• Aucun résultat trouvé

Les liens historiques et géographiques

Du point de vue historique, on tient à souligner que le Maghreb a eut un destin plutôt tourmenté mais qui à travers les siècles fut largement partagé. Dans le temps comme dans l’espace, il y’a eu continuité. En effet, afin de bien comprendre cette idée, on va aborder dans un premier temps le processus colonial, en tant que lien historique, en mettant l’accent sur "le Maghreb central" (Sous section I). Par la suite, ce sont d’autres spécificités dans un contexte regroupant des liens entre les Etats du Maghreb et la France qu’on va présenter dans un second temps (Sous section II).

Sous- section I : Le processus colonial

Il importe, ici, afin de bien comprendre le processus colonial, de rappeler que la colonisation, comme dit le dictionnaire de l’Académie française, est "le fait de coloniser ; coloniser est le fait d’établir une colonie ; enfin une colonie est un nombre de personnes de l’un et de l’autre sexe, que l’on envoie d’un pays pour en habiter un autre". Pour le dictionnaire le Littré, la colonisation c’est l’action d’établir une colonie, et celle-ci c’est "un établissement fondé par une nation dans un pays étranger". Dans ce contexte, certains penseurs, cite-t- on à titre d’exemple, M. Kamal Chaabouni, s’est exprimé en ces termes : "…Pour ma part je définirai

La diplomatie française et les intérêts méditerranéens maghrébins

la colonisation ou l’occupation étrangères comme l’invasion et l’installation temporaire ou indéterminée de manière pacifique ou par la force armé d’un pays peuplé par des hommes

organisés en société, par d’autres hommes et femmes arrivant d’un autre pays ayant une langue, une culture, ou une religion différente"27.

Par ailleurs, certains écrivains estiment que ″ le grand Maghreb est quant à lui une idée, et une idée ancienne. Mais c’est de plus en plus un thème porteur. A l’approche du XXIe siècle, les peuples ont besoin d’identifications valorisantes. Ils aspirent à de multiples solidarités élargies, mais bien définies les unes par rapport aux autres. Le Grand Maghreb est un concept politique utilisé ou plus exactement revendiqué par les maghrébins lorsqu’ils affirment leur spécificité face au Machrek, l’orient du monde arabe, un monde arabe auquel ils entendent aussi appartenir à part entière″28.

Dans le même ordre d’idées, l’histoire récente et les événements du temps présent montrent pourtant qu’il s’agit d’une réalité essentiellement inscrite dans les esprits. A de multiples reprises, une histoire commune constitua un lien puissant. Ainsi, ″ appartenant aux Empires romain puis byzantin, l’Afrique du Nord fut à partir de 647 conquise par les Arabes et convertie à l’islam. Elle passa ensuite sous la domination ottomane (à l’exception du Maroc qui constituait alors un empire puissant étendu jusqu’au fleuve Sénégal) puis sous la domination européenne. Le Maghreb fut, depuis le milieu du XIXe siècle et jusqu’aux années 1960, terre de colonisation française ou espagnole. Les influences à la fois négatives et positives de la présence étrangère ont renforcé les tendances à l’unité tout en exacerbant les spécificités de chaque contrée.

Ainsi, les frontières laissées par les Turcs dans le Nord du Maghreb ont été respectées. En revanche, un découpage typiquement colonial et arbitraire a prévalu dans le sud. De graves conflits allaient s’ensuivre, dont celui du Sahara occidental espagnol, accaparé par le Maroc au moment du départ des Espagnols″29.

A vrai dire, les expériences coloniales au Maghreb ne furent pas identiques. En outre, par rapport à la France, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie ont été toutes trois terres de colonisation, elles sont géographiquement très proches de ce pays. Leur situation de part et d’autre de la

27 CHAABOUNI (K.), « Nier le protectorat français comme un âge d’or de la Tunisie, reviendrait à nier l’âge d’or de l’Espagne musulmane !!! », Point de presse, 28 décembre 2005.

