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Libéralisation financière, aveuglement au désastre et spéculation au cœur des paniques bancaires48

La libéralisation financière, conjuguée à une concurrence parfois destructrice, élargit le champ d’action des banques et leur permet de s’engager dans des projets risqués. A cela s’ajoute, le comportement microéconomique spéculatif qui constitue un des facteurs explicatifs d’un grand nombre de défaillances bancaires.

3.1 L’aveuglement au désastre

Ce concept (disaster myopia) défini par Guttentag et Herring (1986) est une tendance systématique à la sous-estimation des probabilités subjectives de chocs (notamment chocs de crédit résultant d’un défaut d’un ou de plusieurs emprunteurs) ou à la surestimation des perspectives de croissance économique. Ces probabilités subjectives désignent des estimations et des jugements qui guident les individus sans référence obligée à la cohérence logique et relèvent de la probabilité psychologique. Elles s’opposent aux probabilités a priori (qui peuvent être déterminées à l’avance comme dans le cas de l’obtention du côté face d’une pièce de monnaie non truquée) ou aux probabilités empiriques déterminée à l’aide de l’observation et de l’expérimentation.

3.1.1 Le concept défini par Guttentag et Herring (1986)

Ces auteurs ont utilisé des notions de psychologie comportementale et cognitive (Charreaux, 2004). Plusieurs hypothèses « heuristiques » c’est à dire qui ont pour objet la découverte des faits en psychologie comportementale et cognitive justifient la myopie au désastre :

- une heuristique de mémoire (availability heuristic) : la myopie au désastre est fonction du temps écoulé depuis le dernier choc. Si le souvenir du dernier choc est lointain, alors la croyance dans la survenance d’un tel événement sera faible. La probabilité subjective d’un choc devient alors une fonction décroissante de la période de temps écoulée depuis le dernier choc.

Guttentag et Herring citent à titre d’exemple dans leur article « credit rationing and financial disorder » (p. 1363), le cas d’un automobiliste qui vient d’être témoin d’un accident et qui se met immédiatement à conduire plus prudemment; sa vigilance décroît ensuite avec le temps. Dans le cas d’une crise financière suivie de faillites et de disparitions d’établissements de crédit insolvables, la reprise qui peut s’ensuivre est susceptible de donner naissance à de nouveaux comportements imprudents :

« Cependant, si la reprise s’effectue avec prudence en raison du souvenir toujours manifeste chez les agents des graves conséquences du sur-crédit, la nouvelle phase d’essor estompe progressivement la mémoire de ce désastre (disaster myopia, soit l’aveuglement au désastre ), d’où l’idée que la stabilité est aussi déstabilisante : les agents ne retiennent pas les leçons du passé et renouvellent les mêmes erreurs », (Gilles, 2004, p 72).

- une heuristique de seuil (threshold heuristic) : soit π, la probabilité de réalisation d’un désastre, lorsque la probabilité de choc tombe en dessous d’un seuil critique faible (π’) mais non nul, alors la valeur retenue est forcément zéro. Au delà de ce seuil, la valeur retenue est positive. Avec le temps qui passe, les probabilité subjectives de risque de défaut chutent (de π t à π t+n) jusqu’à atteindre le seuil critique π’. Lorsque les prêteurs se situent en deçà de ce seuil, ils perdent alors toute sensibilité à la probabilité de défaut (voir le graphique 1) . - une heuristique de complaisance ou dissonance cognitive appelée aussi « syndrome du déni » : les agents campent sur leurs décisions malgré des informations contraires les incitant à agir différemment.

Le graphique ci-après synthétise les concepts définis par Guttentag et Herring.

Schéma 2 :Les hypothèses de la myopie au désastre

Source : Guttentag et Herring (1984)

Ces données psychologiques poussent les banques à prendre des risques démesurés au regard de la conjoncture ou de la solvabilité de leurs clients (Clerc, 2002). Une phase d’euphorie telle que définie par Minsky conjuguée à un aveuglement au désastre de la communauté bancaire peuvent alors conduire à une distribution massive de prêts risqués ou de projets dont la rentabilité future est incertaine. En outre, certains facteurs peuvent contribuer à exacerber les comportements que nous venons de décrire.

