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Section 2 : Revue de littérature théorique sur le lien entre le développement

3- La libéralisation financière

3.6.2. Libéralisation financière et croissance économique les canau

libéralisation financière sur la croissance. En fait, depuis la contribution de Goldsmith (1969), la littérature économique s'est de plus en plus concentrée sur l'étude de la relation qui existe entre la libéralisation financière et la croissance économique.

1 Kpodar.K( 2006),op.cit.,p.176. 2 Ibid,p.177.

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Cette multitude de travaux ayant cherché à dégager les effets de la libéralisation financière sur le développement économique ne cache pas le fait que l'interrogation principale de la plupart de ces travaux était : Comment et à travers quels canaux la libéralisation financière exerce son effet sur la croissance économique ?

3.6.2.1. L'effet de la libéralisation sur la croissance économique par des canaux directs : a) L'augmentation de l'épargne nationale :

En principe, les flux de capitaux Nord-Sud permettent aux pays développés et ceux en développement de réaliser des bénéfices potentiels. Ils fournissent un rendement plus élevé pour les pays développé. Tandis qu’ils impliquent une augmentation de l’investissement dans les pays pauvres en capitaux (Fischer [1998].La possibilité du financement externe permet aux pays d'éviter la contrainte de liquidité. Ainsi, l'investissement des pays est favorisé. En conséquence, l'accroissement des investissements stimule l'emploi et permet donc d'utiliser le capital humain partout où il se trouve. En d'autres termes, l'accès aux capitaux étrangers permet d'exploiter le potentiel de croissance en investissant dans des projets rentables au-delà de ce qui serait permis par la seule épargne des résidents. De ce fait, les économies émergentes peuvent profiter de cette masse de capitaux pour financer leur développement.

Enfin, une lecture du rapport sur le développement dans le monde (1999-2000) de la Banque Mondiale nous permet de conclure que la libéralisation des mouvements de capitaux favorise la croissance des pays émergents :

« ...jusqu'au début des années 90, 1'allégement des dispositions financières contraignantes était considéré comme un moyen de favoriser la croissance, mais il n'était pas jugé aussi important que les autres facteurs. Ce point de vue est en train de changer à la faveur des recherches menées ces dernières années. On ne considère à présent que l'expansion des circuits financiers, et notamment l’établissement des marchés boursiers performants, contribuent fortement à la croissance future d'un pays, surtout grâce à une meilleure répartition des ressources » (Rapport de la Banque Mondiale (1999-2000).

1 Ben Gamra .S ( 2007),op.ct.,p.182.

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b) La réduction du coût de capital par une meilleure gestion de risque :

Un fort argument pour l'ouverture financière est basé sur les principes de la théorie moderne des finances internationales, qui soulignent l'élément « risque » des marchés financiers internationaux.Krugman (1998) montre qu’en diversifiant son portefeuille sur les marchés mondiaux, l'investisseur peut faire plus d'investissement rentable dans son propre pays, ce qui favorise la croissance nationale. L'idée est que l'accès aux marchés de capitaux internationaux permet un découplage entre l'épargne et l'investissement national.

Plusieurs modèles d'évaluation d'actifs internationaux ont été développés et soulignés que la libéralisation du marché des valeurs mobilières améliore l'allocation du risque ([Stulz [1999]). D'abord, l'opportunité de partage de risque entre les investissements étrangers et domestiques peut aider les investisseurs à diversifier leurs risques. Cette capacité de diversifier les risques encourage les investisseurs à investir dans plusieurs projets, d'où, elle exerce un effet favorable sur la croissance. Ensuite, à mesure que les mouvements de capitaux augmentent, les marchés des valeurs mobilières domestiques deviennent plus liquides, ce qui pourrait réduire la prime de risque, abaissant ainsi le coût de capital des investissements.

En fait, il y a deux composantes du coût de capital dans un pays quelconque: le taux sans risque et la prime de risque des capitaux propres. La théorie suggère que touts les deux diminuent quand un pays pauvre en capitaux libéralise son marché financier (Henry [2003]) met les points sur le rôle de la libéralisation des mouvements des capitaux eu matière de réduction du coût de capital. Tout d'abord, il considère un petit pays où :

1. Le marché financier est complètement segmenté des marchés financiers internationaux ;

2. Les investisseurs ont tous le même degré d'aversion au risque (qui est une constante), et qu'ils s'intéressent seulement au rendement espéré de leurs projets et à la variance de leurs investissements.