28 Maghreb, Centre d’Etudes et de Recherches internationales, Paris 1964- 1972.

La diplomatie française et les intérêts méditerranéens maghrébins

Méditerranée favorise les échanges dans la mesure où les transports sont, extrêmement, faciles d’un pays à l’autre. C’est pour ces raisons là que l’empreinte française sur ce "Maghreb central, réduit à ces trois pays", est très forte, elle a, effectivement, laissé des traces très profondes. C’est pour cela, on tient, vivement, à présenter d’une part, le déroulement de la conquête de ce petit Maghreb par la France en essayant d’éclaircir et mieux comprendre ses événements (Paragraphe 1) et d’ autre part, on va démontrer les effets et les conséquences de la colonisation sur les relations franco- maghrébines (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La conquête du Maghreb ″central″

Ce voyage historique démontre que la conquête des trois pays maghrébins constituant "le Maghreb central" ou "le petit Maghreb", ne fut pas identique. Bien entendu, ″cette colonisation de l’Afrique du Nord s’étale sur (82 ans), chaque implantation servant de tremplin aux conquêtes qui suivent : 1830, Algérie (la conquête totale ne s’achèvera que 40 ans plus tard), 1881, Tunisie (« pacifiée » au bout de 4 ans), 1912, Maroc (« pacifié » en 1926) ″30. En outre, ″les conditions d’accès à l’indépendance se firent selon des modèles différents.

Les protectorats sur le Maroc et la Tunisie furent abrogés dès 1956, mais, il faudra une longue guerre avant que l’Algérie ne devienne à son tour indépendante le 5 juillet 1962. Le Maroc resta une monarchie incarnée par Mohammed V jusqu’en 1961, puis par son fils Hassan II. La Tunisie devint une république présidée par Bourguiba, puis par Ben Ali. En Algérie, le FLN (Front de Libération nationale) instaura un régime autoritaire de tendance socialiste. Depuis l’annulation des élections législatives de 1992 que le FIS (Front Islamique du Salut) s’apprêtait à gagner, l’Algérie s’est engagée dans une guerre civile. L’opposition armée aujourd’hui dominée par le GIA (Groupe Islamique Armé) a intensifié ses actions, malgré l’élection à la présidence de la République de Liamine Zeroual en 1997.

La nature des régimes politiques et leur évolution divergente constituent un obstacle durable à l’unification du Maghreb. Après avoir mené une ambitieuse politique à la tête des pays non alignés, l’Algérie est aujourd’hui isolée sur la scène internationale, la guerre rendant tout projet à long terme hasardeux″31.

30 TOUMI (M.), « Le Maghreb», Presses universitaires de France, 1982, (Que sais-je; 2024), pp. 27- 28. 31 FABRIES- VERFAILLIE (M.), « L’Afrique du Nord et le Moyen- orient… », Op. Cit., pp. 242- 243.

La diplomatie française et les intérêts méditerranéens maghrébins

Quant au protectorat français32 sur le Maroc : la conférence d'Algésiras (1906), qui entérinait l'intervention des puissances occidentales au Maroc, reconnut à l'Espagne et à la France des droits particuliers. De 1907 à 1912, une série d'incidents provoqua l'intervention de l'armée française : en août 1907, les Français débarquèrent à Casablanca, puis occupèrent Oujda, Casablanca et Fès. En dépit de l'opposition de l'Allemagne, le traité de protectorat, finalement imposé au sultan du Maroc, fut signé, à Fès, le 30 mars 1912, (par ailleurs, en novembre 1912, la convention de Madrid plaçait le Nord du pays sous protectorat espagnol). Ainsi, le général Lyautey fut nommé premier résident général de la France.

Toutefois, la résistance marocaine fut vive et les révoltes berbères nombreuses. Après la reddition d'Abd el-Krim, qui souleva les masses paysannes dans le Rif (1919- 1926), la France mena une campagne de "pacification" qui ne prit fin qu'en 1934; le protectorat fut remplacé par l'administration directe. La France encouragea la colonisation rurale avec l'installation d'Européens, qui, par ailleurs, introduisirent de nouvelles cultures et commencèrent l'exploitation des phosphates. Elle entretint également l'opposition entre Arabes et Berbères : un dahir de 1930 retira la juridiction des populations berbères au sultan, responsable de la loi musulmane, et leur établit des tribunaux propres appliquant le droit coutumier.

