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2.7 Contexte géographique de l’étude

2.7.2 Les zones d’études

Lors de ma thèse nous avons focalisés nos travaux sur plusieurs sites (Figure 2.9) :

- L’étang de Salses-Leucate : Cet étang se situe au Nord de Perpignan. C’est un étang de 5400 ha peu profond avec une profondeur moyenne de 2 m au Nord et d’1 m au Sud. La salinité de cet étang est comprise entre 20 et 30. Il est connecté à la mer pas trois graus artificiels. L’étang de Salses-Leucate présente un grand intérêt pour ses activités économiques (conchyliculture, tourisme et industrie). Deux résurgences d’eau souterraine karstique (Font Estramar et Font Dame) sont connues dans la partie sud-ouest de l’étang. La résurgence de Font Estramar (Figure 2.8a) est la principale sortie de l’aquifère de la formation karstique des Corbières orientales qui recouvre une surface de 200 km² (Fleury et al., 2007). La résurgence de Font Dame se déverse au milieu d’un marais et est composée de nombreuses sources avec différentes salinités. Cette résurgence a la même origine que la précédente.

Figure 2.8 : Photos de a. la résurgence de Font Estramar (étang de Salses-Leucate), b. le lavoir de la Palme, b. la résurgence de la Vise (étang de Thau) et d. les écoulements dans la Calanque de Port Miou.

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- L’étang de la Palme : Ce petit étang (environ 500 ha) est situé au sud de Narbonne et au nord de l’étang de Salses-Leucate. Il est caractérisé par une résurgence d’eau douce sortant dans un lavoir (Figure 2.8b) au nord de l’étang et connectée à celui-ci par un petit ruisseau. L’étang de la Palme est très peu profond (profondeur entre 0.2 et 1.7 m) et est connecté à la mer par un grau naturel qui peut être fermé suivant les conditions météorologiques (Tableau 2.3). Cet étang est l’un des derniers le long du littoral méditerranéen français à avoir conservé son fonctionnement naturel. En effet ses voisins ont dorénavant des graus artificiels permettant l’échange d’eau avec la mer. Dans le cas de l’étang de la Palme, le grau a quelques fois été ouvert artificiellement pour permettre les migrations d’espèces piscicoles. On peut notamment noter l’année 2017 durant laquelle le grau n’a été que très peu ouvert. La barre rouge pointillée (Tableau 2.3) indique une tentative d’ouverture. En général le grau est ouvert pendant l’hiver et est fermé pendant l’été. Le grau permet de maintenir le fonctionnement de l’étang. En été, le grau étant le plus souvent fermé, les seules sources d’eau à l’étang sont la résurgence karstique et les rejets de la station de traitement des eaux de la Palme. Les fortes chaleurs estivales provoquent une importante baisse du niveau de l’étang en raison de l’évaporation. La salinité de l’étang devient alors très importante et supérieure à celle de l’eau de mer. Quand le vent est marin (d’origine marine) le grau peut s’ouvrir, notamment lors des tempêtes ayant lieu en automne et en hiver. L’étang devient alors un lieu de mélange entre les eaux douces du lavoir, l’eau de mer et les eaux hypersalines de l’étang. Ce système est fragile puisque très dépendant des apports d’eaux souterraines et de l’ouverture du grau. Lorsque le grau reste fermé trop longtemps (été 2017), la question d’une ouverture par l’homme se pose puisque la baisse du niveau d’eau et l’augmentation de la salinité peuvent être fatales aux espèces vivant dans l’étang.

Les richesses faunistiques et floristiques de cet étang sont protégées par le réseau européen Natura 2000. La zone est également classée Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Floristique et Faunistique (ZNIEFF) et Zone d’Intérêt pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). De plus, l’étang (comme tous les étangs du narbonnais) a reçu le label RAMSAR le classant zone humide d’importance