1 Ben Gamra .S ( 2007),op.cit.,p.185. 2 Ibid,p.185.

79 c. La stimulation du système financier domestique :

Comme on l'a déjà vu, depuis les travaux de Goldsmith (1969), de McKinnon et Shaw (1973) et de King et Levine (1993), l'importance du système financier dans le soutien de la croissance économique a été de plus en plus démontrée dans la littérature économique. Il a été particulièrement avancé que la libéralisation financière peut exercer un effet favorable sur la croissance économique à travers la stimulation du secteur financier (Klein et Olivei, 2000). En effet, l'implantation des banques étrangères (généralement venant des pays développés) dans les pays en développement ou l'augmentation de leurs parts dans les banques domestiques et intensification de la concurrence entre-elles peut exercer un effet positif sur le développement du secteur financier, et sur la croissance économique par la suite.

Levine (1996) a souligné que la plus grande propriété étrangère des banques

domestiques peut produire plusieurs avantages. Premièrement, la participation étrangère des banques peut faciliter l'accès des entreprises domestiques aux marchés financiers

internationaux. En second lieu, elle peut aider à améliorer le cadre de normalisation et de surveillance du secteur bancaire domestique. Troisièmement, les banques étrangères

présentent souvent une variété de nouveaux instruments et techniques et peuvent favoriser des améliorations technologiques sur les marchés intérieurs. En effet, l'interpénétration des

changements économiques, réglementaires et technologiques, va exercer un effet direct sur l'évolution du comportement des banques. Celles-ci qui ont suivi de près le mouvement de libéralisation, vont essayer de s'y adapter pour éviter les risques qui peuvent en résulter. C'est ainsi qu'avec le développement de la déréglementation et de la désintermédiation, les entreprises vont assister à une certaine substitution des crédits bancaires par l'émission des titres sur les marchés financiers naissants. En fait, la dynamisation de l'activité boursière est considérée comme l'un des principaux traits qui indiquent la mise en application d'une libéralisation financière. Cette dynamisation va être derrière l'instauration d'une concurrence brûlante entre la finance intermède et la finance directe.

1 Ibid,p.187.

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Particulièrement, la « titrisation », source de concurrence des banques, va inciter ces dernières à modifier leurs comportements et changer le mode de gestion de leurs bilans, tout en essayant de consacrer une part importante de leurs actifs à l'achat des titres. C'est d'ailleurs ce comportement qui a permis à la plupart des économistes et théoriciens de se demander s'il s'agissait bien d'une désintermédiation ou simplement d'une nouvelle forme d'intermédiation. C'est dans ce sens que Renversez (1988) écrit :

«La croissante des marchés financiers a pu faire croire à une diminution de l'activité des intermédiaires financiers etplus particulièrement les banques alors que sous des formes évolutives le financement demeure fortement intermède » (Renversez (1988).

Comme résultat à tous ces changements de 1 environnement économique, financier, technologique et réglementaire suite à la libéralisation, les pays ayant adopté cette stratégie vont assister à un développement de leurs secteurs financiers.

d) Le transfert du savoir-faire technologique et managérial :

Parmi l'ensemble des flux de capitaux privés, les investissements directs étrangers sont toujours préférés par les pays en développement car, à part leurs caractères durables, ce type de flux exerce des effets de diffusion sur le plan technologique.

Depuis les travaux de Gregorio et Lee (1995), il est de plus en plus admis que le progrès technique exerce un effet positif sur la croissance. Il agit sur le niveau de la production finale à travers plusieurs canaux de transmission : l'acquisition du capital humain, l'importation des produits innovants, l'acquisition des nouvelles techniques de production, etc. Ce résultat a été déjà démontré par Findly (1978) qui, en se basant sur un modèle classique, a montré que les IDE véhiculent le progrès technique dans les pays qui les reçoivent. Ce point de vue a été souligné aussi par Wang (1990) qui a développé un modèle de croissance mettant eu évidence l’importance du capital humain et de la diffusion technologique sur le développement économique via les mouvements internationaux des capitaux.

1 Ben Gamra.S( 2007),op.cit.,p.190 2 Ibid,p.190.

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De même, l'attraction des IDE exerce un effet important sur le plan managérial permettant ainsi le transfert des méthodes modernes de gestion vers les pays en voie de développement. Les flux des capitaux et particulièrement les IDE représentent donc un canal adéquat pour la diffusion et le transfert des innovations technologiques. Ces transferts peuvent augmenter la productivité qui à sou tour peut exercer un effet favorable sur la croissance économique.