Ce fut l'occasion d'un réveil de l'opposition. Allal Al-Fasi et un groupe de jeunes lettrés fondèrent à Fès le parti national, avec pour revendication essentielle l'abrogation du dahir. Mais, alors que s'achevait la pacification française, les prémices du mouvement pour l'indépendance se faisaient déjà sentir. Le mouvement nationaliste fut influencé par les doctrines réformistes et le panarabisme qui agitaient alors toutes les sociétés musulmanes. Un comité d'action marocain pour la réforme, créé en 1934, réclama l'application stricte du traité de protectorat. En 1937, le comité se sépara entre l'Istiqlal (1943) et le Parti démocratique de l'Indépendance (1946).

En outre, la défaite de 1940 devant les Allemands affaiblit encore la position de la France. L'Espagne occupa Tanger de 1940 à 1945. Pendant la seconde guerre mondiale, les troupes marocaines combattirent aux côtés de la France libre, mais la rencontre entre le sultan Mohammed V, ben Youssef et le président américain Roosevelt à Anfa, en juin 1943, accentua les revendications nationalistes. En 1944, Mohammed V refusa de ratifier les

La diplomatie française et les intérêts méditerranéens maghrébins

décisions du résident général et, dans un discours prononcé à Tanger, en avril 1947, commença à réclamer l'indépendance.

Au lendemain de la guerre, la pénurie alimentaire provoqua une grande misère et une forte émigration rurale. La résistance au protectorat prit alors un caractère plus urbain. Oppositions rurale et urbaine se rejoignirent après 1950, au moment où le sultan prenait une part prépondérante dans la lutte pour l'indépendance. Le gouvernement français nomma des résidents généraux intransigeants : les généraux Juin (1947-1951) et Guillaume (1951-1954). Par la suite, en 1951, sous la pression des autorités françaises, soutenues par le pacha de Marrakech, Al-Hadj Thami Al-Glaoui, surnommé le Glaoui, le sultan fut contraint de renvoyer ses collaborateurs membres de l'Istiqlal. Après avoir tenté, en vain, de négocier avec la France, Mohammed V prononça, en novembre 1952, un discours exigeant l'émancipation politique totale et immédiate du Maroc. Appuyé par la France, des notables et des chefs de confrérie, avec à leur tête le Glaoui, entrèrent alors dans un complot visant à renverser le sultan: le 20 août 1953, la France déposa Mohammed V, qui fut exilé en Corse, puis à Madagascar avec ses fils dont le futur roi Hassan II. Ainsi, une rupture totale s'instaura dès lors entre le nouveau régime et la population, qui ne reconnut pas la légitimité du sultan mis en place par la France, Mohammed Ibn Arafa, un autre membre de la famille alaouite. Ce refus revêtait un caractère politique, religieux et économique (boycott des produits français); il s'accompagna d'une vague d'agitation et de la constitution d'une armée de libération.

Quant à l’indépendance du Maroc, la conjonction des insurrections marocaine et algérienne contraignit Paris, qui choisit de consacrer l'essentiel de son effort militaire à l'Algérie, à engager des négociations avec le sultan Mohammed V. En 1955, à la suite d'actes terroristes, la France se résigna finalement à accepter le retour du sultan au Maroc. Le 2 mars 1956, fut signée une convention qui abolit le traité de Fès et reconnut l'indépendance du Maroc. Le statut de Tanger fut aboli (29 octobre 1956). L'ampleur des manifestations populaires obligea également l'Espagne à mettre fin à son protectorat, le 7 avril 1956. Après quarante-quatre ans de tutelle étrangère, le Maroc retrouvait son indépendance et son unité. Mohammed V rentra dans son pays, acclamé comme le libérateur de la nation marocaine. Dès 1958, il annonça des réformes économiques, sociales et politiques, et s'engageait à doter le Maroc, érigé en royaume, d'institutions permettant une participation directe du peuple à la gestion des affaires publiques.

La diplomatie française et les intérêts méditerranéens maghrébins

D’autre part, à propos de la Tunisie, le président Général Louis Périllier déclara en 1950 que ce pays ″ est un petit pays qui ne peut pas se passer du concours de la France"33. Si on évoque ici, le protectorat français sur la Tunisie34, c’est en 1830 que la France avait conquis l'Algérie et s'était forcément installée dans la région. Complètement ruiné, l’Etat tunisien dut accepter l’instauration d’une tutelle occidentale. Lors du congrès de Berlin de 1878, la Tunisie fit l’objet de tractations entre les puissances européennes : la France se vit donner toute liberté pour coloniser le pays.

