédentes n’a montré aucune différence quel que soit le genre (p˃0,05).

Selon Wilmore et Costill (2006), c’est la MG et non le poids total, qui détermine les risques de santé, il est évidemment souhaitable de maintenir le niveau de MG dans l’échelle normale. Toutefois cette réduction ne doit pas être en dessous de la limite inférieure car les tissus gras sont essentiels pour les fonctions de l’organisme.