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: LES LIEUX DE RENCONTRE AU COURS DU XVIII ÈME SIECLE

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CHAPITRE II : LA SOCIETE HOMOSEXUELLE AU XVIIIE SIECLE ?

CARTE 1 : LES LIEUX DE RENCONTRE AU COURS DU XVIII ÈME SIECLE

Ile Louvier

quinze-vingts Faubourg Popincourt

Temple VendômePlace

Roule

Champs Elysées

Invalides St Germain

St Thomas d'Aquin

Luxembourg

jardin du Roi TuileriesPalais

Royal

Principaux lieux de rencontre A. FIERRO, Histoire et dictionnaire de Paris,

Paris, 1996, P. 1522

Faubourg

St Antoine

Le Luxembourg faisait également parti des jardins royaux. Les mouches opéraient donc de la même manière. « En 1727 déjà, l’abbé Delisle, prêtre du diocèse de Paris est arrêté au Luxembourg par Symonnet », « En 1735 l’abbé de Sève est interpellé car il voulut faire des attouchements à un mouche au jardin du Luxembourg », « En 1736 l’abbé de Fleury fut arrêté car il accosta un mouche au Luxembourg », « Dans les années 1736-1740 un rapport stipule que Pierre Guevy cherchait à raccrocher au Luxembourg »158

Le jardin du Palais Royal

Il constitue un lieu notoire de rencontres homosexuelles. Il est aussi un lieu de prostitution masculine. En 1798 Picquenard enverra au citoyen Merlin un rapport horrifié où il déclare que le Palais-Egalité est le théâtre de la débauche la plus honteuse. Les pédérastes s’y sont installés et vers dix heures du soir, ils exécutent les actes odieux de leurs infâmes turpitudes.159Il dénonce la prostitution d’adolescents. Les patrouilles de pédérastie font visiblement des arrestations au Palais Royal : « François Barbançon 15 ans domestique sans condition, arrêté le 29 avril 1786 près du jardin du Palais Royal. », « Le 8 avril 1786 trois particuliers sont arrêtés à la sortie du jardin du Palais Royal : un compagnon imprimeur de 30 ans et deux domestiques de 20 et 40 ans »160, « Le 20 novembre 1780 J.B.

Roussel, 23 ans marié est arrêté au Palais Royal car connu comme pédéraste. »161Le Palais Royal sera aussi plus tard le lieu de la prostitution masculine et un lieu de rencontres homosexuelles, réputé encore en plein XIXe siècle.

Les Champs Elysées

Les Champs Elysées sont à partir du XVIIe siècle un prolongement de la perspective des Tuileries. C’était une longue promenade boisée qui prolongeait la perspective des Tuileries dans une zone peu urbanisée. Les Champs Elysées par leurs boisements offraient ainsi des endroits plus discrets pour les rencontres

158 G. DUBOIS-DESAULLES, op. cit., affaire Fleury, affaire Guevy

159 P HAHN, Nos ancêtres les pervers, Paris, 1979, p. 27

160 Archives nationales Y 11727

161 Archives nationales Y 13409

homosexuelles. Les rapports des patrouilles de pédérastie des années 1780 font souvent mention parmi les lieux surveillés des Champs Elysées : « Le 26 juillet 1784 le rapport note : aux Champs Elysées, Cours de la Reine…endroits où se trouvent les rassemblements ordinaires des pédérastes et gens adonnés à ce vice. Ainsi Nicolas Louis Laguillon, 37 ans cuisinier est arrêté aux Champs Elysées. »162, « Le 14 août 1784 la patrouille interpelle aux Champs Elysées à 22h30 deux particuliers rôdant de manière suspecte : un inspecteur des bâtiments de 23 ans et un ancien marchand limonadier de 24 ans. », « Le 26 juillet 1782 la patrouille arrête aux Champs Elysées Abraham Garnier 50 ans maître boulanger qui était avec deux autres qui eux, ont pris la fuite 163 »

Les quais de Seine

Ils sont aussi des lieux de rencontre assez prospères où de nombreuses interpellations sont effectuées. Les sources de police comportent des contrôles sur les quais de la Seine. Ces lieux paraissent contrôlés régulièrement par les patrouilles de pédérastie dans les années 1780, plusieurs quais de Seine sont cités : quais des Tuileries, des Augustins, des Orfèvres, du Louvre. Les fiches de police contiennent des interpellations sur les quais de Seine : « 24 août 1784, arrestation à 21h15 quai des Augustins de François Sterky, 42 ans garçon horloger et de Gabriel Pan, garçon perruquier », « 14 août 1784 à 1 heures du matin, arrestation quai des Tuileries de Henry Marais 28 ans cuisinier… »164 Les boulevards, Foire Saint Germain, marais de la Charbonnière

Ces lieux sont également des lieux de fréquentation homosexuelle. La foire Saint Germain, quant à elle, était un grand marché public. Elle tenait dans la vie parisienne une place importante. Elle se déroulait de février à Pâques. Elle se tenait au départ autour de l’abbaye de Saint Germain-des-prés. Le marais de la Charbonnière n’est pas mentionné dans les archives de la Bastille mais il est signalé dans les rapports des patrouilles de pédérastie des années 1780.