En effet, les troupes françaises intervinrent à partir de l’Algérie sous prétexte de mater la rébellion des tribus kroumirs, des Berbères des hauts plateaux, accusés de pénétrer sur le territoire algérien. Le 12 mai 1881, le bey signa le traité du Bardo qui instituait un protectorat de fait de la République française sur la Tunisie. Le bey fut contraint de confier à la France les affaires étrangères, la défense du territoire et la réforme de l'administration.

Ainsi, le protectorat français fut à l’origine de profonds changements politiques et sociaux. A partir de 1884, un résident général français gouverna le pays, mais le Bey demeurait le souverain en titre. Le premier résidant général, Paul Cambon, mit en place un secrétaire général chargé de contrôler les décisions des ministres tunisiens et, au besoin, n'hésitait pas à les remplacer par des "directeurs techniques" français. De même, les divers successeurs de Cambon continuèrent l'œuvre de "francisation" des Tunisiens. Un nombre significatif de colons français s’établirent dans la région côtière du Nord du pays, occupant les fonctions administratives et dirigeant les entreprises. Lentement, l'élite tunisienne se francisa. Sous le protectorat, la justice était expéditive et était rendue par le bey.

Ainsi exclus de la gestion des affaires de leur pays, les Tunisiens commencèrent à réclamer leur indépendance. Ali Bach Hamba et Hedi Sfar fondèrent en 1907 le Groupe des Jeunes tunisiens influençant les élites musulmanes en osant réclamer des réformes (novembre 1911). De 1914 à 1921, le pays fut placé sous état d’urgence, la presse anticolonialiste fut interdite, alors que de nombreux dirigeants nationalistes furent arrêtés. Toutefois, en 1920, plusieurs groupes nationalistes s’unirent pour former le Destour (Constitution) qui prônait de profondes réformes démocratiques.

En 1932, Habib Bourguiba, un jeune diplômé en droit et membre du Destour, fonda avec d'autres le journal "L'Action tunisienne" qui prônait à la fois l'indépendance et la laïcisation de

33 AGHETTA (L.), « Les Français en Tunisie », le fardeau de l'homme blanc, p. 230. 34 Voir : http://www.tlfq.ulaval.caAXLAFRIQUEtunisie.htm.

La diplomatie française et les intérêts méditerranéens maghrébins

la société. Au milieu des années trente, la répression coloniale se fit plus violente et Habib Bourguiba fut expulsé avec d'autres militants dans le Sud tunisien et assigné à résidence. En 1936, l'accession au pouvoir du Front populaire permit la libération des chefs indépendantistes. En 1938, Habib Bourguiba fut emprisonné en France "pour conspiration contre la sûreté de l'Etat"; son incarcération dura cinq ans.

En outre, il convient de rappeler que durant la seconde guerre mondiale, les forces allemandes occupèrent le pays. Le 15 mai, les alliés transférèrent l’autorité de la Tunisie à la France libre. Sans attendre, les autorités françaises procédèrent à l’arrestation de centaines de sympathisants nationalistes et déposèrent le bey régnant, Moncef Bey, jugé pro-allemand, pour le remplacer par Lamine Bey. Cette intervention française suscita un profond ressentiment au sein de la population tunisienne qui avait majoritairement soutenu la reconquête alliée.

Plus précisément, en 1945, le général de Gaulle proposa à la Tunisie le statut d’"Etat associé" au sein de l’Union française. Néanmoins, Bourguiba de retour au pays en 1949, renforça sa campagne pour l’indépendance de la Tunisie en s’appuyant particulièrement sur l’Union générale des Travailleurs tunisiens (UGTT). Or, en 1954, la lutte pour l’indépendance prit un nouveau tour après les arrestations de Bourguiba et des chefs nationalistes puis la dissolution forcée du gouvernement Chenik. Les indépendantistes prirent les armes contre le colonisateur tandis qu’à l’opposé, l’Organisation "Main rouge", créée par des colons extrémistes, lançait une campagne terroriste contre les nationalistes. Les émeutes et les attentats menèrent la Tunisie au bord de la guerre. Le 31 juillet 1952, Pierre Mendès France, le nouveau président du Conseil français, se rendit en Tunisie et promit, dans un discours prononcé à Carthage, l’autonomie interne. Par conséquent, Bourguiba jugea cette déclaration acceptable et les émeutes cessèrent. Le 3 juin 1955, le premier ministre tunisien, Tahar Ben Amar et le successeur de Mendès France, Edgar Faure, signèrent une série de conventions consacrant l’autonomie tunisienne. Alors, le 17 septembre, pour la première fois en 74 ans, fut installé à Tunis un gouvernement composé exclusivement de Tunisiens. Par la suite, le 20 mars 1956, un nouvel accord reconnut la Tunisie comme une monarchie constitutionnelle entièrement souveraine. Les premières élections législatives de l’histoire tunisienne, organisées le 25 mars, donnèrent une large victoire au Néo-Destour. Ainsi, le 8 avril, Habib Bourguiba fut élu président de la première Assemblée nationale tunisienne; le 11 avril, il était nommé premier ministre. L’Assemblée tunisienne adopta une constitution transférant au peuple tunisien les