3.1.2 Les facteurs amplificateurs

Ce phénomène de myopie au désastre est aussi favorisé par :

En effet, une concurrence exacerbée peut pousser les établissements financiers à offrir des taux bas aux emprunteurs présentant un risque et cela, afin de conserver ou gagner des parts de marché. Les banques non soumises à la myopie au désastre sont alors amenées à pratiquer des taux bas car elles sont en concurrence avec d’autres établissements opérant de telles pratiques. La prime de risque, qui a pour fonction la rémunération du coût du risque de défaillance de l’emprunteur, est alors fortement réduite et peut devenir quasiment nulle : « dans un environnement fortement concurrentiel, dès lors que les prêteurs sont en deçà de leur seuil heuristique, c’est à dire qu’ils perdent toute sensibilité à la probabilité de défaut, la dynamique de surendettement peut s’enclencher. L’offre de crédit agrégé découle de la distribution de ces seuils heuristiques dans la communauté bancaire. La dynamique de surendettement se caractérise par une accélération de l’offre de crédit, un tassement (pouvant aller jusqu’à la quasi disparition ) des primes de risque et une détérioration non perçue par les créanciers, de la qualité de leurs créances. La crise de crédit qui en résulte est généralement brutale et le renversement des comportements des banques qu’elle suscite porteur de risque systémique » (Scialom, 1999 p 65).

- le raccourcissement de l’horizon temporel des décideurs favorisé par leur mobilité professionnelle et certaines modalités de rémunérations (Godechot, 2008). La mobilité professionnelle et le changement d’employeur peuvent permettre à certains de ne pas justifier leurs choix ou pratiques une fois qu’ils auront quitté leur établissement d’origine. Les modalités de rémunérations aléatoires (primes, bonus, parts variables) peuvent générer des comportements allant à l’encontre d’une politique de risque clairement définie par l’établissement financier et privilégier une politique « court-termiste » préjudiciable à la santé financière de l’établissement. Ces comportements peuvent s’avérer rentables à très court terme (encaissement d’agios et de commissions par la banque) mais dangereux à long terme (défaillance d’emprunteurs pouvant mettre en péril la santé financière de l’établissement).

- l’anticipation par les banques d’un soutien implicite des Autorités publiques. Il se produit alors un phénomène d’aléa de moralité de la part des banques qui prennent des risques démesurés en comptant sur le soutien du Préteur en Dernier Ressort en cas de défaillance. L’intervention de la Réserve Fédérale Américaine (F.E.D) pour organiser le sauvetage de la banque Bear Stearns dans le courant du premier trimestre 2008, suite à la crise des subprimes, constitue un exemple d’alea moral contre lequel certaines voix se sont élevées.

En effet, La F.E.D a joué un rôle totalement inédit dans le sauvetage de cette banque d’investissement dont elle n’avait pas le contrôle, en organisant son rachat par J.P Morgan Chase. Arguant des incidences d’une éventuelle la faillite de Bear Stearns sur l’ensemble du système financier américain, la Banque Centrale américaine est intervenue en fournissant 30 milliards de dollars de liquidité au repreneur via la vente d’un bloc d’actions donnant droit à 39,5% du capital, sans consultation préalable des autres actionnaires. Interrogé sur les raisons d’une telle intervention, la réponse de Bernanke, Président de F.E.D est sans équivoque : « Pour empêcher une faillite désordonnée de Bear Stearns et les conséquences imprévisibles mais sans doute sévères d'une telle faillite pour le fonctionnement des marchés et l'ensemble de l'économie, la F.E.D, en consultation étroite avec le Trésor, a décidé de prêter de l'argent à Bear Stearns par le biais de JPMorgan Chase » (dépêche reuters du 02/04/08).

Par ailleurs, ces comportements s’intensifient dans un contexte de finance libéralisée et de déréglementation. Cette dernière a démarré dans les pays développés dans les années soixante dix pour s’achever dans les années quatre vingt dix alors que sa mise en place beaucoup plus tardive (années quatre vingt dix) dans certains pays émergents a été aussi plus brutale. Certaines économies émergentes ont ainsi parachevé leur libéralisation en seulement trois années et ont rattrapé le niveau de libéralisation des pays développés.