3.6.2.2. L'effet de la libéralisation sur la croissance économique par des canaux indirects :

Il s'agit essentiellement de la signalisation, la discipline macro-économique ainsi que la promotion de la spécialisation.

a) La signalisation ;

La volonté d'un pays d'entreprendre une libre circulation des capitaux et donc plus d'intégration financière peut être interprétée comme un signal qu'il va pratiquer des politiques plus amicales envers les investissements étrangers à l'avenir. Bartolini et Drazen (1997) suggèrent que 1 enlèvement des restrictions sur les sorties des capitaux peut, par son rôle de signalisation, mener à une augmentation des apports de capitaux.

Beaucoup de pays, y compris la Colombie, l'Egypte, l'Italie, la Nouvelle Zélande et le Mexique, ont reçu des apports de capitaux significatifs après la suppression des restrictions aux sorties des capitaux.

b) La discipline macro-économique :

L'intégration financière internationale est capable de donner lieu à une augmentation de la productivité dans une économie nouvellement libéralisée et ceci à travers son impact positif sur la capacité du gouvernement d'exercer plus de crédibilité au futur. Ainsi, l'ouverture financière et l'existence d'un risque de volatilité des taux des capitaux renforcent l'incitation à adopter des politiques macro-économiques saines.

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Dans le même ordre d'idée, Kose et Prasard (2003) notent ;

« La libéralisation du complet de capital peut en outre être comme un signe de l’attachement du pays à une bonne politique économique. Pour un pays dont le compte de capital ouvert,

l’impression d’une détérioration du cadre de sa politique économique pourrait être stationnée par les investisseurs intérieurs et étrangers, qui pourraient en retirer brusquement leurs capitaux. Les décideurs sont ainsi fortement incités à adopter et maintenir des politiques

saines, avec leurs avantages manifestes pour la croissance à long terme » (1)

Plus spécifiquement, le rôle disciplinaire de l’intégration financière peut changer la dynamique des investissements domestiques dans la mesure où elle mène à une réallocation de capital vers les projets les plus productifs en réponse aux changements des politiques macro-économiques.. La perspective de telles politiques tend à décourager l'investissement et à réduire la croissance. Par contre, l'ouverture financière peut exercer un effet favorable sur les décisions des pouvoirs oublies et les contraint de ce fait de s’engager dans des telles politiques prédatrices à l'avenir puisque les conséquences négatives de telles pratiques sont plus graves lorsque le pays est libéralisé Prasad, et Kose (2004).

Toutefois, plusieurs économistes insistent sur le fait que l’instauration des réformes macro-économiques et même institutionnelles devrait être mises en place même avant le commencement du processus de libéralisation. Particulièrement, la stabilité du niveau général des prix et la modération du déficit budgétaire sont considérées comme des conditions nécessaires pour bénéficier au plus de la libéralisation.

c) La promotion de la spécialisation :

Prasad,et Kose (2004) avancent que l’idée selon laquelle la spécialisation dans la production peut augmenter la productivité et la croissance est intuitive.

1 Kose.A et Prasard.E (2004) : « Effects of Financial Globalization on Developing Countries : Some Empirical Evidence », IMF Working Paper, N°7.p.5.

2 Kose .A et Prasard.E( 2003 ),op.cit.,p.15. 3 Ibid,p.16.

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En fait, en absence des mécanismes de gestion des risques, une structure de production fortement spécialisée peut produire une volatilité élevée du rendement suite à une diminution de la demande. Les soucis concernant l'exposition à une telle volatilité peut décourager les pays à profiter de la spécialisation pour soutenir leurs croissances. En principe, la libéralisation financière peut jouer un rôle utile en aidant les pays pour s'engager dans un processus de diversification internationale des risques.

La figure ci-dessus met en évidence les différents canaux, directs et indirects, à travers lesquels la libéralisation financière agît sur la croissance économique.

Figure I.4.Les canaux de transmission de la libéralisation à la coissance économique

Source : Kose .A et Prasard.E( 2003 ),op.cit.,p.15

1 McKinnon.R.I(1991 ),op.cit.,p.175.

La libéralisation financière

Canaux directs

 L’augmentation de l’épargne nationale.  La réduction du coût de capital par une

meilleure gestion de risque.

 La stimulation du système financier.

 Le transfert de savoir faire technologique et managérial

Canaux indirects

 La signalisation.

 La discipline macro économique.  La promotion de la spécialisation.

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Section 3 : Revenue de littérature empirique sur l’interaction entre le développement