• Aucun résultat trouvé

Elle avait, à la m i-novem bre, lancé une offensive qui p ro m e tta it, comme on dit. D u blanc à revendre, les rafales qui évoquaient le bruitage de la télévision, des congères insolentes : la neige était là...

E t puis, cela s’est tassé ; le fœ hn, ce génie m alfaisan t, a insisté et nous avons connu un N o ël to u t gris, brum eux, amer, impersonnel. Pas celui q u ’on a tte n d a it et q u ’an n o n ç a ie n t les affiches touristiques et, surtout, ces petits cartons que l’on échange à l ’a p p ro ch e des fêtes de fin d ’année, avec des chalets enfouis dans la masse blanche, la fumée qui m o n te d ro it au ciel, les gosses qui échangent des boules sans résultat, les nez qui rougissent de plaisir et, en toile de fond, les sommets clas­ siques.

Désillusion dans les stations de m o n tag n e où le ciel, consulté à chaque instant, restait im pénétrable. Le téléphone jouait, d ’une capitalè au village. Les prévisions météorologiques ne p ré v o y a ie n t rien, pas même le pire. O ù étais-tu, ô nivôse sans culottide ? A u m u r de la honte, figé sur ce calendrier qui éta it comme un dém enti, en ville.

T o u t éta it prêt, fin p r ê t dans les magasins. Les coffres a v aien t livré leur cargaison colorée de laines, de fourrures et de cuir. Les hôteliers s’étaient mis en q u a tre p o u r recruter des valeurs sommelières. Les clients de toujours av a ie n t annoncé leur arrivée et la cham bre 201 a tte n ­ dait ce couple qui en éta it à son vingtièm e séjour et qui se souciait peu des possibilités sportives. Le curling leur paraissait aussi étranger que le ski ou le p a tin ; seule, la b alade dans la rue centrale de la station avait, à leur esprit p o in t tro p blasé, la v ale u r d ’une détente valable. La neige paraissait hors d ’atteinte, étalée en couche légère sur les pentes voisines, mais ils p a rta ie n t à sa conquête, serrés dans la benne de l’engin mécanique qui n ’en finissait pas de m onter, de virer, de descendre, comme l ’esprit h um ain dans la vie de tous les jours.

Ces deux hôtes fidèles n ’o n t pas lâché prise. Le concierge sait ce qu’ils a tte n d e n t : ce renouveau souhaité p a r les citadins qui se heu rten t aux barrages de la vie quotidienne, qui veulent fuir le sens unique de chaque jour, briser les horaires de trav ail. A u ra tio n n e m e n t des heures succède en période de vacances l’étalem ent des désirs multiples. Cet écriteau p ré te n d interdire une traversée, on le p r e n d ,p o u r ce q u ’il vaut, po u r un conseil d a v a n ta g e que p o u r un ukase ; enfoui dans la neige, il a d ’ailleurs p e rd u pied.

L e N o u v e l-A n est resté solidaire avec N oël dans la négation nivéenne. Lorsque ces lignes p a ra îtro n t, une revanche a u ra été offerte à nos Alpes, mais la tra d itio n dem eure d ’un lent dém arrage en janvier. Q ue de décep­ tions p o u r la période dite des fêtes ! Le calendrier a v a it p o u r ta n t toutes les complaisances voulues, en fin de semaine.

C ’éta it raté, les gens de la plaine d u re n t en convenir et ceux d ’en h au t ne p o u v a ie n t les contredire, dans leur m ajorité. T o u t ce branle-bas po u r un a fflu x rationné...

« Q u a n d il pleut, c’est p o u r to u t le m onde ; lorsqu’il neige, c’est pour qui le m érite », disait ce voisin de table qui rêvait.