Les Boulevards sont surveillés par ces mêmes patrouilles. On cite les boulevards de la porte Saint Antoine jusqu’à la porte Saint Denis ou la Chaussée d’Antin. Des

162 Archives nationales Y 11724

163 Archives nationales Y 13409

164 Archives nationales Y 11724

arrestations sont opérées dans ces lieux : « Jean Fayolle 27 ans, arrêté boulevard Montmartre le 24 juillet 1784 vers 10 heures du soir… »165, « Rapport de pédérastie du 28 août 1784 à 10h30 du soir : arrestation de deux individus qui se rendaient à la Charbonnière, un sculpteur en bois de 42 ans et un portefaix de 41 ans. Ils avaient la culotte déboutonnée. »166, « Le 28 avril 1786 est arrêté Jean Le Cardonnel 23 ans, apprenti paveur et Germain Cherlant 37 ans, ouvrier en gaze marié. »167

La foire Saint Germain est notée dans les archives de la Bastille et dans les patrouilles des années 1780. A la foire Saint Germain toute sorte de gens s’y pressait et il était aisé de faire des rencontres si l’on en juge par les rapports de police concernant ce lieu. Les marais de la Charbonnière semblent être assez fréquentés dans les années 1780. Ils sont notés systématiquement parmi les lieux visités et de nombreuses interpellations y sont opérées : « Rapport de patrouille du 24 juillet 1784, arrêté à 10 heures ¼ du soir, marais de la Charbonnière Louis Bard 33 ans sculpteur. »168, « Rapport de patrouille du 20 juillet 1784, arrêté à 10 heures du soir à la Charbonnière, Antoine François Jolly 24 ans avocat au Parlement », « Rapport de patrouille du 12 juillet 1784, arrêté à 10 heures du soir à la Charbonnière Pierre Bellanger, dit marin 42 ans, domestique sans condition et deux autres particuliers pris en flagrant délit et à 10 heures et un quart, un autre particulier. »169

La Demi-lune de la porte Saint Antoine

Ce lieu apparaît dans les archives de la Bastille. En 1723 un prêtre déclare à un mouche qu’il va quelquefois à la Demi-lune pour avoir le plaisir d’observer tous les beaux garçons du faubourg Saint Antoine qui viennent jouer à la paume. Nous pourrions aussi citer d’autres lieux moins fréquentés si on en croit les rapports de police : Bois de Boulogne, Porcherons, Arcanes Saint Louis…

165 voir ARCHIVES NATIONALES Y 11724 patrouille de pédérastie 24-07-1784

166 voir ARCHIVES NATIONALES Y 11724 patrouille de pédérastie 28-8-1784

167 Archives nationales Y 11727

168 voir ARCHIVES NATIONALES Y 11724 patrouille de pédérastie 24-07-1784

169 voir ARCHIVES NATIONALES Y 11724 patrouille de pédérastie 12-07-1784

Tous les lieux cités paraissent être des territoires qui définissent déjà géographiquement l’homosexualité dans Paris, même si pour beaucoup d’entre eux, ils sont aussi des lieux de prostitution féminine. On peut observer une grande diversité de lieux de rencontres parmi les promenades et lieux publics et une grande dispersion de ces lieux de rencontres. Cette prolifération peut aussi s’expliquer par le fait que la rue, comme l’observe Arlette Farge « était un lieu de relative liberté, d’action et de loisirs, plus satisfaisant que l’inévitable mansarde aux odeurs nauséabondes, mal protégée de malfaiteurs plus pauvres encore que les locataires ».170Dans ces lieux ouverts quel type de population y rencontrait-on ? D’une manière générale rencontrait-on y rencrencontrait-ontrait une populatirencontrait-on diversifiée suivant le lieu : dans les jardins des Tuileries et du Luxembourg on rencontrait davantage des gens de qualités, des clercs. Sur les quais et les boulevards, on retrouvait des compagnons ouvriers, marchands ambulants et domestiques.