3.2 La libéralisation financière

Les manifestations de la libéralisation financière peuvent être multiples et concerner le système financier domestique ou les relations internationales. Sur le plan interne, la déréglementation peut prendre la forme d’un désencadrement du crédit (en France par exemple en 1986), d’une abolition des contrôles des taux d’intérêt, d’un décloisonnement des marchés, ou du développement de certains marchés. Sur le plan international il peut s’agir d’un assouplissement des barrières à l’entrée de nouveaux concurrents ou d’une levée du contrôle des changes. Le tableau ci-dessous illustre les différentes formes de libéralisation, leurs motivations et les conséquences néfastes pour l’économie réelle.

Tableau 1 :Les effets de la déréglementation financière

Les mesures Les motivations Des conséquences indésirables

Système financier domestique Abolition des contrôles des taux d’intérêt

Baisse des coûts grâce à la concurrence

Plus grande prise de risque par les banques

Abandon de l’encadrement du crédit Meilleur accès au crédit Jeu de l’accélérateur de crédit, source de fragilité financière

Développement du marché du crédit des titres et des actions

Plus grande efficience de l’allocation des fonds

Excessive réactivité des marchés aux anticipations

Décloisonnement des marchés financiers

Lutte contre les cartels Risque de cumul des déséquilibres d’un marché à l’autre

Liberté de fixation des tarifs et des commissions

Le durcissement de la concurrence induit une plus grande prise de risques

Relations avec l’international

Levée du contrôle des changes Volonté de maintenir la compétitivité des firmes domestiques

Les taux de changes sont gouvernés par les anticipations financières Liberté d’établissement

d’institutions financières étrangères

Créer un marché profond pour les titres privés et publics

Création de risques systémiques, interdépendance crise de change/crise bancaire Conséquence pour la réglementation financière

Renforcement du contrôle micro-prudentiel

Stabilisation du système face à la prise de risque individuel

Non prise en compte de la synchronisation des risques et de l’impact de l’environnement macroéconomique

Harmonisation au niveau national Prise en compte du caractère transnational de la finance

Pas d’équivalent de prêteur en dernier ressort au niveau international

Source : Boyer, Dehove, Plihon (2004)

Les crises financières récentes qui ont vu le jour dans les pays émergents ont donné lieu à des travaux empiriques portant sur la relation existant entre libéralisation financière et survenance d’une crise bancaire. La libéralisation qui peut conduire à déplafonner les taux des crédits peut ainsi permettre aux banques d’octroyer des prêts à des emprunteurs risqués à des taux plus élevés afin de rémunérer ainsi le coût du risque. En effet, en l’absence de

« répression financière »10 et de plafonnement des taux d’intérêt par l’Etat, les banques peuvent accroître leur exposition au risque et corrélativement rémunérer ce risque. Cette libéralisation s’est accompagnée dans plusieurs pays d’une suppression du contrôle des mouvements de capitaux et d’une augmentation du risque de change. La libéralisation financière a élargi le champ d’action des banques, leur a permis de s’engager dans des projets risqués et a donc contribué à augmenter leur fragilité financière. Ce phénomène n’est pas forcément préjudiciable à la santé économique d’un pays, à condition que des contrôles soient mis en place, car il peut permettre de financer des projets socialement utiles dont le rendement futur est élevé.

Demirgüç-Kunt et Detragiache (1998) ont étudié 53 pays, leurs recherches ont porté sur une période allant de 1980 à 1995, période qui a connu de multiples crises bancaires et des épisodes de libéralisation financière. Les auteurs ont analysé les pays dont les données chiffrées étaient disponibles via les statistiques financières internationales du F.M.I. Ils n’ont pas intégré dans leur étude les pays à économie centralement planifiée ou les pays en phase de transition. Parmi ces pays, certains avaient procédé à la libéralisation avant 1980 et d’autres l’ont fait pendant la période d’observation.

Les auteurs ont préféré adopter comme variable déterminante de la libéralisation financière une variable basée sur l’observation de la politique de change. En effet, les taux d’intérêts réels qui constituent habituellement la variable de référence pour mesurer le degré de libéralisation financière n’ont pas été retenus en raison de la taille de l’échantillon et de la relation pouvant exister entre taux d’intérêt réel et cycle économique en dehors de toute considération de libéralisation financière. La variable retenue fut donc la suppression du contrôle des taux d’intérêts, cet indicateur étant selon les auteurs la pierre angulaire du processus de libéralisation financière.