D ’u n c o n tr e fâcheux

P e u t- ê tr e l’ignorez-vous, ce so n t les en­ chères qu i décident à la longue de v o tre sort au bridge, bien plus que le jeu de la carte : e n v iro n deux tiers des points d é p en d e n t de leur qualité, sauf au t o u r ­ no i p a r paires, qui m e t en vale ur la levée supplém entaire. E t ne croyez pas, la c o m p é titio n de h a u t niveau mise à p a rt, qu'il faille posséder un arsenal de c o n ­ v e n tio n s spéciales. Le plus sou v e n t, un m an ie m e n t habile des enchères réputées naturelles v ien t à b o u t des situations les plus épineuses. Tenez :

A 10 7 2 Ç> R 7 4 O A 3 ❖ A R 9 5 4 * R D --- * 9 8 6 5 4 3 Ç? V 10 6 5 WN F - 0 - 1 0 5 s -O- D 8 7 6 4 2 D V 10 6 2 --- * 8 A A V A D 9 8 3 2 O R V 9 * 7 3

C e tt e d o n n e sort de n o tr e pe tite partie. T o u t le m o n d e est vulnérable. A v a n t de lire là suite, d o nnez, je vous prie une m ain à l’u n de vos parte naires, p ren ez l’a u tre et an n o n ce z en p a r ta n t de Sud, d o n n e u r, sans i n te r v e n tio n adverse. A quel c o n t r a t p arv en ez-v o u s et c o m ­ m e n t ? - Il s’agit du c am p N S , bien e n te n d u !

A t itr e de comparaison, voici nos en­ chères : S u d N o r d I V 2 * 3Ç> 4 0 4 * 5 * 5 0 6 Ç1

A p a r ti r du saut à 3 ÇP, chacun an­ nonce ses contrôles et le pre m ie r qui se t r o u v e suffisam ment inform é, N o r d en l’occurrence, p re n d la décision finale."^

La gauch e juge b o n de c o n tr e r ce p etit slam à c œ ur, une.- i n te r v e n tio n m a lh e u ­ reuse, a v an t d’e n ta m er de la D a m e de trèfle, p o u r le R o i, le 8 et le 3. N o t r e ami déta che ensuite le 4 d ’a to u t du m o r t, ne s’é to n n e pas de v o ir la d ro ite écarter un p e tit pique, p re n d de l’As... et va r e m p lir son c o n t r a t m algré tous les a to uts plus u n e ribambelle de trèfles dans la main du c o n tr e u r , qui so rtira déconfit de l’affaire. Au reste, vous p ouvez facile­ m e n t en déduire sa m ain : c o m m è n t est- elle form ée ? Il va sans dire que le flanc ne vous est dévoilé que pa r b o n té : les c ham pions s a u ro n t jo u er en le c ac h an t de leurs pouces étalés. P ierre Béguin.

M on cher,

« Ce qui m an q u e le plus, c’est les idées. Q ue ceux qui o n t la chance d ’en av o ir les a n n o n cen t : saugrenues, bizarres, compliquées, simplistes, elles c ontiennent peu t- être le germe d ’une réussite. »

Ces affirm ations, sache-le, ne sont pas de moi mais du rédacteur en chef de cette revue lorsqu’il s’exprim e dans un journal.

J ’y souscris néanm oins volontiers, c a r plus je vais de l’a v a n t, plus je vois grossir le n o m b re de ceux qui veulent viv re des idées des a u tre s ; ceux-ci, bien entendu, deviennent des exceptions, ceux qui n ’o n t q u ’à... Tu connais l’antienne.

Mais ce n ’est pas tellem ent facile, il f a u t en convenir. Ainsi q u a n d les gens des b ureaux se creusent les méninges p o u r tro u v e r des solutions reten an t le pay san dans les m ontagnes, ils ne so rten t guère des chemins battus des subventions. Il fa u t ad m e ttre q u ’il y a ou bien cela, ou bien l’entretien p u r et simple à l’hôtel du lieu comme l’envisageait un froid calculateur, car, disait-il, ça re v ie n d ra it moins cher à la collectivité.