Cabarets

Parallèlement à ces lieux publics de rencontre, qu’en est-il des lieux fermés dans le Paris de la deuxième moitié du XVIIIe siècle ? Par lieux fermés, nous entendons les cabarets, marchands de vin et établissements où les sodomites se retrouvent. Pouvons-nous dire que ces endroits existaient et constituaient des lieux de sociabilité ?

Les lieux fermés à fréquentation homosexuelle étaient une réalité dans le Paris de la fin du XVIIIe siècle, pour le vérifier nous pouvons faire référence à Maurice Lever, ce dernier citant des cabarets connus dans le Paris du XVIIIe siècle pour être fréquentés par les sodomites : « A l’enseigne de la Tour d’argent, A l’enseigne de la Croix d’or rue de la Roquette, Au soleil d’or, rue de Lappe, Au Saint Claude au bas de la rue des postes, Au franc bourguignon rue des Tournelles, A l’Orangerie rue de Grenelle, A l’enseigne du Coq rue de la Tixandrerie, Au jardin des cœurs rue de Popincourt ».171 Certains de ces lieux sont cités dans les rapports de police. Olivier Blanc cite également des cafés

170 voir A. FARGE, Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle, Paris,1979, p. 33

171 M. LEVER, op. cit., P. 304

connus comme des établissements à fréquentation homosexuelle dans le Paris de la fin du XVIIIe siècle : « le café Yon sur le boulevard du Temple, le café Maunoury et le café Devertu quai de la Mégisserie. »172 Il existait donc certainement un réseau d’établissements fréquentés par les sodomites dans le Paris de la fin du XVIIIe siècle. : « La Grande pinte est un cabaret aux Porcherons, vaste enclos entre la rue de Clichy, la rue Saint Lazare et la rue des martyrs et où, dès le XVIe siècle, se trouvaient de nombreuses guinguettes ; dans ce cabaret il y avait des assemblées d’homosexuels. Dans plusieurs rapports de police il est spécifié que l’individu arrêté a retrouvé au cabaret plusieurs de ses amis, ils se parlent au féminin et se traitent de catins : dans les rapports du commissaire Convers Desormeaux nous avons parfois avec le nom de la personne, un surnom féminin : « Maillard dit la Joséphine 29 septembre 1784 »173. Alexandre Mericskay stipule « qu’au XVIIIe siècle la police tolère le fait en ne se souciant que des conséquences sur l’ordre social et que ceci est une évolution constante. »174 Cette donnée peut plaider pour l’existence de cabarets et établissements sodomites sur Paris. En 1783 Mouffle de Gerville disait que le beau vice était à la mode.175Le libertinage, au sens des relations amoureuses hors mariage semble s’être banalisé. Tolérance de fait de la police mis à part les atteintes à l’ordre social, atmosphère de banalisation du libertinage peuvent être des données qui expliquent en partie la présence de lieux, type cabarets à fréquentation sodomite. Des témoignages ou des rapports mentionnent cette activité sodomite dans les cabarets. Pour les années 1736-1740 : « René Laroche 28 ans est garçon perruquier et il a visiblement voulu, après avoir rencontré l’indicateur de la police au Luxembourg, le conduire dans un cabaret », de même

« Jean Baptiste Le Page est arrêté aux Tuileries. Il a proposé au déclarant d’aller se divertir au Fer à cheval » idem pour « Pierre Bunel soldat, 25 ans repéré au Luxembourg et qui était allé au cabaret de la Roche. ». Nous retrouvons dans les rapports de police des noms de cabarets cités par Maurice Lever : le cabaret La Tête noire, rue de la Harpe, L’Enseigne du Fer à cheval.

172 O. BLANC, op. cit., p. 99-100

173 Archives nationales Y11724

174 A. MERICSKAY, op. Cit., p. 494

175 O. BLANC, op. cit., p. 65

Certains cabarets semblent comporter même des lieux pour y trouver plus de discrétion : « Joseph Melchior Béné 15 ans, relieur de livres a été conduit par un abbé inconnu au cabaret déjà cité plusieurs fois, la Tête noire en 1741. Là, ils montèrent dans une chambre du premier étage où il a subi des attouchements.»