En effet, lorsqu’il y a un encouragement à financer des projets selon les règles du marché en éliminant le plafonnement du taux d’intérêt, les banques sont alors amenées à financer des projets plus rentables mais aussi plus risqués. Deux groupes de variables de contrôle ont été utilisés, le premier porte sur des variables macroéconomiques susceptibles d’affecter la performance des établissements financiers : taux de croissance du PIB, inflation, commerce extérieur, taux d’intérêt à court terme. Le deuxième groupe porte sur des variables

10 La répression financière consiste en un contrôle des taux d’intérêt par les pouvoirs publics dans le but de maintenir des taux d’intérêts suffisamment bas pour financer des déficits publics ou pratiquer des taux bonifiés réservés à certaines catégories d’emprunteurs et secteurs jugés prioritaires.

plus spécifiques au secteur bancaire comme les sorties brutales de capitaux, la liquidité, l’exposition au risque de défaillance du secteur privé et le taux de croissance de la distribution de crédits (qui peut être le reflet du financement d’une bulle spéculative). Le PIB par habitant mesure le niveau de développement du pays. Les auteurs ont également introduit dans leur modèle une mesure de la qualité de l’environnement institutionnel, élément déterminant dans la survenance de crises bancaires, et pouvant être quantifié par le niveau de développement du pays, le respect des lois, le degré de corruption. La méthodologie utilisée est un modèle logitmultivarié avec variable « dummy » de crise bancaire.

Les auteurs sont partis du postulat que le système bancaire est en état de crise si au moins une de ces conditions est remplie :

- un ratio des créances douteuses rapporté au total des actifs du système bancaire supérieur à 10%,

- un coût de restructuration de système bancaire au moins égal à 2% du PIB, - une nationalisation à grande échelle des banques

- la faillite du système bancaire ou la mise en œuvre d’un ensemble de politiques d’urgence par les Autorités monétaires.

Les résultats obtenus démontrent que 78% des crises bancaires se sont produites dans des périodes de système bancaire libéralisé, ces dernières représentant 63 % des périodes totales de l’étude (voir tableau ci-après). Les variables macroéconomiques pouvant être associées au déclenchement d’une crise bancaire sont : une faible croissance du P.I.B, une dégradation des termes de l’échange, des taux d’intérêts élevés et une forte inflation. Du côté du secteur bancaire, les variables significatives dans la survenance d’une crise bancaire sont : une vulnérabilité aux attaques spéculatives sur la monnaie intérieure et une forte croissance de l’expansion du crédit bancaire. Le degré de libéralisation financière est un facteur significatif dans la vulnérabilité du secteur bancaire et dans l’apparition de crises, même si les conditions macroéconomiques sont, par ailleurs, satisfaisantes. Les auteurs ont mesuré les effets de la libéralisation dans le temps et ont cherché à savoir si les crises survenaient immédiatement dans les années qui suivent la libéralisation ou tout au long de la période étudiée.

Leurs travaux les ont conduits à se prononcer pour un effet de la libéralisation financière sur la vulnérabilité bancaire, actif tout au long de la période étudiée et non pas seulement quelques années après l’assouplissement des contrôles. Ils expliquent aussi ce résultat par le fait que, très souvent, la dérégulation des taux d’intérêt a été progressive et que le début de la

déréglementation a été choisi comme le point de départ du changement de politique financière dans le modèle.

Sur le rôle du secteur institutionnel, les auteurs ont mis en évidence qu’une défaillance des Autorités de contrôle était néfaste au bon fonctionnement du système bancaire. En effet, un environnement institutionnel solide tendra à diminuer le risque d’apparition d’une crise bancaire présent dans un contexte de finance libéralisée. La solidité de l’environnement institutionnel est mesurée par certains indicateurs comme le PIB par habitant, le degré de respect des lois (« law and order »), la corruption.

En outre, les auteurs estiment que la libéralisation accroît le degré de fragilisation financière en raison de la suppression du plafonnement des taux d’intérêt et des réductions des barrières à l’entrée. Les banques qui possédaient un avantage comparatif et une rente de situation avant la libéralisation voient la concurrence s’intensifier et leurs profits diminuer. Il peut alors s’ensuivre une augmentation de l’exposition au risque pour pallier le manque à gagner généré par la concurrence acharnée entre les établissements bancaires. Tant qu’une réglementation prudentielle efficace n’est pas en place, le risque de fragilisation du système bancaire est alors élevé.