O ui mais... Il fa u t com pter avec la fierté des V alai- sans à moins q u ’ils ne soient entrés dans les rangs de ceux p o u r qui un m o m en t de h o n te est vite passé. Ces gens existent, m alheureusem ent : il y a ta n t de politiciens qui v o u d ra ie n t faire leur b o nheur du berceau jusqu’à la to m be que les bénéficiaires de ces idées généreuses finis­ sent p a r y p ren d re goût.

Mais j ’en viens à d ’autres idées :

Si p a r exemple les présidents des communes étaient élus comme les souverains du D a n e m a rk ? Quelles sim­ plifications p o u r eux ! Q uel tem ps gagné sur les p rép a- tifs électoraux ! Plus besoin de faire piq u eter des routes, de p ro m e ttre des terrains de sports ou de décider des « avantages sociaux » chaque q u a tre ans a v a n t les élec­ tions.

Tel, que je connais, n ’a u ra it pas eu à abaisser juste­ m ent cette année le coefficient d ’im p ô t et m on ami M aurice n ’a u ra it pas le souci de publier des listes de « palpables » p o u r présider aux destinées de la capitale du Valais.

E videm m ent, les démocrates n ’y tro u v e ra ie n t pas leur com pte et le nouveau « Blick » du Valais a u ra it à dénoncer les inévitables abus du système.

Ce ne serait toutefois pas p o u r déplaire à to u t le monde, cependant, car il y a toujours eu des dirigeants

Lettre à mon ami Fabien, Valaisan émigré

de d ro it divin dans ce pays ou des thuriféraires p o u r le leur faire croire. Q u ’ils seraient heureux de se passer du peuple !

Q uoi q u ’il en soit, m on idée m e ttra du tem ps à faire son chemin et l’année sera dès lors m ouvementée.

Il y a bien quelques bonnes âmes qui s’a c h a rn e n t à v o u lo ir réaliser l’unité des chrétiens et d ’autres qui p rê ­ chent l’a m o u r des peuples. Mais beaucoup p ra tiq u e ro n t « l’unité dans la diversité », p a r quoi ils ju stifiero n t la croisade dans laquelle ils v o n t se lancer...

A u m o m e n t où je t ’écris, il y a les ventes de soldes. T u connais, je pense, le tru c du p rix ancien, barré, avec l’indication du nouveau, bien plus avan tag eu x . Il est quasi séculaire et il p re n d toujours.

Mais il y a des phénom ènes bizarres, dans ce domaine. D a n s une station snob, l’on m ’a assuré que tel com ­ m e rçan t a v a it rem p o rté un certain succès en soldant ses pro d u its à un p rix plus élevé. C ’est à ce m om ent-là seulement que les clients s’y sont intéressés.

E t p o u rta n t, nos lieux de villégiature ne sont pas peuplés seulement avec des F e rn a n d Legros, hantés ch a­ que m atin p a r le souci de consom m er leurs revenus.

E t de faire leur bonheur, me d e m a n d e ra -tu ?

Là, alors, il fa u t distinguer. Je prétends moi q u ’il y a encore pas m al de plaisirs simples à s’o ffrir dans ce pays, à la condition de ne pas chercher m idi à q u a ­ torze heures.

P a r m alheur, Louis Pauw els a déjà écrit sa « L ettre ouv erte au x gens heureux et qui o n t bien raison de l ’être » sinon je l ’aurais fa it à sa place p o u r lu tte r contre la m orosité et la « sinistrese ».

C e dernier m o t à la m ode commence à faire son p e tit to u r du m onde. Il fa u t croire q u ’il correspond à un éta t d ’esprit. Ce n ’est sûrem ent pas le tien.

Alors, viens passer quelques beaux jours dans ce Valais merveilleux v iv a n t sa période post-M aurice Troillet. O n cherche à quel personnage ce deuxième demi-siècle v a être attribué.

Q u i s’annonce p o u r se façonner d ’ores et déjà sa p ro p re histoire ?