176

Parallèlement aux cabarets et complétant ceux ci, il existe d’autres lieux complémentaires : Olivier Blanc souligne qu’il existait des hôtels susceptibles de recevoir un couple d’hommes ou de femmes. Il en est un au Palais Royal exclusivement réservé aux hommes : « au Palais Royal dans une galerie voisine les homosexuels peuvent louer à 1 louis de l’heure, un appartement pour avoir une aventure. »177Les bains également sont des lieux de rencontres homosexuelles car ils ne sont pas mixtes. Les bains à Paris étaient des établissements à vocation hygiénique178 mais ils favorisaient le libertinage. « Les bains poitevins (qui se trouvent à l’emplacement de la piscine Deligny) ont la faveur des homosexuels. » 179Les maisons de jeu étaient aussi un espace de sociabilité et une maison de jeu située au Palais Royal est fréquentée par une clientèle homosexuelle. « C’est le rendez-vous de tous les bougres du Palais royal et on y joue toute la nuit dit-on. »180

Quel type de population retrouvait-on dans ces cabarets et lieux clos par rapport aux jardins et promenades publiques ?

Le cabaret est le prolongement évident du boulevard, l’aboutissement normal de cette vie dehors où l’intime n’a pas de place reconnue.181Les cabarets sont, comme l’observe Arlette Farge, très surveillés par la police et sont souvent remplis de mouchards. D’autre part nous avons constaté à partir des sources que plusieurs hommes se rendaient dans un cabaret avec un autre homme qu’ils

176 ARCHIVES DE LA BASTILLE Ms 10259 année 1748

177 O. BLANC, op. Cit., p. 100

178 J. CSERGO, Liberté, égalité, propreté, Paris, 1988, p. 184

179 O. BLANC, op. Cit., p. 101-102

180 Voir A. TUETEY, Répertoire général des sources manuscrites de l’histoire de Paris pendant la Révolution française, II, n° 2453 et V, n° 3263

181 A. FARGE, op. cit., p. 72

avaient rencontré. Il y aurait donc une circulation de ces hommes entre ces cabarets et les promenades publiques.

Quels types de comportement pouvait-on observer dans ces lieux fermés ? Au cabaret on vient pour discuter avec quelqu’un après une rencontre : les rapports de police qui mentionnent ce type de comportement pourraient indiquer qu’il s’agissait là d’une habitude sans doute plus générale. Certains rapports de police font état de lieux dans des cabarets ou certains se seraient rendus pour être plus tranquille. Il semblerait bien que certains établissements possédaient des endroits qui permettaient de s’isoler et avoir plus d’intimité. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre certaines annotations faisant état, de gestes ou attouchements, qui se sont produits dans certains endroits plus discrets d’un cabaret. Dans les cabarets on peut également retrouver des semblables pour discuter et certains cabarets peuvent être des lieux de sociabilité entre homosexuels déjà spécifiques. : On est allé dans un cabaret ou tel a rencontré d’autres hommes. On a parlé parfois de ses aventures sans beaucoup de discrétion… Ces faits sont d’autant plus à mentionner que comme le note Arlette Farge, les cabarets étaient par nature visités par des indicateurs de police.182Dans certains cas on peut constater des comportements encore plus audacieux « François Maure aubergiste, 35 ans a amené le mouche au Coq place Dauphine. Dans cet établissement, il a voulu mettre sa langue dans sa bouche », « Martin De Lalonde 35 ans marié a été aperçu à la foire Saint Germain. Il se retrouve avec quelques autres dans un cabaret. Ils se font la révérence en femmes et se traitent de catin. Lalonde est visiblement au centre d’un réseau de connaissances homosexuelles. Ils se retrouvent au cabaret Le poirier rue des Marmousets. »183

« Jean Baptiste Gaverelle garçon jardinier, il est question d’un cabaret rue de Lappe où il se serait « masturbé avec quelqu’un d’autre. », « Idem pour un domestique du nom de Braillard, le 20 mai 1749 dans un cabaret rue de l’égout. »

184

Il semblerait donc que le cabaret pour les homosexuels de la fin du XVIIIe siècle joue un rôle de sociabilité plus caractéristique que le jardin ou parc public. Ces

182 A. FARGE, op cit, p. 72

183 Archives de la Bastille Ms 10258

184 ARCHIVES DE LA BASTILLE Ms 10260 année 1749

hommes se rendent dans ces lieux pour être plus libre et rencontrer à l’occasion, des semblables. Le cabaret est un secteur indocile et mouvant. C’est un lieu de loisirs populaires et furtifs comme le remarque Daniel Roche.185 La culture populaire dans les cabarets parisiens consiste à ruser avec les interdits. Pendant tout le siècle la police des mœurs a multiplié les ordonnances.186 Globalement si les personnes s’autorisaient des gestes osés, c’est qu’ils pensaient pouvoir le faire sans risque et donc être dans un milieu propice. S’ils s’autorisaient à le faire dans tel cabaret ou tel autre c’est peut-être que ceci se faisait. Ces attitudes démontrent que les cabarets où l’on pouvait se divertir étaient une réalité. Ces cabarets étaient les lieux d’une sociabilité déjà affirmée avec ses codes de comportement et probablement ses habitués.