Les auteurs ont également construit un modèle mesurant le lien entre la libéralisation financière et la rentabilité des banques. Ils en ont conclu que la libéralisation a un effet négatif sur la rentabilité et qu’en conséquence la recherche exacerbée de profits peut accroître la fragilisation du système bancaire. La fragilité financière dépend de facteurs multiples comme le niveau de développement, les politiques macroéconomiques. Cependant, lorsque ces données sont contrôlées, la libéralisation exerce bien un effet néfaste sur la stabilité du secteur bancaire. L’environnement institutionnel caractérisé par une application des lois, peu de corruption et une bureaucratie efficace peut contrer les effets néfastes de la libéralisation sur la stabilité du système bancaire. Cela signifie que le développement des institutions doit être réalisé dès la mise en place de mesures de libéralisation financière.

Le rôle des Autorités de contrôle et de régulation des établissements de crédit est aussi un élément déterminant dans la stabilité du système bancaire et permet de lutter contre les aléas de moralité. Le tableau ci-après fait le lien entre le libéralisation des taux d’intérêt et les survenances de crises bancaires.

Tableau 2 :Libéralisation des taux d’intérêt et crises bancaires

Pays Période de libéralisation des taux d’intérêts (entre 1980 et 1995)

Date de survenance d’une crise bancaire Autriche 1980-95 Australie 1981-95 Belgique 1986-95 Canada 1980-95 Suisse 1989-95 Chili 1980-95 1981-87 Colombie 1980-95 1982-85 Danemark 1981-95 Equateur 1986-87,1992-95 Egypte 1991-95 Finlande 1986-95 1991-94 France 1980-95 Allemagne 1980-95 Grèce 1980-95 Guatemala 1989-95 Guyane 1991-95 1993-1995 Honduras 1990-95 Indonésie 1983-95 1992-94 Inde 1991-95 1991-94 Irlande 1985-95 Israël 1990-95 1983-84 Italie 1980-95 1990-94 Jamaïque 1991-95 Jordanie 1988-95 1989-90 Japon 1985-95 1992-94 Kenya 1991-95 1993 Corée 1984-1988, 1991-95 Sri Lanka 1990-95 1989-93 Mexique 1989-95 1982, 1994-95 Malaisie 1980-95 1985-88 Mali 1987-89 Nigeria 1990-93 1991-95 Pays Bas 1980-95 Norvège 1985-95 1987-93 Nouvelle Zélande 1980, 1984-1995

Papouaise Nlle Guinée 1980-95 1989-1995

Pérou 1980-84, 1990-95 1983-90 Philippine 1981-95 1981-87 Portugal 1984-95 1986-89 Paraguay 1980-95 1995 Salvador 1991-95 1989 Tanzanie 1993-95 1988-1995 Syrie Suède 1990-95 1990-93 Togo 1993-95 Thaïlande 1989-95 1983-87 Turquie* 1980-82 ,1984-95 1991, 1994-95 Ouganda* 1991-95 Uruguay 1980-95 1981-85 Etats Unis 1980-95 1980-92 Venezuela 1989-95 1993-95 Zaïre 1980-95 Zambie* 1992-95

* pays ayant connu des crises financières sur la période 1980-95 mais non répertoriées ici en raison de données manquantes.

Source: Demirgüç-Kunt, Detragiache (1998)

Dans le même courant de pensée, Bousrih et Trabelsi (2005) ont effectué des travaux de recherches pour établir un lien entre crises bancaires, environnement institutionnel et capital social.

Le capital social est mesuré par le niveau de confiance ou la coopération économique entre les individus. Il ne s’agit pas ici de capital au sens monétaire mais de la confiance entre les associés ou les co-contractants. En effet, lors d’une opération de financement, le contrat entre l’agent qui finance (le créancier) et l’agent qui emprunte (l’entrepreneur) exige au préalable un degré suffisant de confiance pour respecter les clauses du contrat. Cette confiance permet un développement économique générant un développement financier. En effet, un niveau de confiance élevé (capital social) dans l’économie a un effet positif sur le développement financier et la croissance économique. Cette relation entre capital social et développement financier est réduite à un contrat financier entre le créancier et l’emprunteur de capitaux basé sur la confiance entre les agents dans le but de respecter les clauses du contrat. Si dans une économie le niveau de confiance est élevé, il y aura développement des contrats et donc des marchés financiers. Selon Arrow (1972), le niveau de confiance pourrait