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internationale. Ce label, comme les classifications précédentes est une reconnaissance de la richesse (économique mais aussi écologique), de la qualité, et de la beauté du site. L’animation de la zone Natura 2000 est confiée au Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée (PNRNM). Le rôle du PNRNM est de convaincre les acteurs locaux (communes, associations, représentants d’organisations professionnelles…) de l’intérêt de porter des actions de préservation des espèces et de les accompagner dans la construction technique et financière de ces actions. Les différentes activités ayant lieu sur le territoire de l’étang sont la pêche lagunaire, l’agriculture (principalement de la viticulture), la saliculture, le développement de l’éolien, l’exploitation de matériaux (carrière Lafarge au Nord du site), le tourisme, et bien sur les activités de loisirs (chasse, randonnée pédestre ou cycliste, planche à voile et char à voile, kitesurf…). Les objectifs de gestion choisis par les acteurs locaux ayant pour but la préservation de la richesse de ce territoire sont : i) d’informer et sensibiliser les acteurs locaux et le grand public, faire respecter les réglementations, ii) gérer la fréquentation des publics, iii) améliorer la qualité de l’eau, iv) améliorer le fonctionnement hydraulique de l’étang et de ses marais périphériques, v) gérer les salins, vi) préserver les habitats naturels, et vii) améliorer les connaissances naturalistes. Malgré sa relative petite taille, cet étang accueille de nombreux acteurs dépendant chacun de la quantité et/ou de la qualité des eaux. Il est donc dans l’intérêt de tous d’œuvrer pour la préservation de ce site.

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Tableau 2.3 : Récapitulatif des périodes d'ouverture (bleu) et de fermeture (blanc) du grau de la Franqui. En pointillé rouge, les ouvertures ou fermetures artificielles. En gris, données indisponibles. (Communication C. Pfleger, PNRNM)

- L’étang de Thau : C’est un des plus grands étangs du littoral français (7500 ha), avec un bassin versant d’approximativement 280 km². Il a une profondeur moyenne de 4 m. Le bassin est alimenté en eau douce notamment via le Canal du midi à l’Ouest et le canal du Rhône à Sète à l’Est. De plus, il reçoit de petite quantité d’eau douce par la source de la Vise (Figure 2.8c), dont le flux dépend de la saison, par une station de traitement des eaux usées et par la rivière Vène (Elbaz-Poulichet et al., 2002). La résurgence de la Vise sort à 30 m de profondeur avec une salinité inférieure à 5 (Fleury et al., 2007). L’eau sortant de cette source a trois origines : un aquifère karstique superficiel, une circulation thermale de profondeur et l’eau de mer dont les proportions varient suivant les conditions hydrologiques (Aquilina et al., 2002). Pendant les périodes de sécheresse, la source de la Vise devient un lieu d’intrusion saline (cela s’appelle « l’inversac »).

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- Côte Bleue : Cette portion du littoral de 22 km qui accueille cinq communes est délimitée par Marseille à l’Est et par Martigues à l’Ouest. Son nom vient de la couleur de l’eau dans la région. Elle est composée d’une série de calanques abritant de petits ports, des plages et des criques. Cette région est exposée à une forte pression humaine pendant l’été avec une activité touristique importante. Aucune rivière ne s’écoule le long de cette côte qui n’est localisée qu’à une quinzaine de kilomètres à l’est de l’embouchure du Rhône. C’est une zone protégée pour ses terres (Natura 2000, ZNIEFF) mais également pour sa partie marine qui est une aire marine protégé avec une interdiction de pêche et de plongée. Le parc marin de la Côte Bleue gère deux réserves (Carry-le-Rouet, 85 ha, et Cap Couronne 135 ha) créées en 1983 et 1996. Ces réserves sont aménagées avec des récifs artificiels de protection anti- chalut et de production (Jensen et al., 2012). Des études ont été menées afin de suivre l’évolution de la faune marine (Leleu, 2012; Leleu et al., 2014). Un suivi biologique (dénombrement in situ des assemblages de poissons) est donc mené avec pour objectifs i) la mise en évidence de la régénération de l’écosystème littoral et (ii) l’évaluation des acquis de la protection d’une zone bien définie pour une gestion concertée des ressources halieutiques au bénéfice de la petite pêche artisanale (Jouvenel et al., 2004).

- Les Calanques de Marseille-Cassis : Plusieurs résurgences se déchargent dans la calanque de Port-Miou, à l’Est de Marseille, dont la principale qui se décharge à 12 m de profondeur, depuis une galerie de 100 m². Des intrusions salées ont lieu en amont, ce qui augmente la salinité à la sortie (Arfib et al., 2006). Un barrage a été construit pour prévenir ces intrusions, ce qui a permis de limiter la salinité à moins de 6. De nombreuses autres résurgences sont localisées dans cette calanque (Gilli, 2001). Plus à l’Est, la résurgence du Bestouan se situe à la sortie du port de Cassis. Cette résurgence circule dans une galerie de 10-15 m². La profondeur de cette résurgence peut atteindre 27 m en dessous du niveau de la mer et les conduits sont longs de 400 m (Cavalera, 2007). D’autres calanques sont connues pour accueillir des décharges d’eau douce. Citons par exemple les calanques de Sugiton, et de Sormiou.

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