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Les liens culturels et politiques

Si le Maghreb est influencé par la France, population fondée sur l’usage de la langue française, la France est, également, entrain d’être influencée par le Maghreb. En fait, leur connaissance du français et les anciens liens commerciaux et culturels ont poussé de nombreux maghrébins à émigrer vers la France (où il est plus facile de trouver du travail). Cette réalité n’est pas nouvelle, en revanche, c’est une réalité qui est enracinée profondément dans l’histoire franco- maghrébine, ce qui fait du Maghreb d’une part, le pays le plus privilégié par la France et d’autre part, de la France le pays le plus privilégié par le Maghreb.

151 Interventionde M. LOUNES (B.) lors d’une conférence de presse donnée à Rabat, 10 août 2005. 152 Ibid.

153 Ibid.

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C’est là, une occasion de traiter en premier lieu du phénomène migratoire (Sous section I) et en deuxième lieu de la proximité linguistique (Sous section II).

Sous section I : Le phénomène migratoire

Il importe de reconnaître que le phénomène migratoire est l’un des facteurs fondamentaux des relations qui existent entre la France et les Etats du Maghreb. En effet, le développement de cette exportation humaine est l’un des phénomènes marquants de l’histoire des liens humains tissés entre les maghrébins et les français.

En réalité, l’histoire nous rappelle que le mouvement humain n’est pas un phénomène marginal, qu’il doit avoir sa place dans les relations internationales car d’une part, ces mouvements humains ne datent pas d’aujourd’hui, ils sont enracinés dans l’histoire et d’autre part, ils intéressent de plus en plus des dizaines de milliers d’individus. Il serait, donc, intéressant de rappeler brièvement ce que l’histoire peut nous enseigner sur le problème de ces déplacements humains en démontrant, dans un premier lieu, l’importance de ce phénomène dans les relations franco maghrébines (Paragraphe 1), alors que dans un deuxième lieu, on va mettre l’accent sur les effets de ce flux migratoire sur les rapports entre la France et les Etats du Maghreb (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les Maghrébins en France

Avant tout, il est nécessaire de mentionner que l’immigration est un fait, un phénomène qui ne date pas d’hier. Toutefois, l’homme, comme certains l’estiment, a la mémoire courte et des yeux de taupe…

Dans cette perspective, l’histoire nous révèle, par exemple, ″qu’entre 1800 et 1835 un flux de 50 millions d’Européens se sont fixés outre-mer, obligés de quitter l’Europe, dont la France, à cause du chômage, de la pauvreté et des régimes politiques…Or, qui aujourd’hui reprocherait à ces hommes et à ces femmes d’avoir eu le courage de se déraciner pour vivre ailleurs ?″155. L’immigration dont on parle au XIXème siècle était, en fait, une émigration qui

se faisait de l’Europe vers les pays neufs ou bien soumis à la domination des pays européens. Depuis le XXème siècle et surtout depuis la seconde guerre mondiale, des hommes et des femmes sont attirés vers l’Europe. Le mouvement s’est, alors, inversé au profit des pays

155 CHRAIBI (A.E), « Analyse théorique et concrète des effets migratoires : Application au cas des pays Maghrébins », Thèse : Sciences économiques : Aix-Marseille : 1981, pp. 24- 30.

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industrialisés où le taux de natalité est faible et où la campagne, même de plus en plus désertée, n’est plus suffisante pour fournir la main d’œuvre nécessaire à l’industrie. La situation est aggravée par les guerres de 1914 et de 1945 à cause des milliers de morts, par conséquent, les principaux pays d’Europe ont été contraints à recourir à la main d’œuvre étrangère. ″Ce fut le cas notamment de la France, en 1982, (elle) comptait 795.920 Algériens, 431.020 Marocains, 184.400 Tunisiens,…″156.

Si le bilan est positif pour l’industrie française - grâce à ces hommes et à ces femmes qui, partent de chez eux à cause des difficultés de vie, dans l’espoir d’un mieux être ailleurs, vivant des déracinements douloureux et des enracinements nouveaux qui ne vont pas de soi-, il ne faut pas oublier, par contre, que trop d’entre eux sont l’objet d’un rejet et vivent dans des conditions inhumaines. L’immigration participe, alors, à repeupler la France, elle la rajeunit, elle l’incite également à trouver des solutions nouvelles à des problèmes nouveaux. Le titre suggestif du livre de Bernard Stasi : L’immigration une chance pour la France, milite en ce sens.