185 D. ROCHE, Le peuple de Paris, Paris, 1998, p. 339

186 D. ROCHE, op. Cit., p. 347

B L’EXISTENCE DE RÉSEAUX

Si la géographie des lieux de sociabilité homosexuelle peut être observée ; peut-on percevoir des réseaux et associatipeut-ons informelles qui pouvaient exister dans Paris au cours du XVIIIe siècle ? Un réseau est un ensemble structuré par des liens. Un réseau sous-entend des liens de connaissance fondés sur le fait d’avoir un intérêt commun, de vivre quelque chose de commun. Dans notre cadre il s’agirait de diverses réunions informelles et qui semble se répéter, et qui pourraient marquer ou être basées sur une solidarité entre gens possédant les mêmes goûts sexuels. Par rapport à des établissements fréquentés par une clientèle possédant les mêmes particularités, un réseau constitue un niveau supérieur de l’organisation ou de la structuration car dans ce cas, la volonté des personnes est supérieure. On qualifie ces réseaux comme des sociabilités informelles car Ils sont du domaine de l’informel donc du non reconnu officiellement. Ils sont basés sur des intérêts communs et on peut aussi les qualifier de micro-cultures.

Comment peut-on cerner les réseaux dans ce monde sodomite parisien au XVIIIe siècle ? De quels moyens disposons-nous ? Les archives de police notent, sur chaque individu arrêté, des renseignements. Parfois des annotations apparaissent concernant ses connaissances dans le milieu sodomite parisien.

Elles semblent parfois importantes. Ainsi nous pouvons en confrontant les fichiers de police retisser certains réseaux de connaissances. La littérature pamphlétaire constitue un autre moyen de cerner ces réseaux Plusieurs de ces pamphlets font état de véritables réseaux, on pourrait parler dans certains cas d’une véritable

« franc–maçonnerie homosexuelle ». A l’occasion de certaines affaires comme l’affaire Deschauffours, des chaînes de connaissances homosexuelles apparaissent au fil de l’instruction de l’affaire. Olivier Blanc souligne qu’il y avait de nombreux salons à la fin du XVIIIe siècle et l’idée de sociétés secrètes basée sur une préférence sexuelle, comme il est souligné dans certains pamphlets, n’est pas complètement fortuit. Il existait des sociétés secrètes libertines ou des rites d’entrée étaient pratiqués.187 Quelles sont les formes que prennent ces réseaux ?

187 O. BLANC, op. cit., p. 92-93

Nous observerons deux formes : les assemblées de sodomites et l’examen des fréquentations de certains de ces hommes : Le texte pamphlétaire Les enfants de Sodome à l’Assemblée fait allusion directement à des assemblées de sodomites.

Il date de 1790 : l’ordre fameux de la manchette était resté seul jusqu’à ce jour dans l’inaction, et cependant s’assemblait de temps à autres, aux Tuileries, dans l’allée des soupirs, dans le cloître des Chartreux, et chez l’abbé Viennet, le plus zélé partisan de la bougrerie.188 Il y a ici une claire allusion à des rassemblements de sodomites. D’autres textes pamphlétaires de cette époque font mention de telles assemblées. Les réseaux basés sur l’analyse des connaissances des intéressés peuvent être assez aisément cernés dans les archives de police. :

« Ce rapport du commissaire Convers Desormeaux, datant du 29 septembre 1784 sur Maillart, dit la Joséphine, où il est décrit certaines de ses relations. »,

« Ce rapport du même commissaire datant lui aussi du 29 septembre 1784 sur le dénommé Moreau, dit la menteuse, le rapport dit qu’il loge chez un dénommé Blondel chez lequel ils tiennent des orgies d’hommes. Il cite des noms, un domestique du nom de Roussel et un conseiller au parlement du nom de Brisson. »189, « Ce rapport de capture datant du 10 décembre 1780 d’un certain

« Ce rapport du même commissaire datant lui aussi du 29 septembre 1784 sur le dénommé Moreau, dit la menteuse, le rapport dit qu’il loge chez un dénommé Blondel chez lequel ils tiennent des orgies d’hommes. Il cite des noms, un domestique du nom de Roussel et un conseiller au parlement du nom de Brisson. »189, « Ce rapport de capture datant du 10 décembre 1780 d’un certain

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