La p ré p a r a tio n de pro v isio n s p o u r l’h iv e r é ta it u n g ra n d souci des maîtresses de m aison. Les rangées de b o c a u x de c o n fitu re s et de conserves dans le g a rd e -m a n g e r faisaient l’orgueil de la m énagère. A la cave ch acu n avait son coin de sable o ù les p o ire a u x g a rd a ie n t to u t e leur fra îc h e u r. Près d u v é re t à from ages les p o m m e s éta ie n t alignées soigneusem ent sur des claies de bois. D an s u n angle on ran g eait la cuve à c h o u c r o u te d o n t le couvercle était m a in te n u p a r une grosse pierre. La v ian d e sèche p e n d a it au p la fo n d . A u ja r­ din, dans u n e fosse c o u v e rte de paille s’entassaient les c h o u x et les raves. C ’éta it hier. A u t r e m e n t d it le M o y e n Age p o u r la jeunesse d e ce tem ps. La te c h n iq u e a bouleversé to u te s ces vieilles h a b itu d e s paysannes. Q u a n d le m o n d e entier, de to u te s les latitudes et longitudes, vous o ffre ses p ro d u its, l’ancienne d é p en d an ce des saisons disparaît. Il y a to u jo u rs, m ê m e au c œ u r de l’hiv er, des fru its f r a îc h e m e n t cueillis à l’étalage des m a rc h a n d s. Q u a n t à nos p ro p re s p ro d u its , des m o y e n s de co n se rv a tio n p erfe c tio n n é s leu r g ar­ d e n t p e n d a n t des m ois après la réco lte l’ap p aren ce et la saveur originelles. La m énagère n ’a plus à se soucier de provisions hivernales ; d ’ailleurs ces boxes à claire-voie traversés de tu y a u x de chauffage, que l’o n baptise encore caves dans les im m eubles actuels, ne c o n v ie n n e n t plus q u ’aux p neus de la v o itu r e à papa.

P o u r c o n serv er lo n g te m p s une p o m m e , u n e poire, des oignons, il s’agit de r a le n tir le plus possible leu r vie, de fre in e r les processus biologiques qui les a m è n e n t à la m a tu r ité , puis au b lettisse m e n t et à la c o r r u p tio n . O n y p a r ­ v ie n t p a r l’a c tio n d u fro id et la ré g u la tio n de l’h u m id ité de l’air. C ’est le p rin c ip e des e n tr e p ô ts frigorifiques classiques. U n p e r f e c tio n n e m e n t assez ré c e n t a consisté à re n d re les cellules d ’entreposage étanches et à e n ric h ir leur a tm o s p h è re de gaz c a rb o n iq u e soit p a r la re sp ira tio n n a tu re lle des fru its, soit p a r a p p o r t e x térieu r. Ce p ro c é d é p e r m e t de g a rd e r certaines p o m m es, certains légumes p e n d a n t u n e dizaine de m ois sans a lté ra tio n n otable.

Le Valais a m aîtrisé très t ô t les diverses tech n iq u es d ’entreposage prolongé. La capacité de ses frigos dépasse t r e n t e m illions de kilos. Ils s o n t rép artis sur to u te la lo n g u e u r de la zone des p r o d u c tio n s fruitières et m araîchères, de Sierre à M a rtig n y . S itô t cueillis, les fru its y so n t tra n s p o rté s p a r les m oyens les plus rapides car le passage im m é d ia t de l’a rb re ou du c h a m p à la fra îc h e u r des e n tre p ô ts est une c o n d itio n essentielle p o u r u n e longue conserv atio n . « T reize Etoiles » a visité p o u r v ous u n de ces frigos où rep o sen t, scientifi­ q u e m e n t dorlotés, les trésors des jardins valaisans.

Travail!

D an s la fo ret, sur les hauteurs, le froid

n ’a r r ê t e pas le tra v ail. Il f a u t creuser,

d éb lay er, a v an c er, m a in te n ir en m arch e

une écono mie qui, a v a n t de faire viv re

les hommes, se n o u r r i t de leurs efforts et

de leur peine.

ì

Documents relatifs