Grosso modo, on peut distinguer, dans l’évolution historique de l’émigration maghrébine quatre phases : pendant la guerre de 1914-1918, entre 1920 et 1930, de la crise économique de 1931 à la seconde guerre mondiale et finalement de 1945 au début des années soixante-dix. En outre, on peut distinguer une cinquième phase de l’émigration nord-africaine, celle qui a commencé dans les années soixante-dix, ce qui marque cette dernière période est le grand tournant des politiques migratoires vers l’Europe occidentale.

Concernant la guerre de 1914-1918, Az-Eddine Chraîbi, rappelait qu’à l’exception de la période allant du second trimestre de 1914 jusqu’à 1918, les entrées des Nord-africains en France n’ont pas cessé d’augmenter. "Au cours de ce conflit, la France organisa en Afrique du Nord une émigration forcée pour compléter ses besoins en soldats et en travailleurs. Il s’agissait bien là d’une émigration de contrainte. Les trois communautés maghrébines lui avaient fourni, de 1915 à 1919, 250.000 soldats et plus de 132.000 travailleurs. Ces derniers remplaçaient dans les usines d’armement, les fermes, les services de l’Intendance et les transports, les Français mobilisés.

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La grande majorité des Maghrébins arrivait en France pour servir surtout dans l’armée française, à l’exception toutefois des Marocains qui se répartissaient de manière sensiblement identique entre travailleurs et militaires.

Quant aux caractéristiques des travailleurs nord-africains, L.CHEVALIER en a recensé trois :

-Ils s’orientent vers l’usine de préférence à la campagne,

- Leurs rendements dans l’industrie sont inférieurs à ceux des travailleurs européens, - La préférence des employeurs pour les travailleurs marocains.

Mais après l’armistice, soldats et ouvriers maghrébins furent rapatriés en Afrique du Nord et en 1919, on n’en comptait plus qu’une dizaine de milliers"157.

S’agissant de l’étape historique de 1920 à 1930, il convient de reconnaître que la France a pris conscience des avantages que pourrait lui apporter une main-d’œuvre étrangère et elle a donc dû faire de nouveau appel aux travailleurs du Maghreb. Ainsi, l’effectif de ces derniers était estimé, en 1924, à environ "120.000 (soit 4% de la population étrangère totale résidant en France) dont 100.000 Algériens, 10.000 Marocains et 10.000 Tunisiens. Cet effectif restera à peu près stable jusqu’en 1930"158.

Quant à l’étape de la crise économique de 1931 à la seconde guerre mondiale, il peut être utile de rappeler qu’avec l’année 1931 arrive en France la grande crise économique. Dès lors, un chômage de crise s’y établit et en vue de protéger sa main- d’œuvre nationale, la France utilise des mesures strictes pour ne pas encourager l’immigration.

Effectivement, la chute brutale de l’activité économique et l’augmentation du chômage ont mené les employeurs à licencier un certain nombre de leurs travailleurs. Ainsi, les Maghrébins, pour la majorité non qualifiés, en étaient les premières victimes. En fait, au flux massif des travailleurs maghrébins de la période précédente, succède un reflux important vers l’Afrique du Nord. A cet égard, il convient de rappeler que de 1930 à 1936, le nombre des ressortissants des trois pays du Maghreb a baissé d’environ 75% ; le minimum a été atteint en 1936. D’ailleurs, ce mouvement de reflux n’a pas touché seulement les Maghrébins, mais

157 CHRAIBI (A.E), « Analyse théorique et concrète des effets migratoires… », Op. Cit., p. 29. 158 Ibid, p. 30.

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également toutes les autres nationalités. Dans cette perspective, la population étrangère a, selon les recensements généraux de la population en France, diminué de manière considérable. En effet, "elle passe de l’indice 177 (100 = 1921) en 1931 à l’indice 143,5 en 1936 puis à l’indice 113 en 1946, soit une baisse relative estimée à 19,1% de 1931 à 1936, puis à 20,7 % entre 1936 et 1946.

