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Chapitre 4 : Alimentation et ses déterminants Revue bibliographique

4. Activités physiques

4.2. Comportements sédentaires

Pour rappel, l’inactivité physique ou le comportement sédentaire, peut être définie comme un état dans lequel les mouvements sont réduits au minimum et la dépense énergétique à peu près égale au métabolisme énergétique au repos (Dietz, 1996). Toutefois, l’inactivité physique comprend également la participation à des comportements physiquement passifs tels que le fait de regarder la télévision, de lire, de travailler sur un ordinateur, de

Discussion

116 téléphoner à des amis, de conduire une voiture ou de manger (Ainsworth et coll., 1993).

Chez notre échantillon de 1 061 étudiants, la durée des activités en position assise était significativement la plus longue dans une journée (10,6 ± 1,3 h/jour). D’après l’étude de Salha Sambo en 2010 à Constantine, les étudiants passaient 6,9 h de leur temps en position assise durant la semaine et 6,5 h le week-end. Au Maroc, 394 étudiants interviewés à l’aide d’un questionnaire international sur l’activité physique (IPAQ), ces étudiants passaient en moyenne 6 heures/jour en position assise, notamment en utilisant des ordinateurs et en conversation (Otmani et coll., 2014). En comparant les résultats de notre étude à ces travaux, nous avons observé que les étudiants enquêtés avaient une durée en position assise plus importante que les sujets des autres études (p=0,0000).

Dans le Sud-Ouest de l’Arabie Saoudite, 58,0 % des étudiants avaient des comportements sédentaires (Awadalla et coll., 2014). Dans notre enquête nous avons trouvé que tous les étudiants avaient au moins un comportement sédentaire (être devant un écran, loisirs sédentaires, etc.).

Selon l’OMS (2015), une importante proportion d’adultes étaient physiquement inactifs pendant la journée, y compris au travail et lors des loisirs. Par exemple, un grand nombre d’employés restaient la plupart du temps assis sur le lieu de travail pratiquant des activités sédentaires.

Une analyse menée dans 10 villes européennes par le programme Healthy Lifestyle in Europe by Nutrition in Adolescence (HELENA), financé par l’union européenne, a révélé que les adolescents européens étaient sédentaires 9 heures par jour. Cela correspond à 70 % de leurs heures éveillées, un taux légèrement supérieur au taux documenté aux Etats-Unis (Ruiz et coll., 2011). Il semble que ce taux augmente avec le passage à l’âge adulte (Rey-López et coll., 2010).

Nos résultats concernant le fait d’être devant un écran de télévision ou d’ordinateur, les étudiants avaient une fréquence significativement plus élevé en week-end qu’en semaine. La durée quotidienne à regarder la télévision était de 1,9 ± 1,7 h pour la semaine et 3,0 ± 2,3 h pour le week-end. Pour l’ordinateur, la durée moyenne était plus longue (2,8 ± 2,0 h pour la semaine et 3,5 ± 2,7 h pour le week-end).

En Algérie, la télévision et l’ordinateur occupaient les algériens 1h05min tous les jours (INSP, 2007). Selon l’ONS (2004), 95 % des familles en milieu urbain et 88 % en milieu rural, possédaient au moins un poste de télévision. Cinquante trois virgule cinq pour cent des

Discussion

117 jeunes en milieu urbain et 54,9 % des jeunes en milieu rural regardaient la télévision. Dans l’étude australienne de Crawford et coll. (1999), les chercheurs suggéraient que regarder la télévision ne devait pas être le seul critère de sédentarité à étudier. La charte développée par l’OMS en 2007 précise que la télévision et les ordinateurs favorisent la sédentarité, ce qui ajoute le manque d’activité physique aux autres problèmes de santé (Boyer, 2013). Dans une étude sur 115 adolescents (19 ans et plus) ; il a été reporté que ces sujets passaient beaucoup de temps à des APS liées à leurs études comme rester en position assise et être devant un écran d’ordinateur à des fins académiques (Greaney et coll., 2009).

Dans notre étude, tous les étudiants enquêtés ont déclaré avoir une activité de loisirs. Certaines activités étaient sédentaires (être devant un écran de télévision, d’ordinateur, lecture) et d’autres l’étaient moins (shopping, cuisine, promenade, utiliser un instrument de musique). Selon Wain (2011), le milieu extra universitaire est important dans la vie des étudiants, il permet la socialisation entre les étudiants, de mieux s’intégrer au sein d’un groupe et de se distraire. D’après cet auteur, une enquête menée en Belgique, près de 60% des étudiants considéraient que les loisirs permettaient de réussir la vie estudiantine.

Au cours d’une journée, les occasions d’être sédentaire sont nombreuses, notamment chez les jeunes âgés entre 18 et 25 ans, en raison du rythme de la vie estudiantine (Berthouze-Aranda et Reynes, 2011). Or les occupations sédentaires, si elles sont trop investies, jouent un rôle non négligeable dans le manque d’activité physique (Rimer et coll., 2012). Certaines personnes sont naturellement inclinées à choisir des activités à faible intensité. Les plateformes média se multiplient, consoles de jeux, jeux sur téléphone portable, Internet, médias sociaux, autant de loisirs hautement attractifs qui peuvent contribuer à un mode de vie sédentaire (Tremblay, 2010).

Un style de vie sédentaire a de graves conséquences en santé publique. De longues stations assises ininterrompues déconnectent certains processus physiologiques importants, notamment ceux impliqués dans l’utilisation des graisses et des glucides complexes du fait de l’absence de contractions musculaires (Healy et coll., 2008). Ces effets négatifs pourraient être la raison pour laquelle un comportement sédentaire est associé à un risque accru de troubles du métabolisme, de MCV, de diabète de type 2, de certains cancers et de mortalité toutes causes confondues chez l’adulte et à la présence de marqueurs cardiovasculaires chez les adolescents (Hamilton et coll., 2007 ; Martinez-Gómez et coll., 2010 ; Marshall et Ramirez, 2011).

Discussion

118 Comment peut-on s’installer dans la sédentarité ? Pourquoi il est difficile de bouger quand cela ne fait pas partie de nos habitudes de vie, même en sachant que c’est un comportement délétère? Comment se fait-il que « moins on en fait, plus on se sent fatigué »? En effet, les déterminants de l’activité physique et de son contraire sont autant individuels (psychologiques et physiologiques) que sociologiques et environnementaux. De nombreuses études ont montré l’importance d’agir sur l’environnement et ont proposé des programmes dans ce sens (Berthouze-Aranda et Reynes, 2011).