La diplomatie française et les intérêts méditerranéens maghrébins

pouvoirs législatifs. En outre, le 12 novembre 1956, la Tunisie devenait membre des Nations- Unies.

Plus précisément, le 25 juillet 1957, l’Assemblée nationale déposait le bey et proclamait la République dont Bourguiba devint le premier président. Les biens du bey furent confisqués et servirent à régler la dette de l’Etat. De nombreux fonctionnaires français furent révoqués et un tiers des Français de Tunisie quitta le pays. Les relations avec la France se détériorèrent en raison de la guerre d’Algérie. Fin 1957, des affrontements se produisirent lorsque des troupes françaises, poursuivant des indépendantistes algériens, franchirent la frontière tunisienne. Le 15 avril 1959, la France et la Tunisie signaient un accord prolongeant l’assistance technique française et en 1960, la Tunisie convint de rembourser une partie des terres confisquées aux ressortissants français.

Alors, la nouvelle constitution tunisienne fut promulguée le 1er juin 1959. En novembre, Bourguiba fut réélu président sans rencontrer d’opposition; il s'employa à laïciser la justice et le droit, réforma et démocratisa l'enseignement tout en l'arabisant, puis tenta de moderniser l'Etat notamment par la promulgation du code du statut personnel avec interdiction de la polygamie et déclaration de l'égalité entre les hommes et les femmes. Ensuite, en 1961, les relations franco-tunisiennes se détériorèrent car les Français avaient refusé d’évacuer leur base navale de Bizerte: des troupes tunisiennes l’assiégèrent le 19 juillet 1961. Et après des discussions prolongées entre la France et la Tunisie qui débutèrent en 1962, la France se retira intégralement de Bizerte en octobre 1963.

Cependant, à la différence de ces deux pays (le Maroc et la Tunisie), c’est l’Algérie, terre de colonisation devenue indépendante qui entretient avec la France une relation passionnelle, entre attraction et répulsion. Ainsi préjugés et idées reçues sont toujours omniprésents dans notre esprit. En effet, comme certains écrivains le confirment, citons ici, à titre d’exemple, Georges Morin, "par la géographie, par l’histoire, par l’économie, par leurs populations, la France et l’Algérie vivent une relation étroite et permanente. Mais, si les Algériens connaissent la France mieux qu’aucun autre peuple au monde, les Français continuent à véhiculer beaucoup d’idées simplistes sur l’Algérie, celle d’hier et celle d’aujourd’hui. Or, on ne bâtit pas de relation saine et solide avec un partenaire sur la base de demi- vérités ou de contre-vérités″35.

La diplomatie française et les intérêts méditerranéens maghrébins

Donc, pour cette raison lors de la conquête de l’Algérie, contrairement au Maroc et à la Tunisie, notre attention portera plus sur le poids du passé colonial en ce qui concerne les relations franco- algériennes. A cet égard, on ne manque évidemment pas de reconnaître que c’est l’Algérie qui a été la première colonie française au Maghreb. En effet, quant à l’origine française : ″motivée par la volonté de distraire l’attention d’une opinion agitée (Seconde Restauration), encouragée par la Russie, la France se lance dans les compagnes coloniales avec la conquête d’Alger (1830). L’invasion prend pour prétexte un incident diplomatique d’importance secondaire et assez mal élucidée d’ailleurs entre le représentant français, le consul Pierre Deval, et le dey d’Alger Hussein Dey, au sujet d’un contentieux financier vieux

Documents relatifs