Mais si, en France, le décret du 17 juillet 1936 a rétabli la libre circulation des étrangers, (le migrant devait seulement posséder une carte d’identité), le nombre des Maghrébins devrait logiquement augmenter à cette date. Or, ce ne fut pas le cas. Parmi les explications possibles notons que les travailleurs nord-africains se sont vus concurrencer par les travailleurs polonais et tchécoslovaques engagés, pour des raisons de politique internationales, par les houillères et les entreprises métallurgiques. Mais surtout aucune reprise économique importante ne s’étant manifestée en France jusqu’à la Deuxième guerre mondiale, l’emploi est resté stagnant et les recours à l’immigration sont demeurés très limités.

Notons enfin, qu’avec la défaite de 1940, on assista à un arrêt complet du mouvement migratoire à destination de la France. Et les Maghrébins devaient à nouveau retourner dans leur pays d’origine"159.

En ce qui concerne l’étape historique de 1945 jusqu’au début de la décennie soixante-dix, on ne manque évidemment pas de reconnaître qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, on a assisté, comme l’a exprimé A. Sauvy, à un "renversement du mouvement migratoire séculaire". Autrement dit, le mouvement migratoire "traditionnel" a été rapidement remplacé par un autre allant, cette fois-ci, des zones surpeuplées vers des zones développées relativement sous-peuplées et dont la croissance exigeait de plus en plus de bras.

Dans cette perspective, il est opportun de reconnaître que le bilan démographique désastreux des années trente et de la deuxième guerre mondiale engendrait, dans les pays européens, un très grand vide d’hommes d’âge actif (déficit qui venait d’ailleurs s’ajouter à celui de la première guerre mondiale, encore plus important). Ceci explique, évidemment, le processus de vieillissement qui a touché la population européenne. Ainsi, l’Europe faisait appel à la main- d’œuvre étrangère. Or, les déplacements humains à destination du continent européen étaient très massifs; c’est effectivement à partir de 1945 qu’on peut parler d’une véritable explosion migratoire. Au début, les flux migratoires à destination de l’Europe se faisaient,

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évidemment, sans que les Etats y prennent part; toutefois dés que 1945, on assistait à la mise en place des systèmes de contrôle et de réglementation des migrations internationales. C’est ainsi que furent installés, par exemple, en France l’Office national de l’Immigration (O.N.I.) par l’ordonnance du 2 novembre 1945 et en Allemagne fédérale, l’Office fédéral de Placement et d’Assurance-chômage (O.F.P.A.C.) devenu, depuis 1969, l’Office fédéral de l’Emploi. En parallèle, des bureaux de recrutement furent également installés du côté des pays maghrébins. En outre, la destination géographique de la migration maghrébine s’est étendue, outre la France, à d’autres régions de l’Europe. Ainsi, dans les années cinquante, elle a commencé en Allemagne de l’Ouest, Belgique, Pays-Bas et a même gagné, au cours des années soixante, la Suisse et la Scandinavie. En fait, de nombreux facteurs ont facilité cet élargissement géographique de la migration nord-africaine en Europe : le progrès et l’organisation des moyens de transport, de même, la guerre d’Algérie et l’indépendance des trois pays ont donné à l’émigration magrébine une physionomie nouvelle. Pour ainsi dire, "il ne s’agit plus d’une migration «libre» ou de type colonial mais d’une migration définie par des accords entre les Etats nouvellement indépendants du Maghreb et le Gouvernement de chaque pays européen; alors que l’Algérie et le Maroc avaient déjà une tradition migratoire qui remontait au siècle dernier, l’émigration tunisienne n’a débuté réellement qu’au cours de cette période, aux alentours de 1950″160.

Au regard de ces éléments précédents, on peut dire que le phénomène de cette émigration des travailleurs magrébins, en France, est engendré par la domination coloniale : ce sont, en effet, les besoins en ouvriers secrétés par l’économie métropolitaine et la dépossession massive des fellahs maghrébins qui ont conduit, d’abord, à l’apparition du phénomène de migration161. Ensuite, ce sont les nécessités de la première guerre mondiale qui vont amener l’ancienne puissance tutélaire à prélever, forcément, sur les populations nord-africaines les soldats et la main d’œuvre nécessaire au fonctionnement des industries de guerre. A la fin de cette guerre, la migration maghrébine, en particulier algérienne, s’accentuera en raison même de la situation démographique de l’ancienne puissance coloniale. Effectivement, la France, à la fin du premier conflit mondial, a perdu 20 % de sa population active. Aussi, la pénurie de main-

160 CHRAIBI (A.E), « Analyse théorique et concrète des effets migratoires… », Op. Cit., p. 31.

161 A propos de l’histoire de l’immigration maghrébine en France : AGERON (Ch.R), « L’immigration maghrébine en France : un survol historique. Vingtième siècle », Revue de l’Histoire, F.N.S.P. (7), Paris, juillet- septembre 1985, pp. 59-70; BELKACEM (H.), « L’immigration algérienne en France, origine et perspectives de non retour », C.I.E.M, Paris : l’Harmattan, 1985; El OUARZAZI (M.), « Les travailleurs immigrés marocains », Thèse : Paris I : 1986; GILETTE (A.) et SAYAD (A.), « L’immigration algérienne en France », Paris : Editions Entente, 1984.

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d’œuvre va nécessiter un accroissement de la masse de travailleurs provenant de l’Afrique du Nord.

C’est une démarche identique qui amènera, vingt cinq ans après, l’ex-Etat colonial à avoir recours massivement à la main d’œuvre et aux soldats maghrébins. Ceci ne doit pas nous surprendre car trois raisons au moins aident à l’expliquer :

Tout d’abord, on y verra une conséquence de la situation de la France à la veille de la seconde guerre mondiale : la France devient "un pays de vieillards"162.

Ensuite, on y verra le fruit des pertes humaines consécutives à la seconde guerre mondiale "En effet, 635000 Français connaissent la mort au cours de celle-ci et 55000 autres deviennent invalides. Par rapport au total de la population, le pourcentage des disparus ou des invalides ne semble pas considérables163". A cet égard, il est opportun d’évoquer la déclaration du Général de Gaulle : "la perte éprouvée par la France est relativement plus forte que ne semblent l’exprimer les chiffres. Car c’est dans une jeunesse peu nombreuse que la mort a fauché cette moisson"164. Autrement dit, la seconde guerre mondiale fait perdre à l’ancienne métropole ses rares éléments actifs.

Enfin, on y verra le résultat des exigences de la reconstruction. En effet, les régions détruites sont à reconstruire, les transports à remettre en marche et la production française à relever. Ainsi, "les deux plans Jean Monnet s’inscrivent d’ailleurs dans cette optique. Le premier (novembre 1944-juin 1945) est destiné, en effet, à remettre en fonctionnement les transports et à relever la production des sources d’énergie, tandis que le second, adopté en 1947 et devant se terminer en 1950, vise à permettre à la production française de dépasser, dès 1949, celle de 1938.

Ainsi, l’ex-Etat colonial, saigné à blanc par les deux conflits mondiaux et aux prises avec les problèmes de l’après-guerre, se rabat sur ses colonies qui doivent lui fournir une main d’œuvre abondante et corvéable"165.

Force est cependant de souligner que même après l’effacement des séquelles de la guerre, compte tenu des avantages qu’elle procure au patronat français, la migration maghrébine ne

162 GENET (L.) et collaborateurs, « Le monde contemporain », Hatier, 1962, p. 250.

163 RIFFI (E.M), « La politique française de coopération avec les Etats du Maghreb… », Op. Cit., pp. 57- 58. 164 GAULLE (Ch. De), « Mémoires de Guerre (Le salut) : 1944- 1946 », Paris : Editions Plon, 1959, pp. 274 - 275.

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cesse de s’accroître à une cadence très rapide166, dès le lendemain de la seconde guerre

mondiale. Après le déclenchement du processus de la décolonisation, cette migration est appelée à se poursuivre grâce à ce qu’il est convenu d’appeler la coopération.

Effectivement, dans les accords relatifs à cette migration, la France a inséré des dispositions tendant à encourager les populations maghrébines à la rejoindre. A cet égard, à titre d’exemple, la déclaration des garanties, contenue dans les accords d’Evian : elle prévoit que tout Algérien, sauf décision de justice, muni d’une carte d’identité, est libre de circuler d’Algérie en France, pour y travailler, se voit reconnaître le droit de transporter ses biens mobiliers hors d’Algérie. Ainsi, il est stipulé dans l’article 7 de la déclaration franco- algérienne sur la coopération économique que "les ressortissants algériens résidant en France et notamment les travailleurs, auront les mêmes droits que les nationaux français, à l’exception des droits politiques". Sans doute, l’ancienne métropole tient à faire durer la présence des travailleurs maghrébins en France pour répondre aux besoins de plus en plus croissants de son économie et à la nécessité de l’accumulation au centre.

Alors, il est fort important de remarquer que les liens entre la France et la Méditerranée sont indissociables depuis longtemps. En effet, au souvenir vague du passé français, s’est ajouté le rôle de l’émigration, en France qui a renforcé les liens spirituels, affectifs, intellectuels entre ces deux communautés, tout à fait différentes. Ils sont devenus comparables aux connections qui règnent entre deux êtres siamois. Dans ce contexte, Georges Dillinger a estimé dans son ouvrage : ″en cette fin de XXe siècle, l’Algérie est le pays le plus proche de la France. Phrase provocante, dira-t-on, puisque nos voisins frontaliers sont géographiquement plus proches de nous, puisque nos relations commerciales avec l’Allemagne sont plus développées, puisque nous sommes intégrés à l’Union européenne, puisque la francophonie nous fait frères de la Wallonie par exemple.

Oui, mais prenons garde de ne pas sous-estimer l’importance de cent trente ans de colonisation en Algérie. N’oublions pas que, face à notre natalité déclinante, la natalité algérienne est galopante-suivant le terme consacré- : neuf millions d’habitants en 1962, vingt-sept millions actuellement ! N’oublions pas enfin que, depuis des décennies, la France constitue le déversoir naturel pour la population algérienne en quête de travail, en quête de rémunération plusieurs fois supérieurs à celles existant en Algérie, en quête d’avantages

166 LARBI (T.), « La migration maghrébine dans les rapports entre l’Europe industrielle et le Maghreb retardé », (Collection du C.R.E.S.M.), Editions du C.N.R.S., 1974, p. 341.

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sociaux, en quête d’écoles et d’enseignement supérieur, en quête de soins hospitaliers de haut niveau, en quête de logements, en quête de sécurité, d’asile ou de refuge, en quête de distractions.

Or, ce si proche voisin est étreint par une misère indicible, plénière puisqu’à la fois matérielle et spirituelle. Le flot migratoire d’Algérie en France est considérable depuis longtemps et-contrairement à certaines prédictions ayant précédé les accords d’Evian- il n’a fait que s’amplifier depuis 1962. Ce flot migratoire risque de se transformer en un véritable exode, si ce que l’on appelle encore la crise algérienne se transformait en une véritable guerre civile ou en l’installation d’un régime totalitaire insupportable. Bref, tout ce qui touche à l’Algérie nous touche d’infinement près…"167. En outre, comment lutter contre le message agréablement attirant, éblouissant, délivré quotidiennement par les médias et particulièrement par la télévision. En ce sens, Georges Dillinger s’est également exprimé : "…Ainsi, après avoir apporté à ce peuple une civilisation, une liberté, une certaine démocratie dont ils ne pouvaient plus se passer-ce dont nous sommes responsables-, après que nous l’ayons abandonné, notre influence, notre “modèle” fascinant se sont exercés plus que jamais, même si dès lors nous n’en étions plus responsables″168.

Il n’est alors probablement en rien excessif d’affirmer que la France marque son empreinte jusqu’aux os des Maghrébins, et pour eux arriver en France, c’est un autre monde, autrement dit, c’est le passage d’un milieu du XVème siècle à un monde qui vit au XXème. Dans ce contexte, certains comme le professeur émérite André Nouschi a soutenu : ″ […] D’où sortir cet argent pour rembourser ? C’est une situation sans issue; plus aucune sortie, la seule

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